«Les Saigneurs»: ou la condition ouvrière

Par  Isabelle Le Gonades Publié le 01-03-2017 Modifié le 01-03-2017 à 16:28
mediaIls sont «les saigneurs», ouvriers au dépeçage dans la société SVA à Vitré, en Bretagne.DR

Largement exclu de la scène artistique ou médiatique sauf en cas de conflit social, le quotidien des ouvriers est peu filmé si ce n’est pour les hommages rétrospectifs façon l’épopée de la mine ou la geste de la métallurgie et ses hauts fourneaux incandescents. Alors vouloir filmer des ouvriers d’abattoirs apparaît comme un défi fou. C’est un univers fermé, sensible du fait de sa charge symbolique et aussi éminemment industriel, taylorisé. Pendant un an, les deux réalisateurs, Raphaël Girardot et Vincent Gaullier ont vécu au quotidien avec les ouvriers d’une chaîne de découpe d’animaux. C’est l’histoire de ces hommes au travail qu’ils nous racontent dans ce film qui sort ce mercredi 1er mars sur les écrans français.

Ils sont préparateurs de tête, coupeurs de première patte, dépouilleurs de deuxième patte, coupeurs de corne et de museau, éviscérateurs thoraciques ou encore estampilleurs. Hallucinant générique… Ils s’appellent Isabelle, Françoise, Ali, Diaby, Cyril ou Guillaume et ce sont les ouvriers de SVA à Vitré en Bretagne, maison mère de l’une des plus grosses entreprises d’abattage en France. Une usine de mise à mort industrielle avec 2 000 animaux tués par jour. Taureaux, veaux, vaches, moutons, agneaux, un inventaire à la Jean de La Fontaine qui réduit des animaux vivants (que l’on aperçoit à peine) à des bouts de viande accrochés à des crochets qui vont et viennent dans un ballet macabre mais parfaitement, scientifiquement agencé.

Un site industriel ultra moderne et mécanisé, quelque mille ouvriers et un encadrement très présent. Un souci constant de la rapidité et la sûreté d’exécution des gestes, rendement oblige. Des outils à trancher et des cadences qui imposent une concentration extrême pour ne pas se blesser et pourtant les accidents sont fréquents. Bruit infernal des chariots et des chaînes, stridence des machines à découper, meuglements des vaches aussi.

Filmer à côté

La conscience de la mort que l’on donne passe au second plan tant le travail est dur. Les ouvriers se concentrent et s’échauffent en arrivant sur leur lieu de travail par des gestes d’assouplissement destinés à atténuer les effets des gestes répétitifs et maladies professionnelles qui en découlent. La caméra s’invite sur les nacelles, aux côtés des ouvriers qui expliquent leur travail, au plus près de leur quotidien. Elle les suit dans la salle de repos où ils ne peuvent s’accorder que de brefs répits. Pas en face d’eux, mais à côté, dans un parti pris évident.

Le bruit, les cadences et la parcellisation des tâches rendent les échanges difficiles pendant le travail entre collègues. Mais même pendant les pauses, les échanges sont rares. Silence bienvenu des aires de repos où l’on grignote un biscuit. Silence aussi dans ces salles d’eau aseptisées où l’on se débarbouille du sang qui a éclaboussé même les visages. Carrelage blanc presque aveuglant de ces espaces qui contraste avec l’espace robotisé et sanglant des salles de travail. La bande son immerge dans son tumulte avec parfois des « blancs », comme si nous-mêmes, spectateurs, mettions ces bouchons d’oreille qui assourdissent le fracas des machines.

« Une grosse caisse en carton »

Les ouvriers parlent peu de la mort des animaux. C’est que pour oublier sa souffrance et celle de la bête, il faut se dire qu’une tête de vache c’est « une grosse caisse en carton », « oublier l’animal qui était vivant là, il y a encore 20 minutes ». Ils parlent absence de choix, faiblesse des salaires, pénibilité du métier, accidents du travail, technicité des gestes, corps cassés prématurément. Peu de femmes sur cette chaîne mais plusieurs ouvriers issus d’Afrique subsaharienne. La région de Vitré accueille d’ailleurs une importante communauté de migrants.

Le propos des réalisateurs n’est pas de montrer la mise à mort des bêtes, c’eût été un autre film. Il s’agit de raconter une condition ouvrière taboue dont les salariés eux-mêmes hésitent à parler à leur entourage. De cette condition, peu de films ont parlé : Meat de Frederick Wiseman ou plus récemment Entrée du personnel de Manuela Frésil, pour ne citer qu’eux.

