Macron inaugure le « Louvre des sables » avec les racistes esclavagistes obscurantistes d’Abu Dhabi voila le dossier paru dans Siné hebdo en 2009

 

90 % de travailleurs forcés

 

 

le « Louvre des sables » a été construit par la violence, l’apartheid, l’esclavage,

 


 

Les alliés barbares que Sarkozy a donné à la France

 

Il y a un fossé entre les richesses fabuleuses des EAU, leur prétendue « ouverture aux arts et au monde », et la réalité du système despotique, inhumain qui y règne. Seul le cheikh dispose d’un pouvoir absolu et héréditaire, appuyé sur les tribus, organisation de base de la société. Il n’y a pas de partis politiques, ni de droit de réunion. Il n’y a pas de liberté de la presse, récemment encore le 2 juillet, l’éditeur Sami al-Araimi a été condamné à une lourde amende et son journal suspendu pour 20 jours. Ne parlons pas de la censure sur les œuvres des futurs musées : pas de femmes nues, voilez-les.

Le Premier ministre et les 18 ministres sont nommés et révoqués par l’émir. Le Conseil fédéral national, a été renouvelé en décembre 2006 par un collège de… 6 689 électeurs désignés qui représentent seulement 1 % de la population. Il n’y a pas d’élection du Conseil national consultatif composé de 50 membres « choisis » eux aussi par l’émir.

La Direction de la Sûreté de l’Etat (Amn ad-dawla) au pouvoir dictatorial, nomme et destitue les fonctionnaires, s’immisce dans les affaires de justice, modifie les verdicts, pressionne les juges. La législation est basée sur la Shari’a. L’intolérance religieuse domine la vie quotidienne, avec des interdictions de s’embrasser, danser, de jouer trop fort de la musique en public ou même se tenir la main pour des couples non mariés sans parler des codes vestimentaires ou de la consommation d’alcool. Le droit à la défense est limité. Le 30 juillet dernier, une jeune femme a été condamnée à la prison à vie pour avoir proposé un joint à un policier en civil. Les mises au secret peuvent durer des mois voire des années sans jugement. Les associations de défense des droits de l’homme sont interdites ou persécutées. Les droits des femmes sont quasi inexistants (il y a 71 % d’hommes), le divorce interdit, l’adultère condamné, l’homosexualité persécutée.

 

La torture et traitements inhumains sont légion : le Cheikh Issa ben Zayed al-Nahyan, frère du souverain d’Abou Dhabi,  ami de Sarkozy, peut être vu actuellement dans une vidéo diffusée sur Internet (ABC News)   où il torture longuement un homme en l’asphyxiant avec du sable, le frappant avec une planche cloutée, tentant de le brûler et lui roulant dessus en 4 X4. Le Cheikh Issa filme les souffrances de ses victimes puis les visionne pour son plaisir personnel. En raison du scandale provoqué par cette vidéo, les Etats-Unis, eux, remettent en cause l’accord visant à établir une coopération entre les deux pays dans le domaine de l’énergie nucléaire. Un exemple dont aurait pu s’inspirer la France.

 

Sarkozy est allé pérorer devant l’OIT, le 15 juin, défendant les droits du travail et réclamant des sanctions aux pays qui ne l’appliquent pas, mais  il n’en avait rien dit, le 25 mai, à son ami l’émir qui construit le Louvre et la base militaire française en interdisant tout droit de grève, tout droit syndical, tout droit du travail.

Moins de 20 % des habitants sont des natifs qui ont les droits juridiques d’entreprendre, mais près de 90 % de ceux qui produisent dans les chantiers BTP, le pétrole, le gaz, n’ont aucun droit. 51% de toute propriété doit appartenir à un citoyen émirati. Le racisme est courant avec une telle forme d’apartheid social, ethnique. Les Indiens constituent la plus importante  communauté (avec 1,2 million de personnes) suivie des Pakistanais et des Bangladeshis. Leurs passeports sont confisqués dés leur arrivée sur le territoire, ils doivent payer des sommes énormes aux agences de recrutement et pour leur entrée (alors que cela doit incomber aux employeurs). Ils n’ont pas le salaire promis et ce qu’ils touchent est irrégulier. De mai à octobre, il règne de 38° à 48 °et ils travaillent toute l’année dans des conditions inhumaines beaucoup plus de 48 h par semaine. Il en est de même pour les nombreuses travailleuses domestiques esclaves, frappées et abusées physiquement, confinées, avec des durées du travail excessives. Les promesses de l’émir de respecter certaines règles de l’OIT et de prendre des précautions avec les travailleurs qui construiront « l’île du bonheur » et le Louvre n’ont aucun fondement juridique.

Human Rights Watch appelle les gouvernements intervenant dans les EAU à exiger des droits élémentaires :

1) Aller vers l’élimination des discriminations raciales et la liberté religieuse

2) Accepter la création d’associations, de syndicats et de partis politiques

3) Abolir la peine de mort et la torture.

4) Signer les conventions pour les droits des femmes

5) Tolérer l’homosexualité.

6) Autoriser le droit de grève et d’action collective des salariés.

7) Étendre les règles du travail aux domestiques étrangers

8) Accepter une législation sur le mariage et le divorce

Tandis que Sarkozy envoie des jeunes hommes se faire tuer en Afghanistan pour combattre les Talibans, « barbares et moyenâgeux » mais pauvres, il a engagé la France, son image, sa culture, son armée, avec les EAU « barbares et moyenâgeux » aussi mais très riches. C’est tout à l’image de sa politique.

Ainsi le marché du luxe français est largement positif aux EAU, même si l’organisateur d’un salon récent, Denis Muller affirmait « certains de nos clients  d’Abou Dhabi possèdent déjà 150 ou 200 montres, il faut les surprendre ». C’est ce qui doit fasciner Sarkozy – Rolex : sa morale, sa culture, son clinquant s’arrangent de ces détails de l’histoire. Il espère seulement que le contrôle  qu’il exerce sur les médias empêchera que tout cela se sache en France.

À nous de faire savoir ce que cache le « Louvre » des richissimes émirs des sables.

 

Gérard Filoche


 

 

- Capitale : Abou Dhabi ville

- Gouvernement : Emir Khalifa bin Zayid Al Nahyan II

- Population (en 2007) : 1 465 431 habitants

- Densité : 21 habitants/ km²

- Superficie : 67 340 km²

- Langue officielle : Arabe

- Langue des affaires : Anglais

- Religions : Abou Dhabi est géré par la loi islamique, mais il autorise la pratique d’autres religions.

- PIB (en 2006) : 56,15% du PIB fédéral

- Taux de chômage : Environ 5 %

Abu Dhabi.

Émirat d’Abu Dhabi

Fondation : 1971.

Statut : Abu Dhabi forme la fédération indépendante des Émirats arabes unis avec six autres émirats (Dubaï, Chardja, Fudjayra, Adjman, Umm al-Quaywayn et Ras al-Khayma).

Régime politique : monarchie.

Chef de l’État : Khalifa ibn Zayid al-Nahyan (depuis 2004).

Spécificités : le plus vaste et le plus peuplé des Émirats arabes unis.

Membre depuis 1967 des pays de l’O.P.E.P (Organisation des pays exportateurs de pétrole).

Situation géographique : l’émirat possède des frontières avec l’Arabie saoudite au sud et à l’ouest, avec Oman à l’est et avec les émirats de Dubaï et de Chardja au nord.

Superficie : 74 000 km2 .

Population : 1 292 119 habitants (recensement de 2005).

Communauté française des ÉAU : 8 635 Français immatriculés en décembre 2007 (soit cinq fois plus qu’en 1990) pour une communauté français totale estimée à 12 300 personnes, en très forte progression, concentrée pour les deux tiers à Dubaï et pour un quart plurinationale

Langue officielle : arabe.

Monnaie : dirham des Émirats arabes unis (AED).

