« Après 23 années de militantisme en son sein, je quitte le Parti Socialiste ». Jean-Paul Nail, Marseille

 

 

Je le quitte parce que la social-démocratie s’est épuisée dans la recherche de compromis illusoire avec un libéralisme qui ne voulait plus rien lui concéder.

De la défense des salariés, le PS, sous couvert de la culture de gouvernement, l’a conduit progressivement à épouser les politiques libérales.

 

Cette crise de la social-démocratie est européenne et le PS français ne fait plus exception.

 

Le PS a porté en son temps des combats utiles. Il ne les porte plus et le dernier quinquennat a été catastrophique. Son acceptation de la politique de l’offre, le CICE, la loi Sapin, son soutien à la loi El Khomri qui annonçait les ordonnances Macron, la déchéance de nationalité, l’acceptation du TSCG, ont fini par rompre le lien de confiance tenu qui l’unissait encore à la majorité des femmes et des hommes de gauche. Le PS a durablement perdu sa fonction centrale dans la gauche.

 

Nous avions tout le gouvernement, l’Assemblée Nationale, le Sénat, les régions, les départements et nous avons tout perdu par notre faute, en appliquant une politique pour laquelle nous n’avions pas été élus et contraire à nos idéaux de Socialistes.

 

Pourquoi quitter le PS avant le congrès début avril ?

 

Comme de nombreux camarades, nous partons convaincus que nous ne pourrons rien refonder sans tirer le bilan du quinquennat Hollande. C’est une erreur politique que de penser qu’il est possible de gommer cinq années de reniements, de désenchantement de notre électorat. Le quinquennat a été un échec. Il nous a coupé de notre base sociale, il nous a divisé. Il a rendu le PS incapable de rassembler l’ensemble de la gauche et des écologistes.

 

Nous avons la certitude que nous ne pourront pas définir l’orientation du parti les mois prochains.

Exit les textes d’orientation générale, les discussions politiques, rehaussement des seuils permettant de déposer une motion…

 

Ce n’est donc pas un Congrès qui se prépare mais l’adoubement d’un dysfonctionnement généralisé, la continuité d’une machine qui perd des adhérent.e.s (21OOO votants sur les statuts le 18 janvier sur 89000 inscrits).

 

J’étais attaché à une organisation qui pensait le socialisme comme un projet de réduction permanente des inégalités. La méthode induisait de se ranger du côté des exploités, des opprimés, des laissés pour compte. J’appartenais à une force politique qui se situait au centre des discussions de la famille de la gauche et des écologistes.

Force est de constater que le Parti Socialiste ne répond plus à ces exigences.

 

A la défaite politique, au reniement démocratique, s’est ajouté la faiblesse morale quand un de nos responsables politiques, (mon camarade Gérard FILOCHE), membre du Bureau national, a été jeté en pâture pour un tweet dont il ne renie pas le caractère antisémite, mais qu’il a retiré rapidement dès qu’il s’en est rendu compte et pour lequel il s’est excusé.

Le parti tout entier aurait pu faire bloc derrière un homme qu’on ne peut soupçonner d’antisémitisme.

Il a fait l’inverse, orchestrant son exclusion de façon la plus cynique.

 

En attendant, aucune mesure n’a été prise à l’encontre de celles et ceux qui ont voté et appelé à voter pour le candidat Emanuel Macron dès le premier tour de l’élection présidentielle.

 

Pourquoi quitter la Fédération socialiste des Bouches du Rhône ?

 

A plusieurs occasions j’ai failli rompre avec celle-ci.

Son fonctionnement anti-démocratique pendant de nombreuses années gangrénée par le Guérinisme, qui aujourd’hui laisse encore des traces dans la division entre les représentants du département et ceux de Marseille perpétuant ainsi son fonctionnement clanique. Après les échecs électoraux locaux, englué  dans les querelles de personnes, le Fédération 13 est en crise.

Ce n’est pas la mise en place d’une direction collégiale où la promesse de renouvellement générationnel ne montre pas de nouvelles figures (ancienne conseillère régionale, suppléante d’un député, attachée parlementaire, conseillers municipaux..), qui permettra de reconstruire cette fédération.

 

Aujourd’hui les sections ne fonctionnent plus, se réunissent rarement. Les adhérents partent sur la pointe des pieds.

Le Conseil Fédéral qui ne s’était pas réuni depuis un an, ressuscite depuis deux mois avec très peu de participants.

Je ne poursuis pas l’analyse, cela prendrait plusieurs pages.

 

 

 

Que faire maintenant ?

Je rejoins les rangs des centaines de camarades partis ces derniers mois, tout en décidant de continuer à militer autour des grands enjeux de ce siècle : les questions sociales et écologiques.

 

Chaque fois qu’il sera nécessaire, je défendrais les salariés de ce pays, manifestant pour garantir nos niveaux de retraite et le droit à l’éducation, à la santé, à la culture, pour préparer un demain meilleur qu’aujourd’hui sous les couleurs de la gauche et de son nécessaire rassemblement.

 

Je reste profondément socialiste. Je suis pour un grand parti de gauche, socialiste, écologiste, pluraliste, mais surtout démocratique. Pas un parti vertical avec un chef.

Je pars avec mes amis pour construire notre réseau, la Gauche Démocratique et Sociale (GDS), réseau ouvert à tous (socialistes, communistes, verts, générations, insoumis, ex-militant(e)s…). La double appartenance est acceptée.

GDS s’adresse aux Insoumis, au PCF, aux écologistes, à Génération.s, à la gauche du PS … pour leur proposer de reconstituer ensemble une grande force unitaire, car personne ne peut réussir seul.

