« Où sont les troupes » pour une transition écologique ? demande Nicolas Hulot

Le capitalisme, la dictature de la finance exploitent brutalement la planète et sont incompatibles avec la transition écologique tellement nécessaire, si urgente. Décidément c’est contre ce système qu’il faut lutter. L’axe de ce gouvernement Macron-Philippe, tourné vers les premiers de cordée, ne misant que sur les riches et puissants exploiteurs, est entièrement contre.
Ce n’est pas l’oeuvre d’un individu quelqu’il soit qui peut changer cela. Cela doit été une oeuvre sociale collective.
Où sont « les troupes », demande Nicolas Hulot, qui permettent de lutter ? Le salariat, 90 % de ceux qui produisent, sont exploités, sont les premiers concernés. Sans mobiliser et unir cette force sociale rien ne se peut.

l’article du dernier D&S n°256 été 2018

Bilan carbone de Macron   La vacance de M. Hulot

Le candidat Macron n’avait pas fait de l’écologie un axe majeur de sa campagne. Force est de constater que ses priorités étaient ailleurs. Et pour cause ! Le libéralisme se marie mal avec l’urgence environnementale. Il est même son ennemi juré. Mais, une fois élu, Macron a pris conscience de la force du discours écologiste dans le pays.

Les attentes sont de plus en plus tangibles. Le président de la République a donc, à force de publicité, donné une couleur plus verte à ses discours. Dès le 17 mai 2017, il nomme Nicolas Hulot, figure emblématique de la télé-réalité environnementaliste, ministre de la Transition écologique et solidaire. Le 1er juin, en réaction aux propos de Trump annonçant le retrait US de l’accord de Paris sur le climat, gonflé à bloc et en anglais dans le texte, il conjure les Américains de rendre à la planète toute sa grandeur : « Make Our Planet Great Again ». Macron serait-il devenu écolo ?

Des couleuvres au menu

Les mois suivants nous auront démontré combien il ne s’agissait là que de verdissement du discours, du « greenwashing », empruntant aux grandes entreprises des techniques classiques d’affichage public de leur responsabilité environnementale… sans réels impacts écologiques.

Ce faisant, le ministre Hulot avale quelques couleuvres. Il peut bien mettre à son compte quelques avancées comme l’abandon du projet de Notre-Dame-des-Landes – dont nul ne sait s’il a été dicté par des convictions écologiques ou purement tacticiennes –ainsi que quelques mesures dont le calendrier reste à préciser : emploi du diesel découragé (mais quid de la compensation pour les salariés impactés par la hausse des prix du carburant ?), fin des centrales à charbon, etc.

Il n’empêche : après un an d’exercice du pouvoir, la liste de renoncements est très longue.

L’annonce de la fermeture des centrales à charbon1 s’est faite le même jour que le renoncement à l’objectif, fixé par la loi de transition énergétique de 2015, de baisser à 50 % la part de nucléaire dans la production d’électricité. Dans un même mouvement, le texte interdisant l’exploration d’hydrocarbures a été amendé, incluant des dérogations comme la poursuite de l’exploitation du soufre du bassin de Lacq. Le grand débat PPE2 apparaît bien inutile quand le gouvernement annonce déjà qu’il pourrait décider de l’ouverture de nouvelles centrales nucléaires…

Mesures significatives ?

Plusieurs projets hautement significatifs sont à mettre au crédit du gouvernement. Entre l’autorisation accordée au groupe Total d’importer 300 000 tonnes d’huile de palme pour son usine d’agrocarburants à la Mède – donc de continuer la déforestation massive – et la confirmation du projet Cigéo de centre d’enfouissement des  déchets nucléaires à Bure, rien ne semble les arrêter.

Même sentiment de désintérêt quant à la pollution atmosphérique. Mis en demeure d’agir par la Commission européenne qui menaçait la France, le gouvernement a écrit un plan d’action loin de l’urgence et des infractions auxquelles s’expose notre pays qui dépasse les seuils admis en termes de dioxyde d’azote et de particules fines.

Quant aux réformes à la SNCF, elles n’incluent pas les impératifs de développement du fret par le rail, laissant toute liberté au transport de marchandises par la route.

Poudre aux yeux

Plus récemment, les discours offensifs de Macron contre le renouvellement de la licence de Monsanto pour le glyphosate ont été réduits à rien, quand, profitant d’une séance de nuit à l’Assemblée, le président de Rugy a laissé les députés LREM voter contre l’introduction dans la loi de l’arrêt définitif de commercialisation et d’utilisation du glyphosate en France dans les trois ans. La loi sur l’agriculture et l’alimentation a renoncé à toute forme de réglementation pour protéger les consommateurs. Outre la question du glyphosate,

il y a aussi, par exemple, le refus d’interdire les épandages à proximité des lieux de vie, ou encore le rejet d’un amendement restreignant la publicité pour l’alimentation ciblant les enfants.