Présenté en 2016 au festival Cinéma du Réel à Paris, le documentaire a mis des années à se construire et à se produire. Il a été présenté aux ouvriers et à leurs familles mais interdit de projection à Vitré par la direction de l’usine. Les images choc filmées ces derniers mois clandestinement dans d’autres abattoirs par des militants de L214 et diffusées par les médias illustraient la souffrance animale. Ici, « la souffrance des hommes crie plus fort » que les animaux que l’on abat.

►Raphaël Girardot et Vincent Gaullier étaient les invités du Festival des cinémas documentaires des Ateliers Varan

Raphaël Girardot et Vincent Gaullier ont pu filmer librement pendant un an dans le hall de SVA à Vitré.DR

CHRONOLOGIE ET CHIFFRES CLÉS

N’opposons plus les hommes et les animaux et formulons ce souhait : il faut pouvoir entrer dans les abattoirs autrement qu’en caméra cachée, pouvoir écouter les ouvriers raconter leurs conditions de travail et les raisons de telle ou telle maltraitance animale – fut-elle régulière ou exceptionnelle. Sortons notre regard du fantasme pour enfin admettre que bêtes et hommes sont tous autant victimes de ce système de production industrielle. Chaque année, sur 1 000 salariés travaillant dans un abattoir industriel, on constate 270 accidents du travail ; 9 fois plus qu’en moyenne chez les salariés tous métiers confondus. Concernant les maladies professionnelles, les données sont plus saisissantes encore : on compte 70 maladies professionnelles par an, 25 fois plus qu’en moyenne que chez les salariés tous métiers confondus..

L »abattoir n’est qu’une loupe grossissante de tous les lieux industriels. Cette maltraitance est malheureusement très bien partagée entre tous les ouvriers, ceux du BTP, de l’industrie chimique, du secteur agricole,… ce qui fait 5 ou 6 millions de personnes. 5 ou 6 millions de personnes dont l’espérance de vie est plus courte que celle d’un cadre, 6 années et quelques mois de moins. 5 ou 6 millions de personnes qui à 45 ans ont un risque de mourir dans l’année 2,5 fois supérieur à celui d’un cadre.

Face au travail, l’égalité n’existe pas. Non, le travail salarié des sociétés industrielles, celui des ouvriers dans un cadre capitaliste, n’est pas ou n’est plus un facteur d’intégration et de reconnaissance sociale. Chaque nouvelle disposition contraint le travailleur un peu plus, tout en rognant sa reconnaissance. La surveillance vidéo n’est bien qu’une étape supplémentaire pour aliéner l’ouvrier à la chaîne.

 

7 Commentaires

  1. Isa
    Posted 6 mars 2017 at 21:41 | Permalien

    Bonjour,

    Ce film est incroyablement spéciste. Vous le dites vous-mêmes, les animaux « que l’on voit à peine ». Voilà.
    Faire un film politique sans contre-champs, c’est être aveugle au monde, c’est faire de l’idéologie, par l’omission. Ce film est effarant de déni… D’ailleurs un ouvrier le dit au cadreur, il le force à regarder, « regarde…. mais regarde ! ».
    La question n’est pas de minimiser la souffrance des ouvriers, qui est réelle et injuste. Mais elle n’est rien face à l’injustice radicale subie par les victimes, les animaux. Qui ne veulent pas nourrir, qui résistent, qui ont peur, qui sont terrifiées.
    Ne pas montrer ça, c’est mentir. Ce film est un mensonge.

  2. Isa
    Posted 6 mars 2017 at 21:52 | Permalien

    Qui ne veulent pas « mourir » et non « nourir » ! Ceci dit, ça a du sens !

    Comment peut-on dire que la souffrance des hommes crie plus fort quand on n’est même pas allé filmer les animaux ? Ahurissant.

    Sinon, il y a un film qui a le courage de filmer les animaux, dans le couloir de la mort : « Gorge coeur ventre ». Sorti en novembre.
    Un film bouleversant, puissant, du jamais vu.
    L’avez-vous vu ?
    C’est autre chose que ce film aveugle, qui est tout de même beaucoup moins bien intéressant et inventif qu’ »entrée du personnel ».

    Bref… Il y a encore du chemin pour que la question animale soit considérée comme une question politique centrale, et impose donc une forme d’éthique du cinéma, comme par exemple de ne pas tenir hors-champ celles et ceux qui meurent quand on va filmer dans une usine de mort.

