Ignominie et duplicité de la novlangue macroniste

La macronie et ses médias aux ordres montrent depuis trois semaines toute l’étendue de leur ignominie et leur duplicité à l’occasion du mouvement des gilets jaunes. Pour démasquer ces tartuffes, voici quelques éléments de langage, accompagnés de leur signification sous-entendue et en regard la réalité qu’il s’agit de nier.

 

novlangue macroniste : « les gilets jaunes ont un sentiment de malaise »

signification sous-entendue : c’est que du ressenti (comme les températures), en clair une fausse perception.

réalité niée : la vraie vie avec des salaires, des pensions de misère, des logements qui sont des taudis pour beaucoup de foyers.

 

novlangue macroniste : « le gouvernement et ses députés doivent faire de la pédagogie »

signification sous-entendue : mais que les gens sont cons (surtout les pauvres), ils ne comprennent rien à rien.

réalité niée : le pouvoir macroniste n’a rien à dire ni à proposer, il ne veut rien entendre et n’aspire qu’à imposer sa politique.

 

novlangue macroniste : « le pouvoir a fait un geste »

signification sous-entendue : vous ne mesurez tout ce que le gouvernement vient de vous donner, c’est énorme.

réalité niée : le pouvoir ne fait que promettre (même pas donner) des miettes, en vérité son geste est un doigt d’honneur au peuple.

 

novlangue macroniste : « les gilets jaunes veulent l’impossible »

signification sous-entendue : il est impossible d’augmenter les salaires, de revaloriser les pensions et de mettre un peu plus de démocratie dans la société avec par exemple la mise en place de la proportionnelle et du référendum populaire.

réalité niée : beaucoup de familles n’ont plus de quoi vivre, payer leurs courses, leurs loyers, leurs factures, le pouvoir refuse de les aider ; quant à la demande démocratique, c’est un non définitif que le pouvoir apporte car il refuse de donner la parole au peuple.

 

novlangue macroniste : « seulement 40 % des ménages paient l’impôt sur le revenu »

signification sous-entendue : mais de quoi les gens se plaignent, pourquoi veulent-ils des baisses d’impôt alors qu’ils ne le paient pas.

réalité niée : 100 % des ménages paient des taxes injustes (le taux est le même quel que soit leur revenu), par ailleurs les grosses sociétés et les riches contribuables pratiquent à fond la fraude et l’évasion fiscale (au moins 80 milliards de pertes de recettes annuelles pour l’État).

 

novlangue macroniste : « il faut augmenter les taxes sur le carburant, tout le monde doit lutter contre la pollution » (on parle ici de « cette France qui roule au diesel et fume des clopes » au cas où on n’aurait pas compris)

signification sous-entendue : les pauvres sont coupables de polluer, ils doivent payer.

réalité niée : ce sont les riches qui polluent le plus, en France, chaque foyer des 10 % des plus riches pollue (émission d’empreinte carbone) vingt fois plus qu’un foyer appartenant aux 50 % les plus pauvres, et ce sont les riches qui paient le moins d’impôt et de taxes en proportion de leurs revenus.

 

novlangue macroniste : « est-ce que vous condamnez les violences des manifestants ? »

signification sous-entendue : en répondant oui à cette question fermée, votre oui sera utilisé pour vous faire dire que vous condamnez le mouvement social, toujours excessif par définition.

réalité niée : la violence du pouvoir, pas seulement celle de Benalla ou celle infligée à la dame de Marseille âgée de quatre-vingt ans tuée par un tir de grenade lacrymogène, mais la violence sociale vécue au quotidien par beaucoup de familles dans des logements insalubres, des quartiers ou des campagnes désertés par les services publics et avec des revenus dérisoires. La violence populaire avant d’être de la violence est de la légitime défense. Pourquoi les médias ne posent-ils pas la question aux représentants du pouvoir : « Est-ce que vous condamnez la violence sociale dont vous êtes à l’origine ? »

 

novlangue macroniste : « on n’a pas de représentants en face pour négocier »

signification sous-entendue : ces cons de gilets jaunes sont même pas foutus de trouver des représentants.

