VTC et taxis : pour un statut salarié respectueux de toutes et tous

Retour de la Nième manifestation des Voiture-Tourisme-Chauffeur, VTC, place de la Bastille lundi 16 janvier, il faut absolument re-dénoncer ici l’ « Uberisation ». Il s’agit d’un combat fondamental en défense du statut du salariat : un combat historique anti Macron, anti Valls, et contre toute la droite.

Uber c’est ce pillard, qui en trichant avec les lois de notre République et avec la dignité des humains, détourne des milliards sans rien produire : au lieu de passer des contrats de travail avec des milliers de jeunes sans emploi, il passe des accords commerciaux, les oblige à se mettre à leur compte, à se déclarer « auto entrepreneurs » et il donne des « courses » sur lesquelles il extirpe des commissions. A son gré, il vient de les augmenter de 20 % à 25 %. Comme ce sont des transactions commerciales et pas des contrats de travail, il n’y a pas de smic, pas de salaire fixe, pas d’horaires, pas de bulletins de paie, pas de formation, pas de médecin du travail, pas d’inspection du travail… et pas de licenciement. Ils sont à 3 euros de l’heure pour 110 h par semaine. On est revenu au temps des tâcherons, des loueurs de bras, des journaliers, du XIX° siècle, avant que le salariat ne conquière non seulement un salaire net qui paie la force de travail mais aussi un salaire brut qui permette de reproduire ladite force de travail.

Normalement, comme c’est le cas dans de nombreux pays du monde,  Uber devrait être poursuivi, arrêté, interdit en France, obligé par tribunal en référé de payer des centaines de millions aux URSAAF et autant de millions aux impôts, sans parler des amendes pénales et des poursuites judiciaires qui méritent prison.  Normalement les pseudo contrats commerciaux devraient tous être requalifiés en contrats de travail. Normalement l’entreprise devrait mettre en place des élections de délégués du personnel, de comité d’entreprise, de CHCST, reconnaître des délégués syndicaux et leur payer des « crédits d’heures ».

Mais le prédicateur Macron est l’ami d’Uber, la loi El Khomri a légalisé Uber (et Ryan Air et d’autres plateformes) et le gouvernement français de Valls-Cazeneuve a encouragé ce pillage de travail humain, de cotisations sociales et d’impôts. Fraude que les avocats et les juges saisis tentent de condamner en dépit des contradictions des différentes lois, mais que le  gouvernement laisse faire sciemment.

Au reste, il faudrait créer par la loi une société d’économie mixte, coopérative, dans toute l’ile de France avec un statut unique de salariat pour tous les taxis, voitures privées, assurances et essence prises en charges, avec une seule grande plateforme numérique performante, avec respect du code du travail, des plannings horaires et une durée maxima à 48 h.

Gérard Filoche

 

9 Commentaires

  1. thomine
    Posted 17 janvier 2017 at 16:59 | Permalien

    nationaliser les taxis ?

  2. Posted 17 janvier 2017 at 19:08 | Permalien

    vous avez bien lu : une SEM en ile de france, c’est un transport public

  3. Alain Miossec
    Posted 17 janvier 2017 at 19:25 | Permalien

    Bonsoir Gérard,

    Bravo pour le travail sur Mac DO, et oui il faut revenir sur l’affaire des taxis (et des Bus etc) pour démonter les pièges à Macron un à un (et consorts) Lors d’un débat sur Médiapart, pour les taxis il estime que rien n’a été proposé, et que c’est mieux que le chômage et tenir le mur en banlieue.
    Nonobstant le travail primordial et difficile de lutte contre « les puissants », et de celui contre « Fillon, FN » (presque plus facile pour l’instant),il y a aussi à s’occuper précisément de Macron (qui s’appuie sur le désarroi, parfois le vide, des aspirations de la jeunesse, le recherche « libérale » de niche de travail, de filon à déréguler…)
    Merci encore de ton (votre) engagement et travail
    Amicalement
    Alain M

  4. Sereine Antoine
    Posted 17 janvier 2017 at 23:49 | Permalien

    Il n’est peut être pas nécessaire d’en passer par une SEM, l’autre solution est que les chauffeurs de VTC se rassemblent et créent une coopérative. Des services informatiques de coordination (type Uber) existent déjà en open source.

  5. Posted 18 janvier 2017 at 9:30 | Permalien

    une sem peut etre coopérative

  6. thomine
    Posted 18 janvier 2017 at 14:08 | Permalien

    collectivisation de l’écomomie, décourager l’initiative individuelle.