PIB des ÉAU (2007): 139,6 milliards € (soit 190,125 milliards $)

Abu Dhabi : 56,15 % du PIB fédéral ; Dubaï : 30,84 % ; autres émirats : 13,01%

Production de pétrole brut des ÉAU  (2007) : environ 2,510 millions de barils/jour. Production assurée à hauteur de 87% par l’émirat d’Abu Dhabi et représente 8% de la production de l’O.P.E.P.

Réserves de pétrole des ÉAU : estimées à 97,8 milliards de barils.

Ville d’Abu Dhabi. Capitale de l’émirat homonyme et de la fédération des Émirats arabes unis.

Situation géographique : île du golfe Persique très proche du continent.

Fondation : créée en 1791 par la tribu bédouine des Bani Yas avec à leur tête Shakhbut bin Dhiyab.

Population : 597 000 habitants (recensement de 2005) ; dont 80 % d’expatriés venus de l’Extrême-Orient, de l’Inde, de l’Europe et des États-Unis.

Éducation supérieure :

Université Paris-Sorbonne Abu Dhabi. Créée le 19-02-2006 dans le cadre d’un accord de coopération internationale entre l’Université française Paris-Sorbonne (Paris IV) et le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche des Émirats arabes unis.

 

 

À propos d´Abu Dhabi

S´étendant sur 87 340 kilomètres carrés, Abu Dhabi est le plus grand des émirats qui constituent les EAU et occupe plus de 85 % de la surface totale du pays. Les EAU est l´un des six membres du Conseil de coopération du Golfe Persique.

La ville d´Abu Dhabi, construite sur la plus grande des 200 îles naturelles situées au large de l´émirat, est la capitale de l´émirat et des EAU, ainsi que le siège fédéral du gouvernement et de la plupart des ministères et institutions officielles, ambassades, radios publiques et compagnies pétrolières.

La population d´Abu Dhabi s´élève actuellement à environ 1,6 millions d´habitants et devrait augmenter de 6,8 % par an au cours de la prochaine décennie, pour atteindre les 3,4 millions prévus en 2015.

Abu Dhabi possède à peu près 9,2 % des réserves mondiales de pétrole et 4 % des réserves naturelles de gaz. Le revenu par habitant est de US$ 46 185, soit le plus élevé au monde. Conscients du défi posé par la forte dépendance du pays vis-à-vis de ses ressources de carbone, les décideurs émiriens cherchent activement à diversifier l´économie nationale.

Présentation générale

Evoluant dans l’ombre de son homologue « l’émirat de Dubaï », Abou Dhabi se veut, malgré sa discrétion, très prolifique. Fondé en 1791, cet émirat a toujours été dirigé par la famille Nahyan. Situé dans le Sud-Ouest des E.A.U, dont il représente environ 80 % du territoire, il profite d’une immensité désertique appelée communément Rub al Khali.

Réputé pour son raffinement culturel, Abou Dhabi est sûrement l’émirat le plus en phase avec l’expansion de l’art dans les pays occidentaux. En décidant de créer un musée universel du Louvre à Abou Dhabi, le gouvernement a souhaité affirmer sa place de leader culturel au sein des E.A.U. Prévue pour 2012, l’ouverture de ce musée sera un véritable événement diplomatique qui accentuera les relations, déjà amicales, avec la France.

Rappelons également l’ouverture récente de l’université Paris-Sorbonne Abu Dhabi. Cette institution dédiée à l’enseignement supérieur en langue française, attire les meilleurs étudiants des E.A.U mais aussi du Moyen Orient et au-delà.

Les secteurs qui recrutent

L’émirat d’Abou Dhabi est reconnu dans le monde entier pour ses ressources en pétrole et en gaz. Celles-ci constituent 31 % de l’enrichissement du PIB entre 2005 et 2006. Ainsi, les emplois à Abou Dhabi s’organisent autour de trois pôles industriels que sont le pétrole, le gaz et le BTP. C’est d’ailleurs dans ces trois secteurs que se concentrent la majorité des entreprises françaises. Abou Dhabi dispose également d’un important réseau de dessalement, qui constitue un nouveau terrain d’embauche.

Comment accéder à l’emploi

Pour trouver un emploi, vous pouvez dans un premier temps, vous aider du Comité Consulaire Pour l’Emploi et la Formation Professionnelle d’Abou Dhabi, qui a été mis en place par le Ministère des Affaires Etrangères au sein des ambassades françaises à travers le monde. Il conseille et oriente les expatriés français dans leur recherche d’emploi dans les différents pays étrangers. Il est également là, pour recueillir les offres d’emploi auprès des sociétés implantées dans le pays d’accueil, et mettre en relation les entreprises avec les demandeurs d’emploi.

La deuxième solution étant de prendre contact directement avec les filiales des sociétés françaises implantées sur place. D’ailleurs, un guide intitulé « Les implantations françaises dans les pays du Golfe est disponible auprès de la société UBIFRANCE ou auprès des Missions Economiques.

Ce document répertorie les coordonnées complètes d’un grand nombre d’implantations françaises et dresse un bilan de la situation économique de ces sociétés dans chacun des pays suivants : Emirats Arabes Unis, Arabie Saoudite, Barhein, Iran, Koweït, Oman, Pakistan, Qatar, Yémen.

Enfin, si vous êtes intéressé par le secteur public à l’étranger, vous devez joindre le ministère de l’Economie, des Finances et de l’Industrie. Adressez-vous plus précisément à la Direction Générale du Trésor et de la Politique Economique au Bureau des ressources humaines et des réseaux.

Investissements

En matière d’investissement, l’émirat d’Abou Dhabi continue de lancer des projets ambitieux qui comportent tout de même certains risques financiers. En effet, Abou Dhabi semble vouloir diversifier son économie en développant ses capacités aéroportuaires et industrielles.

Malheureusement, Abou Dhabi subit, depuis peu, une forte inflation des prix, qui est passée de 3% en 2000 à 9,3% en 2006. Cette situation s’est aujourd’hui généralisée à l’immobilier.

Vie quotidienne

Santé

À Abou Dhabi, l’hôpital franco-émirien est très réputé pour les soins qu’il prodigue et la qualité de son personnel. Disposant des dernières technologies de pointe en matière de médecine, cet hôpital accueille régulièrement des médecins français.

Sachez également qu’avec la Caisse des Français de l’Etranger, une convention a été conclue l’hôpital franco-émirien, permettant la délivrance d’une prise en charge, sans avance de frais, en cas de séjours hospitaliers, exactement comme en France.

Logement

L’immobilier subit une inflation fulgurante des prix depuis quelques années. Sans doute parce que l’émirat se développe économiquement, et qu’il attire de plus en plus d’occidentaux. Cependant, malgré des logements élevés, Abou Dhabi offre un cadre de vie intéressant, et propose aux expatriés des locations de résidence, où ils sont en compagnie de leurs homologues français ou occidentaux. De plus, la société française qui vous emploie paye généralement une partie voire la totalité du loyer.

Enfin, sachez que le marché locatif est en plein essor ces dernières années et qu’il existe deux façons d’obtenir un logement. La première est de s’adresser au Khalifa Commitee, qui est un organisme gouvernemental, la seconde est de passer par les agences immobilières, qui elles prennent des commissions de 4 à 10 % sur le montant du loyer annuel. Il faut savoir qu’en tant que français, vous n’aurez pas le droit d’acquérir un bien immobilier à Abou Dhabi, cependant, vous pourrez le faire à Dubaï.

Scolarité

Il existe deux Lycées français à Abou Dhabi :

Lycée Théodore Monod

Tel : 00-971-2-6679009br> Email : ltm_dir@eim.ae

Lycée Louis Massignon

Tel : 00 971 2 444 80 75 / 00 971 2 444 80 85

Email : llmpro@llm.ae

Site Internet : www.llm.ae

Ces deux établissements proposent un enseignement secondaire équivalent aux lycées du territoire français, de plus, ils offrent un apprentissage complet de la maternelle au baccalauréat.

