« j’ai fait mai 68 je fais novembre 2018″

 

 

Mai 68 histoire sans fin

J’ai toujours expliqué, au travers de nombreux livres et articles, que mai 68 était « une histoire sans fin ». Il existe des cycles du mouvement des masses comme il existe des cycles économiques.

Depuis 50 ans, la profondeur de la grande grève générale a nourri des répliques sismiques régulières de génération en génération.  Certaines ont permis de grandes victoires à la jeunesse massivement mobilisée : loi Debré en 1973, loi Devaquet en 1986, CIP en avril 1994, CPE en avril 2006. D’autres ont exprimé la puissance croissante de la classe des salariés : les grèves de Renault, la Poste, les Banques, le Joint Français, Lip, la sidérurgie.

Même quand ces grèves ne gagnaient pas, elles laissaient des empreintes politiques profondes. La victoire électorale de mai 1981 est un effet différé de mai 68. Lorsque des conquêtes étaient obtenues (hausse du Smic, 33 % en 68, 13 % en 81, 40 h, 39 h, 35 h, droits du travail, 4° et 5° semaine de congés payés, retraite à 60 ans) elles imprégnaient la vie sociale quotidienne.

En août 1995, Madelin, ministre clamait qu’il fallait « un autre mai 68 et qu’on le gagne ». Le contredisant, en novembre-décembre 95, l’inacceptable « plan Juppé » dut reculer devant une autre grande grève quasi généralisée. « La France est un volcan et la lave, pour sortir, choisit Paris » explique La Repubblica. La victoire de la gauche plurielle de Lionel Jospin en juin 1997 est aussi un effet différé de novembre-décembre 95.

En 2008, Sarkozy clamait encore qu’il « fallait liquider mai 68 » : 40 ans après ça l’effrayait toujours. Le pouvoir passa en force contre les retraites à 60 ans malgré les grands mouvements de 2003 et 2010 : mais en 2004, 20 régions sur  22 passèrent soudainement à gauche, et en 2010, l’entêtement de Sarkozy à poursuivre la même offensive libérale anti retraites le fit battre en 2012.

Jusque-là les vagues de mai 68 venaient battre les falaises de la droite et recevaient certains échos positifs de la gauche. C’est alors que le trio Hollande-Valls-Macron a pris la suite en trahissant tous les espoirs de 2012,  et ils se sont exercés à ne rien céder quelques que soient les mobilisations : y compris contre la scélérate loi El Khomri, lorsqu’il y eut 14 manifestations, avec sans doute 3,5 millions de participants au moins une fois.

Sorti putschiste en tête de ce trio, Macron s’imposa « par effraction » et, de façon forcenée, entreprit de bloquer et baisser le coût du travail pour hausser le coût du capital, contre tous les droits sociaux, afin d’ubériser la société « sans statuts, » « France start up », « post salariale ». Macron a certes gagné sur les ordonnances anti code du travail, puis contre le service public de transport collectif de la SNCF : il s’apprêtait à une écologie punitive, à clore les cotisations chômage, maladie et la Sécurité sociale, à fermer les derniers services publics, HLM ou RATP, à en finir avec les retraites par répartition…  C’est alors, logiquement, de cette intransigeance folle du trio Hollande Valls et Macron que sont sorties, en tâtonnant, les « nuit debout », puis aujourd’hui les « gilets jaunes ».

Puisque même les dirigeants de la gauche officielle trahissaient, puisque les organisations défendant historiquement les droits n’étaient plus entendues, leur  « base » s’est insurgée d’elle-même. Après les « places » occupées des villes, ce sont les « rond points » et les Champs Elysées qui sont occupés, avant que ce ne soit les entreprises et la grève généralisée.

Les 50 % des salariés qui gagnent moins de 1700 euros, les 9 millions de pauvres et chômeurs en dessous de 900 euros, les 7 millions de retraités en dessous de 1000 euros, les millions de jeunes sans ressources ou en CDD bidons, se sont donc soulevés et on comprend tout à fait que leur colère soit plus grande, plus radicale et plus violente encore.

