Quand Macron parle dans l’hygiaphone, ça n’aseptise pas son violent programme anti social

Lors du contact avec les salariés en grève de Whirlpool, Macron avait demandé à son entourage un « hygiaphone » pour leur parler plus fort. Sans doute sa méconnaissance de l’objet idoine, le mégaphone, n’explique pas tout. En effet, dans les « incivilités » que le candidat Macron promet d’éradiquer figurent les « crachats » qui seront punis « d’amendes immédiates et dissuasives ».

Dans le même temps, pour illustrer le nouveau « droit à l’erreur pour tous » qu’il veut instituer, il cite le cas d’un malheureux employeur en affirmant qu’ « aujourd’hui, un employeur qui oublie de déclarer à l’URSSAF la prime de Noël qu’il verse à ses salariés est condamné à une amende ». Sans doute est-ce là le monde imaginaire qui se raconte dans les « casse-croûte » à la Rotonde.

Avec Macron, cet employeur « pourra demain faire valoir son droit à l’erreur ». Car il faut qu’on se le dise : « L’administration sera d’abord là pour conseiller avant de sanctionner, la sanction étant limitée aux manquements délibérés, répétés ou particulièrement graves ».  C’est ce qui se disait, au milieu du XIXème siècle, au début de l’inspection du travail.

 

en fait de droit à l’erreur examinez celle là : Macron veut encore baisser le cout du travail et augmenter les dividendes qui ont atteint leur niveau historique  record a 56 milliards en 2015

 

 

Macron c’est le droit à l’erreur pour les patrons et la soumission pour les salariés : son programme, craché dans l’hygiaphone, cela donne cela :

 

 

 

MACRON, derviche tourneur autour d’un axe fixe

Du contenu social de son programme écrit

 

« En même temps » ; « Je suis d’accord avec vous » … et ses allers retours sur la plupart des questions importantes, le tout noyé dans un verbiage technocratique. Avec Macron, on pourrait penser que rien n’est figé et partant que quelques progrès pourraient être grappillés sous la présidence d’un président si ouvert à tous les changements.

Oui, on pourrait sauf si l’on n’est ni amnésique ni analphabète.

Tous les actes politiques de Macron, sans exception, sont ceux de la régression sociale. Et ils ont l’autonomie de pensée d’une photocopieuse délivrant à tour de bras des copies des exigences du conseil d’administration des multinationales (la Commission Européenne) et de son bras local (Le Medef et l’Institut Montaigne) : de la co-rédaction du rapport Attali qui faisait pour Sarkozy la liste des dérèglementations, demandées par la dite Commission, à la loi qu’il a signée directement (loi Macron) et à celles qu’il a dû par souci de faisabilité politique laisser signer à Rebsamen (https://blogs.mediapart.fr/richard-abauzit/blog/260515/rebsamen-jusquau-bout-de-lani) et à El Khomri (https://blogs.mediapart.fr/richard-abauzit/blog/120616/loi-uberel-khomri-48-reculs-avant-le-senat),

Macron force le respect, à voir tant d’énergie et de constance déployées au service de ses commanditaires. On ne peut d’ailleurs attribuer à rien d’autre qu’à cet attachement à ne pas les décevoir l’annonce tactiquement risquée de faire passer par ordonnance en trois mois une loi travail puissance dix.

Ceux qui ont suivi l’histoire et le contenu des trois lois précitées (lois Macron, Rebsamen et El Khomri) n’ont aucun mal à décrypter le programme de Macron pour les présidentielles, celui qui est écrit, et à y distinguer ce qui n’est que la reprise de régressions déjà intervenues dans ces lois (une photocopieuse manque de mémoire), ce qui relève de dispositions prévues par les projets de loi mais que la lutte avait permis de faire retirer, et enfin de nouvelles et très importantes régressions.

La grille de lecture de ce programme est la même depuis les débuts du capitalisme : on retrouve invariablement les trois mêmes objectifs TGV, Travailler plus longtemps (faire travailler plus longtemps), Gagner Moins (raboter les salaires), Virer plus vite et à pas cher. Le tout en s’assurant la plus grande impunité.

Quel sera le contenu de l’ordonnance, déjà écrite, qui doit intervenir dès le mois de juillet ? On peut imaginer que, compte tenu du délai, l’essentiel tiendra dans la reprise des grands « principes » de la commission Badinter, destructeurs du droit existant (https://blogs.mediapart.fr/richard-abauzit/blog/280116/rapport-badinter-peine-de-mort-pour-le-droit-du-travail), que la lutte contre la loi travail avait permis de faire retirer.

 

  1. A. TRAVAILLER PLUS

1/ Reprendre la tentative inachevée de la loi travail sur la durée légale

Le programme Macron reprend l’idée qui structure toutes les règlementations urbi et orbi depuis que le capitalisme financiarisé étend son règne sur l’ensemble de la planète :  une loi floue, réduite à quelques grands principes n’induisant aucune obligation, des règles fixées par accords (si possible par accord collectif d’entreprise plutôt que par accord de branche et mieux encore par « accord » individuel du salarié), et à défaut d’accords, un plancher bien bas de droits minima qu’on qualifiera volontiers d’ « universels » pour transformer un recul en progrès.

Sur la durée légale (35 h), la lettre de mission d’El Khomri pour Badinter insistait bien sur le grand soin qu’il devait prendre à ne pas entrer en contradiction sur ce point avec les volontés gouvernementales. L’affaire était délicate car il fallait à la fois mettre à bas la durée légale du travail tout en affirmant le contraire. Le résultat fut, dans les premières moutures de la loi travail jusqu’au mois d’avril 2016 où il fut retiré, un projet d’article de loi maintenant la durée légale et une introduction au code du travail faite de grands principes destinés à structurer toute sa réécriture (prévue pour deux années) qui supprimait la durée légale discrètement : elle était remplacée par une « durée normale » que des accords d’entreprise pourraient modifier (« La durée normale du travail est fixée par la loi. Celle-ci détermine les conditions dans lesquelles les conventions et accords collectifs peuvent retenir une durée différente. Tout salarié dont le temps de travail dépasse la durée normale a droit à une compensation »). Une grossière manœuvre que le Conseil d’Etat avait relevée mais non censurée.

On verra dans l’ordonnance express prévue par Macron pour cet été si la manœuvre revient. La chose est probable car Macron a déjà annoncé que l’ordonnance édicterait les grands principes du droit du travail destinés à être mis en musique par des accords.

