Le procureur a tout fait pour ne pas dire les faits, pire il a parlé pour les cacher, et n’a pas utilise le mot « asphyxie » alors que le médecin légiste en faisait état dés son premier rapport. Telle est la vérité apparue en dépit de la dissimulation volontaire et scandaleuse des faits, des deux autopsies des 21 et 26 juillet, par le Procureur de la République de Pontoise.
Voilà le récit du Monde :
« A trois dessus pour le maîtriser »
Le 19 juillet à 17 h 15, à Beaumont-sur-Oise, des gendarmes ont d’abord interpellé le frère et la compagne du frère d’Adama Traoré dans le cadre d’une enquête sur une extorsion de fonds. Présent lors de la scène, Adama Traoré a pris la fuite. Un appel radio est alors passé, sollicitant des renforts pour le retrouver.
Grâce à un signalement, trois gendarmes le localisent. Ils pénètrent alors dans l’appartement où Adama Traoré se cache. Un sous-officier présent explique que le jeune homme « résiste à son interpellation ». « Nous contrôlons avec le poids de notre corps l’homme afin de l’immobiliser », dit-il aussi. Un autre gendarme présent corrobore cette déclaration : « Il a commencé à se débattre et je lui ai fait une petite torsion de sa cheville gauche. Il a commencé à nous dire qu’il avait du mal à respirer. On se trouvait à trois dessus pour le maîtriser. » Ce même gendarme précise : « J’étais sur ses jambes. Mes deux autres collègues contrôlaient chacun un bras. » Cette technique correspond à un plaquage ventral.
Dans un rapport paru en mars, l’ONG française de défense des droits de l’homme Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT) appelle à son interdiction car elle « entrave fortement les mouvements respiratoires et peut provoquer une asphyxie », un risque accentué par l’agitation dont peut faire preuve la personne interpellée lorsqu’elle suffoque et que les personnes renforcent la pression exercée sur elle. D’après l’ACAT, plusieurs morts ont été provoquées ces dernières années par cette technique.
Et l’enquête de la journaliste du Monde (Julia Pascual) ajoute :
« Tel que le rapporte le sous-officier présent ce jour-là, Adama Traoré a bien signalé « avoir des difficultés à respirer ». Mais, au lieu d’appeler les secours, les trois gendarmes embarquent le jeune homme dans leur voiture et le conduisent à la gendarmerie, toute proche, pour « lui signifier sa garde à vue ». En y arrivant, Adama Traoré « s’assoupit et a comme une perte de connaissance », déclare un des gendarmes. « Quand on l’a sorti du véhicule, il était inconscient », confirme son collègue, qui explique aussi que, craignant qu’il simule, ils l’ont laissé menotté. Les secours sont dépêchés sur place, en vain. Le décès est déclaré peu après 19 heures.
Un examen plus poussé du cœur, dit « anatomopathologique », fait le 26 juillet, a permis de déceler un « ensemble lésionnel compatible avec une cardiomyopathie hypertrophique » chez Adama Traoré, c’est-à-dire une maladie du cœur pouvant être « potentiellement la cause directe de la mort ». A ce stade, rien ne permet cependant d’en être certain. Cette maladie a pu provoquer un arrêt cardiaque puis l’asphyxie d’Adama. Mais elle peut aussi y être totalement étrangère.
Elle peut encore expliquer une fragilité chez Adama Traoré, qui ne se serait pas révélée fatale si les gendarmes n’avaient pas plaqué le jeune homme au sol. Sa famille veut aujourd’hui obtenir des réponses. Dans un éditorial du 29 juillet consacré à cette affaire, le quotidien The New York Times met en garde : « Black lives matter in France, too ».
« Adama Traoré a-t-il manqué d’oxygène parce qu’il souffrait d’une pathologie cardiaque ? A-t-il manqué d’oxygène parce que trois gendarmes l’ont plaqué au sol, en usant d’une technique dangereuse ? Est-ce la conjonction de sa probable maladie et de son immobilisation qui a précipité sa mort ? »
Il faut arrêter de manipuler la vérité, de mentir et dissimuler, la maladie est « probable », l’ « asphyxie » est certaine.
Et il faut permettre à la famille d’organiser la mobilisation et de porter plainte, pas la faire taire, ni elle, ni les manifestations, « nassées », encore, l’autre soir, Gare du Nord.
Comme le dit Philippe Marliére : « Adama Traore, Zyed Benna, Bouna Traore, Wissam El-Yamni, Lamine Dieng, Hakim Ajimi, Amadou Koumé, Ali Ziri : la liste continue de s’allonger. C’est curieux, quand la police ‘interpelle’ les minorités ethniques en France, cela se termine souvent en ‘bavures’… c’est surtout le refus d’accepter que ces jeunes sont morts du fait de leur origine ethnique. Le logiciel républicain français ne permet pas à une certaine gauche une telle lecture.
Jean-Christophe Greletty réagit : « Absolument. La différence, c’est qu’aux USA beaucoup ont compris qu’ils étaient victimes d’une chasse à l’homme, style far-west raciste. Et que dans quelques cas, rares mais réels, les flics criminels sont en prison. En France, on impute ces morts à pas de chance mais pas à une volonté. Et l’impunité judiciaire et étatique est totale. Enfin, les élites en France restent majoritairement blanches et anti populaires. Aussi ces morts leur sont largement indifférents. Celles et ceux qui veulent défendre les discriminés des quartiers sont taxés de communautarisme. »
9 Commentaires
S’il avait obtempéré au contrôle ce multirécidiviste n’aurait eu aucun problème. Pourquoi s’est-il enfui s’il n’avait rien a se reprocher? bien sur il est plus facile de taper sur les FDO,plûtot que s’interroger?a vous lire les FDO doivent etres équipées d’une plume en guise d’armes et baiser les pieds des interpellés pour éviter de passer pour des racistes .c’est ca j’ai bien compris votre messages?
