Quand Frérot et Filoche débattent sur l’utilité de l’entreprise

Sommet de l’économie

Le 01.12.2016 à 13h09

 

Gérard Filoche, en verve comme à son habitude, a tenté d’ébranler Antoine Frérot, sans succès. Le débat entre ces deux personnages a un peu tourné au dialogue de sourds.

Antoine Frérot face à Gérard Filloche au Sommet de l'Economie
Le débat entre Antoine Frérot, PDG de Veolia, et Gérard Filoche, candidat à la Primaire de la gauche a un peu tourné au dialogue de sourds.

BRUNO DELESSARD POUR CHALLENGES

L’entreprise est-elle d’intérêt général ou d’intérêt particulier? C’était le thème du 3e débat du Sommet de l’Economie entre Antoine Frérot, PDG de Veolia, et Gérard Filoche, candidat à la Primaire de la gauche. Le débat entre ces deux personnages a un peu tourné au dialogue de sourds. Sur l’entreprise d’abord. L’ancien inspecteur du travail Gérard Filoche a signé un livre intitulé : « Vive l’entreprise ? » Une manière claire de jeter le doute sur l’utilité générale de l’entreprise. Pour Antoine Frérot, pourtant, « l’entreprise est un objet d’intérêt général. Les Français n’aiment pas les entreprises, encore moins les grandes ; mais tout le monde pleure quand elles meurent. » Pour le PDG de Veolia, il faut donc faciliter la vie des entreprises, seules créatrices de richesses. Une facilité que Gérard Filoche fustige : « Voyez Volkswagen, qui a réalisé une escroquerie gigantesque. Voyez Airbus qui malgré ses milliards de bénéfices licencie plus d’un millier de salariés. Voyez Smart qui fait passer le temps de travail de 35 à 39 heures payées 37 ! » Bien sûr, le candidat à la primaire de la gauche ne met pas toutes les entreprises dans le même panier : « Crier Vive l’entreprise ! c’est comme crier Vive les poissons ! Il y a des requins et des poissons rouges. Ce que je questionne c’est les grandes entreprises. » Il pondère encore : « Je ne remets pas en question l’exploitation des salariés exercée par les entreprises. C’est normal, c’est le résultat de l’échange d’un travail contre salaire. Mais je mets en question les conditions de cette exploitation. »

Sur l’exploitation justement, Antoine Frérot en est convaincu, un grand retournement est en cours. Après des décennies d’un rapport de forces trop favorable aux actionnaires au dépend des autres parties prenantes de l’entreprise (clients, salariés, fournisseurs, territoires…), un nouvel ordre est en marche. Le PDG de Veolia dresse son pronostic : « La force des actionnaires est en train de prendre fin. Bientôt, ce sera les clients. D’abus de position dominante en abus de position dominante, les entreprises ne vont pas s’y retrouver. » Evidemment, le syndicaliste n’est pas d’accord. Pour lui, l’exploitation capitaliste des hommes est toujours en cours et il faut soumettre l’entreprise à l’intérêt général. Par la loi. Et le voilà qui part dans une envolée lyrique sur la naissance du Code du travail, en 1910, suite à un accident dans les mines de charbon de Courrières qui avait provoqué un millier de morts. Il enchaine : « Dans ma vie d’inspecteur du travail, j’en ai vu des morts sur les chantiers. J’en ai vu des milliers d’handicapés du travail. Aujourd’hui, ce sont les grandes entreprises qui font les lois. Et qui les détournent grâce à une chaîne de sous-traitance en cascade qui fait des ravages. »

Contestation et discussion

Sur cette chaîne de sous-traitance, problématique en effet, Antoine Frérot cherche à débattre. Un texte de loi est justement en cours de discussion au Parlement pour instaurer un « devoir de vigilance » des multinationales tout au long de la chaine de leurs fournisseurs. Un mauvais texte pour le grand patron :  « Chez Veolia, nous avons 10.000 sous-traitants, dont beaucoup de PME. Nous représentons en moyenne 15 à 20% de leur chiffre d’affaires. Je suis allé voir le ministre des Finances pour lui expliquer que si je devais installer des process de vigilance pour demander à mes fournisseurs des garanties de cette nature, les plus petites ne pourront pas suivre. Et je passerais à 200 sous-traitants. »