2/ Des apprentis à vie

Le contrat d’apprentissage sera supprimé (« le contrat d’apprentissage est trop rigide ») et fusionné avec le contrat de professionnalisation.

A quel âge ? Tout petits déjà : « nous développerons les périodes de pré-apprentissage ».

A quel niveau ? Toute la fac : « Demain, l’alternance pourra se faire sur les trois années de la licence professionnelle »

Et jusqu’à quand (la limite aujourd’hui est de 25 ans et, à titre « expérimental » depuis la loi travail, de 30 ans) ? No limit : « Nous ferons converger les deux contrats d’alternance qui existent aujourd’hui en un contrat unique, souple, adapté à la demande des entreprises et des branches, sans borne supérieure d’âge ».

3/ Plus d’heures supplémentaires

« Nous rétablirons les exonérations de cotisations sociales sur les heures supplémentaires »

4/ Des services publics extensibles

« Nous élargirons les horaires d’ouverture des services publics pour les adapter aux contraintes des usagers : certains services publics ouvriront le samedi et en soirée »

« Nous ouvrirons les bibliothèques en soirée et le week-end »

 

  1. B. GAGNER MOINS

1/ Avancer sur la suppression des salaires minima de branche

Dans les grands principes qui doivent continuer à relever de la loi, le programme Macron ne cite dans la partie « Dialogue social » de son programme que « durée légale du travail, salaire minimum, égalité professionnelle… ». Les salaires minima conventionnels au dessus du SMIC qui sont la hantise de l’Union européenne (conventions collectives supprimées en Grèce, décimées en Espagne) ne sont pas mentionnés. Mais le programme Macron prévoit de passer de 700 conventions collectives actuellement à un nombre compris entre 50 et 100 (« nous pouvons viser d’en avoir entre 50 et 100 »). Et il semble bien que, contrairement à aujourd’hui, les salaires minima seront fixés par accord d’entreprise, la branche n’intervenant qu’à défaut : « C’est seulement à défaut d’accord d’entreprise que la branche interviendra. Ainsi, les conditions de travail et les salaires notamment seront négociés au plus près du terrain ».

2/ Avancer sur la dilution du SMIC

La formulation utilisée pour la définition du SMIC par la commission Badinter (« Un salaire minimum est fixé par la loi »), retirée discrètement en avril 2016 lors de l’examen de la loi travail, pourrait revenir. Elle faisait l’impasse sur les critères actuels de fixation : l’obligation de le réévaluer en fonction du coût de la vie, et celle de garantir une augmentation au moins égale à la moitié de celle des salaires réels moyens (sans même parler des « coups de pouce » annuels que le gouvernement, bras courts et poches profondes, oublie depuis des lustres).

3/ Des apprentis à vie (voir A 2) à pas cher

« Nous unifierons la grille de rémunération des alternants et confierons aux branches le soin d’augmenter par accords les montants des planchers fixés par la loi »

4/ Des chômeurs moins indemnisés

Plus de radiation :

« Si plus de deux emplois décents, selon des critères de salaire et de qualification, sont refusés ou que l’intensité de la recherche d’emploi est insuffisante, alors les allocations seront suspendues »

Des indemnités chômage dont le montant ira decrescendo au fur et à mesure de la reprise de l’assurance chômage par l’Etat, privé des cotisations sociales destinées à son fonctionnement, le début de la fin de l’assurance chômage solidaire :

« Parce qu’il assume en dernier ressort la responsabilité du chômage et de la précarité, l’État prendra en charge le système d’assurance-chômage »

 

Une prise en charge supplémentaire, les démissions de salariés (sous certaines conditions) :

« Ce droit ne sera utilisable qu’une fois tous les cinq ans. En contrepartie, l’insuffisance des efforts de recherche d’emploi ou le refus d’offres raisonnables entraîneront la suspension des allocations »

Une autre prise en charge supplémentaire, l’assurance chômage pour tous :

« Les artisans, les commerçants indépendants, les entrepreneurs, les professions libérales, et les agriculteurs disposeront, comme les salariés, de cette protection »

5/ Une Sécurité sociale en miettes

Des salaires socialisés (cotisations sociales versées à la Sécurité sociale) qui retournent par dizaine de milliards d’euros dans les poches des patrons :

« Aujourd’hui, pour beaucoup d’employeurs, il est difficile d’embaucher parce que le coût du travail pour les salariés peu qualifiés est trop élevé »

« Nous rétablirons les exonérations de cotisations sociales sur les heures supplémentaires »

« Nous simplifierons la vie des entreprises, en transformant le CICE en allégement permanent de cotisations sociales de 6 points »

« Nous faciliterons l’embauche des salariés peu qualifiés, en atteignant zéro charge générale au niveau du SMIC » « Pour les entreprises, c’est une baisse de charges de près 1800 euros par an et par salarié »

« La majeure partie des contributions actuelles des entreprises pour la formation sera progressivement converti en droits individuels pour les actifs »

 

Des salaires socialisés (cotisations salariales) qui ne seront plus versés à la sécurité sociale, non totalement compensées par une hausse de la CSG :

 

« Demain, nous ferons moins peser la protection sociale sur le travail pour soutenir leur pouvoir d’achat » « Nous augmenterons le revenu net de chacun, en réduisant les cotisations sociales » « Ces mesures seront financées par une hausse de moindre ampleur de la CSG »

 

Le début de la fin des régimes de retraites spécifiques et l’instauration d’un régime unique (par points) beaucoup moins favorable aux salariés du privé et du public, injuste, non solidaire, totalement individualisé, et ouvrant la voie à un régime de retraite par capitalisation :

 

« Nous créerons un système universel de retraites où un euro cotisé donne les mêmes droits, quel que soit le moment où il a été versé, quel que soit le statut de celui qui a cotisé » « Il faudrait regrouper l’ensemble des régimes sociaux en un seul, commun aux salariés, employeurs et indépendants » « Les cotisations, aux régimes de base comme aux régimes complémentaires, qu’elles soient versées sur les bases de revenus ou acquises au titre de la solidarité (pour les chômeurs par exemple) seront inscrites sur un compte individuel et revalorisées chaque année selon la croissance des salaires. Ainsi, chaque euro cotisé accroîtra de la même manière la pension future »

« Le total des droits accumulés sera converti au moment de la retraite en une pension, à l’aide d’un coefficient de conversion fonction de l’âge de départ et de l’année de naissance. L’allongement de l’espérance de vie est donc pris en compte en continu »

