saisir l’opportunité de marée populaire avec le mouvement des gilets jaunes

CONTRIBUTION
Lettre à Philippe Martinez, la Commission exécutive confédérale et les organisations de la CGT
Chers Camarades, 

Nous vous présentons la déclaration de notre syndicat Info’Com-CGT, du 17 novembre 2018, comme expression du bon sens de ce que devrait dire dans la période notre organisation. Notre syndicat considère que le gouvernement Macron avec son allié naturel le patronat, le Medef en particulier, unissent leurs efforts au service exclusif des riches contre le pouvoir d’achat, par les taxes, la destruction de l’égalité devant l’impôt républicain, le blocage des salaires, des pensions et des minimas sociaux, la régression de la Sécurité sociale au rang d’assurance privée comme le démontre le projet dit de « retraite par points », la multiplication des contrats précaires et l’expansion continue du chômage comme arme contre le salariat.

La situation créée de longue date, aggravée par l’autoritarisme des libéraux au pouvoir, est passible d’une vaste riposte sociale, dont la base revendicative est fournie par l’actualité revendicative et le positionnement de classe de la CGT. L’urgence est telle que la date du 1erdécembre, rendue publique le 20 novembre, apparaît comme une journée par trop tactique, « pour le communiqué », alors qu’il s’agit de construire un mouvement social pour gagner sur le salaire, le pouvoir d’achat et les services publics.

Voici ce que l’urgence nous a conduit à proposer :

  • Le remplacement des taxes, sur les carburants et la TVA en particulier, par la contribution progressive à l’impôt, en rétablissant d’urgence l’impôt sur la fortune. Les taxes, ce n’est pas l’impôt qui doit en principe corriger les inégalités. Les taxes les aggravent car le riche et le pauvre paient le même tarif.
  • Les salaires, pensions et minimas sociaux doivent être indexés sur la hausse réelle des prix, comme le Smic, car la hausse des prix repart, pas seulement sur l’essence.
  • Le service public des transports doit être privilégié, donc la politique libérale du tout routier inversée. Des milliers de kilomètres de chemin de fer ont été détruits, les marchandises qui transitaient à 80% par trains à la Libération surchargent maintenant un trafic routier irrespirable, les bus Macron ont été lancés sur la route contre la SNCF. La destruction du service public de chemins de fer est un évident facteur de pollution
  • Chacune et chacun doit avoir le droit à un emploi dans sa commune, près de son lieu d’habitation au loyer encadré, au prix d’achat sévèrement protégé contre une spéculation immobilière effrénée. L’actuelle mobilité forcée est le produit d’un inabordable immobilier, de la précarité du travail et de la raréfaction de l’emploi rémunéré.
Il ne vous a pas échappé que la réalité sociale du mouvement dit des « Gilets jaunes » ne saurait se réduire ni à une manipulation du patronat du commerce ni des formations d’extrême droite et de droite radicale. Le salariat le plus précaire, le plus fragile, le plus frappé de déclassement est touché et mobilisé. Et les autres parties du salariat se sentent solidaires et concernés par la lutte contre les taxes, la hausse des prix et l’injustice fiscale.
Devant un tel mouvement, beaucoup de syndicats et d’adhérents ont réagi en accompagnant leurs collègues de travail et leurs voisins sur les lieux d’intervention prévus le 17. Il leur apparaît que le refus de leur confédération de prendre en compte la réalité sociale d’un mouvement qu’elle n’a pas initié compromet leurs efforts de militants et d’adhérents dévoués à la cause de leur classe. La CGT de celles et ceux qui participent aux manifestations des Gilets jaunes côtoie désormais une CGT dont les porte-parole nationaux ne parlent publiquement que de manipulation et de récupération. La division s’aggrave. 

Le terrain social est ainsi laissé à une extrême droite qui n’a pas les moyens organisationnels de la récupération dénoncée, mais qui bénéficie du mauvais vent idéologique qui la pousse vers le pouvoir, comme dans tant d’autres pays.

Déserter le terrain n’est pas la bonne solution, ni face au libéralisme destructeur pratiqué par Macron et les patrons, ni face à une extrême droite tout aussi libérale mais proche d’accéder à un pouvoir dictatorial, nationaliste et raciste.
De plus, le gouvernement, en matière d’indemnisation des chômeurs, de retraite par points notamment, nous dupe en faisant croire à un « dialogue social » alors que tout est autorité, passage en force, ordonnances et ententes de couloirs entre le Medef, les financiers, la CFDT et l’Union européenne.

L’expression de la défiance d’un tel mouvement social à l’égard des institutions est présente depuis longtemps, et indique l’écart grandissant entre les formations traditionnelles et la conscience des masses. Elle conduit à compromettre la fonction d’un syndicalisme mis à mal par les Ordonnances Macron et par trop impliqué dans des négociations qui n’en sont pas.

Le syndicalisme ne répond ni à l’attente des salariés ni au potentiel de mobilisation dont il fait preuve. La tactique des journées d’action dispersées est en échec. En cette rentrée, on ne parle de la CGT que dans des réunions qui sont des chambres d’écho des directives du gouvernement tournées contre les intérêts du salariat.

C’est pourquoi nous demandons aux instances nationales statutaires élues par le congrès des syndicats pour les coordonner d’adopter une déclaration allant dans ce sens pour notre Confédération Générale du Travail.

