Argumentaire Poitiers : les états-généraux de 2014 : un exemple à ne surtout pas suivre !

La motion Valls-Cambadélis cite à plusieurs reprises les Etats-généraux de la fin 2014 et le vote de la « Charte pour le progrès humain » comme l’exemple à suivre pour notre parti.

Sans craindre l’emphase, la motion Valls écrit : « Le nouveau PS doit être protéiforme et participatif, c’est la leçon des Etats généraux qui ont constitué une démarche inédite non seulement dans l’histoire de notre Parti, mais jamais vue dans la vie politique française » !

Les leçons à tirer de ces Etats-généraux sont, pourtant, à l’exact opposé de ce qu’écrit la motion A.

L’objectif de ces Etats-généraux était de redéfinir une nouvelle « carte d’identité » de notre parti alors que c’était d’un nouveau permis de conduire dont nous avions besoin.

Notre parti a d’ailleurs toujours besoin d’un nouveau «  permis de conduire » car, élection après élection, les électeurs ne nous ont pas laissé beaucoup de points. Et, le moins que l’on puisse dire est que les dernières départementales n’ont rien arrangé à l’affaire.

Seule la Constitution de la Vème République, ce « Coup d’Etat permanent », selon François Mitterrand, permet à François Hollande de continuer à conduire une politique aussi contraire à ses engagements et aux aspirations de ceux qui l’ont porté au Pouvoir.

Ces états-généraux ont été un fiasco

Les assemblées d’adhérents étaient extrêmement réduites, les débats très peu suivis.

Comment oser se féliciter du fait que 67,5 % des adhérents de notre parti n’aient pas pris part au vote, un chiffre d’abstentions beaucoup plus élevé, encore, que celui des élections départementales ?

A ceux qui ne sont pas allés voter, ajoutons : 4,7 % des adhérents qui se sont abstenus et 2,3 % qui ont voté contre la « Charte » : un total de 74,5 %.  Seule une très petite majorité : 25, 5 % des adhérents de notre parti ont approuvés la « Charte des socialistes pour le progrès humain», devenue, dans la motion A, la « Charte pour le progrès humain ».

Le vote était un exemple type de monolithisme, de non-démocratie : un seul texte a pu être soumis au vote des adhérents et il était impossible de présenter d’amendements.

La « Charte » aurait pu être écrite 6 mois avant les Etats-généraux et ne pouvait représenter « la synthèse » des avis donnés par les adhérents qui s’étaient exprimés.

La « Charte des socialistes pour le progrès humain » édictait des « principes » que le gouvernement de Manuel Valls piétinait, et piétine toujours, quotidiennement.

Comment affirmer le « primat du politique sur l’économisme » alors que le gouvernement confie les clefs de l’économie française au MEDEF et à la finance ?

Comment mettre en avant la « solidarité » quand les ressources de la Sécurité sociale, des retraites, de l’assurance chômage stagnent ou diminuent alors que le chômage, la précarité et la pauvreté ne cessent d’augmenter ?

Comment regretter la « détérioration du rapport de forces entre le capital et le travail » alors que la loi Sapin de 2013 précarise l’emploi et sécurise les licenciements, alors que la remise en cause continuelle du  Code du travail, encore accélérée par le projet de loi Macron,  fragilise toujours plus les salariés au profit du patronat, alors que les pactes de « compétitivité » et de « responsabilité » redistribuent les richesses à l’envers : des salariés, chômeurs et retraités vers les entreprises dominées par les grands groupes ?

Comment prôner un « État stratège » alors que l’État cède une à une ses participations dans les entreprises publiques, que la SNCF est mis en concurrence avec le secteur privé, que le budget de l’État est sous la surveillance étroite de Bruxelles, que le bilan de la Banque Publique d’investissement représente moins de 3 % de celui de la BNP-PARIBAS, que l’investissement public est sans cesse réduit pour répondre aux exigences de la Commission européenne ?

Comment appeler de ses vœux l’ « encadrement de la Finance » quand la loi bancaire  ne cantonne que 1,5 % des activités des banques dans des filiales spécifiques alors même que la « spéculation » – les opérations strictement financières, hors crédit bancaire –  représente près de 80% du total des activités du secteur bancaire ? Quand notre ministre des Finances participe activement à vider la taxe européenne sur les transactions financières (déjà peu consistante) de son contenu ?

