Parabole sur le dumping social El Khomri

 

Voyons ce que serait l’application de la loi EL Khomri, dans 3 entreprises d’habillement du 3° arrondissement de Paris.

La première entreprise est rue St Martin :  45 salariés, patron de combat, il a jamais voulu dépasser 50 pour ne pas avoir de comité d’entreprise, l’atelier c’est 4 rangées de 10 femmes, chacune travaille nez baissé sur les machines, la contremaîtresse les surveille sur une estrade, pas le droit de parler, il faut lever le doigt pour aller faire pipi… Dans cette boite, avec la loi El Khomri, le patron va monter sur l’estrade, à côté de la contremaîtresse et va dire : « Nous ne pouvons plus payer les heurs supp’ 25 % ; dorénavant, ce sera 10 % ». Et il va « négocier » : « Y’a quelqu’un qui est contre ? ». Personne ne va broncher, évidemment. Elles vont toutes baisser le nez sur leur machine. Elles vont calculer dans leur tête : elles en ont énormément besoin de ces heures supp’ à cause de leur petit salaire mais elles ne vont rien dire.

La 2° entreprise est rue Meslay, habillement aussi, 35 salariés, patron plus empathique, pas de délégué du personnel pour autant, il décide de rester à 25 %, il dit qu’il a assez de marge et que ses salariées, qu’il aime bien, en ont besoin. Mais, dans ce cas, c’est le banquier qui va arriver et dire au patron que son « ratio » salaire/emploi ne dégage pas suffisamment de marges. Or, le banquier aime les entreprises qui ont des marges fortes comme rue St Martin. Il va rappeler au patron, qu’à la fin de ce trimestre il a des difficultés de trésorerie, qu’il a besoin de lui, banquier, pour passer ce cap. Il veut bien l’aider mais s’il s’aide lui-même. Avant El Khomri, le patron pouvait dire « non » au banquier ; car c’était la loi qui fixait le taux des heures supp’ à 25 % ; mais après la loi El Khomri, désormais, ça se négocie. Le « patron gentil » va voir ses salariées et leur dire « - On est obligés sinon le banquier nous lâche ; si je ne vous mets pas à 10%, on est tous foutus, je ferme la boite. Ça me fend le cœur, mais …10% ».

La 3° boite est rue Notre-Dame de Nazareth, 15 salariées, patron voyou, il emploie déjà des clandestins, ne paie pas les heures, le comptable est aussi voyou que lui, l’inspection du travail a déjà dressé plusieurs procès verbaux. Le comptable fait remarquer au patron que, selon la nouvelle loi, les heures supp’ peuvent être soit « majorées » soit « compensées ». Alors il vont « compenser » et donner un blouson à leurs salariés à la fin du mois.

Tel sera le dumping social organisé par la loi El Khomri quand la négociation aura remplacé la loi. Dans une même branche, dans 3 entreprises situées à 3 rues d’intervalle du même arrondissement de Paris, la concurrence déloyale défavorable organisée fera baisser les salaires. Et ce qui vient d’être dit pour les heures supp’ se produira ensuite dans tous les domaines.

Gérard Filoche

 

 

(chaque semaine chronique « au boulot » dans l’Humanité dimanche depuis 5 ans, celle ci est la n°298)

 

12 Commentaires

  1. sans ressources
    Posted 26 juin 2016 at 10:13 | Permalien

    oui, mais, car il y a un grand mais, les salariés ne se déplacent pas pour manifester ou faire grève, bien qu’ils prennent toutefois les avancées obtenues par d’autres, mais que 11 crétins milliardaires gagnent un trophée aussi bling bling que moche et on verra les mêmes par millions dans les rues c’est à désespérer, ils n’ont bien que ce qu’ils méritent, non? marre de se battre pour ceux qui vous insultent (otages, terroristes, bloqueurs, voyous de la CGT)

  2. Gilbert Duroux
    Posted 27 juin 2016 at 10:29 | Permalien

    Emmanuel Macron confirme qu’il est de gauche.
    http://www.lefigaro.fr/politique/le-scan/citations/2016/06/27/25002-20160627ARTFIG00043-emmanuel-macron-pas-interesse-par-une-primaire-a-gauche.php
    Selon la théorie toute personnelle de Gérard Filoche, qui a pour nom l’appartenance déclarative, Macron est donc un authentique homme de gauche.

  3. Posted 27 juin 2016 at 18:36 | Permalien

    il dit qu’il est ni de gauche ni de droite

    s’il dit (aussi) qu’il est de gauche c’est son problème, pas le notre, on le met face avec ses contradictions,

    mais nul n’a besoin de lui donner un brevet « d’authentique » homme de gauche, y’a pas non plus de tribunal pour ça

  4. Gilbert Duroux
    Posted 28 juin 2016 at 13:04 | Permalien

    La police des socialistes s’attaque à un lieu sacré pour les travailleurs : la bourse du travail.