Fraternellement,

Pour la direction d’Info’Com-CGT
Romain Altmann
Secrétaire général

depuis plus de dix jours, nos communiqués et prises de positions vont toutes dans ce sens, Gérard Filoche

Face à la mobilisation des gilets jaunes, quelle attitude les syndicats vont ils adopter? La CGT appelle à manifester ensemble le 1 er décembre. Mais la prudence reste de mise pour son secrétaire général Philippe Martinez en visite ce mercredi matin 21 novembre à la papeterie UPM Chapelle d’Arblay.

Par Catherine Lecompte (et R. Plumet)Publié le 21/11/2018 à 12:25 Mis à jour le 21/11/2018 à 16:17

Depuis le début de la mobilisation des gilets jaunes, les syndicats hésitent sur la conduite à tenir. Depuis hier et c’est une première, FO Transports appelle à rejoindre le mouvement. La CFDT Transports devrait décider de sa position ce mercredi. 

De son côté, la CGT invite les gilets jaunes à manifester en commun le 1er décembre. Mais la prudence reste au programme pour son secrétaire général Philippe Martinez.
Il était en visite ce mercredi matin à la papeterie UPM Chapelle d’Arblay qui célèbre ses 90 ans.

La CGT et les « gilets jaunes »

Interrogé sur le mouvement des « gilets jaunes », le N°1 de la CGT a expliqué que

L’enjeu aujourd’hui c’est que toutes ces mobilisations, elles se rassemblent, elles se regroupent  avec des objectifs très précis qui intéressent les salariés et qui mettent de côté et l’extrême droite et une partie de la droite et le patronat, qui a d’autres revendications. Car les revendications patronales et  salariales en même temps ça ne peut pas marcher…

Philippe Martinez, toujours au sujet des « gilets jaunes » a précisé la position de la CGT :

Nous on n’est pas surpris du mécontentement. Ça fait des mois, voire des années, qu’on le dit  que ça va pas sur des questions de salaires, de conditions de vie, etc
Donc, ce qu’on nous reprochait il y a quelques mois où nous disait « vous vous mobilisez toujours alors que tout va bien », aujourd’hui on la voit la réalité !
Donc, ce mouvement des gilets jaunes il ne nous gêne pas. Ce qui nous gêne c’est ceux qui essaient de le récupérer.

Ce mouvement il est légitime, après il y a quelques individus dans ce mouvement qui nous dérangent et la CGT fait déjà des propositions, comme pour notre action du 1er décembre contre la précarité et le chômage, où là on veut élargir autour des questions des salaires, de fiscalité… Donc la CGT elle est dans l’action !

A la CGT, nous pensons qu’il faut élargir la mobilisation aux jours de la semaine pour faire bouger les entreprises et les actionnaires.

On ne peut continuer à avoir des ministres qui méprisent le monde du travail, le champion du monde étant le président de la République quand il nous dit qu’il suffit de traverser la rue pour trouver du boulot !

 


19 Commentaires

  1. Gilbert Duroux
    Posted 22 novembre 2018 at 6:19 | Permalien

    Il est vraiment plus con que je ne le pensais, Martinez, à faire la fine bouche est vouloir qu’un mouvement de révolte soit chimiquement pur. Voici ce qu’un ami a fait passer sur Facebook. Je trouve cette réflexion plutôt pertinente :

    « Imaginez Lénine et Trotsky allant voir les marins et ouvriers russes entre février et octobre 17 : « Bande d’ignares. Vous êtes plus croyants que le cul des popes, vous êtes des saletés d’antisémites, vous adoriez le tsar il y a encore quelques semaines, et vous alliez mourir pour la Sainte Russie. Ca fait des décennies qu’on milite nous, qu’on va en prison, qu’on s’exile. Pendant ce temps vous buviez comme des trous. De toute manière vous ne comprenez rien, certains d’entre vous se battent entre eux ou dans des tavernes, la plupart battent leurs femmes et vous êtes homophobes. Vous ne lisez pas, quand vous savez lire. Vous puez. Rentrez chez vous bande de glands »
    Et bien non. Ils n’ont pas fait ça. Ils leur ont expliqué pourquoi ils étaient dans la mouise et ce qu’il fallait faire pour espérer s’en sortir.
    Si vous voulez je fais pareil avec Danton, Robespierre, Marat, Desmoulins et consorts.
    Voila en gros, le niveau de la critique de gauche des « gilets jaunes ». Quel sens de l’Histoire vraiment ! Penser que l’Histoire est tissée d’abstractions, de « ismes », et non pas réalisée par des gens de chair et de sang. Décidément, l’aliénation est allée très loin.
    On me dit « OH que tu es pessimiste hein ». Ben oui, je suis pessimiste. A ce degré d’évidence c’est difficile de croire que la domination capitaliste pourrait rencontrer quelque opposition un peu tangible ».

    La révolution se déroulerait sous le nez de Martinez qu’il ne la verrait même pas.