« On saura que, quand des personnes ont une retraite plus élevée, c’est qu’elles-mêmes, leurs employeurs, ou l’Etat au titre de la solidarité, ont cotisé davantage »

« Les taux de cotisation pourront rester différents. Par exemple, les indépendants pourront continuer à cotiser moins que les salariés et à avoir en conséquence une pension de retraite moindre : ils ont souvent constitué, en parallèle, une épargne qui peut être par exemple leur fonds de commerce et servira à leur assurer un revenu »

 

 

Diminution des cotisations versées par les indépendants et petits entrepreneurs qui passeront du RSI à la Sécurité sociale (« Nous supprimerons la caisse qui gère le Régime Social des Indépendants (RSI) pour l’adosser au régime général ») :

 

« Nous réduirons nettement les cotisations sociales qui pèsent sur les indépendants (professions libérales, commerçants, artisans, agriculteurs…) : 500 euros de moins par an pour un revenu de 3000 euros nets par mois »

« Nous supprimerons les charges des micro-entreprises (nouveau nom des auto-entrepreneurs) la première année et doublerons les plafonds pour permettre à plus d’entreprises de bénéficier de cette mesure et du régime fiscal de la micro-entreprise »

 

 

  1. C. VIRER PLUS VITE et À PAS CHER

1/ Le rêve patronal enfin à portée

Une mesure déjà tentée par Macron ministre, mais si scandaleuse qu’elle avait été annulée par le Conseil constitutionnel :

« Nous réduirons l’incertitude sur les coûts de licenciement » « Nous instaurerons un plafond et un plancher pour les indemnités prud’homales pour licenciement sans cause réelle et sérieuse »

2/ Une dissolution de la procédure prud’homale

« Nous créerons, dans chaque département, un tribunal de première instance qui fusionnera l’ensemble des tribunaux locaux spécialisés de première instance. Ce tribunal traitera l’ensemble des matières dans des pôles dédiés : pénal, social, affaires familiales, commercial, civil »

« Nous ramènerons le nombre de modes de saisine de 15 à 2 pour les procédures civiles. Aujourd’hui, chaque juridiction, chaque contentieux, a sa propre procédure. Cette complexité ne permet pas un accès fluide au juge. Elle génère des lenteurs, et peut même être source de nullités. Nous fusionnerons donc les procédures civiles en deux : une avec avocat obligatoire pour les affaires complexes, et l’autre sans avocat obligatoire pour les contentieux du quotidien »

« Nous favoriserons la création de plateformes de règlement amiable des litiges qui lorsqu’elles seront tenues par des professionnels associant avocats huissiers ou notaires pourront conclure des accords ayant la force d’un jugement »

3/ Des démissions bienvenues

Les salariés démissionnaires pourront toucher le chômage. Que du miel pour les employeurs qui devaient dépenser énergie voire monnaie pour se débarrasser de salariés refusant de céder aux pressions pour obtenir cette démission.

 

  1. D. MILLE SUCRERIES

ET AUTRES MESURES DE DESARMEMENT DES TRAVAILLEURS

1/ Sous couvert d’ « égalité des chances »…

« Lorsqu’une entreprise, où qu’elle soit située, embauchera un habitant des quartiers prioritaires de la politique de la ville en CDI, elle bénéficiera d’une prime de 15 000 euros, étalée sur les trois premières années : ce sera comme si elle ne payait plus de charges. En CDD, la prime sera de 5000 euros sur les deux premières années »

2/ Une formation professionnelle sous totale dépendance patronale :

« Nous ferons converger les contrats existants et impliquerons pleinement les branches professionnelles dans la définition des programmes et l’organisation des formations »

« Les formations professionnelles doivent être davantage basées et conditionnées par les exigences des métiers et filières professionnelles et l’excellence de celles-ci porter sur  l’employabilité »

« Nous rendrons publics les taux d’insertion professionnelle et le salaire à l’issue des formations en apprentissage en vue d’une labellisation des CFA et des lycées professionnels »

3/ Dissolution des représentants du personnel

Toutes les entreprises (les moins de 200 salariés avant la loi travail, les moins de 300 salariés après la loi travail) pourront, sur décision de l’employeur, réduire le nombre de représentants du personnel, le nombre de réunions, le nombre d’heures de délégation et dénaturer leurs anciennes attributions en fusionnant délégués du personnel, comité d’entreprise et comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail dans une délégation unique du personnel :

« Une instance unique de représentation reprenant l’ensemble des attributions des comités d’entreprises, délégués du personnel et CHSCT sera mise en place dans toutes les entreprises et tous les groupes sans limitation de plafond »

Les employeurs pourront contourner entièrement les organisations syndicales majoritaires en décidant seuls de recourir à un référendum auprès des salariés :

« Tout accord d’entreprise résultera soit d’un accord majoritaire avec les syndicats, soit d’un référendum à l’initiative de l’employeur ou des syndicats sur la base d’un accord minoritaire »

Des représentants des salariés désarmés idéologiquement :

« Nous renforcerons la formation des représentants des salariés. Au-delà des compétences en droit social, ces formations doivent aussi porter sur les enjeux spécifiques de la gestion d’une entreprise, pour que syndicats et employeurs parviennent à mieux se comprendre et aboutir à des solutions communes plutôt que de confronter des positions stériles »

Des syndicats dépendants financièrement :

« Nous permettrons à chaque salarié d’apporter des ressources financées par l’employeur au syndicat de son choix »

4/ Dissolution de l’inspection du travail

A la longue liste des mesures de casse de ce service public (loi et décret Sapin du 14 juin 2013 et du 30 mars 2014, loi Macron du 6 août 2015, loi Rebsamen du 17 août 2015, loi travail du 8 août 2016, ordonnance du 7 avril 2016, décret du 12 avril 2017 qui créé un « code de déontologie pour les inspecteurs du travail), Macron ajoute le déclin de son rôle dans la  sanction des discriminations :

« Nous demanderons au Défenseur des Droits, en partenariat avec des associations et les partenaires sociaux, de favoriser des campagnes de testing, de contrôles aléatoires et imprévus à grande échelle, et de rendre publics les résultats » « Nous renforcerons les prérogatives du Défenseur des Droits en matière d’accompagnement des personnes discriminées afin qu’il assure pleinement son rôle de médiateur entre la victime et l’entreprise pour une résolution plus rapide du litige »