Leila Zellouma

 

 

 

Emirats Arabes Unis : Les travailleurs qui construisent « l’Ile du bonheur » sont régulièrement exploités   PDF   Imprimer         Envoyer

Mercredi, 20 Mai 2009 09:36

Human Rights Watch

« Ces institutions internationales doivent montrer qu’elles ne tolèreront  ni ne tireront parti de la brutale exploitation de ces travailleurs migrants…Les assurances vagues qu’elles ont reçues de leurs partenaires en développement ne sont que des produits de substitution creux pour des accords contractuels solides que leurs projets ne ressembleront pas aux affaires courantes à Abou Dhabi. »

Sarah Leah Whitson, directrice pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord

Le Louvre, le Guggenheim, New York University ainsi que d’autres institutions devraient protéger les travailleurs contre divers abus

Le rapport de 80 pages, « ‘The Island of Happiness’: Exploitation of Migrant Workers on Saadiyat Island, Abu Dhabi », (« ‘L’Ile du bonheur’ : Exploitation des travailleurs migrants sur l’île de Saadiyat, Abou Dhabi ») a constaté que si le gouvernement des EAU s’est attaché à améliorer les conditions de logement et à garantir le paiement régulier des salaires ces dernières années, nombre d’atteintes aux droits du travail demeurent courantes. Les institutions internationales qui prévoient d’ouvrir des succursales sur l’île – notamment le Guggenheim, New York University (NYU), et l’Agence France-Muséums (chargée du Louvre Abou Dhabi) – devraient de toute urgence obtenir des garanties contractuelles exécutoires que les entreprises du bâtiment protègeront les droits fondamentaux des travailleurs dans leurs projets, a indiqué Human Rights Watch.

« Ces institutions internationales doivent montrer qu’elles ne tolèreront  ni ne tireront parti de la brutale exploitation de ces travailleurs migrants », a insisté Sarah Leah Whitson, directrice pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Human Rights Watch. « Les assurances vagues qu’elles ont reçues de leurs partenaires en développement ne sont que des produits de substitution creux pour des accords contractuels solides que leurs projets ne ressembleront pas aux affaires courantes à Abou Dhabi. »

Abou Dhabi, capitale des EAU, espère faire de Saadiyat Island (« l’Ile du bonheur ») une destination touristique internationale. L’île, peu élevée au-dessus du niveau de la mer, comptera quatre musées et une salle de spectacles conçus par des cabinets d’architecture de renommée mondiale – notamment les Ateliers Jean Nouvel, Foster and Partners, et Gehry Partners – ainsi qu’un campus de New York University, des terrains de golf, des hôtels, et de coûteuses résidences.

Des travailleurs venus d’Inde, du Pakistan, du Bangladesh, et d’autres pays sud-asiatiques sont employés aux travaux des infrastructures de l’île depuis qu’en 2005 Abou Dhabi a fondé la Société d’investissement et de développement touristique (« Tourism Development and Investment Company », TDIC) pour superviser le projet. Le musée devrait ouvrir en 2013.

 

S’appuyant sur des entretiens menés auprès de travailleurs migrants, et sur des rencontres avec des représentants des gouvernements français et des EAU, ainsi qu’avec des membres d’entreprises et d’institutions internationales ayant des projets sur l’île, le rapport de Human Rights Watch documente un cycle d’abus qui laisse les travailleurs migrants lourdement endettés, mal payés et dans l’impossibilité de défendre leurs droits ou même d’abandonner leurs emplois.

 

Le gouvernement des EAU et les autorités chargées du développement de l’île de Saadiyat ne se sont pas attaqués aux causes profondes des abus commis contre les travailleurs : des frais de recrutement illégaux, de fausses promesses de salaires, et un système de parrainage qui donne pratiquement à l’employeur les pleins pouvoirs sur ses travailleurs.

 

Afin d’obtenir les visas nécessaires pour travailler dans les EAU, presque tous les travailleurs que Human Rights Watch a interrogés sur l’île de Saadiyat ont payé des frais importants à des « agences de recrutement » dans leurs pays d’origine, qui sont engagées pour fournir des travailleurs aux entreprises du bâtiment dans les EAU. Du fait que ces agences leur ont promis de bonnes conditions d’emploi aux EAU, de nombreux travailleurs ont vendu leur maison ou leur terre, ou bien emprunté de l’argent à des taux élevés d’intérêt pour payer les frais d’agence. A leur arrivée aux EAU, les travailleurs endettés -dont beaucoup sont illettrés- doivent signer des contrats avec les entreprises du bâtiment avec des conditions bien pires que celles qu’on leur avait promises chez eux. Les travailleurs n’ont pratiquement aucun recours contre les agences qui les ont trompés avec de fausses promesses de bons salaires et des frais de recrutement abusifs.

 

Les lois des EAU interdisent aux agences de faire payer aux travailleurs de tels frais. Les agences sont censées les faire payer aux entreprises, mais la loi n’est pas appliquée. De plus, il n’y a pas de pénalités si les entreprises, recherchant leur propre intérêt financier, travaillent en toute connaissance de cause avec des agences qui font payer les frais aux travailleurs.

Les travailleurs se retrouvent devant le choix d’abandonner leur emploi alors qu’ils doivent encore des milliers de dollars pour les frais de recrutement illégaux, ou de continuer à travailler dans des conditions qui relèvent de l’exploitation. Ils se sont plaints pratiquement tous de bas salaires et de soins médicaux médiocres. Les travailleurs ne peuvent pas non plus réclamer effectivement de meilleurs salaires ou de meilleures conditions de vie, puisque les lois des EAU ne protègent pas les droits fondamentaux de former des syndicats, de négocier collectivement ou de faire grève. Au contraire, le système de « parrainage » des EAU donne aux employeurs un contrôle quasi absolu sur le travail légal et la présence dans le pays des travailleurs, les visas étant liés aux employeurs individuels. Tous les travailleurs ont raconté que lorsqu’ils ont arrivés aux EAU, leurs employeurs leur avaient confisqué leur passeport. Les employeurs peuvent aller jusqu’à révoquer le visa d’un travailleur qui démissionne, ce qui entraîne son expulsion.

Certains travailleurs ont fait état de conditions qui équivalent à du travail forcé : leur employeur a menacé de leur imposer une lourde amende s’ils essayaient de démissionner avant d’avoir travaillé pendant deux ans, ce qui les a de fait obliger à rester sur « l’Ile du bonheur ». Les travailleurs sur l’île sont en général ignorants de leurs droits et ils ont peur d’exprimer des revendications, et il n’existe pas de contrôle indépendant et efficace.

« Les musées et New York University devraient insister pour que leurs partenaires locaux de développement garantissent les droits fondamentaux des travailleurs, qui devraient inclure au minimum le remboursement des frais de recrutement illégaux, des contrats officiels dans leur langue maternelle signés avant leur arrivée aux EAU, et le droit de grève et de négocier collectivement », a observé Sarah Leah Whitson. « Et ils devraient insister pour qu’il y ait un contrôle indépendant de leurs projets par une tierce partie, et imposer des pénalités significatives en cas de violations. »

Les recherches menées sur l’île de Saadiyat ont montré que les autorités avaient adopté certaines mesures positives. Bien que les installations destinées aux travailleurs fussent encore en construction quand Human Rights Watch a visité l’île, elles semblaient être relativement hygiéniques et non surpeuplées. La TDIC, la société appartenant au gouvernement et qui supervise l’aménagement de l’île, a cherché à obtenir des garanties contractuelles de la part des entreprises du bâtiment qu’elles ne confisqueront pas les passeports des travailleurs, ni n’auront recours au travail forcé, ni ne commettront d’autres abus.

Human Rights Watch a contacté les entreprises du bâtiment, les cabinets d’architecture, et les institutions internationales travaillant sur l’île pour les alerter sur la nécessité de prendre des mesures pour garantir que les travailleurs de leurs projets ne sont pas victimes d’abus. Beaucoup n’ont pas répondu à nos lettres. Quant au Guggenheim, à New York University et à l’Agence France-Muséums (chargée du projet du musée Louvre Abou Dhabi), seule l’Agence a pris certaines mesures pour obtenir des garanties contractuelles significatives de la part de la TDIC pour autoriser un contrôle indépendant des droits des travailleurs, mais même le contrat de l’Agence ne comporte pas de garanties ni de clauses lui permettant de faire appliquer les droits des travailleurs.