  2. Posted 22 novembre 2018 at 10:27 | Permalien

    y’a du vrai…

  3. Posted 22 novembre 2018 at 19:56 | Permalien

    @Gilbert Duroux
    bonjour,
    mais quelle révolution ? celle des 80% de travailleurs en galère ou celle des « bonnets rouges ».
    le mouvement a mis à jour ces revendications cette nuit, tout le peu de social qui émergeait a disparu, plus que du libérale et sociétal.
    moi je reste rouge CGT.
    @+

  4. Bourdais Marc
    Posted 22 novembre 2018 at 20:47 | Permalien

    Bravo ! J’aime beaucoup la démonstration. Il y a une histoire de mouche au vinaigre derrière tous cela. Il faut également tenir compte d’un comportement bien humain : Le consentement. Personnellement je suis agnostique et j’ai toutes les peines du monde à comprendre ce qui pousse un être humain à croire en une divinité créatrice, invisible et omnisciente dont l’occupation principale consisterait à surveiller, punir et récompenser nos actions, nos paroles, et jusqu’à nos moindre pensées. Pourtant il y a des milliards d’êtres humains à travers le monde qui en sont persuadées.

    Comment expliquer un tel succès ? Le raisonnement, la logique, les faits ne suffisent pas à convaincre. Il y a des désirs profonds, parfois inavouables, qui supplantent tous le reste. Le capitalisme est une catastrophe écologique, éthique, humanitaire…mais il fait rêver ceux qui espèrent plus que tout faire partie des gagnants. Leur désir est si fort qu’ils en viennent à s’identifier à leurs idoles jusqu’au point de reprendre à leur compte leurs arguments, leurs rêves et jusqu’à leurs moindres turpitudes.

    Un footballeur, un grand patron, un chirurgien fraude le fisc ? C’est par ce qu’il y a trop d’impôt en France !

    Les ouvriers revendiquent une hausse de salaire ? C’est néfaste pour la concurrence !

    Le chômage augmente ? C’est la faute de l’état providence qui encourage la fainéantise !

    Un argument n’a pas besoins d’être véridique pour convaincre, il suffi qu’il réponde à ses croyances, qu’il serve ses pulsions ou ses ambitions. Rare sont les pédophiles qui ne trouvent pas dans le comportement de leurs victimes un semblant d’encouragement à l’assouvissement de leur désir.

    A l’expression : « Parle à mon cul ma tête est malade », je dirais plutôt : « Parle à mon ventre mon cerveau est en panne ». Il y a cependant des chances que les deux versions soit également juste puisque les dernières avancées scientifiques en matière de macrobiote laissent entrevoir une réelle influence de certaines bactéries sur le comportement animale.

    Et si l’avènement du « meilleur des mondes » se résumait à l’adjonction d’une bonne dose de levure dans l’eau du robinet ?

  5. Anonyme
    Posted 23 novembre 2018 at 10:25 | Permalien

    @ phil
    J’ai qu’une question. Avec qui tu vas les gagner, tes changements sociaux et tes augmentations de salaires si tu laisses tous les mécontents (pour de bonnes et mauvaises raisons) aux mains du Front national ? Tu n’as pas remarqué que le nombre d’adhérents aux syndicats ne cesse de baisser ? Tu ne crois pas que c’est en étant au cœur du mouvement que tu as le plus de chances de l’empêcher de dériver ?

  6. socrate
    Posted 23 novembre 2018 at 23:23 | Permalien

    Le PS et EELV ont refusé d’appeler à voter pour la candidate insoumise Farida Amrani qui s’oppose à l’ancien bras droit de Manuel Valls, soutenu par la droite et LREM. Le second tour de la législative partielle a lieu dimanche.
    Rien n’y a suffi. Ni le rejet d’Emmanuel Macron après dix-huit mois d’exercice du pouvoir, ni le mouvement des « gilets jaunes », ni le symbole d’une circonscription scrutée par tous les observateurs, où l’abstention atteint des sommets. Dans l’Essonne, la gauche a échoué à s’unir pour le second tour de la législative partielle de l’ancienne circonscription de Manuel Valls, prévu dimanche 25 novembre.

    Le PS et EELV ont refusé d’appeler à voter pour la candidate insoumise Farida Amrani, opposée à Francis Chouat, l’ancien bras droit de Manuel Valls soutenu par la droite locale et LREM .

    Au premier tour, le scrutin a été marqué par une abstention spectaculaire : seuls 18 % des électeurs se sont déplacés. C’est Francis Chouat qui est arrivé largement en tête avec 30 % des voix, devant Farida Amrani (18 %) et le candidat du RN, Grégory Saillol (14 %). L’écologiste Éva Sas, soutenue par le PS, a échoué à la quatrième position (10,5 %), devant le LR Jean-François Bayle (10 %) et le communiste Michel Nouaille (8,5 %).

    Pour espérer l’emporter dimanche, Farida Amrani, qui avait échoué à quelques dizaines de voix près en 2017, doit faire le plein des voix de gauche – le total du premier tour atteignant à peine 40 % des bulletins – et mobiliser les abstentionnistes.

  7. Posted 25 novembre 2018 at 11:44 | Permalien

    Bonjour

    Réforme systémique des retraites :
    Vers la disparition ou baisse brutale des pensions de réversion

    Pour M Delevoye, circulez, il n’y a rien à voir : « Nous ne supprimerons pas les pensions de réversion »

    S’il était honnête il dirait « nous ne supprimerons pas toutes les pensions de réversion et nous baisserons brutalement celles qui ne sont pas supprimées »

    Comme sur le reste il s’agit de remplacer le droit à une pension par une vague notion de revenu ou niveau de vie permettant toutes les régressions: pour Delevoye / Buzyn « L’idée est d’assurer le maintien du niveau de vie », autre mensonge.

