Jules Durand (1880 – 1926)

Le square Jules Durand a été inauguré ce matin 22 juin avec Carine Petit, maire du 14° et Christiane Taubira et les dockers du Havre, et Henri Leclerc, et sa petite fille, et j’y etais. Le « Dreyfus ouvrier » ? Jules Durand syndicaliste CGT dockers du charbon au Havre, a été condamné à mort en 1906 à la suite d’une machination judiciaire organisée par les patrons de la « Transat ». Emprisonné, il est devenu fou dans le couloir de la mort. Son avocat était René Coty. Son défenseur Jean Jaurès. Partout dans le monde, le « Sacco et Vanzetti » français a été défendu. Symbole de l’erreur judiciaire complotée, symbole du syndicalisme ouvrier, il a été réhabilité mais « oublié », malgré la belle pièce de théâtre  d’Armand Salacrou, « Boulevard Durand » et de nombreux ouvrages et films qui font revivre et défendent sa mémoire. Bientôt « mémoires d’un condamné » un film de Sylvestre Meinzer (sortie le 25 octobre 2017)

 

L’homme du XX° siècle à mes yeux ?

A mes yeux, c’est Jules Durand.  Un modeste charbonnier du Havre. Oublié aujourd’hui alors qu’il fut une très grande figure nationale et internationale du mouvement ouvrier français du XX° siècle. J’ai découvert sa vie et son histoire, alors que j’avais moi-même 20 ans, au début des années 60, à travers la belle pièce d’Armand Salacrou « Boulevard Durand » lorsqu’elle fut jouée en Normandie.

 


Jules Durand, né en 1880, secrétaire du syndicat des dockers charbonniers du port du Havre, a été la victime tragique, symbole et martyr, d’un spectaculaire crime social, qui reste comme la plus grande manipulation anti ouvrière de la Justice en France.

Jules Durand fut élu secrétaire du syndicat des charbonniers par une assemblée générale qui établit un cahier de revendications le 16 août : révision des salaires, douches sur les quai, baisse du nombre d’heures de travail pour compenser l’arrivée de la machine, respect du repos hebdomadaire. Les négociants importateurs de charbon répliquèrent par un lock-out, activèrent le Tancarville, et importèrent des « jaunes » pour y travailler. La grève dura du 17 août au 14 septembre (dans une année, 1910, où il y eut 1502 grèves d’une durée moyenne de 12 jours).

Jules Durand, 30 ans, fut arrêté le 11 septembre, suite à une machination de la « Transat » et de la police, qui brisa la grève. Le prétexte fut qu’il y avait eu, quai d’Orléans, une rixe entre gens saouls, et un contremaitre « jaune », Louis Dongé, alors qu’il y agitait un revolver, avait été désarmé par les trois hommes qu’il menaçait, frappé, sa tête avait cogné le sol, et il était décédé le lendemain d’une fracture du crâne. Jules Durand, leader de la grève en cours, membre de la ligue des Droits de l’homme et de la Ligue antialcoolique, n’était même pas là ! Mais il fut accusé de « responsabilité morale » du décès de Dongé, et jugé en moins de deux mois, avec une instruction bâclée, des faux témoins payés par les patrons de la Transat,  et, bien que défendu par un jeune avocat de 28 ans, René Coty, il est condamné le 25 novembre 1910, au terme d’un procès inique, à la guillotine.

Commence son calvaire : Jules Durand tombe en syncope lorsque la sentence est rendue, il est transféré dans l’horrible cellule des condamnés à mort, à la prison de Rouen, isolé, camisole de force, fers aux pieds et aux mains, lumière permanente mais affublé d’une cagoule noire quand il sort. C’est là qu’il perd la raison. Après un rejet de son pourvoi le 22 décembre 1910, il est partiellement gracié le 31 décembre. La peine de mort est commuée en sept années de prison. La campagne pour sa libération et sa réhabilitation s’amplifie, Jean Jaurès, en tête, l’indignation soulève, dans le monde entier, ses frères, les salariés, mais aussi les militants des droits de l’homme, les intellectuels, et plus largement les démocrates.