« Ces institutions internationales doivent montrer qu’elles ne tolèreront  ni ne tireront parti de la brutale exploitation de ces travailleurs migrants…Les assurances vagues qu’elles ont reçues de leurs partenaires en développement ne sont que des produits de substitution creux pour des accords contractuels solides que leurs projets ne ressembleront pas aux affaires courantes à Abou Dhabi. »

Sarah Leah Whitson, directrice pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord France: Le Louvre d’Abou Dhabi doit respecter les droits des travailleurs

Juillet 18, 2007

Le gouvernement français doit s’assurer que la réputation du plus grand musée de France ne soit pas ternie par des violations des droits du travail dans la première succursale du Louvre à l’étranger. Le Ministère français de la Culture doit s’engager publiquement et prendre toutes les mesures nécessaires pour empêcher l’exploitation des travailleurs immigrés au Louvre d’Abou Dhabi.

Sarah Leah Whitson, directrice pour le Moyen-Orient à Human Rights Watch

Le gouvernement français devrait s’engager publiquement à faire respecter les droits des travailleurs puis à garantir activement ce respect lors de la construction et de l’entretien de la succursale du Louvre prévue à Abou Dhabi, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui.

En février 2007, Human Rights Watch a envoyé des courriers privés à l’attention du gouvernement français et du Musée du Louvre pour faire part de ses inquiétudes quant à l’exploitation des travailleurs immigrés aux Émirats Arabes Unis (EAU), en soulignant les obligations légales en matière de respect des droits des travailleurs dans le pays. Ces courriers n’ont à ce jour reçu aucune réponse.

D’après certaines informations, Abou Dhabi devrait payer près de 1,3 milliard de dollars à la France pour utiliser le nom du Louvre, ses œuvres d’art et son expertise. L’ouverture du Louvre d’Abou Dhabi est prévue pour 2012. Ce sera la première succursale du Louvre située en dehors de la France, et elle fera partie d’un domaine culturel qui se composera de trois autres musées, dont une succursale du Guggenheim.

« Le gouvernement français doit s’assurer que la réputation du plus grand musée de France ne soit pas ternie par des violations des droits du travail dans la première succursale du Louvre à l’étranger », a déclaré Sarah Leah Whitson, directrice pour le Moyen-Orient à Human Rights Watch. « Le Ministère français de la Culture doit s’engager publiquement et prendre toutes les mesures nécessaires pour empêcher l’exploitation des travailleurs immigrés au Louvre d’Abou Dhabi. »

Dans un rapport paru en novembre 2006, Human Rights Watch faisait état d’abus accablants à l’encontre d’ouvriers du bâtiment immigrés aux Émirats Arabes Unis.

Ils endurent des conditions de travail dangereuses et des années d’endettement auprès des agences de recrutement pour des frais qui d’après le législation des EAU devraient être payés par les employeurs. Les employeurs retiennent régulièrement leurs salaires et confisquent leurs passeports. Human Rights Watch a constaté que les agences gouvernementales des EAU ne tiennent pas les employeurs pour responsables de ces violations fréquentes de la loi, contribuant ainsi au climat d’impunité qui fait perdurer ces abus. A cela s’ajoute le fait que les EAU ne protègent pas les travailleurs en ce qui concerne leurs droits à s’organiser, à négocier collectivement et à faire grève.

En février, Human Rights Watch a fait part de ses inquiétudes dans des courriers privés adressés au président directeur général du Louvre, Henri Loyrette, et à l’ancien ministre de la culture, Renaud Donnedieu de Vabres. A ce jour, Human Rights Watch n’a reçu aucune réponse.

Plus spécifiquement, Human Rights Watch encourage vivement le Louvre à exiger de ses partenaires des EAU qu’ils ne retiennent pas les salaires de travailleurs, qu’ils ne confisquent pas les passeports, qu’ils collectent des informations et émettent des rapports publics sur toute blessure ou mort liée au travail, et qu’ils interdisent aux employeurs de prélever illégalement des frais d’embauche, de voyage et de visa auprès des travailleurs. Le Louvre devrait mettre sur pied un comité de surveillance indépendant et transparent chargé de contrôler les pratiques de travail au Louvre d’Abou Dhabi. De plus, le gouvernement français devrait s’assurer que le Louvre et ses partenaires des EAU adoptent ces mesures importantes en matière de droit du travail. La France devrait également exhorter les autorités des EAU, par ailleurs membres de l’Organisation internationale du travail, à garantir aux travailleurs le droit de négocier collectivement, de former des syndicats et de faire grève.

« Le gouvernement français doit montrer l’exemple à d’autres institutions culturelles ayant des projets aux EAU, et ce, en faisant respecter les droits des travailleurs », a ajouté WhitsonL’ONG de défense des droits de l’homme accuse l’émirat d’exploiter les travailleurs étrangers à l’oeuvre sur le chantier du Louvre d’Abou Dhabi. Les autorités s’en défendent.

Human Rights Watch a accusé mardi les autorités émiraties de ne pas empêcher les mauvais traitements des travailleurs étrangers, dans un rapport sur une île au large d’Abou Dhabi devant accueillir une antenne du musée du Louvre. Les autorités l’ont rejeté comme « trompeur ».

Dans un rapport sur les conditions de travail sur l’île Saadiyat (Bonheur, en arabe) au large d’Abou Dhabi, où sont prévues aussi des antennes du musée Guggenheim et de la New York University, HRW déplore la persistance des mauvais traitements à l’encontre des ouvriers dans ce riche pays pétrolier du Golfe.

« Bien que le gouvernement émirati ait entrepris d’améliorer les conditions de logement et d’assurer le versement à temps des salaires, les mauvais traitements infligés aux travailleurs restent fréquents », écrit l’organisation de défense des droits de l’Homme dans un communiqué à l’occasion de la publication de son rapport à Abou Dhabi.

Elle estime nécessaire que les institutions internationales concernées par les projets à Saadiyat obtiennent « instamment des garanties formelles engageant les entreprises du bâtiment à protéger les droits fondamentaux des travailleurs » sur l’île.

Intitulé « L’île du Bonheur: l’exploitation des travailleurs migrants », le rapport évoque « des frais illégaux d’embauche, des promesses de salaire non tenues et un système de parrainage qui donne à l’employeur quasiment pleins pouvoirs sur ses employés », dont la confiscation de leurs passeports.

Travail forcé?

La Compagnie d’Abou Dhabi pour la promotion du tourisme et des investissements (TDIC), un établissement public en charge du développement de Saadiyat, a rejeté le rapport de HRW.

« Le rapport a, non seulement, négligé les mesures et les actions entreprises pour améliorer les conditions de travail (…), mais il contient aussi des affirmations trompeuses et des hypothèses erronées », affirme-t-elle dans un communiqué publié mardi.

Elle rejette les griefs formulées par HRW, y compris la confiscation des passeports des ouvriers, une mesure « non autorisée » par la loi émiratie selon le communiqué.

Sarah Leah Whitson, directrice de HRW pour le Moyen-Orient et l’Afrique du nord, appelle les institutions internationales à « montrer qu’elles ne tolèrent pas ou ne profitent pas de l’exploitation grossière des travailleurs migrants ».

La TDIC a estimé que les accusations étaient infondées du moment qu’aucun des projets prévus à Saadiyat n’avait encore démarré.

« Aucun contrat de construction n’a été encore attribué », a déclaré le porte-parole de TDIC, Bassem Terkawi, à des journalistes lors d’une visite guidée dimanche sur l’île et à un foyer en construction devant accueillir 20 000 ouvriers dans les 12 prochains mois.

Abou Dhabi rappelle qu’il a signé six des huit conventions de l’OIT

Mais quelque 2 000 travailleurs étaient présents sur l’île pour des travaux d’infrastructure.

