La France… va mieux ? Les approximations de François Hollande

Le jeudi 14 avril, François Hollande s’exprimait sur le plateau de l’émission « Dialogues citoyens », pendant 90 minutes, ce qui faisait beaucoup pour un « Président normal ». Les citoyens qui l’interrogeaient avaient été triés sur le volet : un agriculteur et une militante de FO, sans doute jugés trop pugnaces, avaient été évincés.

Cette émission a retenu l’attention de fort peu de gens et les médias, le lendemain, insistaient surtout sur le fait que le Président de la République était inaudible et donnait l’impression d’habiter sur une autre planète… Il paraît difficile, cependant, de laisser passer toutes les approximations qu’il a énoncées sur le thème de « La France ne va pas bien, mais elle va mieux ».

 

Il y a plus de croissance !

7 ans après le déclenchement de la crise économique provoquée par la crise bancaire de 2007-2008, la croissance économique a atteint le taux faramineux de 1,1 % ! Y a-t-il vraiment de quoi pavoiser, surtout quand le FMI prévoit un taux de croissance identique en 2016 ?

Cette croissance est poussive, alors qu’il n’est possible de commencer à faire reculer le chômage que si elle atteint 1,6 à 1,7 %. Le nombre d’emplois créés dépasse les 100 000 détruits en 2015, mais rien n’est dit sur la nature de ces « emplois » et ce nombre ne permet pas, de toute façon, de compenser celui des jeunes qui arrivent sur le marché du travail.

La reprise est fragile. Elle tient à des facteurs que notre pays ne maîtrise pas : la baisse de la valeur de l’euro par rapport au dollar, la baisse du baril de pétrole brut. Elle ne progresse pas en raison de l’augmentation des exportations ou de la reprise des investissements des entreprises, mais en raison d’une légère augmentation de la consommation des ménages, particulièrement instable. La croissance est toujours entravée par la volonté de diminuer, avant toute chose, les déficits publics en réduisant la dépense publique, et d’augmenter les marges bénéficiaires des entreprises notamment en refusant tout coup de pouce au Smic.

Il y a moins de déficit !

Là encore, il a fallu 4 ans, depuis l’arrivée au pouvoir de François Hollande, pour que le déficit public commence à diminuer, très progressivement. La politique du « d’abord réduire les déficits » a produit exactement l’inverse de l’objectif affiché, en étouffant la croissance et en entravant, du même coup, la réduction du déficit public. Les 3 %, en ce qui le concerne, devaient être atteints fin 2013 ; ils le seront peut-être fin 2016 ou fin 2017. Pas vraiment, là encore, de quoi pavoiser, car ce sont les plus fragiles qui en ont pâti. Ils continueront à pâtir de la diminution de 21 milliards des dépenses de Sécurité sociale, de 19 milliards de dépenses de l’État et de 10 milliards de dépenses des collectivités locales. Tous ceux qui ne peuvent pas faire appel à des services privés pour remplacer les services publics défaillants, faute de financement, l’ont payé au prix fort.

La dette publique a continué à augmenter et le paiement de ses intérêts vient tous les ans grossir le patrimoine des rentiers, ceux dont François Mitterrand disait qu’« ils s’enrichissaient en dormant ». Pas de quoi pavoiser, là non plus.

Il y a plus de compétitivité et plus de marges pour les entreprises !

Il est difficile de voir en quoi la progression des marges bénéficiaires des entreprises est une bonne nouvelle. Cette progression s’est faite au détriment des salariés, de leurs rémunérations et de leurs conditions de travail. Le projet de loi El Khomri a pour objectif d’aller encore plus loin en réduisant à la portion congrue les moyens de résistance du salariat.

Les entreprises ne sont pas plus « compétitives » pour autant. La France continue à importer plus qu’elle n’exporte, malgré la baisse de l’euro. Le CICE et le pacte de responsabilité n’ont pas servi à améliorer les investissements. Les investissements des entreprises industrielles ont diminué de 4 % en 2013 et de 3 % en 2014. L’augmentation des marges des entreprises n’a servi qu’à augmenter les salaires des dirigeants (chez PSA par exemple), et les dividendes des actionnaires.

Plus de pouvoir d’achat pour les salariés !

Le pouvoir d’achat MOYEN des salariés a très légèrement augmenté au cours des quatre dernières années. Mais cette augmentation a été inférieure à celle de la productivité du travail. L’exploitation des salariés a donc augmenté et explique, avec les largesses sans contrepartie du CICE et du pacte de responsabilité accordées au patronat, l’augmentation de la marge bénéficiaire des entreprises. Une augmentation en moyenne, là aussi, car plus de 63 000 entreprises ont disparu en 2015 (1 % de plus qu’en 2014).

Les impôts ont diminué !

Là encore, il s’agit d’une moyenne.

Les sommes collectées par l’Etat grâce à l’impôt sur le revenu a légèrement augmenté puis diminué d’à peu près autant. Sa progressivité a diminué avec la suppression de la part à 75 %. Cet impôt ne concerne que 50 % des habitants de notre pays, les autres 50 % n’étant pas assujettis à cet impôt. Il ne permet à l’État que de recueillir 77 milliards d’euros (19,7 % du total des prélèvements fiscaux).