Comment regretter que l’Europe ne soit pas suffisamment « démocratique », en oubliant le vote « non » majoritaire au référendum de 2005 et sans remettre en question le traité de Lisbonne qui interdit, justement, la démocratisation des institutions de l’Union européenne ? Comment ne pas, non plus, remettre en  cause le vote de la majorité des parlementaires socialistes, lors du congrès de Versailles en juin 2008, alors que sans leurs voix la Constitution française n’aurait pu être modifiée et le traité de Lisbonne ratifié ?

Comment souligner le besoin de « démocratie » dans notre pays en faisant l’impasse sur la Constitution de la Vème République et les pouvoirs exorbitants qu’elle attribue à un seul homme, le Président de la République, au détriment du Parlement ?

L’exemple de ces états-généraux et de cette « Charte » a cependant un intérêt : il met en évidence ce qu’il adviendrait de la motion Valls-Cambadélis, si elle était majoritaire au congrès de Poitiers.

Elle subirait le même sort que la « Charte pour le progrès humain » et serait oubliée aussitôt que votée. Le gouvernement de Manuel Valls, continuerait, comme après le vote de la « Charte », à mener la même politique qu’avant et, même à encore l’aggraver, si l’on en croit les affirmations de Manuel de Valls de ne pas changer de politique quel que soit le résultat des départementales.

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« Les orientations de notre Congrès devront avoir prise sur le cours du quinquennat » écrit la motion Valls-Cambadélis, C’est tout à fait juste mais ce n’est certainement pas en votant pour la motion A que nous y parviendrons. Autant donner un chèque en blanc à Manuel Valls !

La seule façon de permettre à notre parti de peser sur la politique du gouvernement, c’est de voter pour la motion B et de mettre en minorité la motion signée par Valls et tous les membres socialistes de son gouvernement. C’est le seul vote qui amènera François Hollande à prendre en compte notre parti, à revenir à ses « 60 engagements » et à son discours du Bourget.

6 Commentaires

  1. VINCENT Paul
    Posted 30 avril 2015 at 20:08 | Permalien

    Etre au pouvoir, est-ce une chance ou un risque ?
    Puissent les socialistes de François Hollande ne pas faire autant de dégâts que leurs ancêtres SFIO de Guy Mollet ?
    Ci-dessous ma réplique aux stupides attaques de Hollande contre les communistes de 197O:

    François Hollande s’en prend à des tracts communistes des années 70.
    Puisse-t-il ne pas se voir reprocher le comportement de son ancêtre socialiste Guy Mollet, qui ne pratiquait pas un socialisme mou lorsqu’il menait en Algérie une guerre qu’il avait promis d’arrêter. Si à l’époque on censurait fréquemment non seulement Le Canard Enchaîné ou l’Huma , mais aussi le Monde, ou également des journaux chrétiens, iI existe de nombreux témoignages, depuis celui du général Paul Aussaresses, selon lesquels torture et exécutions sommaires n’ont pas été des initiatives des militaires et qu’ils ont été pour le moins validés par le pouvoir politique de l’époque.
    Puisse Hollande laisser un meilleur souvenir !

  2. Posted 1 mai 2015 at 7:31 | Permalien

    Accueil du site > Brèves > Histoire du Premier Mai
    Histoire du Premier Mai

    vendredi 24 avril 2009

    Pourquoi manifeste-t-on le premier mai ? Pourquoi l’appelle-t-on « fête du travail » ? D’où vient cette date ? Que cherche-t-on à nous faire oublier en nous faisant promener ? Ce petit texte explique l’origine historique du Premier Mai.

    L’obtention des 8 heures par jour était au centre des revendications pour lesquelles les travailleurs des États-Unis étaient décidés d’aller jusqu’à la grève générale pour faire pression sur le patronat et le gouvernement. Le 1er mai fut déclaré jour international de solidarité de classe et de revendication pour les 8 heures par les Knights of Labour [1]. Au cours du printemps 1886, les ouvriers de tous les secteurs ont focalisé leurs actions sur cet objectif et ont parfois obtenu gain de cause dans ce domaine.

    Devant la détermination des ouvriers et l’expansion du mouvement syndical, le patronat et le gouvernement décidèrent d’adopter des mesures de répression plus expéditives. La fameuse affaire de Haymarket à Chicago, événement dramatique et marquant pour le mouvement ouvrier international, a inauguré une ère nouvelle de répression et de résistance.