    Déploiement de la police devant la Bourse du travail de Paris

    Ce matin (du 28 juin), se tenait à 10 heures à la Bourse du travail de Paris (rue du Château d’eau) une assemblée générale interprofessionnelle. Celle-ci a rassemblé près de deux cents personnes, travailleurs et travailleuses, précaires, syndiqués ou non, militants et militantes de la mobilisation qui dure depuis près de quatre mois contre la loi Travail.
    Alors que nous terminons l’AG et nous apprêtons à ‎rejoindre la manifestation place de la Bastille, nous nous rendons compte que la police et les CRS se déploient sur la place de la République, notamment devant la Bourse du travail, procédant même à des contrôles et à des fouilles !
    Après avoir réduit le parcours de la précédente manifestation à un tour de manège place de la Bastille, après avoir arbitrairement confisqué les effets personnels de manifestants et manifestantes et même avoir arrêté certains d’entre eux, après avoir assigné à résidence des militants et militantes et en avoir arrêté à domicile ce matin, l’État en vient maintenant à quadriller tout un quartier et à intimider ceux et celles qui ne font que se réunir dans un bâtiment syndical !
    Jusqu’où le gouvernement et l’État policier iront-ils ?!
    Nous appelons l’ensemble des organisations syndicales, politiques, associatives à élever leurs protestations contre cette atteinte inadmissible à la démocratie et à tout mettre en oeuvre pour faire que la police quitte les lieux. Nous appelons tous ceux et celles qui le peuvent à nous rejoindre à la Bourse du travail dès maintenant.
    Nous réitérons notre volonté de nous battre jusqu’au bout contre la loi El Khomri et le gouvernement. Les tentatives d’intimidation et de répression arbitraire ne viendront pas à bout de notre détermination.
    Nous nous réunirons de nouveau ce soir après la manifestation, vers 18h30, en assemblée générale à la Bourse du travail afin de discuter des suites de notre mobilisation.

  5. step
    Posted 28 juin 2016 at 21:10 | Permalien

    mais c’est bien l’objectif, mon cher gérard…

  6. socrate
    Posted 29 juin 2016 at 16:28 | Permalien

    la morale sur la loi el khomri est celle ci

    vous faites un projet de loi bien dégueulasse ; vous enlevez quelques miettes en disant que vous l’avez rendu meilleur; a l’assemblée vous faites un 49-3 pour empecher le débat normal.
    Le sénat de droite redurcit le texte initial.
    En deuxieme lecture vous avez un premier ministre qui dit regardez comme notre texte est a minima par rapport a celui de la droite , nous sommes donc bien modérés dans notre réforme du travail….

  7. Posted 29 juin 2016 at 20:13 | Permalien

    excellent

  8. lionel Mutzenberg
    Posted 30 juin 2016 at 10:33 | Permalien

    Oui Socrate, mais cela tout le monde l’a compris, sauf,…les élus socialistes !
    Et le retour de François Hollande sera construit, ces prochains mois, sur ce même canevas.
    Il n’a pas voulu toucher aux médias qui déversent, mensonges, contre-vérités, manipulations depuis 4 années, vous savez pourquoi ? Il aura besoin d’eux pour la nouvelle entourloupe de 2017 !
    Mon adversaire c’est la finance, (bis !)
    Le 5 juillet nous saurons ce que sont réellement les fameux Frondeurs; le reste c’est du baratin !

  9. Posted 30 juin 2016 at 12:45 | Permalien

    Bonjour à tous,
    En complément de la chronique de notre camarade Gérard Filoche, je vous invite à lire le communiqué de presse de Solidaires intitule « Un rejet massif du projet de Loi Travail, des manifestations déterminées ! », disponible à l’adresse suivante : https://www.solidaires.org/Un-rejet-massif-du-projet-de-loi-travail-des-manifestations-determinees
    Solidairement.

  10. CRAYENCOUR
    Posted 30 juin 2016 at 13:28 | Permalien

    Excellent et à généraliser à tous ceux qui voudraient nous faire croire que face à la droite qui ferait pire, il faudra tout de même, en cas de besoin soutenir ces gens là!

  11. debord
    Posted 30 juin 2016 at 16:01 | Permalien

    ancien apparatchik de la Ligue Communiste devenu socialiste et semble- t-il ancien inspecteur du travail… comment peux-tu affirmer qu’, avant la loi El Khomri , un patron pouvait dire « non » à son banquier ou à son comptable concernant le paiement des heures sup .. tu dis vrt n’importe quoi , tu es pitoyable !!!

  12. Posted 3 juillet 2016 at 15:16 | Permalien

    TU es TOI pitoyable, ignorant, inculte, jusque là le taux des heures supp’ étaient d’ordre public social

Déposer un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera jamais transmise.

*