La TVA, l’impôt le plus injuste puisqu’il frappe du même taux d’imposition le PDG et le titulaire du RSA, permet à l’État d’engranger 196 milliards d’euros par an (50,5 % du total des impôts). Les sommes collectées sont restées stables.

Les seuls impôts qui ont réellement diminué sont ceux des entreprises, en particulier ceux des grandes sociétés. Y avait-il de quoi pavoiser ?

François Hollande a également souligné la baisse des « prélèvements obligatoires ». Ces prélèvements incluent les cotisations sociales payées par les employeurs. Faut-il vraiment se féliciter de cette diminution qui fragilise notre système de protection sociale ?

La courbe du chômage ne s’est pas inversée

C’est le moins que l’on puisse dire.

François Hollande se retranche derrière le taux de chômage du Bureau international du travail qui mesure le nombre de personnes n’ayant pas travaillé, même une heure, la semaine précédente. Ce taux ne permet pas de mesurer la réalité du chômage aujourd’hui. Cette réalité ne se réduit pas aux personnes ayant un travail à temps plein mais inclut tous ceux qui sont en formation, qui n’ont qu’un petit boulot, un travail saisonnier, un travail à temps partiel et qui sont à la recherche d’un travail à temps plein.

Pour apprécier dans toute son étendue la réalité du chômage en France, il faut prendre en compte l’ensemble des inscrits à Pôle emploi, dans les catégories A, B, C, D et E. Le bilan de François Hollande dans ce domaine crucial est accablant. Depuis mai 2012 et pour la France entière, le nombre de chômeurs de la catégorie A a augmenté de 688 500 (de 3 163 900 à 3 852 400). Dans le même temps, celui des catégories A, B, C, D et E a augmenté de 1 236 900 (de 5 257 200 à 6 494 100). C’est pourtant sur ce bilan que François Hollande demande à être jugé. Qui peut croire qu’en 6 mois, il pourrait diminuer de 700 000 le nombre de demandeurs de la catégorie A et de 1,3 million celui de l’ensemble des catégories de Pôle emploi ?

 

12 Commentaires

  1. lionel Mutzenberg
    Posted 22 avril 2016 at 11:22 | Permalien

    Vous m’excuserez mais, je n’écoute plus les discours de François Hollande depuis longtemps, trop de mensonges, aucune parole.
    Valls, Macron, et les autres, non plus, pour moi une page est tournée, et le livre sera bientôt à la poubelle.
    En 2017 !
    J’écoute plutôt nos adversaires, car ce qu’ils disent, leurs nouveaux projets, ressemblent à si méprendre à leurs politiques économiques et sociale qu’ils ont mis en œuvre pendant 17 année, dont 12 avec tous les pouvoirs.
    J’aurais envie de dire,  » Français, si vous saviez ! », mais ce serait, peut être, bien prétentieux de ma part.
    Tiens je suis en train de lire le livre de Antony C. Sutton,  » Wall Street et l’ascension de Hitler. » Vous auriez peut être dû commencer par là ?
    Mes anciens camarades de parti aussi, je vous en donne acte.

  2. cyril
    Posted 22 avril 2016 at 14:01 | Permalien

    La situation réelle est telle que vous la décrivez.

    Il faut rendre à nouveau l’impôt sur le revenu progressif et taxer le capital plus qu’il ne l’est.

    Cependant, nous ne sortons pas de l’idéologie de la croissance qui a besoin de plus en plus de puissance donc d’énergie pour pouvoir se réaliser. Ce ne sont pas les prétendues énergies renouvelables et/ou la technologie qui changeront ce fait physique.

    Le raz de marée de l’innovation nous impose le changement continuel pour s’adapter à la dictature technicienne. Nous ne sommes plus des êtres humains doués de facultés, mais de futurs cyborgs rationalisés et optimisés par la technocratie.

    On ne cesse de vouloir faire grossir le gâteau du PIB avec toujours les mêmes ingrédients délétères. Découper de façon plus équitable le gâteau n’ apporte aucune solution à notre ivresse de consommation et de démesure.

    J’ai récemment lu une étude qui montrait qu’ en Italie sur plus de ans, la croissance n’avait entraîner pratiquement aucune création d’emploi. L’emploi s’était reporté du primaire au secondaire/tertiaire et ensuite avait exploser dans le tertiaire.

    La « modernisation » détruit des emplois utiles dans le primaire et le secondaire, mais fait exploser les emplois précaires dans le tertiaire.

    Ceci du fait de l’augmentation faramineuse de la productivité, de l’automatisation, de la numérisation, de la compétitivité.

    Aucun parti ne conçoit le travail en dehors de l’exploitation capitaliste (que celle-ci soi d’ordre étatique ou privée).

    Cette fuite en avant ne fera que nous consumer dans la dégradation continue de l’environnement, l’augmentation des maladies dues à notre société industrielle et la déliquescence de la sociabilité.