5/ Une haute administration triée par le CAC40

« D’ici la fin 2017, les directeurs d’administration centrale et les principaux dirigeants des organismes publics seront nommés ou confirmés au terme d’une procédure transparente, après revue de compétences et entretien »

« Nous recruterons un quart au moins des directeurs d’administration centrale en dehors de la fonction publique sur la base d’appels à candidatures ouverts visant à identifier les meilleures compétences techniques et managériales »

6/ Des services publics définitivement transformés en entreprises et voués à la désespérance

« Chaque service accueillant du public (hôpital, école, tribunal, caisse d’allocations familiales…) devra afficher, trimestriellement au moins, ses résultats en termes de qualité de service sur la base d’indicateurs concrets (délai de traitement d’un dossier, qualité de l’accueil au guichet, taux de remplacement des enseignants à l’école…). Les usagers seront associés à leur définition »

« Nous demanderons à chaque lycée professionnel et université de publier ses résultats (débouchés, salaires, etc.) sur les 3 dernières années »

« Nous mettrons fin à l’évolution uniforme des rémunérations de toutes les fonctions publiques afin de mieux prendre en compte les spécificités de chacune »

« Les ministres seront comptables du respect des objectifs de dépense publique qui leur auront été assignés. Ils auront le choix des moyens pour les atteindre (investissement, réorganisations, évolution des effectifs, rationalisation des achats…). Une loi fixera pour la durée du quinquennat les objectifs de dépense de chaque grand secteur d’administration. Les ministères qui dépassent leurs objectifs se verront reverser une partie des gains réalisés »

« …le secteur public est trop fermé sur lui-même. L’action publique gagnerait à s’ouvrir beaucoup plus à l’expérience de profils variés issus de la sphère de l’entreprise, du monde associatif, de la recherche ou des organisations internationales »

« Nous introduirons plus de souplesse dans la gestion des carrières avec des rémunérations plus individualisées et la promotion des mobilités »

Des services publics réduits à des interfaces informatiques :

« D’ici 2022, 100% des démarches administratives pourront être effectuées depuis Internet »

« Nous redéploierons les effectifs de la fonction publique pour créer des postes dans les services qui répondent à l’évolution des besoins des citoyens. Nous les réduirons là où des réorganisations et le numérique permettent de rendre le même service avec un moins grand nombre d’agents »

« Nous réduirons le nombre d’agents publics de 120 000 emplois sur la durée du quinquennat. Cela correspondra à un volume de 50 000 postes non-renouvelés dans la fonction publique d’Etat et d’environ 70.000 dans la fonction publique territoriale »

« Nous lancerons un plan pour la justice numérique. Nous permettrons notamment de dématérialiser toutes les procédures concernant des litiges inférieurs à 4000 euros »

« Nous établirons dans chaque département un tribunal de première instance qui sera le guichet unique permettant un accès facilité au juge »

« Les procédures en matière pénale seront progressivement numérisées du début de l’enquête jusqu’au jugement définitif »

« Nous mettrons à la disposition des gestionnaires publics les moyens de financer et de conduire des réorganisations génératrices de gains d’efficacité et de qualité de service »

Des services publics transformés en fournisseurs d’études de marché :

« Les administrations chargées d’autoriser des activités (l’ouverture d’un hôtel, ou l’obten­tion d’une licence de chauffeur privé, …) devront mettre à disposition leurs données. Face aux géants étrangers, des nouvelles start-ups pourront ainsi s’adresser par exemple à tous les hôteliers pour leur offrir de nouveaux services »

Des universités toujours plus « autonomes » :

« Elles pourront recruter leurs enseignants et définir leurs formations »

7/ Hormis la retraite, un statut des fonctionnaires prétendument non touché… mais « en même temps »… :

« Nous renforcerons la mobilité dans et vers la fonction publique » « Le statut des fonctionnaires ne sera pas remis en cause, mais il sera modernisé et décloisonné, par un assouplissement du système rigide des corps » « Nous mettrons en particulier fin au système des grands corps en les rapprochant de corps existant et exerçant des fonctions similaires »

Fin progressive du statut de fonctionnaire pour ceux qui ne sont ni soldat, ni flic, ni juge :

« Nous développerons le recrutement sur contrat dans les fonctions non-régaliennes, afin de permettre au service public d’attirer des professionnels d’expérience en fonction des besoins »

8/ Suppression du statut de contractuels de la fonction publique

Pas pour les titulariser… :

« Nous alignerons le statut des contractuels publics sur le droit du travail commun »

9/ Institutionnalisation de la guerre de tous contre tous

Tout à sa campagne électorale, Macron n’a peut-être pas vu qu’une de ses propositions était déjà mise en œuvre par le gouvernement auquel il a participé, pendant sa présence (loi Rebsamen et loi El Khomri) et tout récemment (décret n°2017-351 du 20 mars 2017) : le fichier de données personnelles « Compte Personnel d’Activité » est déjà logé auprès de la Caisse des dépôts et consignations et celui dénommé « Portail numérique des droits sociaux » l’est auprès de la Caisse Centrale de la Mutualité Sociale Agricole. Ces fichiers organisent le marché des travailleurs, leur mise en concurrence et la destruction progressive de la Sécurité sociale, en individualisant les droits (https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/201216/le-compte-personnel-d-activite-lurgence-du-debat-citoyen).

« Nous créerons un compte citoyen en ligne (site et application), qui rassemblera sur une même interface tous les droits, notamment ceux liés à la santé, à la trajectoire professionnelle, à la formation, à la situation fiscale, aux droits civiques »

10/ Des départements supprimés ou rendus exsangues

« Nous supprimerons au moins un quart des départements, là où ils peuvent être rapprochés de l’une de nos grandes métropoles »

« En concertation avec les élus, nous simplifierons l’administration territoriale en confiant aux services des métropoles les compétences des conseils départementaux où elles se situent »

« Nous apporterons un soutien à la performance des collectivités locales et un appui à leur modernisation »

11/ Des services publics-privés pour les employeurs

La mise en œuvre d’une disposition déjà prévue dans la loi travail… :

« Un site Internet unique donnera à chaque TPE ou PME les obligations légales et conventionnelles qu’elle doit respecter en fonction de sa situation »

… avec une nouveauté, l’assurance impunité :

« Les réponses fournies en ligne seront valables face à l’administration »

12/ ISF maintenu, mais plus pour tous

L’Impôt Sur la Fortune devient « Impôt sur la Fortune Immobilière », les revenus mobiliers échapperont demain à cet impôt. Enfin !