Certains de ces travailleurs sont « en réalité confinés » sur l’île depuis deux ans et leur situation s’assimile à « du travail forcé », indique HRW en citant leurs témoignages.

« Le gouvernement émirati a adopté une formule claire pour assurer et consolider la protection des droits des travailleurs étrangers », a déclaré un haut responsable du ministère du Travail, Humaid Ben Demas.

D’ailleurs, il a ratifié six des huit conventions prévues par la Déclaration de l’Organisation internationale du Travail (OIT) sur les principes et droits fondamentaux au travail, a ajouté M. Demas, cité par l’agence officielle Wam.

Les Emirats ont été souvent critiqués pour les conditions de travail et de séjour des travailleurs étrangers au moment où le pays, qui était en plein boom immobilier, avait attiré ces dernières années des centaines de milliers d’ouvriers bon marché, notamment d’Asie.

Immigrés au Louvre Abou Dhabi Exclusivité web

[ 30 juillet 2009 ]

 

Dans un rapport rendu le 19 mai dernier, l’association de défense des droits de l’homme, Human Right Watch (HRW), dénonce des conditions de travail scandaleuses sur l’île de Saadyiat, qui doit accueillir, entre autres institutions culturelles et éducatives, le Louvre Abou Dhabi dès 2013. A 500 mètres des côtes d’Abou Dhabi, les entrepreneurs de « l’île du Bonheur » ne dérogent pas à la fâcheuse habitude locale d’exploiter les travailleurs immigrés. Venus d’Inde, du Pakistan, du Bangladesh, du Sri Lanka, du Népal ou de Thaïlande, ces ouvriers du bâtiment ont souvent dû s’endetter pour venir aux Emirats et trouver un travail. Une fois embauchés, leur passeport est confisqué et leur salaire, bien inférieur à celui qu’on leur faisait miroiter, ne leur est pas versé régulièrement. Les 27 milliards de dollars que l’Emirat alloue au projet, les ouvriers du bâtiment n’en voient pas la couleur. Si Abou Dhabi a fait quelques efforts pour que la société en charge des travaux sur l’île, la Tourism Development & Invesment Company (TDIC), construise des hébergements décents, on reste bien loin du compte et les conditions des ouvriers sont, selon le rapport de HRW, proches du travail forcé. L’association a contacté l’agence France-Muséums (créée spécialement pour gérer le partenariat avec Abou Dhabi) ainsi que le musée Guggenheim et la New York University et compte sur ces institutions pour faire pression sur la TDIC, afin qu’elle rétablisse des conditions de travail décentes sur l’île. Seule l’agence française a demandé la mise en place d’un contrôle indépendant sur le chantier du Louvre, mais aucune mesure de sanction ou de recours ne sera mise en place. Les institutions de renommée internationale s’avouent impuissantes face à la force de pression financière que représente le projet, d’autant plus en cette période de crise. Elles se rendent ainsi complices de l’exploitation des travailleurs migrants.

Lucille Igersheim

Infos pratiques :

Tous les rapports de l’association Human Right Watch sont sur www.hrw.org

Emirats Arabes Unis : Les travailleurs qui construisent « l’Ile du bonheur » sont régulièrement exploités   PDF   Imprimer         Envoyer

Mercredi, 20 Mai 2009 09:36

Human Rights Watch

« Ces institutions internationales doivent montrer qu’elles ne tolèreront  ni ne tireront parti de la brutale exploitation de ces travailleurs migrants…Les assurances vagues qu’elles ont reçues de leurs partenaires en développement ne sont que des produits de substitution creux pour des accords contractuels solides que leurs projets ne ressembleront pas aux affaires courantes à Abou Dhabi. »

Sarah Leah Whitson, directrice pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord

Le Louvre, le Guggenheim, New York University ainsi que d’autres institutions devraient protéger les travailleurs contre divers abus

 

Le rapport de 80 pages, « ‘The Island of Happiness’: Exploitation of Migrant Workers on Saadiyat Island, Abu Dhabi », (« ‘L’Ile du bonheur’ : Exploitation des travailleurs migrants sur l’île de Saadiyat, Abou Dhabi ») a constaté que si le gouvernement des EAU s’est attaché à améliorer les conditions de logement et à garantir le paiement régulier des salaires ces dernières années, nombre d’atteintes aux droits du travail demeurent courantes. Les institutions internationales qui prévoient d’ouvrir des succursales sur l’île – notamment le Guggenheim, New York University (NYU), et l’Agence France-Muséums (chargée du Louvre Abou Dhabi) – devraient de toute urgence obtenir des garanties contractuelles exécutoires que les entreprises du bâtiment protègeront les droits fondamentaux des travailleurs dans leurs projets, a indiqué Human Rights Watch.

« Ces institutions internationales doivent montrer qu’elles ne tolèreront  ni ne tireront parti de la brutale exploitation de ces travailleurs migrants », a insisté Sarah Leah Whitson, directrice pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Human Rights Watch. « Les assurances vagues qu’elles ont reçues de leurs partenaires en développement ne sont que des produits de substitution creux pour des accords contractuels solides que leurs projets ne ressembleront pas aux affaires courantes à Abou Dhabi. »

Abou Dhabi, capitale des EAU, espère faire de Saadiyat Island (« l’Ile du bonheur ») une destination touristique internationale. L’île, peu élevée au-dessus du niveau de la mer, comptera quatre musées et une salle de spectacles conçus par des cabinets d’architecture de renommée mondiale – notamment les Ateliers Jean Nouvel, Foster and Partners, et Gehry Partners – ainsi qu’un campus de New York University, des terrains de golf, des hôtels, et de coûteuses résidences.

Des travailleurs venus d’Inde, du Pakistan, du Bangladesh, et d’autres pays sud-asiatiques sont employés aux travaux des infrastructures de l’île depuis qu’en 2005 Abou Dhabi a fondé la Société d’investissement et de développement touristique (« Tourism Development and Investment Company », TDIC) pour superviser le projet. Le musée devrait ouvrir en 2013.

S’appuyant sur des entretiens menés auprès de travailleurs migrants, et sur des rencontres avec des représentants des gouvernements français et des EAU, ainsi qu’avec des membres d’entreprises et d’institutions internationales ayant des projets sur l’île, le rapport de Human Rights Watch documente un cycle d’abus qui laisse les travailleurs migrants lourdement endettés, mal payés et dans l’impossibilité de défendre leurs droits ou même d’abandonner leurs emplois.

Le gouvernement des EAU et les autorités chargées du développement de l’île de Saadiyat ne se sont pas attaqués aux causes profondes des abus commis contre les travailleurs : des frais de recrutement illégaux, de fausses promesses de salaires, et un système de parrainage qui donne pratiquement à l’employeur les pleins pouvoirs sur ses travailleurs.

Afin d’obtenir les visas nécessaires pour travailler dans les EAU, presque tous les travailleurs que Human Rights Watch a interrogés sur l’île de Saadiyat ont payé des frais importants à des « agences de recrutement » dans leurs pays d’origine, qui sont engagées pour fournir des travailleurs aux entreprises du bâtiment dans les EAU. Du fait que ces agences leur ont promis de bonnes conditions d’emploi aux EAU, de nombreux travailleurs ont vendu leur maison ou leur terre, ou bien emprunté de l’argent à des taux élevés d’intérêt pour payer les frais d’agence. A leur arrivée aux EAU, les travailleurs endettés -dont beaucoup sont illettrés- doivent signer des contrats avec les entreprises du bâtiment avec des conditions bien pires que celles qu’on leur avait promises chez eux. Les travailleurs n’ont pratiquement aucun recours contre les agences qui les ont trompés avec de fausses promesses de bons salaires et des frais de recrutement abusifs.

Les lois des EAU interdisent aux agences de faire payer aux travailleurs de tels frais. Les agences sont censées les faire payer aux entreprises, mais la loi n’est pas appliquée. De plus, il n’y a pas de pénalités si les entreprises, recherchant leur propre intérêt financier, travaillent en toute connaissance de cause avec des agences qui font payer les frais aux travailleurs.