réalité niée : le pouvoir et les médias font semblant de ne pas voir que les gilets jaunes font preuve de vigilance, ils ne veulent pas être représentés par des illuminé(e)s ou des gourous à la recherche de leur minute de célébrité. La démocratie nécessite beaucoup de temps pour se mettre en place, surtout si on ne s’en est pas servi depuis longtemps. Le pouvoir, bien installé lui, a mis trois semaines pour que ses représentants commencent à réagir, alors les gilets jaunes ont droit eux aussi à un peu de temps. Par ailleurs, tout le monde connaît l’essentiel des revendications sur lesquelles s’accordent les gilets jaunes : baisse des taxes injustes, remise à plat du système fiscal pour plus de justice (avec notamment le retour de l’ISF et la mise en place d’un impôt pour les GAFA), revalorisation des salaires, des pensions et des allocations, retour des services publics là où ils ont été supprimés, etc.

 

Voici, un état des lieux synthétique de la communication (la poudre de perlimpinpin) macroniste. Il y aurait bien d’autres « éléments de langage » à ajouter. On remarquera, « dans le même temps » ( !), que le pouvoir et ses médias se montrent plus que discrets sur des aspects très positifs du mouvement populaire en cours : la fraternité, la solidarité, la réflexion, la formation, les échanges, la construction de cahiers revendicatifs argumentés, le souci démocratique, tout un ferment très encourageant pour l’avenir. Alors, toutes et tous ensemble, continuons le combat pour faire triompher nos revendications légitimes de justice sociale et de solidarité.

 

 

 

10 Commentaires

  1. Greg
    Posted 5 décembre 2018 at 23:46 | Permalien

    Dans le domaine raclure absolue, on peut aussi souligner les paroles de Gérald Darmanin relevées par La-bàs si j’y suis : « Ce ne sont pas les gilets jaunes qui ont manifesté, c’est la peste brune. Ce n’est pas parce que vous mettez un gilet jaune que vous ne portez pas une chemise brune en dessous. » Gérald Darmanin, « Le Grand Jury RTL- Le Figaro- LCI », 25 novembre 2018

    Paroles de la macronie qui n’en a bien sûr strictement rien à foutre de faire gagner l’extrême droite en 2022 avec sa politique anti sociale menée à la schlague, à partir du moment que les « réformes structurelles » sont effectuées. Sauf que maintenant la situation a changé.

    En fait, c’est plutôt le contraire qui peut arriver. La colère justifiée des gilets jaunes pourrait bien être l’aube d’un soulèvement général nous débarrassant des Macron et des le Pen justement. Ce serait le scénario idéal et « en même temps » comme dirait l’autre, la tournure logique des événements.

  2. Posted 6 décembre 2018 at 7:50 | Permalien

    La vidéo des gilets jaunes matraqués dans un Burger King est-elle vraie ?

    Par Robin Andraca – 5 décembre 2018 – Libération
    Oui, comme nous l’ont confirmé deux photographes de «Libération», présents sur place au moment des faits.

    Vous faites référence à cette vidéo postée sur YouTube le 4 décembre dernier par l’agence Hors-Zone Press, où l’on voit des CRS frapper des gilets jaunes dans un Burger King, à Paris.

    Cette vidéo est-elle authentique, a-t-elle bien été prise à Paris, ce week-end, en marge des manifestations sur les Champs-Elysées ?

    Oui, comme nous l’ont confirmé deux photographes de Libération, présents sur place au moment des faits, Martin Colombet et Boris Allin.

    Contacté par CheckNews, Martin Colombet raconte :

    «En fait, on était place de l’Etoile, au sommet l’Arc de Triomphe, en train de faire des photos. On voit les CRS reprendre la place, on descend, on arrive en bas, c’est le moment de l’évacuation, donc les CRS balancent des centaines de gaz lacrymogènes, je n’ai pas de lunettes pour me protéger, du coup, deux autres photographes, Adrien et Boris, tentent de me faire sortir. On se décale et on arrive, avenue de Wagram.»

