«Mémoires d’un condamné», retour 100 ans après sa réhabilitation, sur l’affaire Dreyfus du syndicalisme

Médiapart parle de Jules Durand !

23 FÉVRIER 2018 PAR IMAGES EN BIBLIOTHÈQUES & MEDIAPART
« Le 25 novembre 1910, la Cour d’assise de Seine-Inférieure déclare Jules Durand coupable de complicité d’assassinat et ordonne qu’il ait la tête tranchée sur la place publique. » Jules Durand, docker et dirigeant syndical, est condamné pour un crime qu’il n’a pas commis, « un des cas les plus violents de la justice de classe que l’on puisse imaginer », écrira Jean Jaurès. La réalisatrice Sylvestre Meinzer est retournée au Havre, sur les traces de cette histoire oubliée.

Ouvrier charbonnier au port du Havre, condamné injustement à la peine de mort sur de faux témoignages, gracié sous la pression d’une campagne internationale de soutien, rendu fou par la prison, enfin libéré et brisé… De cette histoire, il ne reste aucune archive, les dossiers ont mystérieusement disparu. Dans Le Havre d’aujourd’hui, Sylvestre Meinzer rencontre les hommes et les femmes que Jules Durand aurait pu côtoyer : syndicalistes, juge, avocats, psychiatre, voisins, famille…

 

 

cf les nombreux articles sur ce blog

 

A mes yeux, c’est Jules Durand.  Un modeste charbonnier du Havre. Oublié aujourd’hui alors qu’il fut une très grande figure nationale et internationale du mouvement ouvrier français du XX° siècle.

J’ai découvert sa vie et son histoire, alors que j’avais moi-même 20 ans, au milieu des années 60, à travers la belle pièce d’Armand Salacrou « Boulevard Durand » lorsqu’elle fut jouée au « Petit théâtre » de Rouen, rue des Carmes.

Elle m’est furieusement remontée à la gorge en juin 2016, alors que j’assistais à l’une des nombreuses et magnifiques manifestations au Havre, contre la scélérate loi El Khomri.  2500 dockers, gilets rouges, étaient là, en carré, en force, bras croisés, tambours en tête, derrière leur banderole, résolus et impressionnants. Ils ne savaient pas encore que deux d’entre eux seraient, à tort, interpellés par la police de Manuel Valls au petit matin, ce Premier ministre qui traita, depuis l’Arabie saoudite, les grévistes d’Air France de « voyous », en septembre, les grévistes d’Air France accusés d’avoir bousculé des policiers qui leur barraient le chemin.

Il n’en fallait pas plus pour raviver mes propres souvenirs : mon père était chaudronnier-menuisier au dépôt de Rouen, j’avais 8 ans, je le revois rentrant à la maison, en août 1953, choqué, alors que les CRS avaient « gazé » les cheminots manifestant à hauteur du Champ des Oiseaux.

 

 

 

 

Jules Durand, né en 1880, secrétaire du syndicat des dockers charbonniers du port du Havre, a été la victime tragique, symbole et martyr, d’un spectaculaire crime social, de ce qui reste comme la plus grande manipulation anti ouvrière de la Justice en France.

Le transport du charbon par mer (sea coal) avait au début du XX° siècle un caractère stratégique. La Seine Inférieure était le département qui en importait le plus, à partir des Iles Britanniques, via le port du Havre ; les négociants, armateurs et compagnies Evan Thomas Radcliffe, Cory and Son, Tinel, Worms et cie, et la « Transat » (Compagnie Générale Transatlantique) étaient puissamment coalisées contre tout action ouvrière qui tentait de freiner leurs activités et profits. En octobre 1909, le « comité central des armateurs » se constitua et se dota le 8 mai 1910, d’une assurance pour contrer les grèves de marins et dockers.

Or la CGT au Havre était puissante et combative : dès le 15 aout 1900, elle imposait la journée de huit heures en deux vacations de quatre heures séparées par une pause de deux heures, temps marqué par la célèbre « cloche des dockers ».