Le patron de Veolia reconnait que la question reste entière. Pour lui, le meilleur moyen de pousser les entreprises à servir l’intérêt général est de veiller à la représentation de toutes les parties prenantes au sein de leurs conseils d’administration. Antoine Frérot fait alors une proposition originale : « Après l’ouverture des conseils d’administration à des représentants des salariés, imposée en 2013, il faudrait désormais ouvrir des sièges aux clients, ces parties prenantes de plus en plus prégnantes mais jusqu’ici sans pouvoir. » Gérard Filoche se lance : « Vive les class actions ! » Antoine Frérot, lui, préfère le dialogue : « En mettant tout le monde autour de la table, on favorisera le consensus qui veille à l’intérêt de chacun. C’est dans cette poursuite de l’équilibre entre toutes les parties prenantes que l’entreprise remplira mieux son rôle : créer des richesses. » Jusqu’au bout du débat, les deux orateurs seront restés sur leur posture initiale : le lutte et la contestation pour Gérard Filoche, la discussion et la recherche du dialogue pour Antoine Frérot.

>> Retrouvez en vidéo le débat entre Antoine Frérot, PDG de Veolia et Gérard Filoche, candidat à la primaire de la gauche

 

 

 

13 Commentaires

  1. socrate
    Posted 1 décembre 2016 at 19:51 | Permalien

    il faut des entreprises qui répondent aux besoins des gens
    pas des entreprises qui produisent des objets inutiles qui détruisent l’environnement
    il faut des entreprises qui n’asservissent pas le salarié jusqu’ a la dernière goutte qui respectent la place de l homme et de la femme au travail pas en tant que subordonnés juste bon a exécuter des ordres mais capable de réflexion sur la valeur du travail qu ils font ; leur utilités .
    L’entreprise n’est pas le paradis mais ne doit pas etre l’enfer le lieu horrible d’ou l on a qu’une seule envie c’est de repartir , pour cela toutes les suggestions des salariés visant a humaniser ce lieu doit etre étudié et concrétisées.
    enfin la place de l’homme au travail implique aujourdhui la question de la place de l homme sans travail…
    dans une société ou l’homme sans emploi se voit reprocher a longueur de journée sa condition par les médias ; les politiques et pire par certains salariés
    en 2017 on doit etre capable d’avancer sur ces dossiers et arrêter de promettre de l’emploi a tout le monde sans avancer le début d’une solution viable pour cela

  2. socrate
    Posted 1 décembre 2016 at 21:08 | Permalien

    bon a viré Hollande
    reste plus qu’a virer Valls et le reste de la clique
    j’attends des candidats de la primaire qu ils s’engagent solennellement sur le respect de leurs promesses
    Il faut éviter un deuxieme quinquennat Hollande fait de mensonges et de trahisons quoiqu il puisse dire ce soir il a échoué
    J’espère que les diviseurs comme Melenchon et compagnie vont se rendre compte du risque qu ils font prendre a la gauche
    car eux seuls ne passeront pas le 1er tour
    il faut donc se rassembler sur un programme commun de la gauche pas de l’extreme gauche ni de la gauche libérale donc au coeur de la gauche

  3. Posted 2 décembre 2016 at 1:47 | Permalien

    t’as rien « vire » du tout,

    « on » ? qui et ton « on » ????

    nous gauche socialiste ?

    et ceux qui ont refus » des primaires de toute la gauche sous prétexte que hollande les aurait gagne sont tous des nuls en combat politique

    et nous avons combattu avec acharnement pour ça

    relis ce blog depuis janvier

    et ante

  4. Posted 2 décembre 2016 at 1:48 | Permalien

    me voir face au patron de Total, de Veolia, ce matin tenir tête dragée haute devant un parterre de 400 patrons pour comprendre
    la chef de Challenges m’a dit « trop fort »

  5. Roubachoff
    Posted 2 décembre 2016 at 3:37 | Permalien

    Nous venons d’assister à un non-événement. Cela dit, il mérite quelques commentaires!
    1) Une fin logique
    Hollande a dû tirer les conséquences de son échec. Il l’a fait, c’est normal et il n’y a rien à saluer là-dedans. Pour le bilan, je n’ai aucune tendresse, et l’homme m’indiffère depuis qu’il est revenu d’Allemagne, en 2012, en annonçant qu’il n’avait rien renégocier du tout. Dès ce jour-là, c’était fichu. Endossant les habits d’un Schroeder français, Hollande n’a plus qu’à aller voir si on veut de lui chez Gazprom.
    2) Une fin ridicule
    Donc, le CICE, l’ANI, la loi El Khomri, le 49-3 à répétition, la persécution des syndicalistes et tout le reste, c’était super ? Le bonhomme concède une seule erreur – la déchéance de nationalité – et encore, en sous-entendant que ce sont les autres qui n’ont rien compris à son génie. Même Sarkozy a été (très légèrement) meilleur dans son (deuxième) discours d’adieu.
    3) Une fin dangereuse
    Si Hollande avait participé à la primaire, il était probablement battu, donc il s’est retiré. Et maintenant ? Valls à sa place ? N’est-ce pas plus risqué pour le candidat de la gauche du PS ? Et quant au parti, ne doit-on pas redouter un coup de force des Vallsistes et des Aubrystes ? (Pour que Valls ait pu exploser Hollande comme ça, il devait avoir Aubry dans sa manche.)
    NB : « Ceux qui refusent des primaires de toute la gauche » ont toujours dit ne pas vouloir se rallier à Hollande ou à Valls si l’un des deux gagnait. Je répète : à Hollande ou à Valls, et à titre personnel, j’ajouterais volontiers « à Montebourg ». Fondamentalement, le retrait de Hollande ne change rien au problème. Donc, on attends le résultat de la primaire pour voir où on va, et entre-temps, qui fera campagne contre Fillon ?