    Au 7 de cette même avenue se trouve, en effet, un Burger King.

    Le photographe raconte la suite :

    «Les manifestants ont visiblement forcé l’entrée, parce que le Burger King était fermé, et que la porte était endommagée quand on est entré. On rentre dans le Burger King avec une quinzaine de gilets jaunes, tout le monde suffoque, moi je vomis quasiment, tellement l’air était chargé en gaz lacrymogène. Le gérant nous passe des bouteilles d’eau pour qu’on puisse se rincer le visage. Le temps de reprendre notre souffle, on voit les CRS entourer le Burger King. On lève notre carte de presse en l’air.»

    Le photographe voit un CRS fondre directement sur un manifestant et le frapper au sol. Puis le Burger King est évacué. «Ils ont fait sortir les manifestants un par un par l’entrée du Burger King, et on voyait les CRS mettre des coups à tous ceux qui sortaient». Sur son compte Facebook, Boris Allin raconte la même chose : «C’était l’étape obligatoire pour sortir passer par un tunnel de 4 ou 5 CRS qui tapaient, tapaient et tapaient encore.»

    Deux récits corroborés par la fin de cette vidéo de plus de trois heures, postée sur le compte YouTube d’une autre agence de presse, LinePress, où l’on voit des gilets jaunes roués de coups par les CRS lorsqu’ils sortent du fast-food.

    Sur son compte Facebook, Boris Allin affirme avoir déposé un signalement à l’IGPN.

  3. Posted 6 décembre 2018 at 7:50 | Permalien

    Macron perdrait-il son sang-froid ?

    Macron s’est opposé en Conseil des ministres à tout rétablissement de l’ISF

    Emmanuel Macron s’est opposé au cours du Conseil des ministres à tout rétablissement de l’ISF, a rapporté l’Élysée à l’AFP, confirmant une information des Échos.
    «Nous ne détricoterons rien de ce qui a été fait depuis dix-huit mois», a déclaré le chef de l’État selon cette source.
    Libération 05/12/2018

    C »est une bourde : si rien n’est détricoté de ce qui a été fait depuis 18 mois, le moratoire sur l’augmentation des taxes sur les carburants est une mascarade puisque cette augmentation a été votée au cours des 18 mois dont parle Macron.

    C’est un aveu de faiblesse : il avoue avoir peur que la mobilisation l’oblige à « détricoter » ce qui a été fait depuis 18 mois.

  4. Posted 6 décembre 2018 at 8:37 | Permalien

    Bonjour chers camarades,
    Hier il s’est passé quelque chose d’inquiétant,
    Je vous relate les faits
    En début d’après midi, (les horaires exacts sont vérifiables s’il le faut)
    JCB me dit qu’une femme, Laurence Coe, a écris sur une de nos adresses face book
    Que ce serait bien si j’acceptais d’être « porte-parole des gilets jaunes » sic
    Il s’avèrera plus tard que cette femme était de la région bordelaise
    On n’a pas ses coordonnées, mais quand JCB la joint par Messenger elle demande qu’on joigne Eric Drouet en Seine et Marne
    Moi je trouve le FB de Drouet, je lui écris ce que Laurence Coe m’a indiqué
    Et lui donne mon téléphone et mon mail