« Nous assistons à une régression larvée », selon Florence Denier-Pasquier, juriste de l’association France Nature Environnement (FNE)3. Plus qu’une agrégation de mesures, cette longue liste, à laquelle il manque certainement de nombreux chapitres, pose la base d’une dérégulation effective, symbole même du libéralisme, où tout est permis à celles et ceux qui en ont les moyens et le pouvoir.

Margaux Denantes

1. Sans aucune proposition concrète de reconversion pour les salariés concernés !
2. Pour une programmation pluriannuelle de l’énergie

3. « Sur l’environnement, lever les contraintes », Le Monde, 9 juin 2018.

 

7 Commentaires

  1. socrate
    Posted 28 août 2018 at 17:09 | Permalien

    ou sont mes troupes dit Hulot
    parce que sérieusement il pensait que le programme de Macron était pour l’écologie ?
    quelle farce….

  2. Bourdais Marc
    Posted 29 août 2018 at 3:37 | Permalien

    Alors même que la crise écologique impacte essentiellement les classes populaires, sa prise de conscience est vu comme une préoccupation d’intellectuels et de bien nourris. Quand un concept nécessite des connaissances, de l’intelligence et de la réflexion il est peut mobilisateur.

    Attention, les classes populaires ne sont ni stupides, ni incultes, seul leur capacité de mobilisation est anesthésié par la somme des difficultés du quotidien.

    Pour celui qui a faim et qui redoute la relégation sociale, l’engagement politique et sociétal est un luxe. Les seuls sentiments qui se nourrissent de la misère sont: la frustration, le désespoir, la violence et la haine. Malheureusement dans ces conditions, les foules se meuvent avec le ventre, pas avec la tête. De ce fait, les bataillons de Mr Hulot ne peuvent pas venir des classes populaires.

  3. Posted 29 août 2018 at 5:21 | Permalien

    alors ça… c’est le contraire ce sont les salariés qui ont le plus intérêt a une planification écologique

  4. Posted 29 août 2018 at 8:52 | Permalien

    Que les salariés aient le plus intérêt à la planification écologique est une chose.
    Qu’ils soient les plus faciles à mobiliser pour cela en est une autre, tellement il y a d’autres sujets de mobilisation à plus court terme.

  5. Posted 29 août 2018 at 16:17 | Permalien

    « Et si, dans le même moment, cela s’accompagne d’amabilités à l’égard de la mouvance socialiste, il ne faut pas être surpris si des gens comme moi, qui se sont engagés très tôt dans le soutien à la campagne présidentielle de JLM, expriment leur doute, quand ce n’est pas leur inquiétude. Et si doute et inquiétude s’expriment, plutôt que de les vitupérer, mieux vaut les rassurer, par des actes, en montrant que l’ouverture et la fermeture ne sont pas à sens unique.
    Si la France insoumise n’est pas une forteresse assiégée, il ne sert à rien de s’insurger à la moindre remarque, au nom de la terrible conviction selon laquelle la critique ne peut que faire le jeu de l’ennemi. Allez-vous oublier que le communisme a crevé de cette culture obsidionale ? Et puisque la FI n’est pas une secte, elle n’a nul besoin de s’abandonner à la traque des hérétiques supposés. À vouloir souder le noyau des convaincus, on crée le risque des désillusions et des amertumes futures. La gauche, celle en tout cas qui veut rester fidèle à elle-même, n’a pas besoin de ces convictions d’un autre temps.
    Regards poil à gratter de la gauche qui ose ? Ce n’est pas notre seule raison d’être, mais c’est une fonction que nous sommes fiers d’exercer. Seule la sincérité est révolutionnaire…
    Roger Martelli »

  6. Bourdais Marc
    Posted 29 août 2018 at 21:00 | Permalien

    Que viens faire JLM, la FI et les Socialistes dans cette histoire ?!!!

    Je parle uniquement de la capacité de mobilisation des classes populaires pour l’écologie. Je suis, comme vous, convaincu que c’est dans son intérêt. Tout comme je suis convaincu que le vote libéral est suicidaire quand on ne fait pas partie des 1% les plus riches. C’est ce que j’ai tenté maladroitement d’exprimé en parlant de voter avec son ventre plutôt qu’avec sa tête.

  7. Posted 30 août 2018 at 16:57 | Permalien

    Extrait :

     » Il a suffi d’une réponse ambiguë du Premier ministre dans son interview au « Journal du dimanche » pour semer le doute. « Je suis attentif […]. Nous ferons le point sur la préparation de cette réforme dans les prochaines semaines », a-t-il déclaré, laissant supposer que le calendrier n’était pas gravé dans le marbre.Ces doutes de dernière minute émanent avant tout de l’Elysée. Selon un porte-parole, Emmanuel Macron se donne encore deux semaines pour décider ou non de reporter la réforme, confirmant les informations du « Canard enchaîné ». « On a une clause de revoyure mi-septembre avec Matignon et Bercy, indique-t-on à l’Elysée. L’objectif d’une mise en place le 1er janvier 2019 est maintenu, mais nous nous laissons la possibilité de le décaler. »

    Impôt à la source : l’Elysée n’exclut plus un report

    Macron se donne jusqu’à miseptembre pour décider du sort de la réforme.