  6. Mimet
    Posted 2 décembre 2016 at 7:35 | Permalien

    @ Socrate! Arrête tes salades , JLM diviseur ? Il n ‘ecrit rien de vous sur son blog ou alors comme G.Filoche ni Hollande,Valls,Macron pas plus.Sauf qu Montebourg,Hamon anciens disciples de Valls n’ont rien dans leur porte-monnaie,des paroles en l’air, comme en 2012
    Change de disque car JLM aura besoin de Filoche et vice-verca.

  7. Social-démocrate
    Posted 2 décembre 2016 at 10:10 | Permalien

    Bien. Vous devez être très satisfait, Monsieur Filoche. Je suis pour ma part très déçu. Je pense que Hollande a sauvé l’essentiel dans un environnement extrêmement contraignant. Vous le regretterez dès 2017 avec la probable victoire de Fillon. Pour ma part, je ne voterai plus PS. La façon dont vous (l’aile gauche et un certain nombre de sociaux-démocrates revendiqués) avez combattu votre propre président ces dernières années m’a profondément écoeuré. Quand je pense au culte voué à Mitterrand (un être profondément corrompu, à tous points de vue) dans ce parti, je reste sidéré par la haine que suscite Hollande dans son camp.
    Bonne chance néanmoins pour votre campagne. Vous portez un message très important et êtes l’une des voix fortes à parler au nom des précaires, smicards, chômeurs, bref des nombreuses personnes qui souffrent dans ce pays. Je pense toutefois que votre dogmatisme (respectable) effraie nettement. Avec un peu plus de diplomatie, vous pèseriez probablement plus au sein de la gauche française.

  8. socrate
    Posted 2 décembre 2016 at 12:09 | Permalien

    on a viré Hollande

    tous ceux qui depuis des mois par des sondages , des manifs lui ont fait comprendre que nous en avions assez de ces trahisons
    Hollande n’avait pas le choix car se représenter c’était se faire battre a coup sur

  9. Posted 2 décembre 2016 at 20:33 | Permalien

    melenchon n’a besoin de personne et ne veut personne, il crache sur l’unité, sur la gauche socialiste, les socialopes, les solferiniens etc
    jusqu’à ce qu’il… entende… mais quand ?

    maintenant Corbiere m’appelle M Filoche sur LCI , c’est fou

  10. Pro-Filoche
    Posted 2 décembre 2016 at 21:29 | Permalien

    Pour pouvoir être présente au second tour, la gauche a besoin d’un candidat unique et je ne vois pas pourquoi il me serait imposé. Je veux le choisir lors d’une primaire. La posture anti-partis de Mélenchon lui permet de n’avoir aucun compte à rendre à sa base. Son mépris est tel qu’il s’est déclaré unilatéralement sans prévenir personne espérant mettre le PCF devant le fait accompli et obtenir son ralliement sans négociation.

    Sans compter les très nombreux et gênants points communs avec Le Pen sur des sujets comme l’immigration, l’Europe, la Russie, le protectionnisme, la Syrie…

    Tous ceux qui se sont opposés, d’une manière ou d’une autre, à la loi El Khomri au printemps dernier doivent participer à la primaire des 22 et 29 janvier pour exclure Valls et Montebourg de la présidentielle.

  11. Médusa
    Posted 2 décembre 2016 at 22:00 | Permalien

    @GF8 « maintenant Corbiere m’appelle M Filoche sur LCI , c’est fou »

    C’est quoi le problème, vous voulez qu’il vous donne du « Gérard » ?

  12. Posted 2 décembre 2016 at 22:08 | Permalien

    on se connait depuis plus de 20 ans quand il fait encore trotskiste, d’un petit groupe

  13. Posted 2 décembre 2016 at 22:12 | Permalien

    vous avez « vire » personne

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