    Je prendrai un exemple
    Soit M qui a 1800 € de retraite brute et Mme 1200 €. Total ménage 3000 €.

    Si M meurt le 1er (90 % des cas). Dans le système actuel Mme aura 1200 € + 50 % (*) de 1800 € = 900 €. Pension totale 2100 €
    Dans le nouveau système ce sera 1800 + 1200 = 3000 divisé par 2 = 1500 €. Pension totale 1500 € au lieu de 2100 €.
    Baisse de la pension de 600 € par mois par rapport au système actuel !

    Si Mme meurt la 1ère, M touchera 0 réversion car il a déjà plus que la moyenne des 2 qui est de 1500 €. Il perdra 50 % (*) de 1200 €, soit 600 €

    Dans les 2 cas il y a évidemment non pas « maintien du niveau de vie », mais baisse brutale.

    Rappel le budget réversion est de 36 Md d’euros. On comprend que ça intéresse les spéculateurs bien représentés par ce gouvernement de droite comme Thatcher + de « gauche » comme Schröder et ses lois Hartz

    Voir également http://www.lefigaro.fr/retraite/2018/11/22/05004-20181122ARTFIG00334-les-pensions-de-reversion-pourraient-baisser.php?redirect_premium

    Seule la mobilisation peut empêcher le massacre des pensions de réversion, quasi disparues en Suède.

    merci a Jean Claude chailley que j’ai pirate sur cet article aussi pour HD

    (*) Pour le privé, soit 80 % des retraité-e-s, l’écart est encore plus important car la réversion de l’Agirc et l’Arrco c’est 60 % et non 50 %

  8. Posted 26 novembre 2018 at 0:13 | Permalien

    Bonjour !

    Je sais que vous n’êtes pas tous « gilet jaune » compatibles. Que travailler dans le même sens que des types qui auraient peut-être derrière leurs gilets jaunes une croix gammée gravée dans le dos, ça vous inquiète. Il se trouve que sur place, c’est-à-dire au cœur des manifestations parisiennes du 24 novembre j’y ai rencontré divers profils humains et militants qui reflètent davantage une protestation unanime avec un fil rouge autour de la haine des riches et des puissants, un sentiment d’injustice puissant et une revendication globale pour le droit de vivre sans inquiétude du lendemain.

    Prenez votre place dans cette protestation, ne laissez pas les faschos prendre la main, imposez-vous partout pour empêcher la mauvaise dérive. Nous sommes bien plus nombreux que les faschos mais si nous nous effaçons nous perdrons toutes les parties à venir.

    Ne vous effacez pas et prenez le contrôle de vos propres révoltes, soyez dur(e)s partout et raides, c’est le moment d’en foutre plein la gueule aux hobereaux, aux potes de Macron, à cette clique de sachants et de réussissants qui méprisent l’unique source du bien-être commun : le travail de millions de travailleurs-producteurs qui rendent partout, à chaque endroit, la vie collective possible.

    Aussi, avec toutes les réserves possibles, vis-à-vis de ces « gilets jaunes », je vous invite à apposer à vos fenêtres dès maintenant un gilet jaune, ou rouge, ou noir et rouge, peu importe, pour signifier dans tout le pays une manifestation visible et massive de l’opposition à la politique du Président-roi pour accueillir son discours mardi soir qui ne sera que balivernes et mépris. Ce phénomène des gilets à la fenêtre peut-être viral et tout le monde compte sur chacun !

    Il va de soi que j’ai déjà appliqué mes préconisations à mes humbles fenêtres !