Le métier de docker charbonner consistait à porter des sacs ou paniers du pont des bateaux aux quais, ainsi que des opérations dans les parcs à charbon, ou dans les cales, spécialité la plus pénible dite « choulage ». Ces taches de coolies s’effectuaient avec des outils simples, sacs, hottes, cordes, poulies, passerelles, échelles, pelles. Le patronat mécanisait avec des pontons, des bennes, élévateurs, convoyeurs, diminuant le nombre et les possibilités de revendications des 600 charbonniers du port. L’apparition en 1910 du dernier engin mécanique géant, le « Tancarville », précipita la grève cet été-là.

Jules Durand fut élu secrétaire du syndicat des charbonniers par une assemblée générale qui établit un cahier de revendications le 16 août : révision des salaires, douches sur les quai, baisse du nombre d’heures de travail pour compenser l’arrivée de la machine, respect du repos hebdomadaire. Les négociants importateurs de charbon répliquèrent par un lock-out, activèrent le Tancarville, et importèrent des « jaunes » pour y travailler.

La grève dura du 17 août au 14 septembre (dans une année, 1910, où il y eut 1502 grèves d’une durée moyenne de 12 jours).

Jules Durand, 30 ans, fut arrêté le 11 septembre, avec pour objectif de briser cette grève, par une machination de la « Transat » et de la police. Le prétexte fut qu’il y avait eu la veille au soir, quai d’Orléans, une rixe entre gens alcoolisés, et qu’un contremaitre, par ailleurs « un renard », un « jaune », Louis Dongé, alors qu’il y agitait un revolver, avait été désarmé par les trois hommes qu’il menaçait, frappé, sa tête avait cogné le sol, et il était décédé le lendemain d’une fracture du crâne. Jules Durand, leader syndical de la grève en cours, membre de la ligue des Droits de l’homme et de la Ligue antialcoolique, n’était même pas là, mais il fut accusé de « responsabilité morale » du décès de Dongé, et jugé en moins de deux mois, avec une instruction bâclée, des faux témoins payés par les patrons de la Transat,  et, bien que défendu par un jeune avocat de 28 ans, René Coty, et la Cgt, il est condamné le 25 novembre 1910, au terme d’un procès inique, à la guillotine (tandis que les assassins directs du contremaitre sont envoyés au bagne).

 

Commence son calvaire : Jules Durand tombe en syncope lorsque la sentence est rendue, il est transféré dans l’horrible cellule des condamnés à mort, à la prison de Rouen (« Bonne Nouvelle »), isolé, camisole de force, fers aux pieds et aux mains, lumière permanente mais affublé d’une cagoule noire quand il sort. C’est là que, sous les coups de la maltraitance, il perd la raison. Après un rejet de son pourvoi le 22 décembre 1910, il est partiellement gracié le 31 décembre. La peine de mort est commuée en sept années de prison. La campagne pour sa libération et sa réhabilitation s’amplifie, Jean Jaurès, en tête, l’indignation soulève, dans le monde entier, ses frères, les salariés,  mais aussi les militants des droits de l’homme, les intellectuels, et plus largement les démocrates.

Mais Jules Durand, s’enfonce dans les ténèbres dont il ne sort pas même dans les six semaines de liberté accordées à partir du 16 février 1911. Quand il sera vraiment libéré, il est trop tard : devant tant d’injustices, de souffrance endurées, de désespoir, sa raison l’a quitté. De l’hôpital Pinel du Havre, à Sainte-Anne à Paris, la folie le ronge, il ne saura ni l’annulation de ses condamnations ni le 15 juin 1918 son acquittement définitif, par la Cour de cassation. Il meurt, oublié de presque tous, à l’Hôpital psychiatrique de Quatre-Mares à Sotteville lès Rouen, le 20 février 1926.

Jules Durand a été triplement victime d’une machination judiciaire destinée à briser l’action syndicale, fatale pour sa santé et sa vie, d’un procès inique dont tous les rouages sont, depuis, connus dans le détail, et d’une absence de réparation et de condamnation de la Transat et des organisateurs des faux témoignages, les ingénieurs Ducrot et Delarue, clairement identifiés depuis.