« L’Impôt de Solidarité sur la Fortune ne concernera plus l’investissement qui sert l’économie (actions, parts, titres d’entreprises) »

13/ Un Impôt sur les sociétés réduit

Il passera de 33 à 25 %. Aujourd’hui les grandes entreprises qui optimisent ne paient en réalité que 8%. Combien paieront-elles demain ?

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PS : les extraits du programme de Macron, disponible sur Internet (http://en-marche.fr/emmanuel-macron/le-programme), sont en italique

 

 

Richard Abauzit

23 Commentaires

  1. 1956
    Posted 8 mai 2017 at 11:02 | Permalien

    Vous pouvez écouter en podcast, sur France Culture de ce 8 mai:
    -Dans l’émission « les matins » Régis Debray.

    -Dans l’émission « les chemins de la philosophie » Vincent Peillon.

    Leurs propos nous éloignent pour quelques moments des insultes et formules répétées.
    Par la réflexion et la compréhension, retrouvons l’essentiel et le chemin des convergences.

  2. Macarel
    Posted 8 mai 2017 at 11:24 | Permalien

    C’est sûr Mr Filoche, le fougueux Macron, va s’attaquer dès l’été à démanteler de façon radicale le trop volumineux droit du travail français. Trop compliqué, il empêche les entrepreneurs français de lutter à armes égales avec leurs homologues des pays concurrents.

    Il va le ramener à l’épaisseur du droits du travail suisse, celui dont Bayrou avait exhibé un exemplaire à la télé, il y a déjà quelques années, pour montrer qu’un bon droit du travail doit être léger.

  3. Posted 8 mai 2017 at 14:38 | Permalien

    j’ai déjà cent fois répondu a ça
    il n’existe pas de code du travail en suisse
    il exhibait un traite du travail datant de 1945 entre les cantons suisses
    a combien est le smic suisse ? 2500 euros ?

  4. Posted 8 mai 2017 at 14:38 | Permalien

    et moi hier soir sur RFI entre 20 et 21 h

  5. Nolwenn GUYARCH
    Posted 8 mai 2017 at 15:17 | Permalien

    Pour réagir contre ce coup d’Etat des médias et #macron, agissez :https://www.change.org/p/nolwenn-guyarch-pas-de-majorit%C3%A9-pour-macron-aux-l%C3%A9gislatives

  6. Posted 8 mai 2017 at 15:38 | Permalien

    Merci, Mr Filoche, pour cette étude à la loupe du programme social de mr le Président. Il va falloir se battre, ligne par ligne sur chacun de ces éléments.
    Et bien mettre tout cela au 1er plan pendant les législatives.
    Je ne sais pas du tout comment va réagir « l’appareil PS » dans cette perspective. On compte sur vous pour que la dynamique de gauche, animée, malgré tout, par le vainqueur de votre primaire, ne reste pas un vague sursaut idéologique avant disparition.
    Cordialement

  7. Pro-Filoche
    Posted 8 mai 2017 at 17:06 | Permalien

    Le Code du Travail français n’est pas plus lourd que son équivalent suisse.

    Ce ne sont pas les règles dudit Code qui l’alourdissent mais ses dérogations, ces dernières étant voulues par le patronat.

    Bayrou n’a rien d’un homme politique « centriste » ou « vieux sage » : il est aussi droitier et conformiste que les autres.

  8. sansressources
    Posted 8 mai 2017 at 18:04 | Permalien

    à Macarel
    sur qu’il va aussi dégraisser le code du commerce, quasi autant de pages que le code du travail, et aussi le code de la concurrence, et pour finir le code de la route qui limite la fluidité des échanges, sans oublier le code pénal, car c’est évident, si le code du travail de 3000 pages fait du chômage, le code pénal lui aussi 3000 pages créer la déliquence, donc plus de code du travail, plus de chômage et aussi plus de code pénal fini le crime, le raisonnement est le même,mais la c’est marrant on en parle pas, idéologie quand tu nous tient, et enfin vous avez voté Macron (pas moi) pour défendre la République or la République est une et indivisible, c’est un principe sacré fondateur, la même loi pour tous et partout, mais Macron va faire comme l’a dit JLM un code du travail par entreprise, imagine-t-on un code de la route par rue???? ce qui signifie que la loi ne sera pas la même à Toulouse et à Calais, la République sera morte, pas besoin de Le Pen pour ça Macron suffit

  9. Lloyd Hopins
    Posted 8 mai 2017 at 19:52 | Permalien

    Dire que si certains ne s’étaient pas entêter à soutenir jusqu’au bout un candidat qui à fait 6% nous n’en serions pas là.

  10. Posted 8 mai 2017 at 20:19 | Permalien

    si JLM avait été unitaire nous n’en serions pas là
    la division nous a tuer
    le refus d’un accord politique jusqu’à l’extreme est responsable de l’élimination fatale de la gauche

  11. Michel - Pierre
    Posted 9 mai 2017 at 12:11 | Permalien

    L’ex-Premier Ministre Valls, après avoir renié sa parole de candidat à la Primaire Citoyenne et incité quatre cents élus du PS à le suivre, plombant ainsi irrémédiablement Benoît Hamon, vient donc, fort d’avoir joui depuis cette trahison d’une incompréhensible absence de sanction, de RÉCIDIVER !
    Ce très petit monsieur, qui voulait au temps de « sa splendeur » changer le nom du Parti Socialiste, quémande maintenant, non sans se prétendre « toujours socialiste » ( ! …), une investiture de la nouvelle structure que vient de créer le « Président ni droite ni gauche », soutenu par plusieurs des représentants nationaux de la « droite décomplexée » …
    N’est-il pas plus que temps, pour le Parti Socialiste, de prononcer l’exclusion de ce renégat et de ses disciples et de reprendre enfin la voie de la clarté que requiert tout véritable engagement à gauche ?