Les travailleurs se retrouvent devant le choix d’abandonner leur emploi alors qu’ils doivent encore des milliers de dollars pour les frais de recrutement illégaux, ou de continuer à travailler dans des conditions qui relèvent de l’exploitation. Ils se sont plaints pratiquement tous de bas salaires et de soins médicaux médiocres. Les travailleurs ne peuvent pas non plus réclamer effectivement de meilleurs salaires ou de meilleures conditions de vie, puisque les lois des EAU ne protègent pas les droits fondamentaux de former des syndicats, de négocier collectivement ou de faire grève. Au contraire, le système de « parrainage » des EAU donne aux employeurs un contrôle quasi absolu sur le travail légal et la présence dans le pays des travailleurs, les visas étant liés aux employeurs individuels. Tous les travailleurs ont raconté que lorsqu’ils ont arrivés aux EAU, leurs employeurs leur avaient confisqué leur passeport. Les employeurs peuvent aller jusqu’à révoquer le visa d’un travailleur qui démissionne, ce qui entraîne son expulsion.

Certains travailleurs ont fait état de conditions qui équivalent à du travail forcé : leur employeur a menacé de leur imposer une lourde amende s’ils essayaient de démissionner avant d’avoir travaillé pendant deux ans, ce qui les a de fait obliger à rester sur « l’Ile du bonheur ». Les travailleurs sur l’île sont en général ignorants de leurs droits et ils ont peur d’exprimer des revendications, et il n’existe pas de contrôle indépendant et efficace.

« Les musées et New York University devraient insister pour que leurs partenaires locaux de développement garantissent les droits fondamentaux des travailleurs, qui devraient inclure au minimum le remboursement des frais de recrutement illégaux, des contrats officiels dans leur langue maternelle signés avant leur arrivée aux EAU, et le droit de grève et de négocier collectivement », a observé Sarah Leah Whitson. « Et ils devraient insister pour qu’il y ait un contrôle indépendant de leurs projets par une tierce partie, et imposer des pénalités significatives en cas de violations. »

Les recherches menées sur l’île de Saadiyat ont montré que les autorités avaient adopté certaines mesures positives. Bien que les installations destinées aux travailleurs fussent encore en construction quand Human Rights Watch a visité l’île, elles semblaient être relativement hygiéniques et non surpeuplées. La TDIC, la société appartenant au gouvernement et qui supervise l’aménagement de l’île, a cherché à obtenir des garanties contractuelles de la part des entreprises du bâtiment qu’elles ne confisqueront pas les passeports des travailleurs, ni n’auront recours au travail forcé, ni ne commettront d’autres abus.

Human Rights Watch a contacté les entreprises du bâtiment, les cabinets d’architecture, et les institutions internationales travaillant sur l’île pour les alerter sur la nécessité de prendre des mesures pour garantir que les travailleurs de leurs projets ne sont pas victimes d’abus. Beaucoup n’ont pas répondu à nos lettres. Quant au Guggenheim, à New York University et à l’Agence France-Muséums (chargée du projet du musée Louvre Abou Dhabi), seule l’Agence a pris certaines mesures pour obtenir des garanties contractuelles significatives de la part de la TDIC pour autoriser un contrôle indépendant des droits des travailleurs, mais même le contrat de l’Agence ne comporte pas de garanties ni de clauses lui permettant de faire appliquer les droits des travailleurs.

« Ces institutions internationales doivent montrer qu’elles ne tolèreront  ni ne tireront parti de la brutale exploitation de ces travailleurs migrants…Les assurances vagues qu’elles ont reçues de leurs partenaires en développement ne sont que des produits de substitution creux pour des accords contractuels solides que leurs projets ne ressembleront pas aux affaires courantes à Abou Dhabi. »

Sarah Leah Whitson, directrice pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord

- qu’ils instaurent des réformes politiques dans le sens d’une plus grande participation des citoyens dans la vie publique du pays en particulier par l’adoption du suffrage universel et par l’institution du respect du principe de l’égalité de tous devant la loi, notamment en matière d’accès et de maintien aux fonctions publiques.

- qu’ils consacrent le principe de l’inamovibilité des juges dans les faits en l’étendant à tous les magistrats du pays y compris étrangers, pour assurer une réelle autonomie de la justice.

- qu’ils instaurent un contrôle des services de la sûreté de l’Etat par une commission de contrôle au niveau de la représentation nationale.

- qu’ils amendent les textes de lois limitant les droits d’expression et d’association et abroger toute sanction administrative ou judiciaire du fait de la simple expression pacifique d’une opinion ou d’un engagement politique ou associatif.

- qu’ils  collaborent avec les procédures spéciales de l’ONU et en particulier avec le groupe de travail sur la détention arbitraire.

- Sur le plan normatif : l’Etat devrait ratifier le Pacte international relatif aux droits civils et politiques ainsi que la Convention contre la torture et intégrer dans les lois internes le crime de torture en instituant des peines appropriées pour le réprimer;  lutter contre la pratique de la détention au secret en instituant un système de contrôle sur tous les lieux de détention du pays en les plaçant notamment sous l’autorité de la loi.

-  l’état des EAU devrait aussi ratifier les Conventions de l’Organisation Internationale du Travail, notamment celles relatives au « droit syndical » » à la «  négociation collective » et aux « libertés syndicales » (C87 et C98), et intégrer les dispositions y afférant dans la Constitution et les lois internes et les consacrer dans la réalité, sans distinction aucune entre les nationaux et les résidents.

 

 

 

La France un « pays global » qui va installer une « base militaire » agressive à 220 Kms des côtes iraniennes – un risque grave, une volonté guerrière propre à ce type d’aventurier néo-libéral intégriste qu’est Sarkozy. Votez contre lui le 7 juin.

Le Monde s’interroge sur « l’anti-sarkozysme » comme si c’était une erreur de combattre de A à Z la politique ce ce président  – le plus réactionnaire et dangereux de notre histoire ! Pourtant il n’y a aucun risque de trop en faire : c’est plus que justifié !

Bling-bling n’est pas seulement un danger pour tout ce qu’il y a de social dans notre République française, il est un danger pour la République tout court. À peine avait-il nommé en 2007, le transfuge Bernard Kouchner, comme ministre des affaires étrangères, celui-ci avait annoncé qu’il « fallait se préparer à la guerre contre l’Iran ». C’était clair. Foutu criminel potentiel ! Ils rêvaient alors, eux qui avaient la nostalgie d’avoir « raté » l’Irak, d’accompagner Bush dans une nouvelle croisade d’ingérence contre les « armes de destruction massive ».

Depuis janvier 2009,  Barak Obama propose une autre approche au Moyen-Orient, mais il n’y a pas que le gouvernement israélien qui fait tout pour s’y opposer, il y a aussi le très guerrier et incontrôlable Sarkozy.

Le lobbying pour faire échouer toute négociation avec l’Iran tourne à plein régime à Tel-Aviv comme à Paris. Et le voyage à  Abu Dhabi pour essayer d’y vendre 60 Rafales, d’y installer 500 militaires français à demeure, d’y construire une centrale nucléaire, d’y créer pour la première fois depuis 60 ans une base militaire française, une base navale avec un quai de 300 mètres, de type impérialiste dans une région où règnent les plus fortes tensions au monde, ce n’est pas une petite affaire.

Car cet irresponsable de Sarkozy va jusqu’à déclarer aux Emirats arabes unis, (6 millions d’habitants, 1/5 ° des réserves d’hydrocarbures, proche du détroit d’Ormuz, où passent 40 % du pétrole du monde), que « la France, dans le long terme est aux côtés de ses amis : s’il devait leur arriver quoi que ce soit, nous serions à leurs côtés » !

Pareil engagement vis-à-vis d’un pays au centre de l’œil du cyclone est à peine pensable – sauf par un fauteur de guerre délibéré. Sarkozy  qui a déjà envoyé 1000 jeunes hommes de plus se faire tuer en Afghanistan, engage, en plus, la France dans un accord de défense, « un partenariat de sécurité », contre l’Iran si « la souveraineté, l’intégrité territoriale, et l’indépendance des Emirats arabes unis sont affectés ». Rien que cela !