    Ce constat amène à comprendre que cette fuite en avant obligera les gouvernements à devenir de plus en plus autoritaire pour essayer de gérer les nuisances et le chaos.

    Nous participons toutes et tous à ce système en acceptant l’ ordre capitaliste car la classe dominante et ses thuriféraires ne nous donnent aucune prise sur notre autonomie.

    Nous sommes assujettis au pouvoir monstrueux de l’ Etat qui nous impose son contrôle, sa surveillance et maintenant sa contrainte via notamment les nouvelles technologies qui non seulement ne nous émancipent absolument pas, mais nous enserrent dans leur filet de contention.

    Ces nouvelles technologies nous rapprochent de la société rationalisée, optimisée où tout à chacun devra se conformer à se que nous dicteront les technocrates pour le plus grand profit des capitalistes.

  3. socrate
    Posted 22 avril 2016 at 22:40 | Permalien

    pourquoi Hollande se mettrait a dire la vérité ?

    le mensonge ne lui a pas mal réussi il est le locataire d’un beau palais bien placé a Paris…

    et il a de nombreux amis dans le parti que tu représentes pour qu il puisse se représenter en 2017

  4. 1956
    Posted 22 avril 2016 at 23:46 | Permalien

    A mettre au passif de Hollande et de ses gouvernements: la situation financière d’EDF.
    La solution qu’envisage LEVY, ancien des cabinets de Longuet et nommé par les socialistes, est notamment la privatisation de RTE (réseau de transport). Elle viendra s’ajouter à celle de l’exploitation de l’hydraulique de barrages demandée par la commission européenne elle même soutenue par Hollande.
    Ainsi Hollande, son gouvernement et ses députés auront fini de détruire une entreprise industrielle de service public issue du CNR. Même Sarkosy n’avait pas osé…
    La cgc, fo et la cgt font front commun contre ce démantèlement. Une nouvelle fois la cfdt négocie la casse pour le compte de ses compères et complices.
    Cette gauche dévoyée au pouvoir n’est plus politiquement fréquentable.

  5. Kamel
    Posted 23 avril 2016 at 0:57 | Permalien

    Bonjour Mr FILOCHE

    Vous êtes un vilain , une ordure , vous avez qu’à leurs trouver di boulot à vos millions de chômeurs puisque vous êtes plus fortiche que tous le monde .

    Vous faites honte à votre profession même pas indépendante , à la botte de la cgt et de Sud

  6. Posted 23 avril 2016 at 8:50 | Permalien

    Non, la France ne va pas mieux. Elle n’ira pas mieux tant qu’elle sera dirigée par des hommes politiques soumis à leurs partis. La politique, les partis, les électeurs n’en veulent plus ! Tous vos longs discours, vos longues lettres, nous n’en voulons plus. Les électeurs ne veulent plus se faire endoctriner. La gauche, c’est fini, les Républicains, c’est fini. Le parti socialiste perd en ce moment tous ses membres. Allez, les vieux roudoudous de la politique, nous vous avons assez vus, le monde a changé !

  7. Michel G
    Posted 23 avril 2016 at 13:24 | Permalien

    « Cette croissance est poussive, alors qu’il n’est possible de commencer à faire reculer le chômage que si elle atteint 1,6 à 1,7 %. »
    La planète est finie, la croissance indéfinie dangereuse et impossible. La croissance c’est l’essence du capitalisme.
    Encore un effort pour quitter le productivisme et en venir à l’éco socialisme !

  8. Posted 23 avril 2016 at 23:23 | Permalien

    m’en fou de la croissance, je combat pour partager les richesses existantes, pas toi ?

  9. Posted 23 avril 2016 at 23:25 | Permalien

    c’est ca jeune roudoudou tu impressionnes le monde entier avec tes rodomontades

  10. Posted 23 avril 2016 at 23:26 | Permalien

    il va avoir beaucoup de mal… et on fait tout pour l’en empêcher, pas toi ?

  11. Posted 23 avril 2016 at 23:39 | Permalien

    ca c’est argumenté, j’en ai eu un a Nantes debout hier soir, qui avait a peu près le meme niveau intellectuel

  12. Le Corre
    Posted 6 mai 2016 at 12:46 | Permalien

    Comme cela me soulage de voir qu’il existe encore aujourdhui des Gerard Filoche qui se battent pour les gens pas pour un poste ,François Hollande ferait honte à Jean Jaurés avec sa loi travail qui est une loi anti-salariés,anti-familles qui a un seul objectif le rendement et le profit des actionnaires ,savez vous que plus le taux de chômage augmente plus les dividendes des actionnaires augmentent aussi dans le même temps (+30 % en 2015),ça ne vous interpelle pas les gars ?C’est pourtant ce qui se passe.17 millions pour le patron de Sanofi qui licencie à tour de bras dans ma région !!!! Il a besion d’une loi pour l’aider à licencier encore plus ,français réveillez vous ! Merci Mr Filoche ,je lis etr écoute toutes vos interventions ,cela adoucit mon mal-être dans ce monde inhumain,continuez je susi à fond avec vous et tous les signataires de l’appel ddes 100 ,Eric Le Corre ,professeur de lycée

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