    Bruno Menguy

  9. Posted 26 novembre 2018 at 0:17 | Permalien

    Je vais l’écrire très simplement et sans acrimonie. Les raisons qui m’ont poussée à quitter la FI avant l’été n’ont fait que s’accentuer depuis. J’avais fait le choix malgré tout de rester à la direction du PG, je la quitte aujourd’hui.
    Je milite depuis dix ans dans ce parti, je lui ai donné de belles années de ma vie et en ai reçu tout autant. J’y reste attachée, politiquement et humainement. Simplement aujourd’hui le hiatus devient trop grand entre la stratégie électorale de conquête du pouvoir et l’accélération de phénomènes susceptibles de provoquer un effondrement à la fois écologique et social à l’échelle mondiale.
    Climat, biodiversité, montée des extrémismes, des inégalités, dévissage culturel, mondialisation des échanges et contrôle des algorithmes, la vulnérabilité de nos sociétés est de plus en plus critique. Et ce sont toujours les mêmes qui sont sous le joug, de plus en plus exposés, en première ligne des victimes présentes et à venir. Nous devons nous laisser percuter par la situation et en prendre la mesure avec lucidité et responsabilité.
    Or il me semble que la stratégie et les moyens mis en œuvre par la FI aujourd’hui au mieux passent à côté des enjeux, au pire desservent les fins. Dans les deux cas elles me semblent en-deçà de l’exigence écosocialiste. Les « signifiants vides » du populisme et de la stratégie anti-Macron, visant à fédérer le plus largement possible, étouffent trop souvent la radicalité du projet initial. Les affaires internes et le commentaire systématique de l’actualité me semblent de plus en plus hors-sol. Les réactions auto-centrées nous coupent les ailes. J’ai toujours plaidé pour l’alliance d’une aménité de ton et d’une radicalité de fond, je vois l’opposé. La critique interne, même bienveillante, est vécue comme une attaque, le pas de côté comme une trahison. J’en viens donc à la conclusion que c’est ailleurs que je serai la plus efficace, que les choses pourront bouger.
    Depuis deux ans, des montagnards aux forestiers en passant par les rapports scientifiques sur les risques d’effondrement, j’explore des chemins de traverse, au contact d’espaces intellectuels et militants différents. Face à l’urgence il y a d’autres formes politiques à inventer, des passerelles à faire et des réseaux à activer, des actions de désobéissance civique à organiser (*), des risques et des conflits à anticiper collectivement. C’est crucial, et cela se heurte à trop de limites dans un cadre soumis aux échéances électorales et à l’injonction médiatique. L’heure est venue de sortir de nos zones de confort et de repenser en profondeur nos stratégies et modes d’action. Pour ma part je ressens la nécessité de recentrer mon temps et mon énergie, en cohérence avec le cheminement de ma réflexion (dont j’avais déjà posé quelques bribes ici : https://lvsl.fr/entretien-avec-corinne-morel-darleux).
    Le centre de gravité de l’action politique est en pleine évolution. Il y a des parcours de radicalité à accompagner du côté des mouvements climat, une alerte écologique à amplifier du côté des mouvements sociaux. Des arbres à planter et des chantiers à bloquer. De nouveaux récits collectifs à construire, et une bataille culturelle à mener. Voilà ce à quoi je souhaite me consacrer. Je crois qu’il faut agir là où on se sent utile, accueillie et en phase avec ses convictions. Ce que je lis, vois et entends, me fait penser que nous sommes nombreux à envisager cette période troublée comme une bifurcation et à ressentir le besoin d’un grand pas de côté.
    Je ne fais pas de mon départ un événement, ni un coup de sang. Je ne souhaite déclencher aucune querelle et c’est une décision personnelle, quoique politique, qui ne comporte aucun jugement sur celles et ceux qui poursuivent la lutte au sein de la FI et du PG, et le font avec sincérité. Je reste plus que jamais écosocialiste, attachée à la dignité du présent, avec la ferme détermination de continuer à militer activement.
    - Petit bonus pour celles et ceux qui m’ont lue jusqu’au bout : je reste au PG, en compagne de route exigeante mais bienveillante, je continue à assurer le mandat régional qui m’a été confié face à Laurent Wauquiez, et oui j’ai été approchée mais non je ne pars ni pour une place chez EELV, ni chez Générations, ni pour rejoindre Place Publique. En fait je sais que ça parait toujours étrange à certains, mais on ne quitte pas toujours une fonction pour choper une place ailleurs. Parfois on fait simplement ce qui semble juste à un moment donné.
    (*) Comme le font déjà les « malfaiteurs en bande organisée » à Bure, les opposants au projet GCO qui plantent des arbres le long du tracé tout en bloquant les chantiers de Vinci, ou encore Extinction Rebellion en Angleterre : https://reporterre.net/En-Angleterre-le-mouvement-Extincti CMD

  10. Posted 26 novembre 2018 at 17:10 | Permalien

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  11. Posted 26 novembre 2018 at 20:16 | Permalien

    Roger Martelli « L’espérance sociale pour répondre à la colère »
    Roger Martelli

    La gauche ne doit pas entonner le refrain démagogique du « peuple » contre les « élites », ni se contenter d’épouser les frustrations, estime l’historien, ancien dirigeant du PCF

    Emmanuel Macron alerte : « Les démons anciens resurgissent. » Le constat n’est pas faux. Encore faut-il savoir ce qui les a réveillés et ce qu’il faut faire pour qu’ils se rendorment. L’incendiaire peut-il éteindre le feu ? La démocratie est précipitée dans une crise d’une profondeur inouïe. Le peuple n’est plus, comme autrefois, partagé entre l’enthousiasme et la colère, mais entre la sidération et le ressentiment, l’abstention civique et la tentation du « sortez-les tous ! ». Partout, les gouvernants tiennent le même discours : regroupons les modérés des deux rives autour des seules options raisonnables, l’économie de marché et la démocratie des « compétences ». Or, même rassemblées, les forces au pouvoir sont balayées dans les urnes, par les Orban, Salvini et autres Bolsonaro.

    Face à elles, une part de la gauche objecte que l’ouragan de la crise a balayé tout sur son passage, ne laissant dans son sillage que le constat violent du fossé qui sépare irrémédiablement le « peuple » et les « élites ». Il n’y aurait plus d’autre choix que de se couler dans le flux des émotions populaires et d’épouser le mouvement des colères. D’abord, rendre visible que l’on est du parti du peuple ; à partir de là, disputer sa primauté à l’extrême droite, en montrant qu’elle n’est pas en état de satisfaire les attentes, d’apaiser les douleurs et de surmonter les frustrations populaires.

    « Nous, le peuple » et « eux, les élites »… Le but ne serait plus de rassembler les dominés, mais d’instituer un peuple dans les cadres de la nation. Le creuset de sa prise de conscience serait dans la détestation des élites : la caste, la supranationalité, Bruxelles, Berlin, la mondialisation, le parti médiatique, les bons sentiments, voire la « gôche », ce terme qui vient tout droit de l’extrême droite des années 1930. Face au « populisme de droite », le seul choix cohérent consisterait à imposer un « populisme de gauche ».