  12. Posted 9 mai 2017 at 19:55 | Permalien

    PS / Solférino // CNE //

    Note à attention des camarades :du bureau de la CNE//

    Après les prises deposition des uns ou des autres et en particulier de certains camarades du Bureau de la CNE, ,je crois de mon devoir d’ insister sur le fait qu’il faut désormais se préparer à organiser nos élections législatives !! Nos élections à nous !
    jE VOUDRAIS RAPPELER QUE NOTRE POSITIONNEMENT DE SOCIALISTES DANS LE PARTI SOCIALISTE DOIT NOUS ENCOURAGER , doit nous obliger à SOUTENIIR les listes de l’union, les listes de l’unité de la Gauche.

    iIl nous appartient de construire une majorité parlementaire Elle n’a rien à voir avec la majorité présidentielle que souhaite E Macron;
    déSOLé de LE RAPPELERMAIS NOUS SOMMES AU PARTI SOCIALISTE ET EN CELà J’APPROUVErai toujours CAMBADELIS tant que SA PRISE DE POSITION demeure analogue à CELLE DE b hAMON: Il faut que perfure le PS contre les vents et les marées que nous promettent les Le Guen, Royal, Boutik et autres réformateurs partisans du déclin,
    Le PS doit oeuvrer pour une unité de la Gauche. Se congratuler pour la victoire de Macron ne semble guère productif. Sauf à quitter le PS pour rejoindre la »Répunlique en marche « !!!!!
    Ma foi, il en va du choix de quelques camarades minoritaires. il n’est pas le mien ! il n’est pas le nôtre !!

    Amitiés
    patrick Ducome / Bureau de la CNE
    0662677923

    Le 7 mai 2017 à 21:50, Yves BEGUIN a écrit :
    Chers camarades,

    Nous voici tous soulagés, un républicain va accéder au pouvoir et construire un projet ou l’Europe a toute sa place et où à la France conservera sa place éminente dans le monde, avec sa tradition réaffirmée des lumières . Nous devons dès maintenant nous mobiliser pour que, dans l’opinion, l’influence de nos valeurs de solidarité, d’état providence, de fraternité, de respect de la nature retrouvent toute leur place, et pour que notre parti retrouve lui aussi son influence en se reconstruisant sur de nouvelles bases, sans renier son passé et sans oublier qu’il a exercé le pouvoir dans de très difficiles circonstances.

    Bien à vous. Yves

  13. Posted 9 mai 2017 at 20:00 | Permalien

    bonsoir mr FILOCHE,suite à vôtre blog sur macron,vous dites des choses vraies.vous n expliquez pas pourquoi le gouvernement et bruxelles veulent cette politique suicidaire.il faut que les salariés comprennent que la croissance infinie et la productivité à l infini est impossible.par ailleurs,chaque année ,l écart entre les dépenses et les recettes diminue.les actionnaires n acceptent pas la realité et la fin du capitalisme. Pour garantir la progression des profits,le patron doit augmenter les heures de travail,baisser les salaires et rèduire les effectifs à l infini ,jusqu à la limite où le travail ne sera plus réalisé.un jour,le salarié devra travailler gratuitement pour que l entreprise fasse un profit.Dans nôtre entreprise, grande distribution multinationale,après les élections de juin,la direction doit normalement présenter aux syndicats le nouveau contrat de travail pour les salariés de la surface de vente,travail 60h par semaine payé 100 euro par mois.la situation économique est catastrophique.ils sont obligés de réduire considerablement les dépenses pour réduire les mega pertes cachées.aprés les élections de juin ,on va voir si la direction va présenter le nouveau contrat de travail aux syndicats.Sans les esclaves,l entreprise ne survivra pas.les actionnaires veulent que le salarié donne sa vie pour l entreprise afin d atteindre les objectifs.les syndicats préférent sauvegarder les emplois à la place de négocier les indemnités de licenciement et une formation pour travailler dans une autre entreprise.Maintenant ,les contraintes économiques vont obliger de virer le salariés avec presque rien.Avec les conneries de l état et des syndicats,le salarié va etre dans la merde. L argent que l état a depensé de 2007-2017 pour préserver les emplois,on aurait pu les garder dans la fonction public jusqu à la retraite..cet été ,le salariè va hurler à la mort.

  14. Gilbert Duroux
    Posted 9 mai 2017 at 22:42 | Permalien

    Je croyais que la double appartenance n’était pas permise au parti socialiste. Qui plus est quand la 2ème appartenance est dans un parti de droite. J’avoue avoir du mal à comprendre. Qui peut m’expliquer comment c’est possible de soutenir des candidats de droite, voire même se présenter sous les couleurs de la droite tout en étant membre du parti socialiste ?

  15. CRAYENCOUR
    Posted 10 mai 2017 at 7:57 | Permalien

    Toujours cette censure idiote de commentaires ni insultants, ni même provocateurs; je suis d’accord avec Michel-Pierre car, en l’état, comment s’allier avec le PS aux législatives? Vous êtes toujours divisés! comment s’allier au plan national et se retrouver à voter pour un candidat vallsiste qui a voté la loi El Khomri et qui est déjà rallié à Macron, mais pas exclu, ou un Cambadélis qui, sans se rallier soutient Macron. A défaut de clarification, l’union ne peut se faire qu’au niveau local, sur des candidats des gauche.

  16. Dubreuil
    Posted 10 mai 2017 at 8:33 | Permalien

    Concrètement, au vu du dernier BN, il fait quoi Hamon ?

  17. socrate
    Posted 10 mai 2017 at 10:32 | Permalien

    Monsieur Hamon n’avait pas jugé bon de répondre a Melenchon parce que celui ci parlait de corbillard mais quand l’ancien premier ministre , applaudi a tout rompre au congrès du PS parle de mort clinique pour le PS il se passe rien…
    deux poids deux mesures comme d’habitude
    l un est accusé d’avoir empeché l union l’autre qui a fait voté Macron au premier tour est toujours socialiste
    cherchez l’erreur

  18. Posted 10 mai 2017 at 11:45 | Permalien

    texte provisoire :

    L’unité en dix épisodes

    épisode 1 : ça commence le 21 janvier 2016, tous les dirigeants de la gauche sont là dans la même pièce, à Paris dans le 20°, on est quarante et on discute deux heures, pour construire une plateforme commune et une candidature commune pour la présidentielle, tout est cassé par Mélenchon qui nous dit « il n’y a pas de débat, la plate-forme c’est celle de 2012, la mienne, et il faut un candidat expérimenté, qui sache faire, il faut 9 millions, qui ait l’argent, c’est moi » cette position brutale de refus d’unité s’avérera quelques que soient nos efforts ensuite, immuable.