    1er mai 1886 ; succès maximal de la mobilisation. En dépit des avertissements haineux et des prédictions alarmistes de la presse bourgeoise, aucune émeute n’éclata, aucune atteinte à la propriété n’eut lieu et la manifestation pacifique des travailleurs ne se transforma nullement en révolution. Par ce beau samedi ensoleillé, les fabriques, les usines, les entrepôts furent désertés. Dans leurs plus beaux vêtements, les ouvriers de Chicago, accompagnés par leur famille, défilèrent par milliers dans les rues, sous les yeux sidérés de la police, de l’armée et des gardes privés prêts à intervenir au moindre trouble. La manifestation de solidarité se déroula sans encombre et s’acheva sur les bords du lac Michigan, où les principaux orateurs, parmi lesquels Albert Parsons et August Spies, prirent la parole devant la foule. Dans la seule ville de Chicago, 80 000 ouvriers participèrent à la manifestation et, dans tout le pays, le 1er mai eut le même retentissement et fut suivi avec le même enthousiasme.

    Le lundi suivant, 3 mai, le mouvement de grève continua et beaucoup d’ouvriers se joignirent aux grévistes du 1er mai, paralysant ainsi l’économie de la ville de Chicago. La violence des forces de l’ordre, contenue durant la journée du samedi, allait éclater devant les grilles d’une usine de machines et outils agricoles, la McCormick Harvester Works (aujourd’hui International Harvester Corporation). Ripostant à la journée de grève du 1er mai par un lock- out massif, le patronat de cette usine avait remplacé ses employés par 300 briseurs de grève. A la sortie, ceux- ci furent pris à parti par les grévistes. Brusquement, la police chargea l’arme au poing. Les grévistes tentèrent alors de se disperser, mais les policiers, sans doute déçus et exaspérés par le caractère pacifique des manifestants du 1er mai, tirèrent sur la foule, abattant six hommes alors qu’ils s’enfuyaient. Les organisateurs de la journée du 1er mai virent dans ce massacre un fait honteux et inacceptable qu’il fallait dénoncer publiquement. Une manifestation fut décidée pour la soirée du lendemain sur la place de Haymarket, non loin d’un des commissariats de police de Chicago. Cette soirée de protestation contre les brutalités policières se déroula sans heurt, les orateurs se succédant devant une foule calme. Vers la fin de la manifestation, alors que les principaux orateurs avaient déjà quitté la place, 180 policiers, la matraque à la main, firent irruption parmi les manifestants, les enjoignant de se retirer immédiatement, ce à quoi Sam Fielden, un des organisateurs, eut le temps de répliquer que la foule était paisible. Une bombe explosa alors au milieu des policiers et ce fut la panique. Les policiers, dont un fut tué et sept blessés, firent feu et la foule se rua dans toutes les directions pour échapper à la fusillade.

    Du côté des manifestants, le bilan fut également lourd, un mort et de très nombreux blessés. On ne retrouva jamais le lanceur de bombe, peut- être un provocateur. Cependant, les autorités ne prêtèrent aucun crédit à cette version des faits. La situation, à leurs yeux, ne comportait aucune énigme, les responsables étaient connus : les anarchistes. Non contents d’inspirer les mouvements de grève des jours précédents et de semer le trouble en incitant les ouvriers à manifester sur la place de Haymarket, ils s’attaquaient directement aux forces de l’ordre. Les autorités de vaient donc réagir vite et frapper à la tête du mouvement pour endiguer une révolte qui mettait tout le système en péril.

    Les Martyrs de Chicago : A. Spies, A.Parsons, G. Engel, A. Fischer et L. LinggLes représentants du mouvement ouvrier de Chicago, Albert Parsons, August Spies, Michael Schwab, George Engel, Adolph Fischer, Samuel Fielden et Louis Lingg furent arrêtés, jugés et condamnés à être pendus, sans aucune preuve de leur culpabilité. Parsons, Spies, Fischer, Engel furent exécutés, Fielden et Schwab réclamèrent la clémence et virent leur condamnation commuée en peine d’emprisonnement à vie. Quant à Lingg, dont la mort reste un mystère qui n’a toujours pas été éclairci, il se serait suicidé dans sa cellule. Le procès des martyrs de Chicago a inauguré le règne de la terreur pour le mouvement ouvrier dans tout les Etats-Unis. Le 1er mai 1886 ainsi que les événements dramatiques qui ont secoué le mouvement ou vrier américain sont à l’origine de la célébration de la Fête du Travail, jour chômé et réservé aux manifestations des travailleurs. Comme, plus tard, le cas de Sacco et Vanzetti et l’affaire Rosenberg, le procès des martyrs de Chicago reste un exemple de la justice à la solde des possédants dans l’Amérique capitaliste. Les dernières paroles d’August Spies, à ce propos, sont prophétiques :