  3. Posted 6 mars 2017 at 23:49 | Permalien

    c’est faux c’est un choix et un bon choix,
    si tu veux faire un film sur les animaux, cela a déjà été fait

  4. Isa
    Posted 7 mars 2017 at 19:43 | Permalien

    Cher Gérard,

    Mon but n’est pas de troller. Dire « ça a déjà été fait » n’est pas un argument, parce que sinon un film sur la souffrance des ouvriers d’abattoir, ça a été fait aussi, et déjà 3 fois en moins de 10 ans : entrée du personnel, sangre mi sangre, et dans ma tête un rond point. Par ailleurs des films sur es animaux dans les abattoirs, à part le film de Franju (il y a 60 ans donc) et tout récemment « Gorge coeur ventre », je ne vois pas.
    Donc là, on pourrait carrément reprocher aux reals de profiter d’un filon (ce que je ne fais pas, car je pense que c’est important que le cinéma s’empare et s’acharne sur les questions politiques).
    Si tu trouves que c’est un bon choix de ne pas filmer les victimes, par analogie, ça veut dire que tu trouverais que ce serait un bon choix de filmer les souffrances des matons (réelles) sans jamais montrer les personnes détenues.
    Moi je pense que le cinéma doit essayer de montrer la complexité du réel, grâce notamment au champ/contre-champs, au montage. Pour faire autre chose que ce que fait la télévision, pour poser des questions politiques. Et là par exemple, la vraie question quand on va filmer dans un abattoir, c’est que si on plaint, à juste titre, la souffrance des ouvriers, on ne peut que être encore plus terrassé par les animaux, c’est à dire par les individus qu’on tue par millions, sur les corps desquels les ouvriers meurtrissent leur propre corps.
    Ne pas montrer que l’abattoir est une usine de mort, qui tue des millions d’individus chaque matin, faire croire qu’il s’agit d’une chaîne comme une autre en plus dure, je pense que c’est mentir. L’abattoir pose une question plus fondamentale que celle de l’exploitation et des machines, celle du spécisme. Ça ne veut pas dire qu’elle ne pose pas la question de l’exploitation, ça veut dire que cette dernière n’a de sens que sur le fond du spécisme.
    Ne pas poser cette question là, c’est pratique, ça permet de continuer à manger son saucisson en parlant des ouvriers qui souffrent, rassuré par le fait que surtout, on n’a pas croisé le regard d’un veau, d’un cochon, d’un agneau. C’est spéciste, même si évidemment, je le répète, ce que vivent ces ouvriers est injuste et inadmissible.
    Bien à toi.