    Les Echos
    30 Aug 2018
    Ingrid Feuerstein Grégoire Poussielgue et Renaud Honoré
    Le président de la République redoute un « bug » technique qui entacherait son quinquennat.
    A quatre mois de la transition vers l’impôt à la source, l’Elysée ne ferme pas la porte à un report de la réforme. Selon un porte-parole, Emmanuel Macron se donne encore deux semaines pour trancher, confirmant les informations du « Canard enchaîné ». « Nous avons une clause de revoyure miseptembre avec Matignon et Bercy, indique-t-on à l’Elysée. L’objectif d’une mise en place le 1er janvier 2019 est maintenu, mais nous nous laissons la possibilité de le décaler. » Le risque politique pèse lourdement dans la balance, face aux inquiétudes sur l’effet psychologique sur le pouvoir d’achat. Gérald Darmanin, le ministre de l’Action et des Comptes publics, dément énergiquement toute possibilité de report. « Je serai le ministre qui fera l’impôt à la source », a-t-il déclaré mardi matin sur Europe 1.

    Jusqu’à dimanche dernier, cela ne faisait aucun doute. L’impôt serait prélevé à la source pour 37 millions de foyers fiscaux au 1er janvier 2019. Fin août, les contribuables ont reçu un courrier du ministre de l’Action et des Comptes publics qui vante une « réforme de modernisation de l’impôt et de simplification ». Depuis le début de la semaine, les chaînes de télévision diffusent une campagne d’information. Il a suffi d’une réponse ambiguë du Premier ministre dans son interview au « Journal du dimanche » pour semer le doute. « Je suis attentif […]. Nous ferons le point sur la préparation de cette réforme dans les prochaines semaines », a-t-il déclaré, laissant supposer que le calendrier n’était pas gravé dans le marbre.Ces doutes de dernière minute émanent avant tout de l’Elysée. Selon un porte-parole, Emmanuel Macron se donne encore deux semaines pour décider ou non de reporter la réforme, confirmant les informations du « Canard enchaîné ». « On a une clause de revoyure mi-septembre avec Matignon et Bercy, indique-t-on à l’Elysée. L’objectif d’une mise en place le 1er janvier 2019 est maintenu, mais nous nous laissons la possibilité de le décaler. »

    Du côté du président de la République, la préoccupation est d’éviter un « bug » technique, qui entacherait durablement son quinquennat. Mais le risque politique pèse aussi lourdement dans la balance. La baisse des cotisations salariales, réalisée en deux temps, ne s’est pas encore traduite dans la perception qu’ont les Français de leur pouvoir d’achat. A peine la deuxième baisse de cotisation aura-t-elle eu lieu en octobre prochain que l’impôt sera amputé du revenu net sur la fiche de paie en janvier de l’année suivante.

    La députée Cendra Motin (LREM), chargée d’une mission sur le prélèvement à la source, balaie ces inquiétudes : « Les contribuables mensualisés se rendront vite compte qu’ils ne sont plus prélevés en milieu de mois. Les autres n’auront plus leur tiers provisionnel en février », indique cette spécialiste de la paie. Il n’empêche que l’Elysée considère qu’il faut faire machine arrière en cas de doute. « On est sur un toboggan réversible », indique un porteparole. Une façon de reconnaître qu’un retour en arrière ne sera pas facile. Même si la réforme inquiète la majorité, elle reste populaire. Au fil des mois, différents sondages ont montré que les deux tiers des Français y sont favorables. C’est d’ailleurs l’un des arguments mis en avant par Gérald Darmanin, le ministre de l’Action et des Comptes publics, qui dément énergiquement tout report. « Je serai le ministre qui fera l’impôt à la source », a-t-il déclaré mardi matin sur Europe 1, après avoir répété à plusieurs reprises ces derniers jours que la réforme ne serait pas repoussée.

    Un nouveau report du prélèvement à la source est techniquement possible, selon certaines sources à Bercy. Néanmoins, cela risque de remettre en cause une autre réforme, celle des APL. A partir du printemps 2019, l’exécutif a en effet prévu que les aides personnalisées au logement soient versées en fonction des revenus contemporains des allocataires, et non pas en fonction de ceux d’il y a deux ans. A la clef, pas moins de 1 milliard d’économies. Mais pour cela, il faut les données fiscales les plus récentes fournies par le prélèvement à la source. Le gouvernement serait en train de s’assurer que les mêmes informations peuvent être obtenues via les Urssaf. Signe que le sort du prélèvement à la source n’est pas encore tranché. ■

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