    « Il viendra un temps où notre silence sera plus puissant que les voix que vous étranglez aujourd’hui »
    Les débuts du premier mai en France

    Paris connut le premier mai 1890 son premier « premier mai ». Une tradition allait naître, mais, pendant longtemps encore, sa célébration va se faire contre les forces de répression et 1er mai va signifier affrontements, brutalités et sanctions de tous ordres. En 1901, le syndicaliste Pouget propose dans son journal Le Père Peinard : « Fixons nous une date et proclamons qu’à partir du jour que nous aurons choisi pour rien au monde nous ne consentirons à faire plus de huit heures ! ».

    Il faudra attendre le 8ème congrès de la CGT, qui se tient à Bourges en septembre 1904, pour que l’idée soit reprise et la date fixée : ce sera le 1er mai 1906 ! Pour préparer cette journée, la CGT entame la première grande campagne de propagande de son histoire : affiches, tracts, papillons, brochures, création de comités d’action pour les 8 heures, articles dans le journal confédéral d’alors, La Voix du Peuple. On y développe toute une argumentation autour de l’idée des 8 heures : moyen pour combattre le chômage, éliminer fatigue et surmenage, supprimer les maladies professionnelles, développer les bibliothèques, élever le niveau culturel des travailleurs, etc.

    C’est dans ce climat qu’arrive le 1er mai 1906, qui va être marqué par de violents affrontements avec les forces de police. Dès le matin, Paris est mis en état de siège : soldats et policiers en armes à chaque carrefour, forte concentration de policiers à cheval aux abords de la Bourse du travail, place de la République. La caserne proche a même été aménagée en « prison » temporaire…

    Les divers syndicats ont convoqué leurs adhérents en plusieurs points de la capitale. Un meeting est prévu à la Bourse, mais comme tout le monde ne peut y pénétrer, c’est une manifestation de rue que la police s’efforce de disperser : il y a des charges brutales, des arrestations par centaines. A l’heure du bilan, le soir, on comptera même deux morts. Et il faudra attendre 23 heures pour que les rues de Paris retrouvent leur aspect habituel. Mais les violences continueront pendant plusieurs jours en- core. Les patrons licencieront plus de deux mille travailleurs coupables d’avoir quitté leur travail le 1er mai !

    D’après « IWW et syndicalisme révolutionnaire aux États-Unis », Larry Portis, ed.. Spartacus et un article de « La Voix Populaire ».
    Les illustrations concernent toutes l’affaire de Chicago
    Notes

    [1] Knight of Labour : Les Chevaliers du Travail, premier syndicat d’audience nationale aux États- Unis.

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    Premier Mai

  3. Posted 1 mai 2015 at 10:44 | Permalien

    Le déclin inexorable des syndicats américains
    De plus en plus d’études établissent un lien entre hausse des inégalités et recul du taux de syndicalisation
    L’opinion est partagée : selon un sondage du Pew Research Center, publié lundi 27 avril, 45 % des Américains pensent que le déclin des syndicats est une mauvaise chose, quand 43 % s’en réjouissent. Nombre d’universitaires estiment pour leur part que les Etats-Unis sont allés trop loin dans la réduction de l’influence des syndicats. Ce qui est sûr, c’est que celle-ci ne cesse de régresser.

    Prenons les  » Right-to-Work Laws « , ces lois sur le  » droit de travailler  » dont le nom est trompeur. En fait, au fil des années, elles sont devenues le cauchemar des progressistes américains. En vigueur dans environ la moitié des Etats américains, elles interdisent les accords syndicaux avec les employeurs et privent les organisations des cotisations versées par les salariés. Dernier Etat à avoir adopté ce type de dispositif : le Wisconsin, en février.

    Dans une réaction inédite pour une législation locale, Barack Obama a dénoncé l’offensive  » soutenue et concertée  » des républicains contre les syndicats, qui freine mécaniquement la progression des bas salaires.  » Ce n’est pas un hasard si l’émergence de la classe moyenne aux Etats-Unis a coïncidé en grande partie avec celle des syndicats, des travailleurs qui s’unissaient pour de plus hauts salaires « , a souligné le président américain.