    épisode 2 : février avril : Melenchon ira tout seul s’auto proclamer sur TF1 et refusera ensuite toute alliance, toute discussion. Il s’opposera et dénoncera activement des grandes primaires de toute la gauche, prévues par toute la gauche, et même un moment proposées à toute la gauche PCF et vert, par le PS les 4 et 11 décembre, dans le but de parvenir à une plateforme et à un candidat commun. Il découragera le PCF, les verts, le PS lui même de les organiser, alors qu’au départ toute la gauche (et bien au delà, Libé, etc) les voulait. L’argument était qu’Hollande les emporteraient : je disais urbi et orbi que « non », il serait perdant et perdu, et qu’il ne se présenterait pas. Et je disais aussi que si c’était Valls il serait battu, il n’y aurait rien a craindre, ce serait un candidat de gauche et non pas un candidat du quinquennat qui l’emporterait. La preuve en a été faite. Les rapports de force issus notamment de la grande mobilisation sociale anti loi El Khomri étaient favorables a qu’un candidat de la gauche unie l’emporte après avoir écarté Hollande et Valls. Macron n’y va pas, alors que Hollande les a accepté : si Macron y était allé il aurait été battu lui aussi, comme Valls. Probablement que Mélenchon les aurait emportées s’imposant sans conteste a gauche.

    épisode 3 : juin – octobre : le temps passant faute de primaires, et en dépit de nos efforts et appels pour l’unité lors des congres des Verts et du PCF début juin), des universités d’été des verts et du PCF (fin aout), ensuite en fin 2016, Melenchon enregistre des « ralliements », du PCF, de « Ensemble, » tout en refusant de discuter de sa campagne, en refusant tout accord, toute plateforme, tout collectif, il traite mal, de ce point de vue ceux qui le « rallie ». Il confirme à chaque étape manifestement son choix d’une campagne plébiscitaire et non pas « unitaire ». Il refuse toute alliance (nous le critiquons tout au long de l’an 2016, sans être jamais entendus, et c’est ce qui causera la défaite finale).

    épisode 4 : octobre – janvier : quand, par défaut, des primaires plus petites du point de vue de leur périmètre sont organisées les 22 et 29 janvier par le PS « ouvertes de la gauche et des écologistes » ‘épurées par Cambadelis), Mélenchon les raille, sort un livre de Corbières contre leur principe, des affiches pour les saboter, et appelle ouvertement à les boycotter, Mélenchon explique à ce moment là qu’il préfère Valls ou Hollande. En effet sans primaires, Hollande y serait peut être « allé » et sans primaires le PS aurait désigné Valls. C’est le vote de 2,1 millions d’électeurs militants qui va en décider autrement de façon démocratique, en dépit de l’hostilité des amis de Mélenchon.

    épisode 5 : janvier : la gauche socialiste réussit pour la 1e fois depuis un siècle à battre la majorité de l’appareil du PS, après avoir réussi à ce que Hollande ne soit pas candidat, elle gagne les primaires en éliminant Valls. Hamon est le candidat élu. Un million et demi de voix, 60 % c’est sans conteste. Valls s’incline alors. Hamon (comme Montebourg), a promis d’appeler JL Mélenchon le 29 janvier et de faire avec lui un programme commun de gouvernement, et, de lui même il ajoute « j’irais à cette discussion sans faire de ma candidature un préalable ». Au lieu de se féliciter de la victoire de la gauche socialiste, de saisir la perche, Corbières la conteste, tente de la ridiculiser. Mélenchon encaisse le coup les premiers jours : il a fait campagne solitaire depuis un an, il a 250 000 supporters et 9 % des voix, Hamon a 1,2 millions d’électeurs et 16 % des voix. Mélenchon accuse alors Hamon d’être resté sous tutelle de l’appareil, de ses candidats députés. Ses amis nient à Hamon l’autorité d’être de la gauche socialiste et le traitent comme s’il était comptable de la trahison du quinquennat. Ils font l’amalgame au lieu de se réjouir que la gauche socialiste ait gagné : un clivage lourd polémique et sectaire, va s’installer qui contribuera a faire perdre ensuite y compris le 23 avril.
    Hamon met en place un organigramme de campagne ou figurent peu à peu les notabilités du quinquennat sortant, mais pas nous, la gauche socialiste ni D&S, qui avions combattu le quinquennat depuis le début, (congrès de Toulouse, ANI, lois Sapin, Ayrault, Macron El Khomri, ce que n’avait pas fait avec autant de force Hamon) nous pouvions contribuer à lui donner visibilité et autorité, Hamon ne nous utilise pas une seule fois en trois mois.

    épisode 6 : Mélenchon dit qu’il ne peut y avoir accord s’il n’y a pas épuration des députés de droite du PS. Hamon refuse de « couper des têtes » à juste titre. Je fais aussitôt la proposition privée puis publique sur RMC, qu’il y ait un accord global, un programme de gouvernement commun, que Hamon soit président et Mélenchon premier ministre, et qu’il y ait une nouvelle convention PS pour redésigner les députes après la présidentielle. Cambadelis accepte. Et Cambadelis dit « Hamon est libre de sa campagne » : ce qui est vrai. Personne ne dicte à Hamon ses choix. Hamon a été libre de ses choix de bout en bout. Il commet l’énorme erreur de ne pas tenir sa parole et de ne pas appeler Melenchon pour le contraindre à un accord à chaud après le 29 janvier. Personne ne relaie ma proposition « Melenchon premier ministre ». Dans l’équipe autour de Hamon, certains parient que Mélenchon va baisser à 7 %, moi j’affirme qu’après un an de campagne ce ne sera pas le cas et qu’il garde les 11 % et ira au dessus, et que nul ne peut gagner sans accord, que ce soit à 15/15 ou à 17/7 ! Mais les jours s’écoulent sans que Hamon, donné par les sondages à 16 ou 17 % tandis que Mélenchon baisse à 9 %, n’engage le travail pour une candidature unique, je me bats comme un beau diable à côté de Hamon, au repas du 4 février, au comite politique du 11 février, auprès de ses amis Cherki, Hanotin, Germain, Balas, par contacts, téléphones, réunions, par lettre, par mail, puis par un « appel » puis par des pétitions unitaires, pour qu’il le fasse, sur mon blog, avec tous le réseau D&S mobilisé. Mais Hamon n’écoute pas et ne saisit pas l’opportunité, ne tient pas sa promesse faite au cours des primaires, il a totalement tort. Il signe avec Jadot seul, voulant sans doute aborder Mélenchon avec une meilleure position.