    L’exemple du Front populaire
    La référence au Front populaire est parfois convoquée à l’appui de cette stratégie. Elle ne l’est pas toujours à bon escient. Du temps où les démons anciens surgissaient, la gauche du Front populaire n’a pas voulu convaincre ceux qui se tournaient vers le fascisme qu’ils faisaient le mauvais choix. Elle a redonné confiance à ceux qui ne reconnaissaient plus la gauche officielle dans les compromissions du pouvoir. Elle n’a pas détourné les égarés, mais mobilisé ceux qui pouvaient espérer. Elle n’a pas canalisé le ressentiment, mais redonné au monde du travail et de l’intelligence le sens de la lutte collective.

    Le Front populaire utilisa certes la mise en cause des « 200 familles », du temps où le capital se voyait et s’incarnait – le patron avec haut-de-forme et gros cigare. Pourtant, la gauche ne fut pas dynamisée d’abord par la haine de la caste dirigeante, mais par l’espoir d’un monde de justice. Le Front populaire fut antifasciste dans sa détermination, mais ce qui le rassembla, jusqu’à la victoire électorale, ce fut le beau slogan positif Le pain, la paix et la liberté.

    Imaginer que la détestation du « eux » est à même d’instituer le peuple en acteur politique majeur est une faute. L’essentiel est, hier comme aujourd’hui, de combattre des logiques sociales aliénantes qui érigent un mur entre exploiteurs et exploités, dominants et dominés, peuple et élites. Le peuple ne devient pas souverain par le ressentiment qui l’anime, mais par le projet émancipateur qu’il propose à la société tout entière.

    Pensant accompagner les colères, on attise le ressentiment. On ne combattra pas l’extrême droite en surfant sur ce qui relève de l’amertume et du désarroi. Pour battre les « démons » d’aujourd’hui, il faudra contester leurs idées, dans tous les domaines, que ce soient les migrations, l’information, l’environnement ou la justice fiscale. Ne pas mépriser ceux qui se sentent floués par les puissants est une chose. Légitimer la procédure même de leur dévoiement en est une autre. Ce que ce peuple déboussolé attend, c’est une politique de justice et de dignité. La mission de la politique n’est pas d’accompagner, mais de travailler à cette construction, de rassembler, de suggérer des pistes, de débusquer les pièges, de désigner les causes des malheurs, d’écarter la tentation facile du bouc émissaire.

    La gauche historique, celle que tant et tant ont aimée, n’a rien en commun avec l’extrême droite, pas même la référence théorique au peuple. Celui-ci ne se constitue que par le mouvement qui l’émancipe, par l’espérance qui le porte, par l’avenir qu’il dessine, dès aujourd’hui et pour demain. Dans la continuité des fascismes, l’extrême droite critique la démocratie représentative en elle-même, la gauche lui reproche ses limites de classe et son incomplétude. L’une rêve d’autorité et de compétition, l’autre d’égalité et d’émancipation : entre les deux, aucune passerelle n’est possible. Hors de ces convictions je ne vois pas d’issue positive aux convulsions du moment.

    ___

    Roger Martelli est historien et ancien membre de la direction du PCF. Il est directeur de la publication du magazine « Regards »

  12. Posted 26 novembre 2018 at 20:17 | Permalien

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  13. cyril
    Posted 26 novembre 2018 at 21:38 | Permalien

    Et sinon, M. FILOCHE vous êtes contre l’exploitation capitaliste? A priori, non, car emploi et pouvoir d’acaht c’est le capitalisme.

    Donc, si je comprends bien, vous êtes pour une exploitation humaniste?

    Comme d’habitude avec les pseudo radicaux de gauche, vous ne comprenez rien à l’économie.

    Ce que l’on vit de nos jours, c’est le délitement de ce système pourri et absurde.

    A moins que fabriquer des armes que l’on fout sur la gueule de civils au Yémen par exmple, c’est bon poyur l’emploi et le pouvoir d’achat?

    C’est le capitisme qu’il faut combattre pour s’appropier non pas les moyens de production, mais redéfinir les besoins et adapter les activités proudctives à ces besoins.

    Il nous faudra donc sortir de la société bourgeoise

  14. Posted 27 novembre 2018 at 11:30 | Permalien

    Bonjour,

    Quel mot d’ordre précis avancer concernant le prix des carburants et qui acterait un vrai recul de Macron ?

    La hausse actuelle des taxes ne va pas à la transition écologique, chacun le sait, mais sert à « tenir » le déficit public à moins de 3%. Il faut bien compenser la quasi-suppression de l’ISF ou le CICE.

    « Annulation de la hausse des taxes sur les carburants » peut être un mot d’ordre unifiant. Il est certes un peu flou, car est-ce l’annulation de la hausse du 1er janvier 2018 ( 7,6 centimes pour le gaz-oil / 3,9 centimes pour le sans-plomb ) ou celle prévue au 1er janvier 2019 (7 centimes pour le diesel / 4 centimes par litre d’essence) qui doit rapporter 2,9 milliards à l’Etat en 2019 ?