    Alors que le débat sur la montée des inégalités bat son plein aux Etats-Unis, de plus en plus de voix s’élèvent pour pointer que le phénomène serait en partie lié au déclin des syndicats. Le taux de syndicalisation a atteint son apogée en 1954, quand 34,7 % des salariés américains étaient affiliés à une organisation. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 10,8 %. Et encore, ce chiffre comprend le secteur public : si l’on ne prend en compte que le privé, le taux se situe sous les 7 %.

    Les causes de ce déclin sont multiples. La mondialisation, avec ses flux de délocalisation, ou l’évolution technologique, qui bouleverse les métiers et les compétences, sont souvent invoquées. Pourtant le Canada (27,2 %), le Royaume-Uni (25,4 %) ou l’Allemagne (17,7 %) n’ont pas connu un tel bouleversement du paysage syndical ces dernières décennies, alors que les mêmes facteurs macroéconomiques y étaient à l’œuvre.  » L’extinction des syndicats aux Etats-Unis a été un choix politique « , dénonce Robert Reich, ancien ministre du travail de Bill Clinton et aujourd’hui professeur à Berkeley (Californie).

    Outre les  » Right-to-Work Laws « , une série de dispositifs ont rogné le pouvoir des syndicats. Ainsi, la loi sur les faillites permet à une entreprise de se réorganiser et d’annuler tous les accords négociés précédemment avec les syndicats. Par ailleurs, depuis les années 1980, les cabinets de conseil pour éviter la formation de syndicats ( » Union Avoidance « ) se sont multipliés.

    Dans le même temps, les inégalités n’ont cessé de se creuser. Les 3 % des plus riches concentrent aujourd’hui 54,4 % de la richesse contre 44,8 % en 1989, selon les chiffres de la Réserve fédérale. En 2014, selon une étude du ministère du travail publiée début avril, la grande majorité des Américains ont gagné moins qu’en 2013 : le revenu moyen avant impôt a ainsi reculé de 0,9 %. Il s’agit de la deuxième année d’affilée de repli. Un comble, alors que la reprise économique a commencé il y a cinq ans et que le marché du travail tend vers le plein-emploi avec un taux de chômage de 5,5 %. En fait, seuls les 20 % d’Américains qui se situent en haut de l’échelle ont vu leurs revenus augmenter (+ 0,9 %).

    Stagnation des salaires
    De plus en plus de chercheurs mettent en corrélation la hausse des inégalités avec le déclin des syndicats. En 2011, une étude menée par Bruce Western, professeur de sociologie à Harvard, et Jake Rosenfeld, de l’Université de Washington, montrait qu’entre 1973 et 2007, alors que le taux de syndicalisation perdait 26 points, les inégalités de salaires dans le privé bondissaient de 40 %.  » Pour comprendre l’accroissement des inégalités, on doit comprendre la dévastation qui s’est produite dans le mouvement syndical « , dit M. Rosenfeld.

    Pour le président de l’Economic Policy Institute, Lawrence Mishel,  » une proportion significative de l’accroissement des inégalités des salaires est clairement corrélée à l’érosion en cours de la syndicalisation, qui ne conduit pas seulement à réduire le pouvoir de négociation, mais aussi à affaiblir la capacité des syndicats à mettre en place des normes et des standards qui permettent d’avoir des salaires supérieurs à ceux qui ne sont pas syndiqués « . Le déclin des syndicats expliquerait un tiers de l’accroissement des inégalités de salaires constatées de 1973 à 2007 chez les hommes et un cinquième chez les femmes, selon l’ouvrage collectif The State of Working America, 12th Edition (Ithaca, N.Y. : Cornell University Press, 2012)

    Dans The Price of Inequality (W.W. Norton & Co ; 2013), Joseph Stiglitz, Prix Nobel d’économie en 2001, constatait que lorsque les syndicats étaient forts, la productivité et le salaire horaire réel progressaient de pair dans l’industrie. A partir des années 1980, le lien s’est rompu et les salaires ont commencé à stagner.  » Depuis, la taille de l’économie américaine a doublé, souligne M. Reich, pourtant, le salaire médian n’a pratiquement pas augmenté. En fait, la quasi-totalité des gains de la croissance sont allés aux 1 % les plus riches.  » Dans certains cas, les rémunérations ont même baissé.