    Je suis appelé par William Torsec, en début d’a-m de la part de C8, Hanouna
    Hanouna a a été un des premiers à soutenir les gilets jaunes,
    Il me propose sous réserve de confirmation de venir d’abord à 20 h, en direct avec un gilet jaune
    Il donne confirmation ensuite, juste pendant et après notre conférence téléphonique,
    Il dit alors qu’il m’envoie un taxi à 19 h 15
    Ce sera finalement pour l’émission à 20 h 30 jusqu’à 21 h 21 h 10
    Dans le taxi ils s’inquiètent si je suis en retard, j’arrive à 20 h a auteuil
    On me maquille,
    arrivent dans ma loge, deux parents d’enfants blessés dans les lycées, je cause avec eux
    Un gilet jaune de Noisy le Grand, 35 ans, il me dit être de Sud rail intervenant voies ferrées (droit prive) je cause avec lui, sympa
    On m’emmène au studio, je vois tout le monde Hanouna, etc.
    Je suis maquillé, équipé en son, on m’explique comment ca va se passer
    William Torsec me donne le schéma de l’émission, images, téléthon supprimé », SPA supprimée, lumières supprimées, etc. que va t il se passer samedi ?
    le schéma est écrit minute par minute « vous inquiétez pas ! parlez librement, vous aurez le temps, regardez Cyril dans les yeux, car si vous l’intéressez il vous laissera parler plus… »
    Il me dit que j’aurais quatre ou cinq fois l’occasion d’intervenir, faut que je présente les choses du point de vue revendicatif syndical CGT, taxes smic, isf
    Pour dire surtout les revendications que les syndicats défendent me dit on, pn me dit « la CGT »,
    On est prêt, on est en train d’entrer sur le plateau, on m’a dit quelle place je serais assis à droite d’Hanouna, à cote du barbu a lunettes, et je vais rentrer avec le gilet jaune l
    Le drap noir qui masque l’entrée s’ouvre pour nous,
    Quand in extremis William Torzec qui s’est écarté trente secondes revient et me dit d’un air très ennuyé
    « Désolé, c’est annulé, on a pris trop de retard, il n’y aura que le gilet jaune et les parents des lycéens » « pas vous, désolé » « vraiment désolé excusez nous »
    « Vous êtes annulés, l’émission a pris trop de retard »,
    « On ne peut pas traiter le sujet, il est 20 h 45, on peut plus »
    Il me reconduit au démaquillage, les parents d’élèves sont toujours dans le studio, le gilet jaune reste pour passer à l’émission, « ca lui est déjà arrive hier, » « il est venu il a attendu trois quarts d’heures il n’a pas parlé »
    (le gars me confirme, je lui donne ma carte),
    Ils m’appellent un taxi, « je suis désolé », je dis que je suis très en colère, qu’ils me prennent deux heures trente de transport pour rien…
    En rentrant dans le taxi, j’apprend de la part d’Anne de Haro au téléphone « Sur la cinquième chaine, le journaliste Patrick Cohen a débité une chronique sur les « leaders » des gilets jaunes. Citant Eric Drouet et Fire truc (?) il a relevé que l’un d’eux avaient retweeté l’image de « Macron entouré de trois responsables juifs ». Il a dit que c’était le même tweet que celui qui avait valu à Gérard Filoche d’être exclu du PS. Ils ont montré le tweet à la télé, bien éclairé ! »
    Est-ce que cela peut valoir un droit de réponse ? Anne
    Cette séquence sur la 5 a du se passer une heure avant ce que je vous ai raconté !

    Hypothèse parano : les grandes oreilles qui suivent a l’Elysée, voient contact possible avec Drouet l’a-m, ils me suivent mais ils suivent Drouet aussi, ils suivent les progrès d’ Hanouna pour m’avoir, font passer le message par la 5 et Patrick Cohen qui joue le rôle dégueulasse, la direction de la C8 l’apprend et me supprime in extremis ?

  5. Posted 6 décembre 2018 at 9:09 | Permalien

    patrick cohen fait de la pub sur la 5 pour un photomontage d’extreme droite dont il prétend qu’il m’a valu d’etre exclu du PS : faux je n’ai jamais été exclu du ps, et ce photomontage, je m’en suis explique mille fois a ce sujet, seuls les calomniateurs tres malhonnêtes continuent encore de le mentionner

  6. GREG
    Posted 6 décembre 2018 at 10:39 | Permalien

    Patrick Cohen, le journaliste qui veut bien laisser la parole à Zemmour sous pretexte que les téléspectateurs sont capables de « faire la part des choses ». Et après ça nourri pas l’extrême droite…
    https://www.acrimed.org/Docteur-Patrick-et-Mister-Cohen?utm_source=twitterfeed&utm_medium=twitter

  7. Posted 6 décembre 2018 at 14:26 | Permalien

    DÉCLARATION DES ORGANISATIONS SYNDICALES CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, UNSA, ET FSU
    Publié le 06/12/2018
    Par CFDT, CGT, FO , CFE-CGC, CFTC, UNSA, et FSU
    Les organisations syndicales CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, UNSA, et FSU se sont retrouvées ce jeudi 6 Décembre pour échanger sur l’actualité sociale.