Bravo Monsieur Filoche ! Votre argumentaire orienté et ridicule vous grandit.
Quand on est malade et que des gendarmes vous enjoignent de les suivre, vous obéissez ou vous prenez le risque d’y laisser des plumes.
Contrairement à ce que vous laissez entendre, c’est Adama qui s’est mis hors la loi, pas les gendarmes. Donc encourager ceux qui profitent de ce drame pour salir la France et casser du mobilier urbain est une démarche anti-républicaine et démontre un manque total de sens commun.
toi, aux USA, tu dirais a chaque fois que la police a raison contre les noirs et les chicanos
il n’empêche ce jeune a été tué par asphyxie, et les fonctionnaires de police ne sont pas la pour ça
si t’as pas assez d’humanite pour être ému par la mort de ce jeune de 24 ans, basta
ce jeune a tué par asphyxie, et les fonctionnaires de police ne sont pas la pour ça, c’est une faute lourde
si t’as pas assez d’humanite pour être ému par la mort de ce jeune de 24 ans, basta
Bonsoir,
J’abonde sur le texte (Merci Gérard), moins sur la conclusion parce que j’y mettrais un bémol.
C’est pas des flics, c’est des gendarmes, des militaires donc. Là en plus, c’est un peloton d’intervention de la gendarmerie qui intervient il me semble, toujours des militaires donc. Il y a un contexte d’état d’urgence non négligeable et les militaires sont concernés et un individu pour lequel on fait appel à un peloton particulier.
La lecture des extraits des dépositions laisse une bizarre impression de description froide de procédure d’intervention. On dirait que c’est pas prévu dans la procédure que la personne interpelée ait un problème cardiaque. Voilà. C’est pas eux qui sont à blamer, c’est leurs responsables hiérarchiques et/ou politiques. Eux, ils font ce qu’ils ont à faire. Eux, c’est pas la B.A.C et c’est pour ça qu’il y a peu de traces de violences.
Après, comme tu dis, il est important que toute la vérité soit faite et que les choses soient faites avec le plus de clarté possible ne serait-ce qu’afin que la famille puisse faire son deuil du disparu. Que ce soit Rémi Fraisse, Adama Traore ou les gars du Bugaled Breizh, la première chose est que les familles puissent savoir. Après, si l’Etat est responsable il faut corriger le tir, virer les incompétents et ne taper sur les lampistes.
J’dis ça …
Bonne soirée
Gérard Filoche fait preuve de courage en prenant position, surtout en ce moment, où pour cause d’attentats, déraison et hystérie sont points cardinaux du débat public.
Pour preuve, certains commentaires révèlant des âmes frustres et des esprits malades, publiés à la suite de ce billet.
Par humanisme, respect de la victime et de sa famille, nous n’ajouterons pas à la polémique, nous contentant de renvoyer les imbéciles à un échange improbable avec ce qui leur reste de conscience.
En espérant (sans trop y croire) au rendu sincère de la justice, nous nous inclinons une nouvelle fois devant la mémoire de cette énième victime d’un racisme structurel qui ne veut pas dire son nom…
Justice pour Adama…
Les scandales se poursuivent et restent impunis ; la violence d’état, les morts liés aux actes de certains policiers et gendarmes sont révoltant, inadmissibles et montrent le vrai visage de notre démocratie : elle s’assoit sur ces principes et on sait où cela mènera !
Par ailleurs, mr Filoche, que peut-on faire face à cela :
. » Les grands crimes financiers sont des crimes engageant les élites, et non les classes modestes de la société. Les politiciens ne sont donc pas a priori incités à organiser la poursuite d’individus appartenant au même monde qu’eux ou finançant leurs campagnes. Il est par ailleurs aisé de nier l’existence de ces crimes, tant les obstacles sont évidents à leur émergence : caractérisation intellectuelle subtile, définition juridique complexe, invisibilité matérielle fréquente, et administration de la preuve souvent diabolique. »
http://www.diploweb.com/Quelle-guerre-financiere.html
Les deux premières réactions sont typiques du gouffre qui est en train de s’ouvrir sous nos pieds. Loin de « terroriser les terroristes », nous laissons la peur dicter nos réactions, et ça n’est pas très beau à voir. J’ose à peine penser à ce qui nous attend quand la droite reviendra au pouvoir.
Merci monsieur Filoche pour cet argumentaire, vraiment. Il m’a émue aux larmes et a suscité en moi tant d’indignation.
Aux deux premieres personnes qui ont commenté : n’y a t-il pas des individus d’origine française qui tentent aussi d’échapper à des contrôles de police ou autre ? Ces personnes là par contre n’y laissent pas leur vie. Pourquoi devrait il en être autrement pour des personnes étrangères ?
À vos yeux, nous, étrangers méritons moins de considération qu’une personne du pays ? Selon quels fondements ? Ne sommes nous pas tous humains ?
Justice pour Adama.