    Ainsi, selon M. Rosenfeld, un salarié du secteur de la construction gagne aujourd’hui en moyenne 10 000 dollars (constants) de moins qu’en 1973. Même phénomène dans l’automobile. D’après les statistiques du Bureau of Labor Statistics, en dix ans, le salaire horaire moyen chez les constructeurs a chuté de 22 %, à 27,83 dollars (ajusté de l’inflation), et même de 23 %, à 19,91 dollars, chez les équipementiers.  » Jusqu’à peu, les Etats appliquant les lois dites “Right-to-Work” se situaient principalement dans le sud des Etats-Unis « , remarque M. Reich. Au cours des années 1990 et 2000, d’ailleurs, de nombreux constructeurs automobiles se sont implantés dans ces Etats moins syndiqués.  » Mais aujourd’hui, les Etats du Midwest adoptent à leur tour ce type de loi. Cela conduit inévitablement au déclin des organisations qui voient leur financement s’effondrer « , affirme l’ex-ministre du travail.

    Ce mouvement a des effets mécaniques sur les salaires. Selon l’American Federation of Labour-Congress of Industrials Organisations, le principal regroupement syndical américain, un salarié qui travaille dans un Etat appliquant une  » Right-to-Work Law  » gagne en moyenne 5 971 dollars (5 346 euros) de moins par an que dans un Etat qui n’applique pas ces lois.  » Parmi les nations développées, les Etats-Unis sont le pays avec la plus forte proportion de travailleurs à bas salaires, c’est-à-dire qui gagnent moins des deux tiers du salaire médian « , indique le journaliste Harold Meyerson dans un article publié dans The American Prospect qui rappelle qu’un quart des salariés américains gagnent moins de 17 576 dollars par an. Dans l’hôtellerie, les écarts entre syndiqués et non-syndiqués sont gigantesques. A New York, une femme de chambre peut gagner 20 dollars de l’heure contre un peu plus de 8 dollars dans une ville comme Phœnix.

    Rapport de force déséquilibré
    L’emploi a toujours été l’argument principal de ceux qui souhaitent endiguer l’influence des syndicats. Des organisations puissantes contribueraient à accroître le chômage en maintenant les rémunérations au-dessus des niveaux d’ » équilibre du marché « , affirment certains économistes.  » Cette hypothèse n’est guère corroborée par les données empiriques, du moins dans les pays avancés « , répondent Florence Jaumotte et Carolina Osorio Buitron, des économistes du Fonds monétaire International, qui terminent une étude sur le lien entre accroissement des inégalités et déclin des syndicats.  » Seulement 3 des 17 études examinées par l’Organisation de coopération et de développement économiques indiquent un lien robuste entre la densité syndicale et un chômage plus élevé.  » Toutefois, parmi les dix Etats américains qui ont le taux de chômage le plus élevé, sept ont adopté une  » Right-to-Work Law « .

    Quant à la pression de la mondialisation, elle a bon dos, estime M. Reich.  » Il y a quantité de secteurs comme la distribution, la restauration, l’hôtellerie, les hôpitaux, les services à la personne, qui sont protégés de la compétition mondiale. Mais beaucoup d’employeurs dans ces secteurs, à commencer par Walmart, qui est le plus important des Etats-Unis, empêchent les salariés de se syndiquer.  »

    Seule certitude : le lien de cause à effet sur les statistiques de conflictualité. Ainsi, alors qu’en 1970 le ministère du travail avait recensé 370 mouvements de grève, on n’en comptait plus que 11 en 2014.

    La chute du chômage ces derniers mois va-t-elle redonner un peu de pouvoir de négociation aux salariés ? M. Reich en doute :  » La reprise actuelle n’est pas basée sur les salaires. La toile de fond des créations d’emplois, c’est une insécurité permanente avec de plus en plus de contrats indépendants qui ne donnent aucune sécurité. Il n’y a plus de contre-pouvoir face aux grandes entreprises et à Wall Street « , affirme-t-il, tout en déplorant que  » la plupart des jeunes Américains ne peuvent pas se souvenir du temps où les syndicats étaient suffisamment forts pour jouer un rôle dans le champ économique et politique « .

    Il sera difficile de faire repartir le balancier dans l’autre sens, alors que l’importance de la classe moyenne ne cesse de reculer, que les richesses se concentrent toujours plus et que le rapport de force entre employés et employeurs n’a jamais été aussi déséquilibré.