    Elles rappellent que, depuis des mois, face aux inégalités sociales et territoriales, elles ont réclamé des politiques publiques permettant de la justice sociale. Elles rappellent aussi que, depuis des mois, elles ont appelé le gouvernement à les écouter à travers un véritable dialogue social.

    Aujourd’hui, dans un climat très dégradé, la mobilisation des gilets jaunes a permis l’expression d’une colère légitime. Le gouvernement, avec beaucoup de retard, a enfin ouvert les portes du dialogue.

    Nos organisations s’y engageront, chacune avec ses propres revendications et propositions, en commun chaque fois que cela sera possible. Les sujets du pouvoir d’achat, des salaires, du logement, des transports, de la présence et de l’accessibilité des services publics, de la fiscalité doivent trouver enfin des débouchés concrets, créant les conditions sociales d’une transition écologique efficace parce que juste.

    Le dialogue et l’écoute doivent retrouver leur place dans notre pays. C’est pourquoi nos organisations dénoncent toutes formes de violence dans l’expression des revendications.

    La CFDT, la CGT, FO, la CFE-CGC, la CFTC, l’UNSA, la FSU appellent le gouvernement à garantir enfin de réelles négociations. Cela suppose qu’elles soient larges, ouvertes et transparentes, au niveau national comme dans les territoires.

  8. Posted 6 décembre 2018 at 23:43 | Permalien

    L’ACTUALITÉ DU JOUR PAR Laura Berny @lb93
    À NE PAS MANQUER
    Changement de cap ?
    Les commerces des Champs-Elysées appelés à fermer, plus de 65.000 forces de sécurité dans les rues de l’Hexagone : malgré les appels au calme du gouvernement, la quatrième grande journée de mobilisation des « gilets jaunes » samedi prochain laisse craindre un nouveau déferlement de violences dans la capitale. S’ils sont moins nombreux chaque semaine, ceux qui s’apprêtent à manifester semblent de plus en plus radicalisés, sourds en tout cas aux mesures annoncées ces derniers jours par le gouvernement et considérées comme trop tardives par près de 80 % des Français. Quoi qu’il arrive samedi, Emmanuel Macron devra sans doute réviser ses ambitions. Il n’y a plus aujourd’hui que 18 % des Français estimant qu’il faut « garder le cap » des réformes contre 41 % début juillet. Autant dire que cela ne suffit pas pour lancer de nouveaux chantiers disruptifs _ d’autant plus que les réformes déjà engagées sont jugées inefficaces par sept Français sur dix…

  9. Posted 7 décembre 2018 at 7:01 | Permalien

    «Gilets jaunes»: face aux violences, l’irresponsabilité du pouvoir

    Médiapart – 6 décembre 2018 Par Mathilde Goanec, christophe Gueugneau et Manuel Jardinaud
    Face à la radicalisation de certains « gilets jaunes », le gouvernement annonce un samedi de manifestations extrêmement violent et évoque même des morts à venir. Ce discours du pire, allié à des demi-mesures qui ne répondent pas à l’urgence sociale, attise plus la colère qu’il ne l’apaise.

    · La prochaine manifestation parisienne des « gilets jaunes » du samedi 7 décembre va être le théâtre de violences extrêmes et provoquera, peut-être, des morts. Une prophétie répétée à l’envi ces derniers jours, dans les médias, sur les réseaux sociaux et surtout, au sommet de l’État, qui est pourtant le seul à avoir les moyens de dénouer la situation.

    Ce climat, qualifié d’insurrectionnel en raisons de la radicalisation du mouvement et des violences commises samedi 1er décembre (à tel point que le président appelle désormais les corps intermédiaires à la rescousse pour maintenir le calme), a été conforté par la stratégie du pourrissement adoptée par le gouvernement depuis trois semaines, ce qui a accru la fatigue, la méfiance et la déception devant des demi-mesures égrenées au compte-gouttes, en guise de concessions. Ce à quoi s’ajoute la désormais légendaire surdité du pouvoir, qui écoute mais n’entend pas, et allume, depuis le début du mandat d’Emmanuel Macron, des feux très vivaces.