Dans le prologue de la pièce d’Armand Salacrou, jouée au Havre pour la première fois en 1961, le prologue est un cri : « Or ton histoire, Durand, qui fut vivante, recommence à vivre tous les jours, à toutes les heures, à travers le monde sous de nouveaux costumes, dans d’autres villes, avec de nouveaux visages ; dans la ville où tu as souffert, un boulevard porte ton nom, « Boulevard Durand ». On honore ton souvenir. »

Gérard Filoche

 

Pour honorer Jules Durand, en plus de la pièce de Salacrou (1961), il faut notamment lire « L’affaire Quinot » d’Emile Danoen, (1951), « Un nommé Durand » d’Alain Scoff (J.-C. Lattès, 1984), « Les quais de la colère » roman de Philippe Huet (Albin Michel, 2005), « Jules Durand, un crime social et judiciaire » (L’Harmattan, 2015) par John Barzman et Jean-Pierre Castelain.

 

 

 

9 Commentaires

  1. Gilbert RATS
    Posted 26 février 2018 at 21:02 | Permalien

    Merci de cet excellent article. Jules Durand et moi (et d’autres…) sommes havrais et je suis très touché par ces lignes.

    Honneur aux victimes innocentes du patronat !

  2. Posted 27 février 2018 at 6:45 | Permalien

    Une idée à développer pour certains d’entre nous qui ont la plume facile ?
    D’ici peu, nous verrons à nouveau fleurir les éditoriaux libéraux disserter sur l’absurdité de la grève, voire le mauvais coup porté à ce qui commence à apparaître : Le rétablissement du pays, l’indice de confiance qui augmente, la reprise qui s’amorce….
    Tout cela serait mis à mal par des irresponsables qui prennent le pays en otage (ne jamais oublier la prise d’otage).
    Pourquoi tant de haine ? Parce que ces graves gens ont conscience de leur inutilité.
    Imaginez les Barbier, Apathie, Leparmentier, Jeudy, Thréard, Seux, Lechypre, Lenglet, Sylvestre…faire grève !
    Après un mois de grève tout le monde les aurait oublié !
    Et c’est ce qui les rend arrogants car ils ont ont conscience de leur fatuité.
    Certains même traiteront les grévistes de briseurs de confiance au moment même où la reprise était là.

  3. Posted 27 février 2018 at 6:52 | Permalien

    AU SECOURS ! LA TROÏKA EUROPÉENNE S’EST INCARNÉE DANS MACRON. NOUS ALLONS SOUFFRIR LE MARTYR GREC ! EXIGEONS UN REFERENDUM SUR L’ABOLITION DU DROIT A LA DICTATURE DE L’ORDONNANCE CONTRE LE PEUPLE !

    https://fr.news.yahoo.com/sncf-ordonnances-crachat-%C3%A0-figure-121032024.html

  4. Posted 27 février 2018 at 6:58 | Permalien

    Macron : »Je ne peux pas avoir d’un côté des agriculteurs qui n’ont pas de retraite et de l’autre avoir un statut cheminot et ne pas le changer »

    parce que si les agriculteurs n’ont pas de retraite, c’est à cause du statut des cheminots ?
    Arrêtons d’employer l’expression …..déshabiller Paul pour habiller Pierre.
    Macron veut déshabiller Paul mais il n’habillera pas Pierre pour autant avec ce qu’il va récupérer. Il essayera aussi de déshabiller Jacques qui est fonctionnaire et Ginette qui travaille dans un EHPAD et ainsi de suite…..L’agriculteur de Macron sert d’alibi !
    TOUS DANS LA RUE !!!

    Chacun d’entre nous a une raison (voire plusieurs) pour taper sur un syndicat ou une profession, mais le moment n’est-il pas venu de faire abstraction de tous nos griefs pour tenter une grande manifestation à laquelle chacun d’entre nous prendra sa part pour faire avancer TOUTES nos revendications ?
    Cela fait trop longtemps que l’on tente de résister aux attaques des libéraux économiques qui n’arrêteront que le jour où l’on dira /
    STOP, ÇA SUFFIT, MAINTENANT C’EST VOUS QUI RECULEZ !