    Stéphane Lauer

  4. Posted 1 mai 2015 at 12:36 | Permalien

    Grèce : le message très ferme du nouveau « conciliateur »
    Euclide Tsakalotos
    Mais qui est donc Euclide Tsakalotos, le nouveau coordinateur de l’équipe des négociateurs grecs, censé pallier (selon les médias européistes) le manque d’esprit de conciliation du ministre des finances Varoufakis ?

    L’interview que le par ailleurs ministre grec délégué aux relations économiques internationales vient de donner au site Mediapart risque fort de faire déchanter ceux qui voyaient Alexis Tsipras mettre de l’eau dans son ouzo. Résumé :

    Ce n’est pas la Grèce qui est responsable du blocage actuel (« nous sommes parfaitement fidèles à l’accord du 20 février »). Le gouvernement grec a déjà envoyé beaucoup plus de listes de réformes que nécessaire.
    Un gouvernement de gauche est tenu de réguler le marché du travail [que l’Eurogroupe exige de déréguler, ndlr]. « Ceux qui sont incapables de faire du profit sans imposer des conditions de travail inhumaines et des salaires extrêmement bas : ces gens-là doivent quitter le marché ! »
    Ce n’est pas la lutte contre la fraude fiscale qui conditionne le versement des tranches des prêts UE-FMI, mais la baisse des salaires et celle des pensions de retraites.
    La stratégie de l’Eurogroupe est d’asphyxier la Grèce pour l’obliger à accepter des compromis.
    Le gouvernement Tsipras est tenu de ne pas dépasser les lignes rouges qu’il s’est fixé, sauf à s’en remettre au peuple [Euclide Tsakalotos se refuse à employer le terme de "référendum", mais rappelle le « vaste soutien dont nous bénéficions auprès de la population »].
    Les points d’achoppement sur les lesquels le nouveau « conciliateur » ne veut rien concilier : le rétablissement des négociations collectives dans les entreprises, le retour au salaire minimum d’avant crise, la baisse des retraites et l’augmentation de la TVA réclamée par l’Eurogroupe…
    Bref, on a vu mieux comme candidat à l’assouplissement d’échine ! On rappellera pour finir qu’Euclide Tsakalotos, marxiste revendiqué, est membre du Comité central de Syriza, plutôt classé sur son aile gauche, bien loin de l’image d’« économiste modéré » répandue un peu précipitamment par l’AFP dans les médias mainstream

  5. Posted 2 mai 2015 at 13:02 | Permalien

    C’est au pied du mur qu’on voit le maçon .
    c’est aux résultats de trois ans,pour l’ensemble ,un an pour Valls ,que l’on peut juger la politique menée jusqu’ici .
    avec le chômage qui ne cesse d’augmenter,les projets de réductions des budgets de fonctionnement des ministères (3%en moins selon le monde du 28 avril )
    comment croire que Manuel Valls militant ,va pouvoir faire changer Valls Manuel 1er ministre ?
    comment croire que l’ensemble des ministres signataires d’ un texte qui critique la politique suivie jusqu’ici par eux sera en
    mesure de proposer au Président une autre voie ?
    comment peut on seulement espérer, comme le fait Pierre -Alain dans son explication ,que ça va changer parce que Cambadelis change quelques mots dans sa motion .Lui même (PA M)laisse voir son trouble au 3e quand
    il
    parle du refus du travail dominical (avec tte l’ambiguïte du terme ,dit’il)
    et il termine en disant (citant Martine Aubry )l’avenir n’est pas le social -libéralisme ,car à la fin il ne reste que le libéralisme sans le social !

    moralité ,s’il y en a une,en votant pour la motion B,non seulement vous ferez revenir le parti vers le socialisme ,mais vous permettrez aussi à PAM de
    se sentir plus à l’aise avec unPS qui dira à nos gouvernants qu’il faut changer de direction ,appliquer le projet et le discours du Bourget .
    vous voyez mes camarades ce qui vous reste à faire :signer sans barguigner la motion B pour un parti socialiste qui ait une influence sur ceux qui gouvernent

    vive le joli mois de Mai
    bises
    Lucien

  6. Posted 8 septembre 2016 at 22:03 | Permalien

    Dans le même temps, les inégalités n’ont cessé de se creuser, on est pas des chiots

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