Car ça suffit ! La France n’a jamais  été aussi riche de son histoire et les richesses aussi mal partagées. En 50 ans, la part du travail et son salaire ont reculé par rapport au capital. Ca se cristallise donc contre la dictature anonyme de la finance, sur le partage des immenses richesses disponibles : les 1 % d’en haut doivent rendre l’ISF et davantage aux 99%, les taxes injustes sur le carburant doivent être supprimées, la fiscalité doit redevenir directe et progressive, les salaires, et le Smic, à nouveau et en premier, doivent augmenter massivement, tandis que les dividendes doivent diminuer.

Comme toujours, les grandes explosions commencent de façon fortuite sur un objectif précis, et si le pouvoir  est sourd, le mouvement se généralise.

Gérard Filoche, Gauche démocratique et sociale

 

 

 

 

 

2 Commentaires

  1. DOMINIQUE BABOUOT
    Posted 4 décembre 2018 at 17:53 | Permalien

    Franchement dimanche soir sur le plateau de France 2, j’ai pu voir JLM, boire du petit lait en écoutant, une représentante gilet jaune du val d’oise répéter mot pour mot ce qu’il dit à l’assemblée nationale et sur les réseaux sociaux depuis des mois!

    Il pouvait se payer le luxe meme de ne meme pas demander la démission de Macron comme son ami Ruffin car disait-il il se doit d’etre responsable, député à l’AN et responsable d’un des premiers groupes d’opposition!

    Et quand elle a dit que meme si Philippe renocait la taxe, c’était beaucoup trop tard, on a bien vu que JLM avait du mal à cacher son plaisir!

    Alors quand l’imbécile de journaliste a trouvé rien de mieux que de mettre en garde cette représentante en lui disant « Attention JLM essaie de vous récupérer »

    Mélenchon n’a pas pu se retenir, et interpeller cet imbécile pour l’enfoncer un peu plus dans le ridicule ou il s’était mis!

    J’ai passé une excellente soirée et j’ai revisionner la vidéo le lendemain!

    https://www.youtube.com/watch?v=B0a5Cc30R00

    Dernière nouvelles:

    Ils se sont dégonflés!

    La taxe est suspendue pendant six mois!

    cela finira-t-il a faire rentrer les gilets jaunes chez eux?

    Pas sur!

    Décidément ces « bourgeois » n’ont aucune mémoire!

    Louis XVI a eu beau coiffer le bonnet phrygien, cela n’a pas empeché qu’il a été aboutir en prison!

    En 68 quans dix millions de travailleurs étaient en grève, il a falu que Georges Séguy fasse plusieurs fois l’aller et retour entre les gars et le cabinet du premier ministre pour que les grèves s’arretent!

    Le jeune Macron n’en a pas fini!

    Seul chose qui peut faire réfléchir, la menace des fascistes de Lepen qui entend bien profiter de la situation pour tirer les marrons du feu,commme en Italie, en pologne, En hongrie, en Autriche et aussi en espagne ou l’extrème-droite fait une entrée fracassante au parlement de Séville avec 10 pour cent des voix 12 sièges qui peuvent permettre peut etre de bloquer la formation de tout gouvernement régional!

    Toutes ces sourdes menaces seront-elles suffisantes pour sauver Macron, comme elles avaient pu assurer son accès à l’élysée, rien n’est sur!

    Qui vivra verra!

    On vit décidément une période passionnante, décidément les peuples sont imprévisibles!

  2. Posted 4 décembre 2018 at 23:10 | Permalien

    oui j’avais bien et clairement annoncé de façon circonstanciée et repétée cette explosion sociale presque mécaniquement prévisible vu la brutalité de la casse sociale de Macron

Déposer un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera jamais transmise.

*