    Si la révolte n’a démarré qu’à l’automne 2018 (alors que la hausse de la taxe a eu lieu en janvier), c’est qu’en début d’année le prix du brut baissait, et qu’il a beaucoup remonté après l’été. D’ailleurs, l’introduction de la taxe carbone a été ces dernières années presqu’ indolores tant le prix du brut avait baissé.
    En plus de la taxe carbone, il y a une hausse du diesel pour faire converger la taxation essence-diesel (pour des raisons de santé car le diesel émet des particules fines, mais pas pour des raisons écologiques car le diesel émet moins de CO2 que l’essence). Aujourd’hui les deux sont au même prix car le prix du brut de l’essence a plus baissé que celui du gas-oil.
    Je propose d’en rester à :

    « Annulation de la hausse des taxes sur les carburants »
    « Rendez l’ISF »
    « Augmentez les salaires »
    Il faut en parallèle tenir un discours écologique (sortir des énergies fossiles : charbon, pétrole, gaz…et j’ajoute uranium pour d’autres raisons que les émissions de CO2 car le nucléaire produit peu de gaz à effets de serre). Cela nécessite une réorientation de l’appareil productif, une « bifurcation du modèle de développement » pour reprendre la formule de JM Harribey. Cela nécessite de lutter contre le poids des actionnaires et de la finance pour qui seul comptent les bénéfices à court terme (cf. https://www.oxfamfrance.org/climat-et-energie/comment-les-banques-francaises-financent-les-energies-fossiles/).

    Je le dis et je le répète, la hausse des taxes sur les carburants n’a rien à voir avec le financement de l’écologie. Pour certains écolos, plus l’essence est chère, moins les gens utiliseront leurs voitures. Cela ne marche pas ! Comme pour les cigarettes : les campagnes sur le caractère nocif du tabac ont plus d’impact que la hausse du prix des clopes.

    Amicalement

    Eric Th

  15. Posted 27 novembre 2018 at 11:39 | Permalien

    oh la la, relisez « salaires prix et profits » de karl marx
    bien sur qu’en marxiste je combat le capitalisme, donc je veux mettre bas cette societe, pour en construire une autre ou chacun recevra selon ses capacités puis selon ses besoins,
    combattre le capitalisme implique de mobiliser des millions de salariés,
    pour cela il faut partir de leur vécu, de l’exploitation
    pour la remettre en cause, expérimentalement
    c’est ce que j’appelle un « programme de transition » au socialisme
    donc partir de l’aspiration naturelle a la hausse des salaires,
    j’ai l’habitude d’expliquer que la bataille pour la hausse des salaires et la défense des droits du salariat est la voie pour remettre en cause un jour le salariat lui même en tant que classe exploitée
    ce qui me surprend c’est votre ton et votre arrogance ici, vous n’avez rien lu de nous, de nos actions, de mes livres, de notre revue depuis 26 ans ?
    pas meme « mai 68 histoire sans fin » ? pas meme « dette indigne » ? pas meme « printemps portugais » ? pas meme « vive l’entreprise ? » ni « democratie & socialisme » ?

  16. Posted 27 novembre 2018 at 12:49 | Permalien

    Bonjour,

    L’article de Libération est intéressant mais pour avoir une vision plus globale de la situation, il faut lire l’article joint du Figaro.

    Cet article précise la composition sociale de ceux qui se sont autoproclamés « communicants » des gilets jaunes. Selon le début de l’article, les entrepreneurs seraient majoritaires dans ce groupe de communicants. En réalité, la suite de l’article montre qu’ils sont 4 sur 8. Mais, même ainsi, les entrepreneurs et auto-entrepreneurs sont très sur-représentés (même Le Figaro s’en étonne…) par rapport à la réalité sociale des gilets jaunes telle que nous avons pu l’observer : de salariés et de salariées dans sa très grande majorité.

    Ces « communicants » ne peuvent se réclamer que d’un sondage Google « auquel 30 000 personnes auraient répondu. Ils ont soi-disant recensé les différentes propositions qui se seraient dégagées ces dernières semaines et auraient demander aux gens de voter pour les « prioriser ». Mais ce sont eux qui ont choisi les différentes propositions soi-disant « recensées » : c’est pourquoi figure dans ces propositions « la baisse des charges patronales » qui n’est jamais apparue dans ce que nous connaissons des mots d’ordre des manifestations des gilets jaunes. Nul doute que sur ce point, ils pourraient trouver un terrain d’entente avec Macron. Plus facilement que sur l’abrogation des augmentations de la taxe sur les carburants en 2018 et sur le refus de leur augmentation en 2019, qui est, aujourd’hui, le mot d’ordre le plus fédérateur du mouvement des gilets jaunes.

    Cela confirme que la gauche est confrontés à deux problèmes :

    1- Celui de l’organisation démocratique du mouvement des « gilets jaunes » et des risques de récupération non seulement politique (par la droite et l’extrême-droite) mais aussi sociale par des « communicants » modestes (au départ) mais auto-proclamés.

    2- Celui de la jonction entre gilets jaunes et syndicats.