« Si l’Iran vous attaquait, nous serions attaqués aussi ».  « Ça flatte son ego » persifle le Canard Enchaîné, mais ce n’est pas drôle car l’ego de Bling-bling peut éventuellement nous entraîner vers le gouffre !  Claude Angeli fait parler des officiers et experts militaires qui discernent un « comportement à risque ». Tout cela pour vendre les avions Dassault ?  Une note du Ministère de la défense (Hervé Morin) précise que cela n’a pas vocation « à être ratifié par la voie parlementaire » même pas à faire l’objet d’un débat.

Ainsi sans contrôle démocratique, la « main invisible » non pas du marché, mais de Sarkozy nous enferme dans un possible et terrible piége. Le Monde (éditorial du  28 mai) souligne que la France va se trouver au centre « des plaques tectoniques qui font trembler la région » : retrait annoncé des Etats-unis d’Irak, renforcement de l’engagement de l’OTAN en Afghanistan, volonté de l’Iran de devenir une puissance nucléaire, enfin risque de déstabilisation du Pakistan, autre puissance nucléaire, (ainsi qu’Israél – NDR) sans oublier le conflit israélo-palestinien.

« Le risque pris par la France est à la hauteur de ces menaces » conclue Le Monde qui ne trouve qu’une chose à regretter, c’est que cette démarche n’entraîne pas toute l’Europe…

Voter le 7 juin contre tous ceux qui veulent entraîner la France et l’Europe dans les guerres expansionnistes pour le pétrole et les marchands d’armes. Troupes françaises hors d’Afghanistan ! Désarmement nucléaire planétaire multilatéral !

 

GF

 

 

 

Quand la France vend un musée à Abou Dhabi

Le Louvre des sables

Sur une petite île bientôt transformée en sanctuaire de la culture, le plus grand musée du monde ouvrira en 2012 une prestigieuse succursale. Récit d’une bataille où se mêlent pétrodollars, oeuvres d’art et marketing

D’habitude, quand un ministre français se déplace en grand cortège dans les Emirats arabes unis, c’est pour vendre des Airbus ou des chars Leclerc… Le 6 mars, à Abou Dhabi, Renaud Donnedieu de Vabres, lui, a casé un musée. Rien de moins qu’un nouveau Louvre, qui doit ouvrir en 2012, à l’ombre des derricks et des dattiers. Un contrat colossal. Montant du chèque des cheikhs : près de 1 milliard d’euros au total. Ce jour-là, dans les suites du kitschissime Emirates Palace, le ministre de la Culture, accompagné du gratin des musées tricolores et des princes héritiers d’Abou Dhabi, a pu admirer les maquettes du pharaonique projet de l’île de Saadiyat, dont « le Nouvel Observateur » publie pour la première fois les photos.

Saadiyat ? « L’île du bonheur », en arabe. Une félicité arrosée aux pétrodollars. Pour l’instant, les gazelles courent encore sur cette langue de terre inhabitée. 27 kilomètres carrés, situés à 500 mètres des rivages d’Abou Dhabi, capitale des Emirats. Mais bientôt ce site naturel sera relié à la terre ferme par une autoroute à dix voies. Et de la poussière surgira une cité unique en son genre. Avec ses quartiers d’affaires et résidentiels (150 000 habitants prévus d’ici à dix ans), ses deux terrains de golf, ses bases de loisirs, ses trois marinas, ses 29 hôtels. Une chimère urbanistique de plus en plein désert ? Vous n’y êtes pas. Car Saadiyat ambitionne avant tout de devenir un sanctuaire de la culture universelle. La ville accueillera quatre musées prestigieux conçus par les plus brillants architectes : un « Guggenheim » dessiné par Frank Gehry, un Performing Arts Center, dédié aux arts de la scène, confié à Zaha Hadid, un Musée de la Mer confié au Japonais Tadao Ando et, enfin, un « Louvre » imaginé par le Français Jean Nouvel.

Le projet, on le devine, a été fraîchement accueilli dans le microcosme de l’art. Comment ? Un de nos grands musées de la République allait être « cédé » aux émirs du pétrole ? Conservateurs, collectionneurs et amateurs d’art sont montés au créneau pour manifester leur hostilité à la délocalisation partielle. Répondant à l’appel de Françoise Cachin, ancienne présidente du Musée d’Orsay et ex-directrice des Musées de France, ils ont signé une pétition soutenue par le site internet de « la Tribune de l’art ». « Pas question de brader le patrimoine national, pas question de l’exporter contre espèces sonnantes et trébuchantes, ont clamé, en substance, ces gardiens du temple. Le Louvre est un musée de la République, pas une officine de prêts sur gages ! »

Les partisans du projet n’y voient, eux, qu’une querelle d’arrière-garde. Leurs arguments ? Primo, même si notre patrimoine national n’a pas de prix, expositions, entretien, réfection, gardiennage ont un coût de plus en plus lourd que ni la billetterie ni les ressources propres du musée ne suffisent à couvrir. Secundo, au nom de l’universalité de la culture, la vocation des musées est aussi de faire voyager des collections : le British Museum, par exemple, les considère comme un « bien public » qui doit être accessible à la planète tout entière… Tertio, dans une économie mondialisée, la commercialisation de la marque, cet actif immatériel incomparable, constitue un fantastique moyen de rayonnement et un extraordinaire levier pour attirer touristes et investisseurs étrangers. Bref, le jeu en valait largement la chandelle…

Grand artisan du « Louvre des sables », Renaud Donnedieu de Vabres a tranché cette énième querelle des anciens et des modernes. Dès le 21 juin 2005, c’est l’un de ses proches conseillers qui a reçu pour la première fois Cheikh Sultan bin Tahnoon, parent de Cheikh Khalifa bin Zayed al-Nahyan, président de la Fédération des Emirats arabes unis. Sous les ors de la République, le visiteur a fait part à son interlocuteur d’un projet qui lui tient à coeur : l’implantation d’une antenne du Louvre à Abou Dhabi. Une lubie ? Pas vraiment. Car Cheikh Sultan n’est pas n’importe qui. Cet homme raffiné connaît bien la France puisqu’il possède dans la région parisienne une propriété où il séjourne de temps à autre avec sa famille. Il est aussi le président de la Tourism Development Investment Company (TDIC) chargée de mener à bien le projet pharaonique d’aménagement de l’île Saadiyat. Mais il est également le représentant d’un richissime pays. Ce micro-Etat, dont la capitale est peuplée d’environ 700 000 habitants, possède dans ses sous-sols près de 9% des réserves mondiales de pétrole et 5% de celles de gaz naturel. L’an dernier, dopée par l’explosion des prix du brut, sa croissance a frôlé les 20% ! Les autorités de l’émirat ont progressivement investi les énormes bénéfices pétroliers dans des participations industrielles allant de Piaggio Aero à Ferrari. Et elles ont décidé, en prévision de l’inévitable ère de l’après-pétrole, d’investir dans le secteur du tourisme et des loisirs. D’où l’idée de créer, à l’image de ces gigantesques plates-formes aéroportuaires, un hub culturel.