  5. Posted 27 février 2018 at 10:38 | Permalien

    Au nom du pluralisme de la presse, de la liberté d’opinion et du débat pluraliste, 95% des éditorialistes sont pour les ordonnances Macron sur la SNCF, tout comme ils étaient pour la loi travail et pour le Oui au TCE en 2005, ce qui est assez logique vu que l’Union Européenne est à l’avant-garde de la lutte contre les services publics et les droits sociaux. Le Politburo félicite chaudement ces esprits émancipés.MB

  6. Posted 27 février 2018 at 14:57 | Permalien

    David Cayla
    1 h ·
    On dit qu’on gère l’hôpital comme une entreprise privée. Mais c’est faux. Une entreprise privée peut décider de ses tarifs, pas l’hôpital qui ne peut décider que de ses coûts.

    Le gouvernement poursuit la stratégie du nœud coulant déjà mise en oeuvre par Hollande, en continuant d’asphyxier les ressources d’établissements très mal en point sur le plan budgétaire. On voudrait détruire ce service public qu’on ne s’y prendrait pas autrement.

    Et à part ça: « Oh! Regardez ces méchants cheminots qui s’apprêtent à faire grève! »

    DC

  7. Posted 27 février 2018 at 14:58 | Permalien

    SOLIDARE DES CHEMINOTS AGRESSES

    (Courrier adressé par « courriels » et autres voies à mes amis et contacts)

    Chers amis et camarades,

    Veuillez excuser la forme un peu impersonnelle avec laquelle je m’adresse à vous. Je n’ai pas le temps de faire des courriers individuels.

    Le gouvernement ultra réactionnaire des banquiers vient de se payer d’une vaste provocation contre les cheminots, mais en vérité surtout contre la Société Nationale des Chemins de Fer Français (S.N.C.F.) et le transport public ferroviaire qui « ne perdent rien pour attendre ».

    Il convient de répondre vite et fort à cette provocation. Rien ne se fera bien sûr, dans ce sens, sans la réaction préalable des cheminots (actifs). Mais si ceux-ci « relève le gant », rien n’aboutira tout de même si les travailleurs et salariés de ce pays ne serre pas les rangs autour d’eux, si l’opinion publique ne les couvre pas de son adhésion.

    La stratégie du gouvernement qui diffère la question du statut de l’entreprise et celle de la fermeture des lignes « non rentables » renvoyé au débat de la représentation nationale, consiste à focaliser l’attention sur les seuls cheminots. L’objet de la manœuvre est d’isoler ceux-ci, de pouvoir dire lorsqu’ils se mettront en lutte qu’ils ne défendent que leurs propres intérêts catégoriels, que ce sont des égoïstes et des « corporatistes ».

    Ils ont pour mener cette bataille de « Com » contre les cheminots tous les moyens considérables de la presse et des médias audiovisuels, propriété des banquiers leurs amis et pourvoyeurs. Nous n’avons outre « la raison » que des moyens dérisoires pour nous y opposer et prendre le contre-pied de leur campagne qui s’annonce venimeuse. Nos expressions sur le Net en font partie. Il faut que chacun de nous, chacun de vous participe à leur donner le plus d’audience et d’impact possible.

    Pour ma part j’ai commencé à écrire sur le sujet, un article hier : « CHEMINOTS : FACE A LA PROVOCATION » et un aujourd’hui : « ETAIT-IL SAOUL OU DROGUE » à propos de l’intervention du premier ministre hier soir sur « France 2 », (que vous pouvez lire sur mon Site Web « lavoiedessansvoix.fr »). Il y en aura d’autres dans les jours qui viennent. Je vous supplie collègues, camarades et amis de contribuer à donner à ces publications le plus d’audience possible, en les faisant « partager » sur « Facebook » ou d’autres réseaux sociaux, en les transférant par « courriels » à vos contacts et amis, en appelant vos amis pour attirer leur attention et les inviter à les lire.

    Cela participe de la mobilisation de l’opinion solidaire à construire autour des cheminots. Merci à vous.

