El Khomry et les verriers

 

 

En déplacement dans la métropole lyonnaise, sur le thème de la santé au travail (cf. Le Progrès, 2 avril) la ministre du travail en a profité pour parler d’autres choses. Elle rencontra trois salariés de Maviflex – spécialiste de la porte souple industrielle – bénéficiant du contrat parental, dans « une entreprise soucieuse du bien être de ses salariés ». Trois salariés bénéficiant d’horaires à la carte, « flexibilisés ». Cette flexibilité organisée est très profitable, selon la PDG Anne-Sophie Panseri qui considère que l’entreprise a gagné 117 jours travaillés l’an dernier dans son entreprise de 120 salariés. Surtout, l’intérêt du déplacement ministériel dans la région lyonnaise était de venir entendre le discours patronal que s’est empressée de lui livrer la PDG : « Libérez-nous du code du travail ». Pas de CDD dans l’entreprise mais l’usage courant de l’intérim, plus flexible. Pas de contrat pro qui coûtent « trop cher », mais à la rigueur l’apprentissage. Pas de problème, la ministre sortira de sa besace en juin les 85 titres professionnels à l’apprentissage. « Faites-nous part de vos besoins », salutations. Au fait, et la santé au travail ? Pas le sujet ! Précision utile : pas de syndicat chez Maviflex. On s’en serait douté.

 

La ministre « reste à l’écoute », mais elle choisi ses interlocuteurs. Elle est venue à Lyon au lendemain d’une manifestation l’intéressant directement et rassemblant des dizaines de milliers de manifestants au cœur de Lyon. Tous ceux-là avaient des choses à lui dire sur son projet de destruction du Code du travail, mais elle n’est pas venue les écouter.

 

Pour son déplacement provincial, sur le sujet de la santé au travail, au cœur de la première région industrielle chimique d’Europe elle pouvait rencontrer beaucoup de victimes de risques professionnels. Elle pouvait rencontrer les anciens verriers de Givors qui se battent depuis sept ans pour la reconnaissance de l’origine professionnelle des pathologies qui les emportent les uns après les autres. C’est avec plaisir qu’ils l’auraient reçue et elle n’aurait pas perdu son temps, car leur longue expérience en ce domaine et la grande connaissance du sujet auraient pu satisfaire sa curiosité.

 

Selon la ministre, son projet « représente une nouvelle forme de régulation et permettra plus de négociation dans les entreprises ». Mais négocier quoi en matière de santé ? Pendant des décennies le groupe BSN-Danone a empoisonné des milliers d’ouvriers givordins par l’utilisation de l’amiante et des dizaines de produits cancérogènes (classés CMR) dans la production du verre d’emballage et, à la fermeture de l’entreprise, la direction s’est refusée au respect du Code du travail et délivrer des attestations d’exposition à l’amiante pour de nombreux salariés et d’exposition aux produits chimiques dangereux pour tous. Est-ce là dessus qu’on va négocier ? Mais il n’y a plus rien à négocier quand c’est la vie ou la mort pour le travailleur.

 

Gérard Filoche (merci aux verriers)

 

One Commentaire

  1. Posted 11 avril 2016 at 18:45 | Permalien

    Bonsoir à tous,
    Rions un peu grâce aux chiens de garde médiatiques, en lisant l’article suivant : http://www.acrimed.org/Horreur-des-pas-concernes-sont-dans-la-rue-contre
    Solidairement.

Déposer un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera jamais transmise.

*