    épisode 7 : Mélenchon écrit à Hamon une lette que je caractérise comme « ouverte » contrairement aux apparences, et je propose à Hamon d’y répondre. J’en écris un brouillon. Hamon commet une nouvelle erreur, il aurait du y répondre. Cependant il va au Portugal, chercher l’excellent exemple du gouvernement unitaire de là-bas. Bonne intention, mais au lieu de revenir avec le bon exemple, Mélenchon depuis Paris traite pile poil le PS de « corbillard », et depuis Lisbonne, la délégation Hamon rompt à cause de cela. Maladroitement. Nouvelle erreur grave car c’est là que commencent la crise et la descente.

    épisode 8 : je cherche à renouer les liens avec JLM, j’obtiens un quitus pour le faire de façon discrète, j’écris un projet de programme commun, mais JLM et BH vont se voir directement pendant deux heures dans un restaurant chilien du 20°. Et là ils se quittent sans accord, même si avec une clause de revoyure. Façon 5° République, ils décident à deux en tète a tète, sans débat, sans écouter, sans expliquer. C’est foutu. Mélenchon a imposé à Hamon qui ne se bat pas, l’absence d’accord – dont il ne voulait à aucun prix depuis le début. Il croit passer en force : nous disons, c’est impossible, ca va être le désastre.

    épisode 9 : Voyant cela, l’aile droite du PS crie « ouf » et se détache, Valls comprend que sans alliance avec Melenchon, Hamon et la gauche ont perdu, il retourne sa veste et va donc chez Macron, suivi des Delanoë, Le Foll, Ferrand, Castaner, Coulomb, Le Drian, etc.… ils vont chez Macron quand ils comprennent qu’il n’y a pas d’accord, car, avant, la perspective d’un accord les tétanisait. Cela un résultat immédiat, à chaque coup de poignard, Hamon commence à baisser et Mélenchon à monter dans les sondages, la courbe s’inverse. Le sabotage distillé jour après jour affaiblit encore plus Hamon qui recule derrière Melenchon. Ils nourrissent abondamment Macron.

    épisode 10 : nous savons que la progression de Melenchon ne sera pas suffisante pour franchir l’obstacle de 3, 4 ou 5 points qui le sépare de Le Pen, Macron, Fillon. Pour cela il y faudrait l’unité. On va multiplier les efforts jour et nuit, semaine après semaine, pour arriver à un accord politique global. Nous faisons des manifs, délégations, téléphones, quatre samedi de suite, nous multiplions les appels déclarations de personnalités, Nous sommes certains que sans unité on ne peut gagner. (Il eut été possible de faire un peu comme Le Pen Dupont-Aignan en « 72h » ou en « 48 h »).

    Jamais il n’a été question de ralliement, de retrait, de désistement, de soumission de l’un à l’autre car, pour que ça marche, il fallait un accord politique afin de permettre le transfert du maximum de voix. D’ailleurs le maximum de transfert de voix s’est produit, vers la fin Mélenchon a gagne deux ou trois millions voix socialistes qui ne voulaient pas perdre et votaient « utiles ». Mais cela n’a évidemment pas suffi et il est resté 2,4 millions de voix socialistes, qui se seraient reportées et auraient permis la victoire s’il avait été signé un accord politique global. Sans accord politique, ces voix n’ont pas été « spontanément » vers le vote utile, la dynamique a été insuffisante. C’était clairement prévisible hélas. Mais Melenchon a refusé jusqu’au bout puisqu’à la fin il s’est même vanté dans « le Parisien » vendredi 14 avril d’avoir eu « raison de résister à l’unité ».

    Voila le drame de cette présidentielle qui fait des deux « chefs » Jean-Luc et Benoit les deux dirigeants de gauche les plus bêtes du monde.

    S’ils s’étaient mis d’accord par un accord global le 29 janvier la gauche aurait gagne, non seulement on aurait gagne la présidentielle, mais en plus, on aurait refonde une nouvelle gauche unitaire en une circonstance historique qui lui aurait donner un caractère exceptionnel

  19. Posted 10 mai 2017 at 11:48 | Permalien

    écoutez france inter

  20. phil
    Posted 11 mai 2017 at 13:59 | Permalien

    salut,
    un fait étonnant c’est produit au second tour, et aucun pro jl
    mélenchon ou france insoumise de ce blog ne c’est attristé: le
    bulletin pour macron au second tour déposé par ces insoumis
    bardés de convictions, cela me fait froid dans le dos…
    mais à y réfléchir de plus prêt c’est du même acabits que ceux,
    qui ici trouve toutes sortes d’éléments qui empêchent toute la
    gauche de s’unir pour définitivement gagner, le « pourquoi »
    ils s’en foutent c’est l’éternel « comment » qui les intéressent.

    pour mes jours heureux j’ai prôné l’unité de la gauche, j’ai
    voté jl mélenchon au 1er tour et abstenu au second, même le
    « ni gauche ni droite » de macron n’adoucis ma peine…qu’en est
    il des insoumis ?

  21. Posted 12 mai 2017 at 9:58 | Permalien

    en responsable de gauche politique, nous ne pouvions dire aux autres « je m’abstiens allez vous salire les mains pour moi en votant contre Le Pen » L »abstention n’était pas un vote contre le Pen…
    maintenant ceux qui ont vote Macron l’ont fait en se pinçant le nez, et c’est honorable, le leur reprocher est bien futile

  22. phil
    Posted 15 mai 2017 at 21:50 | Permalien

    je ne reproche rien si ce n’est mon abstention qui était viscérale
    face à macron.
    mais ce qui m’interroge c’est l’état d’esprit de l’insoumis déposant
    son bulletin macron après avoir désiré tant de fois la mort d’un
    parti de gauche, certes phagocyté à çà tête mais représentant mieux
    les salariés que ne le ferait un de droite.
    le problème du refus de l’unité ne peut se résumer simplement à une
    volonté de vouloir furieusement détruire un parti pour récupérer ses
    adhérents et sympathisants sans réellement combattre son idéologie
    (la même ?) par l’unité sur une plateforme de gouvernement, ce qui
    aurait évité ce vote, le nez pincé.
    si cet état d’esprit perdure les législatives seront du même ordre.

  23. Posted 15 mai 2017 at 23:10 | Permalien

    l’unité c’est une addition, une association, une dynamique
    ce n’est pas l’unité de pensée, c’est l’unité d’action,

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