Marchons aussi le 8 décembre pour la solidarité climatique et le 14 décembre pour les salaires

Nous reproduisons ici une tribune d’une dizaine de formations politiques de gauche, dont la Gauche démocratique et sociale (GDS), appelant aux marches pour le climat. Cette tribune est à retrouver dans le journal Libération.

 

En décembre 2015, lors de la 21ème Conférence mondiale sur le climat, nous célébrions la signature de l’Accord de Paris, qui entendait limiter le réchauffement mondial à 2 °C et si possible viser 1,5 ° C. Trois ans après, le compte n’y est pas. La France pays hôte ne tient pas ses propres engagements, il en est de même de la très grande majorité des pays, certains pays se sont même retirés de l’accord. Par voie de conséquence le climat se réchauffe bien au-delà des objectifs de la COP21.

 

La démission de Nicolas Hulot fin août et la nouvelle publication du GIEC début octobre ont contribué à enclencher un réveil citoyen autour des enjeux écologiques qui deviennent prioritaires. Il s’est exprimé notamment par les deux marches pour le climat le 8 septembre et 13 octobre derniers qui ont réuni des dizaines de milliers de citoyens dans différentes villes françaises.

 

Plus récemment, la problématique de la justice sociale surgit avec force avec le mouvement des « gilets jaunes », né en réaction à la hausse des taxes sur les carburants, perçue comme socialement discriminante. Nous partageons le constat d’injustice sociale de cette mesure. En effet, en France, les très riches émettent 40 fois plus de carbone que les pauvres, mais les pauvres paient 4 fois plus de taxe carbone en pourcentage de leur revenu.

 

Nous pensons qu’en l’absence de solutions alternatives, cette seule hausse des taxes sera insuffisante pour conduire à des économies d’énergie et la réduction de pollutions, d’autant plus qu’elle ne concerne qu’une petite partie des produits pétroliers et que seule une partie minoritaire des recettes de cette taxe est réellement affectée à la transition écologique.

 

Cela dit, nous sommes tou.te. s convaincu. e. s que l’évolution du climat exige une réduction rapide de nos consommations et pollutions. Face à ces enjeux qui engagent l’avenir de l’Humanité, notre génération va devoir réinventer notre mode de vie et nos mobilités pour mieux articuler justice climatique, sociale et territoriale. C’est un défi sans précédent qui exige de l’intelligence et de l’unité.

 

C’est pourquoi nous nous sommes accordés, sur l’initiative du collectif #Unispourleclimat, sur les revendications suivantes pour lesquelles nous nous engageons :

 

1. Articuler justice climatique, sociale, fiscale et territoriale : la réduction des inégalités économiques et territoriales est nécessaire à la réduction des prédations et pollutions. Il faut compenser la mobilité contrainte des plus pauvres, renforcer les chèques énergie, rétablir la progressivité de l’impôt. Mettre fin à l’évasion fiscale des multinationales et des 1 % les plus fortunés, instaurer une taxation sur les transactions financières,et redistribuer les richesses. Pour faciliter une transition écologique socialement juste, il faut augmenter les salaires, les pensions, les retraites, les indemnités de chômage et les minimas sociaux, plafonner les revenus, rétablir l’ISF.

 

2. Réduire les mobilités contraintes : mettre en place des politiques d’aménagement du territoire qui diminuent les déplacements imposés aux personnes et les transports des marchandises, des circuits courts, des emplois et des services publics plus proches des domiciles, des services mobiles dans les zones rurales. Partager le travail en réduisant le temps de travail. Limiter l’étalement urbain. Abandonner les projets de nouvelles autoroutes qui favorisent l’usage de la voiture, contribuent à l’étalement urbain et à l’artificialisation des sols. Retourner à une gestion publique du réseau autoroutier en affectant les revenus des péages à la transition écologique.

 

3. Appliquer le principe pollueurs-payeurs : mettre fin à toutes les subventions aux énergies fossiles et aux taxes sur les transports en commun peu polluants, mais taxer les transports les plus polluants : avions (kérosène), camions, bateaux (fioul lourd). Nous demandons que l’ensemble de ces recettes soient réinvesties dans la transition écologique des mobilités, pour développer les transports en commun et de nouvelles lignes ferroviaires, le maintien des petites lignes ferroviaires, le covoiturage, le vélo, le fret ferroviaire. Il faut réorienter l’épargne sur les livrets de développement durable vers des activités 100 % durables et solidaires au lieu de l’investir dans les énergies fossiles. Interdire à terme la production et l’importation des véhicules essence et diesel. Par ailleurs, il faut engager une mutation de notre modèle agroalimentaire vers une alimentation biologique, relocalisée et moins carnée.