Quelques semaines après son passage à la Rue-de-Valois, Cheikh Sultan est reçu par le ministre en personne. Renaud Donnedieu de Vabres connaît les Emirats pour y avoir noué des contacts à l’époque où il était chargé de mission auprès de François Léotard, ministre de la Défense du gouvernement Balladur entre 1993 et 1995. Il n’est pas non plus sans savoir qu’Abou Dhabi est le premier débouché commercial de la France au Moyen-Orient. En 2005, les exportations vers ce pays ont dégagé un excédent commercial de près de 2 milliards d’euros. Un chiffre encore en progression pour l’année 2006. Mais si le ministre est convaincu du bien-fondé de l’opération Louvre, l’affaire n’est pas encore jouée. Henri Loyrette, le président du musée, traîne les pieds. Fort occupé par la gestion du Louvre au quotidien – un musée dont les collections sont riches de 445 000 oeuvres et qui en a prêté plus de 1 400 en 2006 à des institutions françaises et étrangères -, il est déjà mobilisé par l’implantation d’une antenne du Louvre à Lens qui doit ouvrir ses portes au premier semestre 2009. Surtout, il a été échaudé par la polémique suscitée par la collaboration du Louvre avec le musée d’Atlanta (lire notre encadré p. 20). Difficile dans ces conditions d’envisager un nouveau chantier qui verrait encore des chefs-d’oeuvre prendre le chemin de l’étranger. Comment faire ? Le ministre de la Culture sait que Matignon et l’Elysée ont un oeil sur le projet. L’enjeu est culturel certes, mais aussi diplomatique et économique. Alors, impensable d’y renoncer. Donnedieu de Vabres contacte d’autres dirigeants de musée, parmi lesquels ceux d’Orsay, du Centre Pompidou, de Guimet, du Quai-Branly, de Picasso. But de la manoeuvre : les convaincre d’alléger le fardeau du Louvre en participant à l’entreprise. L’accueil est plutôt frisquet : Bruno Racine, président du Centre Pompidou, hésite. Comme le Louvre, il travaille sur un projet d’extension en région, à Metz. De plus, des contacts ont été pris avec les autorités chinoises pour ouvrir une antenne de « Pompidou » à Shanghai. Un autre président tape carrément du poing sur le bureau : «Depuis quand les politiques ont-ils le droit de se mêler des affaires des musées?» Paradoxalement, ce sont les négociations entre le ministère de la Culture et les différents musées et institutions françaises (comme le domaine et château de Versailles) qui vont être les plus longues… Mais en définitive tout le monde trouvera un intérêt – au moins financier – dans le projet des Emirats…

En août 2006, une position commune est enfin arrêtée. Renaud Donnedieu de Vabres fait parvenir à Cheikh Sultan un document de quinze pages qui a été validé par le Premier ministre. Les exigences financières, les conditions de prêt des oeuvres, les contributions techniques et scientifiques y sont précisées. Le second volet des négociations peut alors débuter. Les Français vont avoir pour interlocuteur principal l’Américain Lee Tabler. Cet architecte de formation, qui joue un rôle très actif au sein de la TDIC, est un fin connaisseur de notre pays. Il est capable par exemple de raconter toute l’histoire du château de Fontainebleau, un site qu’il a assidûment fréquenté durant ses années d’études en France. C’est lui qui a suggéré aux Emiriens le nom des architectes du projet culturel de Saadiyat.

L’accord intergouvernemental négocié grâce à son entregent passe pour avantageux. Le Louvre, qui cède sa marque pendant trente ans pour 400 millions d’euros – dont 150 versés immédiatement – et touche aussi une aide de 25 millions sous forme de mécénat, a décroché une enveloppe sept fois supérieure à celle consentie au Guggenheim ! Grâce à cette cagnotte inespérée, il pourra s’agrandir en réaménageant la galerie sud (côté Seine) et en annexant une partie du pavillon de Flore, aujourd’hui occupé par le laboratoire des Musées de France. Le deal profite aussi aux principaux musées nationaux – Orsay, Versailles, Beaubourg et le Quai-Branly – regroupés derrière le Louvre dans une Agence internationale des Musées de France. Pour 165 millions d’euros, cette structure élaborera le nouveau concept scientifique et culturel. Objectif : créer un « musée universel » doté d’une collection permanente de 300 pièces et mettre au point un programme d’expositions temporaires sans dépouiller les collections des maisons mères. Il faudra agir avec tact. Car si les Emirats n’ont pas donné de consignes, on voit mal comment les futurs commissaires émiriens, même formés par les professionnels français, pourraient d’emblée accrocher des nus ou des oeuvres suggestives aux futures cimaises… Trouver le « trait d’union » entre les cultures ne s’annonce pas aisé.

Le pari n’est pas sans risque :quelle que soit leur qualité esthétique, les musées risquent d’être noyés, neutralisés par l’immense chantier qu’est devenue cette côte des Emirats, hérissée de tours de 50 étages, où les extravagances d’un capitalisme sans frein se nourrissent d’une main-d’oeuvre étrangère importée et systématiquement exploitée. Autre inconnue : la fréquentation. En 2004, Abou Dhabi a reçu près d’un million de touristes. A l’horizon 2015, il espère en accueillir trois fois plus. D’où viendront-ils ? D’Europe, bien sûr. Mais aussi d’Inde : pour les nouveaux riches de Bombay ou New Delhi en route pour le Vieux Continent, Abou Dhabi est l’étape idéale. Côté musées, c’est une autre affaire.

Alors, faut-il craindre que le Louvre ne gaspille ses forces dans le désert ? Il est bien sûr trop tôt pour trancher. Mais ne soyons pas trop frileux : les expériences de « délocalisation » en cours paraissent concluantes. En Grande-Bretagne, par exemple, le navire amiral de la Tate Britain a déployé plusieurs antennes : à Liverpool, à St Ives (en Cornouailles) et à Londres, la Tate Modern. Cette démultiplication, loin d’avoir affaibli la vénérable institution, lui a permis au contraire de voir progresser la fréquentation de ses différentes enseignes. Le second exemple, régulièrement cité, est celui du Guggenheim, présent à New York, Venise, Bilbao, Berlin et Las Vegas. Les fortunes de ces lieux sont diverses : l’implantation à Las Vegas au sein d’un complexe hôtelier de luxe a été un flop. Quant à Bilbao, l’effet de signe de l’architecture du bâtiment de Frank Gehry ayant été absorbé, on s’aperçoit que les collections permanentes qui y sont exposées ne sont pas d’une qualité grandiose. L’extension des musées a pour limite celle de leurs collections, bien sûr. Mais cet obstacle peut être surmonté grâce au savoir-faire des équipes. On sait qu’à Abou Dhabi les musées de la Reine Sophie (Espagne), de l’Ermitage (Russie) et du British Museum avaient été contactés. Si le projet du Louvre et des musées français a été retenu, c’est avant toute chose parce que ces derniers ont su s’adapter. Hier poussiéreux, ils sont devenus les symboles d’un monde qui bouge, qui tourne. Comme la planète.

Né en 1944, architecte DPLG, grand prix national d’architecture (1991), professeur titulaire des écoles d’architecture, Christian Hauvette décrypte les quatre grands projets de l’île Saadiyat.

Bernard Géniès, Jean-Gabriel Fredet  Le Nouvel Observateur

 

 

 

 

 

 

 

 

4 Commentaires

  1. Gilbert Duroux
    Posted 8 novembre 2017 at 17:39 | Permalien

    À propos de lutte contre l’esclavagisme, est-ce qu’on peut faire confiance en l’OIT, qui vient de blanchir le Qatar à propos des chantiers de la future coupe du monde ? Tous ces reportages parlant d’esclavage moderne, de temps de travail explosé, de conditions de travail indignes, sous le cagnard, de confiscations de passeports pour que les salariés ne puissent pas s’enfuir, de morts à cause des règles de sécurités non respectées ou inexistantes, tous ces reportages étaient donc bidons ?
    http://www.eurosport.fr/football/coupe-du-monde/2022/l-organisation-internationale-du-travail-blanchit-le-qatar-concernant-les-travailleurs-immigres_sto6403457/story.shtml

  2. Posted 8 novembre 2017 at 18:00 | Permalien

    non on peut pas en genéral faire confiance a l’oit, 186 pays…
    mais on peut s’appuyer dessus quand il y a des élements positifs, par exemple la convention 158, qu’il faut défendre, et que gattaz veut dénoncer

  3. Gilbert Duroux
    Posted 13 novembre 2017 at 14:21 | Permalien

    Je comprends que tu t’appuies sur l’OIT pour faire valoir des textes protecteurs des salariés, mais le fait que l’OIT défende un pays esclavagiste reste incompréhensible.

  4. Posted 14 novembre 2017 at 10:27 | Permalien

    l’oit = 185 pays
    la convention 158 signée par 40 pays,

Déposer un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera jamais transmise.

*