Cette coalition se construira au travers des initiatives unitaires que nous prendrons, des débats communs que nous organiserons  pour mettre le social au cœur et l’écologie en avant, pour pousser la démocratie jusqu’au bout.

Nous voulons que toute la gauche participe unie aux mobilisations sociales contre les mesures prises par le Macron et son gouvernement, que ce soit pour les droits des salariés, l’assurance chômage, les migrants, la protection sociale, les retraites…

Nous voulons que la gauche s’unisse lors des  prochaines échéances (européennes et municipales).

Nous voulons construire   collectivement un projet qui soit majoritaire à gauche.

 

Je vais utiliser mon temps et mon énergie là où je les crois plus utiles, en participant au collectif marseillais « Réinventons la gauche », en participant au réseau unitaire  diffusant le bulletin « Passerelles », en continuant de participer à la section syndicale du SNES-FSU des retraités.

Et pour ceux et celles qui me connaissent bien poursuivre ma passion d’Auteur-Photographe.

 

Je salue tous mes camarades socialistes marseillais et du 13.

 

Après 23 ans de militantisme en son sein je quitte le PS. Je le quitte sans amertume et j’y laisse de bons camarades avec qui j’ai mené de nombreux combats.

Celles et ceux avec qui j’ai tracté, collé, défilé, tenté de convaincre.

Je remercie mes camarades de mon ex-section 312.

Mais également tous mes camarades de la gauche du PS (AGPG, UMA, MLG, D&S).

 

 

Je salue aussi celles et ceux qui ne partageaient pas mes points de vues, mes convictions et parfois même pas mes valeurs. Et même ceux qui m’ont combattu, entravé, méprisé : merci à chacun d’entre vous.

Vos m’avez obligé à être plus précis, plus convaincant et finalement plus tolérant.

 

A mes camarades qui font le choix de continuer d’essayer dans ce parti, je vous souhaite bonne chance et je leur dis à bientôt dans de nombreux combats communs.

 

A mes camarades qui font le choix de ne voir dans ce Parti qu’un moyen de conserver leurs petits bout de pouvoirs et leurs baronnies. Je vous plains.

 

Peu importe où chacun d’entre nous entend agir.

L’enjeu c’est d’agir. Avec ses convictions.

Et s’assurer que ce que l’on fait est au service d’un enjeu qui dépasse nos enjeux personnels.

 

Jean-Paul NAIL

Ex-membre du Conseil Fédéral 13

Ex membre de la section 312 dans le 12ème arrondissement de Marseille.

Correspondant de la Gauche Démocratique et Sociale des Bouches du Rhône.

jpnail13@gmail.com

0638672858

 

Mon parcours dans le Parti Socialiste.

 

En 1995, je rejoins le PS du Havre venant de la LCR depuis 1969. Je suis élu membre du Bureau Fédéral et du Conseil Fédéral 76 jusqu’à mon départ pour Marseille. Animateur de la Gauche Socialiste 76, sensibilité de la gauche du PS. Présent sur la liste d’Union de la Gauche au Havre en position éligible aux municipales de 1995. Mais nous perdons la mairie  gérée pendant 20 ans par la gauche.

Je m’investis dès mon arrivée à Marseille en participant activement aux municipales de 2001, 2008 et 2014, ainsi qu’aux législatives et cantonales. Je suis sur la liste d’union de la gauche aux municipales de 2014 dans le 6ème secteur conduite par C.MASSE.

Militant actif dans les sections socialistes du 5ème , 2ème et 12ème arrondissements, je suis élu au Conseil fédéral 13 en tant qu’animateur de la sensibilité « Démocratie et  Socialisme » et des différents courants de la gauche du PS.

En 2005, en désaccord avec la direction du PS sur le « OUI mais » concernant le référendum sur le Traité

Constitutionnel Européen, j’anime sur Marseille avec d’autres camarades la campagne du NON socialiste au TCE.

Depuis 1993, je participe au comité de rédaction de la revue « Démocratie et Socialisme » dont le fondateur est Gérard FILOCHE.

Depuis 1981, je suis un syndicaliste enseignant actif au sein du SNES. Pour les camarades qui me connaissent, je participe aux nombreuses manifestations politiques et syndicales marseillaises équipé de mon appareil photo.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

2 Commentaires

  1. Bernard Dupont
    Posted 30 janvier 2018 at 14:42 | Permalien

    « Je le quitte parce que la social-démocratie s’est épuisée dans la recherche de compromis illusoire avec un libéralisme qui ne voulait plus rien lui concéder » nous dit Jean-Paul Nail dans son texte.
    35 ans quand même pour s’apercevoir de la supercherie, ça laisse rêveur … !
    Combien sont-ils ces gens de grande carrure, tels MM. Nail et Filoche, à avoir perdu leur temps au sein du PS ?

  2. Posted 30 janvier 2018 at 17:34 | Permalien

    je ne suis pas d’accord, la social démocratie n’est pas épuisée, elle va de Jaurés, Lenine, Rosa… nous… les liquidateurs actuels ne sont pas vraiment social démocrates
    le PS était le premier parti de la gauche, ce n’est plus le cas,
    il fallait y etre, et tenter de gagner en son sein, dans une dynamique unitaire de la gauche
    échouer ne tranche pas sur le fait que la tentative ait été vaine, et ne bat pas l’idée qu’elle était nécessaire
    le PS peut renaitre tant bien que mal comme un parti de gauche, si nous ne réussissons pas a le remplacer
    regardez aussi le PSP de 2010 à 2015 et le Labour entre Blair et Corbyn

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