    Je précise aussi Que Uber doive revoir sa copie de rémunération, c’est évident

  7. Posted 18 janvier 2017 at 15:28 | Permalien

    et vous ? vous encouragez la gabegie, le gâchis de la concurrence faussée et pas libre ?
    y a pas de salaire chez uber ! ce sont des contrats commerciaux, pas de travail !
    les VTC sont sans droits, sans horaire, sans salaire, sans médecine du travail, sans inspection du travail, il est possible de les « déconnecter » en guise de « licenciement
    la barbarie quoi…

  8. Alain Miossec
    Posted 18 janvier 2017 at 21:02 | Permalien

    Ni « collectivisme », ni « individualisme », « l’initiative individuelle » est à articuler avec « les acquis et exigences collectifs ». Nécessaire et utile, elle devrait se savoir toujours située et redevable d’une histoire (héritages communs)et d’échanges (collectifs). Elle devrait prendre en compte les acquis, proposer de nouvelles synthèses qui puissent servir au bénéfice de tous (intérêt général). Et non se penser et se pratiquer comme venant se soi pour soi.

  9. Sam
    Posted 19 janvier 2017 at 0:33 | Permalien

    « On est revenu au temps des tâcherons, des loueurs de bras »

    Le monde du travail est plus cynique que jamais :  » pas de BRAS, pas de chocolat »…

    Et quand ton père n’est pas chocolatier,et que ta seule richesse c’est tes bras, bein, tu les allonges les bras, pour faire bouffer les gosses…

    ça me rappelle mon premier job étudiant où je devais en période d’essai investir dans mon kit de babioles à revendre et ma chemise blanche . Claquer 50 euros dans la promesse d’en gagner peut-être 100… Larguée dans une banlieue et encourager à arnaquer mes compagnons d’infortune en leur fourguant une de ces merdes…Mes autres boulots ont longtemps été une variation de cette symphonie pastorale…

    La misère, faut l’avoir bouffée pour comprendre ceux qui se laissent mener.
    On te vend le travail comme condition de ton humanité , on en est même plus au stade du travail -intégration sociale. Parce que ça c’était encore gérable . Tu pouvais vivre avec le chômage en sortant pas de ta  » zone » . Bon tu t’en prenais quand même plein les dents , surtout dans les oreilles. Tu te disais que les français qui bouffent sont bien fâchés avec les maths et la logique… Sans argent,  » tu consommais pas » à ce qu’ils disaient, même quand t’avais rendu à la société « ses » alloc pour lesquelles tu avais cotisé, après avoir payé ta bouffe (sans détaxe) , ton loyer et EDF . Même quand il te restait à la fin de chaque mois environ 100 euros de moins qu’à la fin du mois précédent. Heureusement il y a des crédits à 20 % plus faciles à obtenir quand t’as pas de fiches de salaires que des crédits à 3 %: ça t’a évité les huissiers et la rue, mais ça t’a endettée sur 4 ans …
    Aujourd’hui en CDI, je dois encore avoir quelques centaines d’euros de pain , légumes et viande à rembourser…

    C’est pire en 2017: sans taf, tu n’es rien, on le répète sans arrêt partout… Enfin, le  » partout médiatique »,tu sais celui qui te vend des saucisses et du coca en te traitant de  » peuple assisté et frileux face au changement ». On sait tous à qui ce  » partout médiatique  » appartient* …
    « Toi chômeur, tu es un profiteur, un marginal volontaire ». Tu comprends vite ( faut dire qu’ils sont pas très subtil au niveau dialectique) qu’en gros, c’est TOI qui ne veut pas jouer et qu « en plus tu piques la bouffe de la bouche des enfants et des vieux  » ( variation populaire du fameux discours : « 1 euro donné par ici c’est 1 de moins donné là-bas… » très en vogue dans la bouche des politiques) .

    Alors oui, ce taf Uber-merdique , tu le prends quand même quand tu n’as que tes bras et oui tu les donnes pour rien ces deux là, si en échange on te refile un peu de dignité…

    C’est pour ça qu’il ne faut pas laisser prendre les premiers barbelés ! Tous ces statuts jouent sur le sentiment de déclassement . On a même des précaires qui reprennent en bouche la gerbe discursive pour rentrer dans le moule … On fait croire que du boulot, sans rien toucher au reste, il y en a pour tous … Alors que non: il y a du travail sous-payé et  » sur-ouvré » et de l’esclavage moderne.

    On a vraiment besoin de gars comme toi Gérard…

    *( sinon, il faut vite aller acheter le monde diplo de juillet http://www.monde-diplomatique.fr/cartes/ppa)

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