Quand Jules Durand sera vraiment libéré, il est trop tard : devant tant d’injustices, de souffrance endurées, de désespoir, sa raison l’a quitté. De l’hôpital Pinel du Havre, à Sainte-Anne à Paris, la folie le ronge, il ne saura ni l’annulation de ses condamnations ni le 15 juin 1918 son acquittement définitif, par la Cour de cassation. Il meurt, à l’Hôpital psychiatrique de Quatre-Mares à Sotteville lès Rouen, le 20 février 1926.

Gérard Filoche

Pour honorer Jules Durand, en plus de la pièce de Salacrou (1961), il faut notamment lire « L’affaire Quinot » d’Emile Danoen, (1951), « Un nommé Durand » d’Alain Scoff (J.-C. Lattès, 1984), « Les quais de la colère » roman de Philippe Huet (Albin Michel, 2005), « Jules Durand, un crime social et judiciaire » (L’Harmattan, 2015) par John Barzman et Jean-Pierre Castelain.

10 Commentaires

  1. sansressources
    Posted 23 juin 2017 at 14:29 | Permalien

    mais puisqu’on vous dit sur toutes les ondes que les patrons ne sont pas des voyous, cette histoire ne peut être qu’un fake

  2. Pro-Filoche
    Posted 23 juin 2017 at 15:51 | Permalien

    M. Filoche, présentez-vous pour devenir le premier secrétaire du PS.
    Vous êtes le Jérémy Corbyn français. Après Ed Miliband, celui-ci a pris la direction du Labour et l’a fait progresser.

  3. Posted 23 juin 2017 at 18:01 | Permalien

    en effet, je suis d’accord
    mais sur de pouvoir

  4. Pro-Filoche
    Posted 24 juin 2017 at 20:28 | Permalien

    Euh… à qui répondez-vous ?

    Je souhaite sincèrement que vous présentiez votre candidature ! Je suis prêt à prendre ma carte au PS si ça me permet de voter pour vous.

    Sinon, serez-vous présent sur la pelouse de Reuilly pour le lancement du mouvement de Benoît Hamon ?

    Amitiés socialistes.

  5. Dominique Babouot
    Posted 25 juin 2017 at 12:18 | Permalien

    En attendant le conseil national du ps entend maintenir une ligne qui perdure depuis des années : « Le mariage de la carpe et du lapin » ni macroniste, ni mélenchoniste ou plutot il ne le dit pas mais les deux à la fois!
    cela malgré les mauvais résultats succesifs: Toutes les élections perdues depuis 2012 y compris la présidentielle et la dernière législative avec les scores qu’on connait!

    On ne change pas une équipe qui perd!

    Seule bonne nouvelle: Le ps ne votera pas la confiance au gouvernement Philippe pour proposer quoi? On ne sait pas encore, sans doute un programme plein de nuances et de flou que de toute facon on ne respectera pas si par hasard les francais se laissaient prendre une fois de plus à ce petit jeu!

  6. Posted 25 juin 2017 at 14:55 | Permalien

    je le ferais
    samedi 1er juillet je suis invite à Lons le Saunier dans le Jura, un département qui a réalisé l’unité à gauche

  7. Posted 25 juin 2017 at 14:55 | Permalien

    on y travaille,
    partout la droite du parti s’en va…

  8. Gilbert Duroux
    Posted 26 juin 2017 at 10:43 | Permalien

    @ Dominique Babouot
    Tu sembles n’avoir pas compris que pour le PS, ne pas voter la confiance à Macron, ça veut d’abord dire s’abstenir, et non pas « voter contre ».

  9. Posted 26 juin 2017 at 10:49 | Permalien

    Le ps se declare dans l’opposition au gouvernement et combat la majorite presidentielle. Nous GDS voulons qu il appelle ses parlementaires a voter contre la confiance

  10. Gilbert Duroux
    Posted 26 juin 2017 at 20:01 | Permalien

    Oui, j’ai bien compris. Mais la réalité, c’est qu’il y aura très peu de députés PS qui voteront contre la confiance. Ça veut dire que l’opération de communication qui consiste à dire « le PS est CLAIREMENT dans l’opposition » va se retourner contre le PS. Je ne suis pas sûr que prendre les gens pour des cons de manière aussi grossière va inciter beaucoup de monde à rejoindre le PS.

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