 

4. Mettre fin à la précarité énergétique : Il faudra investir d’une manière massive dans la rénovation des logements pour une économie de l’énergie et des coûts engendrés. Pour permettre à chacun l’accès à un logement économe en énergie, divers outils sont à mettre en place ou à renforcer : le recours à un système de tiers payant, la prise en charge du coût de l’audit énergétique, le doublement du fonds chaleur pour favoriser une baisse de la consommation dans les habitats collectifs, des prêts à taux réduit ou à taux zéro pour des investissements économiseurs d’énergie à destination des plus précaires, doublement du chèque énergie. Nous demandons que soient développés et améliorés les réseaux de chauffage public.

 

5. Créer des millions d’emplois pour le climat : développer les filières d’avenir (énergies renouvelables, rénovation des bâtiments, réseau de chaleur, économie circulaire, véhicules propres) et accompagner socialement ces mutations.

 

6. Organiser des états généraux décentralisés de la solidarité climatique : ouvrir à tous les échelons territoriaux, des lieux d’échange multi-acteurs autour de cahiers de doléance, pour décider ensemble des politiques de la transition écologique et solidaire à mettre en oeuvre en matière de fiscalité d’urbanisme, de transport, d’énergie, et d’agriculture. Une simple concertation ne suffit pas. Durant ces états généraux, mettre en place un moratoire sur la hausse des taxes pétrolières. Il y a urgence.

 

7. Mettre en place des normes écologiques sous contrôle syndical et citoyen dans les conseils d’administration des entreprises. Le renforcement du poids des salariés et des associations de consommateurs sur la production est la garantie du respect des engagements de l’accord de Paris et plus globalement d’une production compatible avec l’urgence sociale et climatique.

 

8. Exiger que la France tienne les engagements qu’elle a pris lors de la COP 21 en matière de réduction des GES, c’est-à-dire une baisse mesurable dès 2019 dans le cadre d’une stratégie zéro carbone pour 2050 qui nécessite que soit engagée une véritable politique de réduction de la consommation énergétique et de développement des énergies renouvelables. Dans le cadre de la COP 24, nous demandons que la France soit exemplaire et présente une feuille de route nationale bien plus ambitieuse que les dernières annonces de la PPE et défende un accord sur le climat contraignant qui intègre des mesures de solidarité climatique.

 

Sur ces bases, nous appelons à participer aux marches citoyennes pour le climat du 8 décembre organisées par des collectifs citoyens et des ONG #ClimateAlarm.

 

Les signataires : Diem 25, Écologie sociale, Ensemble !, Europe écologie les verts, Réseau coopératif EELV , Gauche démocratique & sociale, Génération·s, Nouvelle donne, Parti communiste français, Parti de gauche, Rassemblement des écologistes pour le vivant

 

4 Commentaires

  1. Pavailler guy
    Posted 5 décembre 2018 at 15:24 | Permalien

    Bonjour,
    Pour rehausser immédiatement les bas salaires, afin d’augmenter leur pouvoir d’achat, et de satisfaire la consommation locale que pensez-vous d’une prime qui serait versée en monnaie locale ? Circuit court, réduction des transports, ces monnaies ont beaucoup d’atout pour l’écologie.
    Bien à vous, et merci pour tout le travail déjà accompli.

  2. Posted 5 décembre 2018 at 16:12 | Permalien

    non, des euros solides et trébuchants du salaire

  3. Posted 5 décembre 2018 at 16:15 | Permalien

    Patrick Saurin est membre du Comité pour l’abolition des dettes illégitimes.