    Cordialement,
    JJC

  17. Posted 27 novembre 2018 at 13:03 | Permalien

    8 représentants auto-proclamés des Gilets jaunes viennent de faire leur apparition. Ils se présentent non comme des chefs mais comme des « communicants officiels ».
    Ils ont été désignés en « visioconférence » à l’initiative de deux des plus anciens, Priscilla Ludosky de Savigny-le-Temple, vendeuse en ligne de cosmétiques bio, et Eric Drouet, camionneur à Melun.
    Ce sont donc ces deux là qui se sont cooptés eux-mêmes et en ont coopté six autres (on remarquera qu’ils n’ont pas coopté Frank Buhler, ex-FN de DLF, et Jacline Mouraud, dont la vidéo a été la plus vue, organisatrice de « stages d’ectoplasmie » – mais Eric Drouet lui-même serait, selon certains sites, en relations avec la blogosphère soralienne et chouardienne).
    Les 6 autres sont :
    Mathieu Blavet, exploitant en jus de pomme de 20 ans, Miramas.
    Marine-Charette Labadie, serveuse à Brives-la-Gaillarde.
    Julien Terrier, auto-entrepreneur en dépannage, Toulouse.
    Maxime Nicole, intérimaire, Cotes-d’Armor.
    Jason Herbert, chargé de com’ au Grand Angoulème.
    Thomas Miralles, patron d’un cabinet de courtage en prêt immobilier (celui-ci a été candidat dans une liste municipale soutenue par le PS, puis dans une liste soutenue par le RN, ce qu’il a déclara à la presse locale avoir été une « erreur de jeunesse »).
    Sociologiquement parlant ceci correspond bien au mélange de prolétaires peu ou pas organisés et de petits-bourgeois pauvres qui ont déferlé comme « gilets jaunes », avec toutefois une certaine surreprésentation de ces derniers.
    Les commentaires vont bon train sur l’absence totale de démocratie dans ces désignations. Certes, il serait excellent que les gilets jaunes discutent entre eux, fassent des AG, désignent des délégués révocables, des soviets, quoi ..
    Ce serait super, mais il semble difficile d’avoir de telles exigences envers eux quand, dans les entreprises, les AG intersyndicales désignant des délégués révocables sont, tout de même, une rareté, « l’AG » consistant le plus souvent dans des « délégués » qui convoquent « la base » pour lui distiller la bonne parole et puis voila.
    En fait, s’il y a une expérience qui informe les modes d’action et d’organisation des gilets jaunes, ce sont les blocus lycéens. Il y a fort à parier que c’est la seule expérience de beaucoup d’entre eux.
    Et justement, les blocus lycéens sont le résultat de l’élimination des AG lycéennes par un double processus : celui de la « démocratie lycéenne » où toute forme d’organisation propre à eux et autonomes est bannie, au profit d’un encadrement « citoyen » obligatoire de leur moindre battement de sourcil, et d’autre part celui des proviseurs soucieux de mettre tout le monde dehors en cas de mouv’, et se lavant les mains de ce qui peut arriver pourvu que ce que ne soit pas sous leur responsabilité.
    Ceci s’est combiné à la régression de la transmission des pratiques de discussion, et aux réseaux sociaux. Résultat le « blocus » comme seul mode d’action.
    Tous les traits des gilets jaunes d’aujourd’hui étaient présents dans les derniers grands mouvements lycéens, qui nous font remonter à 2008 (la préhistoire) : chefs autoproclamés par l’envoi de messages sur les réseaux, primauté de l’action, course dans tous les sens, difficulté structurelle à discuter des perspectives.
    Ces limites sont surmontables à une double condition :
    -ne pas avoir peur de la grève,
    -ne pas avoir peur de la politique (« Macron démission » …).
    Ce sont en effet ces conditions politiques (discuter des perspectives et chercher la grève) qui peuvent aider à de vrais assemblées démocratiques, celles dont nous avons tous besoin quel que soit le gilet, quand on est exploité.

  18. Posted 27 novembre 2018 at 18:13 | Permalien

    Le peu de sympathie que j’avais pour les GJ s’envole en voyant les revendications des « délégués ».
    Suppression du Sénat
    Baisse des « charges patronales » …
    Du pur Macron.

  19. Posted 27 novembre 2018 at 18:45 | Permalien

    Bonjour,
    Il y a une année,à peu prés ,je vous avais contacté aprés la lecture de votre livre CERIUM ,écrit en collaboration avec Patrick Raynal.
    J’avais apprécié votre livre car il parlait de ces travailleurs chinois arrivés en France dans des conditions innommables ,exploités par des exploiteurs de tous poils ….
    compatriotes et et autres.
    De votre place d’inspecteur du travail ,vous aviez entre les mains « de la matiére « ,si je peux m’exprimer ainsi ,ce qui nous permettait d’appréhender la vie de cette « population » dont on ne parle guére.
    Et puis à propos du trafic du cérium ,vous posiez des questions qui ont à voir avec ce dont on parle beaucoup en ce moment ,la transition énergétique.
    Pour moi c’est un livre comme je les aime qui me permet de me faire réfléchir ,de me faire poser des questions.
    Je trouvais donc intéressant de le proposer à nos amis lecteurs de notre association, « Les Amis de l’Estaminet et de la Culture ».
    A la fête de l’Huma,en septembre dernier ,notre présidente a discuté avec vous et vous lui avait dit ,qu’étant plus disponible ,vous pourriez venir un de ces soirs nous rencontrer.
    Je vous renouvelle donc notre invitation pour une rencontre auteur-lecteurs ,la date serait à déterminer avec vous ,en mars ou avril 2019 .
    Je vous rappelle que nous habitons à Magny les Hameaux dans le 78.
    J’ignore l’adresse mail que vous utilisez ,je vous envoie donc ce mail sur les 2 adresses que j’ai en ma possession.
    Dans l’attente de votre réponse,
    Bien cordialement.
    Dominique MARTY.

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