  5. Posted 7 mars 2017 at 19:53 | Permalien

    Tribune 20 février 2017
    Stop à la maltraitance ouvrière
    Le débat sur la « fin du travail » et sur le revenu universel est au c?ur de la campagne présidentielle. Très bien. Mais avant que ne survienne cette possible révolution qu’on nous annonce, que se passe-t-il là, tout de suite, pour ceux que l’on n’ose plus appeler les ouvriers ? Qu’on les nomme techniciens ou opérateurs, ils sont pressés par la robotisation qui loin de les soulager, leur impose des cadences toujours plus soutenues. Un cas d’école avec les abattoirs.
    Quand on parle de l’abattoir, il n’y a pas de mots assez violents pour décrire les cas de maltraitance animale. Les nombreuses vidéos de l’association L214, dont la mission est de défendre la cause animale, ont révélé au public l’envers du décor de la viande qu’il mange. S’en est suivie en mars 2016 la mise en place d’une Commission d’enquête parlementaire sur les conditions d’abattage.
    Au-delà de nouvelles règles empêchant la maltraitance animale, on espérait de cette Commission une prise de conscience sur le travail à la chaîne à la fois cassant et stressant. Tout le monde fut invité autour de la table : syndicats, ouvriers, patrons, et même quelques observateurs extérieurs, dont certains d’entre nous faisions partie. Nous fîmes tous le lien entre les conditions de travail des ouvriers, la pénibilité de ce métier et les risques de maltraitance animale. Et le député Olivier Falorni, rapporteur de cette Commission, de conclure au sujet des ouvriers : ils « vivent la pénibilité de leurs tâches au quotidien. Bien-être humain et bien-être animal sont liés. La pénibilité est insuffisamment reconnue, alors que les accidents et les maladies professionnelles y sont encore trop fréquents. » Le contenu du rapport n’est pas à la hauteur de qu’on aurait pu attendre mais il reconnaissait au moins la violence faite aux bêtes et aux hommes dans ces lieux. Il prenait en effet en compte cette « autre réalité » de l’abattoir, la maltraitance ouvrière : épaules foutues, coudes raides, dos cassés, bras musclés mais devenus incapables de soulever un pack d’eau à 50 ans… Doigts perclus d’arthrite, quand ils n’ont pas été arrachés ou coupés par les machines, entailles de couteau dans la cuisse, dans le ventre ou même juste au-dessous du c?ur… Sans oublier la nervosité et l’agressivité ramenées à la maison…
    Et puis, après ce rapport de la Commission, rien.
    Dans le projet de loi adopté le 12 janvier, aucun droit de visite des parlementaires, des associations et des journalistes, aucune expérimentation de « quelques abattoirs mobiles » permettant de réduire le stress des animaux et de de changer le rapport à l’abattage pour les ouvriers, aucun article contraignant quant à la prévention et à la formation des ouvriers.
    Mais par contre une mesure phare, bien dans l’air du temps, « policière » : la mise en place de la surveillance vidéo là où les bêtes sont hébergées, la bouverie, ou mises à mort, la tuerie.
    Pour les animaux, c’est une mesure « cache sexe », puisque le droit de visionnage sera accordé aux mêmes catégories de personnel qui ont déjà accès à ces lieux. Rien de nouveau, donc.
    Pour les ouvriers, cette mesure va encore resserrer la vis hiérarchique. L’amélioration de leurs conditions de travail en abattoir, par ailleurs, est renvoyée à la « pratique en interne », les députés se déchargeant ainsi de leur responsabilité sur les industriels,.
    Comme s’il ne suffisait pas que les ouvriers d’abattoir souffrent dans leur corps, portent dans leur tête notre culpabilité ou notre déni face à ces lieux, ils devront maintenant subir le regard suspicieux d’un dispositif disciplinaire de contrôle traquant les dérapages individuels, les renvoyant tous en bloc au statut de délinquant potentiel. Cela conforte la vindicte populaire qui appelle ces ouvriers tueurs, bourreaux ou même kapos. C’est aux seuls ouvriers, dernier maillon d’une chaîne de responsabilités, que l’on impute les cas de maltraitance animale.
    N’opposons plus les hommes et les animaux et formulons ce souhait : il faut pouvoir entrer dans les abattoirs autrement qu’en caméra cachée, pouvoir écouter les ouvriers raconter leurs conditions de travail et les raisons de telle ou telle maltraitance animale – fut-elle régulière ou exceptionnelle. Sortons notre regard du fantasme pour enfin admettre que bêtes et hommes sont tous autant victimes de ce système de production industrielle. Chaque année, sur 1 000 salariés travaillant dans un abattoir industriel, on constate 270 accidents du travail ; 9 fois plus qu’en moyenne chez les salariés tous métiers confondus. Concernant les maladies professionnelles, les données sont plus saisissantes encore : on compte 70 maladies professionnelles par an, 25 fois plus qu’en moyenne que chez les salariés tous métiers confondus..
    Regardons-le en face : l’abattoir n’est qu’une loupe grossissante de tous les lieux industriels. Cette maltraitance est malheureusement très bien partagée entre tous les ouvriers, ceux du BTP, de l’industrie chimique, du secteur agricole,… ce qui fait 5 ou 6 millions de personnes. 5 ou 6 millions de personnes dont l’espérance de vie est plus courte que celle d’un cadre, 6 années et quelques mois de moins. 5 ou 6 millions de personnes qui à 45 ans ont un risque de mourir dans l’année 2,5 fois supérieur à celui d’un cadre.
    Face au travail, l’égalité n’existe pas. Non, le travail salarié des sociétés industrielles, celui des ouvriers dans un cadre capitaliste, n’est pas ou n’est plus un facteur d’intégration et de reconnaissance sociale. Chaque nouvelle disposition contraint le travailleur un peu plus, tout en rognant sa reconnaissance. La surveillance vidéo n’est bien qu’une étape supplémentaire pour aliéner l’ouvrier à la chaîne.
    Cette loi sur les conditions d’abattage devra passer devant les sénateurs. Il leur incombera la responsabilité de rééquilibrer la situation en proposant deux amendements : l’un en faveur des conditions de travail, comme la diminution des cadences sur la chaîne, l’autre imposant une plus grande transparence sur ce lieu pour qu’il cesse d’être tabou.
    Le compte pénibilité, par ailleurs, tant décrié par les syndicats patronaux ne doit pas être abrogé comme le demandent certains candidats à la présidentiel. Au contraire, il doit être lourdement renforcé pour déboucher sur une réduction du temps de travail en fonction de la pénibilité et un véritable avancement de l’âge de départ à la retraite : non pas de 62 à 60 ans comme c’est le cas actuellement mais jusqu’à 55 ans.
    Au fond, ce dont notre société a le plus besoin c’est d’une politique sociale qui repense le travail comme source d’épanouissement.
    Vincent Gaullier et Raphaël Girardot (Réalisateurs. Dernier film : Saigneurs), Christophe Dejours (Chaire de psychanalyse-santé-travail au CNAM et Directeur de recherche à l’Université René Descartes Paris V), Séverin Muller (Sociologue, Laboratoire Clersé (CNRS/Université de Lille I)), Dominique Lhuilier (Professeure émérite des Universités – CNAM – Centre de Recherche sur le Travail et le Développement), Stéphane Geoffroy (Ouvrier et auteur de A l’abattoir), Pierre Barron (Sociologue, expert auprès des Comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), Manuela Frésil (Réalisatrice du film documentaire Entrée du personnel), Nicolas Jounin (Sociologue), Caroline Zéau (Maitre de conférence, Université de Picardie Jules Verne),…