    Cordialement,

    JJ
    Ignominie et duplicité de la novlangue macroniste

    5 déc. 2018 – Le blog de Patrick Saurin
    La macronie et ses médias aux ordres montrent depuis trois semaines toute l’étendue de leur ignominie et leur duplicité à l’occasion du mouvement des gilets jaunes. Pour démasquer ces tartuffes, voici quelques éléments de langage, accompagnés de leur signification sous-entendue et en regard la réalité qu’il s’agit de nier.

    novlangue macroniste : « les gilets jaunes ont un sentiment de malaise »

    signification sous-entendue : c’est que du ressenti (comme les températures), en clair une fausse perception.

    réalité niée : la vraie vie avec des salaires, des pensions de misère, des logements qui sont des taudis pour beaucoup de foyers.

    novlangue macroniste : « le gouvernement et ses députés doivent faire de la pédagogie »

    signification sous-entendue : mais que les gens sont cons (surtout les pauvres), ils ne comprennent rien à rien.

    réalité niée : le pouvoir macroniste n’a rien à dire ni à proposer, il ne veut rien entendre et n’aspire qu’à imposer sa politique.

    novlangue macroniste : « le pouvoir a fait un geste »

    signification sous-entendue : vous ne mesurez tout ce que le gouvernement vient de vous donner, c’est énorme.

    réalité niée : le pouvoir ne fait que promettre (même pas donner) des miettes, en vérité son geste est un doigt d’honneur au peuple.

    novlangue macroniste : « les gilets jaunes veulent l’impossible »

    signification sous-entendue : il est impossible d’augmenter les salaires, de revaloriser les pensions et de mettre un peu plus de démocratie dans la société avec par exemple la mise en place de la proportionnelle et du référendum populaire.

    réalité niée : beaucoup de familles n’ont plus de quoi vivre, payer leurs courses, leurs loyers, leurs factures, le pouvoir refuse de les aider ; quant à la demande démocratique, c’est un non définitif que le pouvoir apporte car il refuse de donner la parole au peuple.

    novlangue macroniste : « seulement 40 % des ménages paient l’impôt sur le revenu »

    signification sous-entendue : mais de quoi les gens se plaignent, pourquoi veulent-ils des baisses d’impôt alors qu’ils ne le paient pas.

    réalité niée : 100 % des ménages paient des taxes injustes (le taux est le même quel que soit leur revenu, la TVA c’est 60 % de l’impôt), par ailleurs les grosses sociétés et les riches contribuables pratiquent à fond la fraude et l’évasion fiscale (au moins 80 milliards de pertes de recettes annuelles pour l’État).

    novlangue macroniste : « il faut augmenter les taxes sur le carburant, tout le monde doit lutter contre la pollution » (on parle ici de « cette France qui roule au diesel et fume des clopes » au cas où on n’aurait pas compris)

    signification sous-entendue : les pauvres sont coupables de polluer, ils doivent payer.

    réalité niée : ce sont les riches qui polluent le plus, en France, chaque foyer des 10 % des plus riches pollue (émission d’empreinte carbone) vingt fois plus qu’un foyer appartenant aux 50 % les plus pauvres, et ce sont les riches qui paient le moins d’impôt et de taxes en proportion de leurs revenus. 100 entreprises font 70 % de la pollution

    novlangue macroniste : « est-ce que vous condamnez les violences des manifestants ? »

    signification sous-entendue : en répondant oui à cette question fermée, votre oui sera utilisé pour vous faire dire que vous condamnez le mouvement social, toujours excessif par définition.

    réalité niée : la violence du pouvoir, pas seulement celle de Benalla ou celle infligée à la dame de Marseille âgée de quatre-vingt ans tuée par un tir de grenade lacrymogène, mais la violence sociale vécue au quotidien par beaucoup de familles dans des logements insalubres, des quartiers ou des campagnes désertés par les services publics et avec des revenus dérisoires. La violence populaire avant d’être de la violence est de la légitime défense. Pourquoi les médias ne posent-ils pas la question aux représentants du pouvoir : « Est-ce que vous condamnez la violence sociale dont vous êtes à l’origine ? »

    novlangue macroniste : « on n’a pas de représentants en face pour négocier »

    signification sous-entendue : ces cons de gilets jaunes sont même pas foutus de trouver des représentants.

    réalité niée : le pouvoir et les médias font semblant de ne pas voir que les gilets jaunes font preuve de vigilance, ils ne veulent pas être représentés par des illuminé(e)s ou des gourous à la recherche de leur minute de célébrité. La démocratie nécessite beaucoup de temps pour se mettre en place, surtout si on ne s’en est pas servi depuis longtemps. Le pouvoir, bien installé lui, a mis trois semaines pour que ses représentants commencent à réagir, alors les gilets jaunes ont droit eux aussi à un peu de temps. Par ailleurs, tout le monde connaît l’essentiel des revendications sur lesquelles s’accordent les gilets jaunes : baisse des taxes injustes, remise à plat du système fiscal pour plus de justice (avec notamment le retour de l’ISF et la mise en place d’un impôt pour les GAFA), revalorisation des salaires, des pensions et des allocations, retour des services publics là où ils ont été supprimés, etc.