    Patrick Seignon. « lavoiedessansvoix.fr ». Mardi 27 février 2018.

  8. Posted 27 février 2018 at 15:01 | Permalien

    Bonjour à toutes et à tous,

    Notre prochaine réunion de travail afin de préparer le 24 mars aura lieu jeudi 8 mars de 17h à 19h au SNESUP-FSU, 78 rue du Faubourg-Saint-Denis 75010 Paris – M° Château d’eau
    01 44 79 96 10
    entrée au fond de la cour à gauche
    Merci aux participants de se faire connaître afin que je leur adresse le code de la porte cochère.

    Suite à la dernière réunion de travail une invitation a été envoyée à l’ensemble des organisations partenaires. ELLE EST CI-JOINTE ET NOUS VOUS REMERCIONS DE LA RELAYER AVEC UN APPEL TÉLÉPHONIQUE AUPRÈS DES ORGANISATIONS AVEC LESQUELLES VOUS ÊTES EN RELATION.Si vos correspondants ne l’ont pas reçu merci de nous transmettre leurs coordonnées courriels.

    Merci aussi de partager le formulaire électronique sur Facebook ET par courrier électronique : nous sommes à 3 000 formulaires électroniques remplis. le gouvernement en a eu 10 000 : il faut donc relancer l’ensemble des contacts de vos organisations en leur en expliquant l’enjeu car nous devrons communiquer un point d’étape le 24 mars comme nous nous y sommes engagés à notre conférence de presse. Le partage facebook fonctionne plutôt bien.

    Merci de nous tenir informé des contacts noués et des organisations, collectifs et coordinations présents le 24 mars.

    Michel Jallamion
    07 81 58 32 16

    membres de ce groupe : b teper, c. Delecourt, catherine jean,cavallojo,Françoise Nay, chrisdelarue, mrap, cmiqueu, convergence.rail,convergencesp37,B. DEFAIX,denis.thomas,derrien-h,dibsamir, d.lassauzay, Denis Turbet Delof, emmaplanque5, Evelyne NGO, evelyne.parrot, fauguste, femmesegalite,francis guissard, francoise.michel, nicolas galepides, gilbert.jorand, janine.vaux, jcchailley,jean-claude.oliva,jean-michel.drevon,jeanamar,laurence-pache,laurent.miermont,laurent.russeil, laurentsaintandre,lea.filoche, mamet.jean.claude93, mangenot.geralter, marie-christine.nadeau, martel.georges,I. mathurin, mchauvet,michel.angot, michel.antony, michel.chignier, michel.galin, michel.martet, Ardennes, micheljallamion, michelle.ernis,nelly1.di-giovanni, nosfuturs, patrick.hallinger, philippetouze, pierre-yves.grellier, pierre.pantanella, pierrette.bidon, pikerdraon, poirierjacques, robert.gautrais,robert.spizzichino, rozenn.perrot,vflatreaud,vsp13

  9. Posted 27 février 2018 at 16:22 | Permalien

    Excellente mise au point sur le statut des cheminots !

    Le statut des cheminots, et en premier lieu leur retraite, n’ont rien à voir avec les conditions de travail. Historiquement, c’est pour conserver une main d’œuvre au sortir de la guerre, alors que le gouvernement n’avait pas les moyens d’augmenter les salaires, que le deal proposé fut de baisser l’âge de départ en retraite en instaurant une surcotisation patronale à la SNCF. A cette époque (et jusque dans les années 70), il fallait être un peu fou pour postuler à la SNCF (Peugeot payait plus d’une fois et demi à qualif égale, par exemple). C’est un avantage social, financé par l’entreprise et non par la communauté, même si au final, comme tout avantage social d’entreprise, ce sont les clients de cette entreprise qui participent. Et puis comparer des agriculteurs (dont le métier n’est pas facile, certes) qui sont pour l’essentiel des indépendants, des patrons, avec des ouvriers, personne ne s’en offusque? Pourquoi un avantage social d’ouvrier serait intolérable quand les avantages sociaux des plus riches (exonérations d’ISF, plafonnement des prélèvements, etc) seraient indispensables ?
    Philippe Duvernay

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