  6. Pierre Oscar Lévy
    Posted 8 mars 2017 at 1:47 | Permalien

    Chère ISA ce que vous dites, peut faire penser que vous n’avez pas vu le film, car la question de la mort des animaux et bien posé dans ce film avec un plan qui est extraordinaire dans l’histoire du cinéma. Un plan que je ne vais pas décrire ici, mais qui démontre à la fois la sensibilité des cinéastes et ceux des ouvriers… Pour ceux qui ont ce plan à la toute fin du film… ils savent de quoi ils parlent… Pour ce qui est des films sur les animaux, je me souviens depuis trente ans d’en avoir vu beaucoup, beaucoup plus que sur la condition ouvrière… Il y a une chose assez étonnante avec le cinéma, c’est que les spectateurs projettent (et c’est normal) autre chose que ce qui est raconté dans le film. Ce qui est plus bizarre c’est que chaque spectateur croit savoir mieux que le réalisateur a voulu faire… Pourquoi simplement ne pas regarder un film et faire confiance aux réalisateurs… Ce film dont les qualités cinématographique sont indéniables est assez clairs. Les réalisateurs n’ont pas voulu suivre la pente douce d’un autre combat déjà gagné (les animaux ont été reconnus par les scientifiques comme des personnes) ils ont voulu montré le réel de la condition ouvrière là où justement on ne la regarde pas… Tout dans cette usine est calculé pour le profit, et aussi pour que les gestes soient fait le mieux… Ce n’est pas un abattoir minable, c’est un lieu parfaitement maîtrisé pensé… C’est pour cela que le film est fort… Il montre le mieux qui puisse être techniquement possible. Comme le disait ELLUL se précurseur de l’écologie politique… La technique est une horreur, et les hommes sont piégés par la machine… Ce film est une oeuvre de combat, et c’est bien pour cela qu’il y a peut d’endroit pour le voir… Précipitez vous..

  7. Isa
    Posted 8 mars 2017 at 19:05 | Permalien

    Cher Pierre-Oscar,
    Si si, j’ai vu le film. Et je ne suis manifestement pas la seule à trouver qu’un plan fugitif, le fameux « regarde, mais regarde » ne fait pas un contre-champs :
    http://www.critikat.com/actualite-cine/critique/saigneurs/

    Je ne connais pas tous les films sur les animaux d’abattoir que vous avez manifestement vus, et suis curieuse de les voir !

    Ce sont les réalisateurs eux-mêmes qui disent ne pas avoir voulu filmer la mort des animaux, parce que selon eux ça aveugle ! Ils l’ont dit partout, notamment sur allociné. Je n’ai rien inventé…
    Mais vous avez raison, on projette beaucoup, et je projette peut-être trop ce qui manque.

    Quant au combat que vous appelez déjà gagné, je ne sais pas si les millions d’individus tués chaque matin dans nos abattoirs trouvent que le combat est gagné, en ce qui les concerne…

    Bien à vous.

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