    Voici, un état des lieux synthétique de la communication (la poudre de perlimpinpin) macroniste. Il y aurait bien d’autres « éléments de langage » à ajouter. On remarquera, « dans le même temps » ( !), que le pouvoir et ses médias se montrent plus que discrets sur des aspects très positifs du mouvement populaire en cours : la fraternité, la solidarité, la réflexion, la formation, les échanges, la construction de cahiers revendicatifs argumentés, le souci démocratique, tout un ferment très encourageant pour l’avenir. Alors, toutes et tous ensemble, continuons le combat pour faire triompher nos revendications légitimes de justice sociale et de solidarité.

  4. Posted 5 décembre 2018 at 16:20 | Permalien

    LE TRAITÉ BUDGÉTAIRE PEUT ÊTRE ANNULÉ
    Mercredi, 5 Décembre, 2018
    Patrick Le Hyaric
    Par Patrick Le Hyaric Directeur de l’Humanité, député au Parlement européen
    En plein mouvement de rébellion contre les effets de l’austérité, le fameux « traité budgétaire », ou, dans le langage bruxellois, « traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance », dit aussi TSCG, refait surface.
    Ce texte aussi baptisé le « Merkozy », parce qu’il était l’enfant naturel de monsieur Sarkozy et de madame Merkel, signé par la suite par 22 États européens, sert depuis de guide à la confection des budgets nationaux. Il oblige chaque pays à s’imposer une règle d’or austéritaire, c’est-à-dire réduire les crédits publics pour les hôpitaux, les transports, la justice, la sécurité, les collectivités locales, l’université… et à privatiser toute une partie du secteur public. Autant de choix que contestent les mouvements sociaux et populaires en cours. François Hollande s’était engagé à le renégocier, avant de renier sa promesse.
    Le Conseil européen vient de se rendre compte que ce traité dit « intergouvernemental » n’avait qu’une durée de vie de cinq années. Ce traité, entré en vigueur le 1er janvier 2013, doit s’inscrire dans le corpus du droit européen le 1er janvier 2019 au plus tard pour être juridiquement valide (article 16 du texte, (1).
    C’est ce qu’a proposé le Conseil européen dans une directive qu’il a soumise à la Commission européenne et au Parlement européen. Celui-ci vient d’en être saisi. Sa commission de l’économie et des affaires financières, saisie au fond, a rejeté la proposition de directive ce mardi 27 novembre. Ce rejet entraîne l’impossibilité de le présenter en l’état à la prochaine séance du Parlement européen. On pourrait donc factuellement se trouver face à un vide juridique.
    Certes, il ne détruirait pas l’architecture construite au fil des ans, qui permet de surveiller les budgets des États et de leur intimer des ordres de réduction de dépenses ou des mesures de coercition pour faire corriger les budgets et les politiques nationales. Mais si ce « traité budgétaire » est mis à bas, une brèche considérable s’ouvre.
    Comment continuer à faire voter le budget 2019 de la nation avec les critères actuels, juridiquement caduques à partir de janvier 2019 ?
    Un débat de type nouveau pourrait s’ouvrir sur les méfaits de l’austérité et sur les moyens à se donner pour engager de nouvelles dépenses publiques utiles, visant à préparer l’avenir, mêlant progrès social et progrès environnemental. Toutes celles et ceux qui agissent en ce moment sont concernés. Il s’agit de moyens financiers pour la santé, l’école, la culture, le logement économe en énergie, les transports propres, les prestations sociales comme la justice, la sécurité comme les marges des communes.
    Chacune et chacun, usager des services publics comme agent public, maire, conseiller municipal, parlementaire, peut agir et se faire entendre, écrire aux députés européens, à la Commission européenne et au gouvernement avec un message simple : nous refusons que l’austérité devienne le droit européen.
    (1) ARTICLE 16. Dans un délai de cinq ans maximum à compter de la date d’entrée en vigueur du présent traité, sur la base d’une évaluation de l’expérience acquise lors de sa mise en œuvre, les mesures nécessaires sont prises conformément au traité sur l’Union européenne et au traité sur le fonctionnement de l’Union européenne, afin d’intégrer le contenu du présent traité dans le cadre juridique de l’Union européenne.

Déposer un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera jamais transmise.

*