    Selon une information diffusée par BFMTV, la présidence de la République a choisi le 4 décembre de persévérer dans la veine de la dramatisation outrancière : « Nous avons des raisons de redouter une très grande violence », affirme ainsi l’Élysée, qui dit craindre la mobilisation d’un « noyau dur de plusieurs milliers de personnes », qui se rendraient à Paris « pour casser et pour tuer ».

    Emmanuel Macron, loin de jouer son rôle de gardien de la paix civile et de stabilisateur institutionnel, continue donc d’apporter sa pierre à l’ascenseur émotionnel en œuvre depuis le début de la crise. Là où la raison devrait parler, c’est l’hystérisation que le président préfère donc utiliser. Selon Le Figaro, l’entourage d’Emmanuel Macron parle même « de putsch » en préparation, quand Valeurs actuelles rapporte que les ministres « craignent pour leur vie ». Propos anonymes qui servent une stratégie de clivage censée provoquer le rejet des gilets jaunes et calmer la colère de la majorité des protestataires en agitant le drapeau rouge du chaos.
    Depuis des jours, des fuites de renseignements distillées dans la presse promettent une journée de quasi-guerre civile. CNews évoquait même jeudi matin le déploiement de véhicules blindés – information confirmée dans la journée par L’Essor, le journal de la gendarmerie nationale –, Édouard Philippe annonçant pour sa part la mobilisation de « moyens exceptionnels » en plus des forces de l’ordre habituelles pour ce type d’événement.

    Ces énièmes déclarations de l’exécutif donnent à voir une politique de pompier pyromane relayée par une grande partie du gouvernement et de la majorité. « Il y a, au-delà des gilets jaunes, des groupuscules qui veulent en découdre, qui veulent que la violence s’installe dans notre pays », a déclaré Jacqueline Gourault, ministre de la cohésion des territoires le 5 décembre.

    La veille, devant l’Assemblée nationale réunie pour un débat et un vote après un discours du premier ministre, Édouard Philippe a lui aussi ciblé ses expressions : contre les « factieux » et les « casseurs », le pouvoir sera « intraitable ». Comme lors de la séance de questions au gouvernement, il s’est fait fort de faire ovationner par les députés l’ensemble des forces de sécurité après avoir déclaré être frappé « de honte » et « de dégoût » par « le saccage de l’Arc de triomphe » le 1er décembre.

    En revanche, ni la présidence, ni le gouvernement, ni la majorité n’ont eu un seul mot pour Zineb Redouane, 80 ans, blessée au visage par une grenade lacrymogène lancée par des policiers dans son appartement le 1er décembre à Marseille et décédée le lendemain. Pas une phrase non plus pour les trois lycéens touchés au visage, mardi et mercredi, par des tirs de flashball lors de manifestations.

    Concernant le lycéen qui a eu la joue arrachée du côté d’Orléans, « des professeurs et personnels du lycée ont dénoncé un “usage abusif de la violence” dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux », indique Francetvinfo. Depuis la première manifestation parisienne, le 24 novembre, plusieurs médias dont Mediapart ont documenté les violences policières à l’œuvre en riposte aux gilets jaunes.

    Gabriel, 21 ans, a eu la main arrachée, avenue Franklin-Roosevelt, à Paris, par une grenade GLI-F4 alors qu’aucun affrontement n’était en cours. Un autre manifestant a été gravement blessé le même jour : Antonio se trouvait lui aussi vers le bas des Champs-Élysées, vers 17 heures, lorsqu’il a été touché par le même type de projectile.

    Utilisant toute parole de gilets jaunes maladroite – souvent –, ou violente à dessein – parfois –, le pouvoir a choisi de jeter de l’huile sur le feu. Dans ce jeu dangereux et irresponsable, le ministre de l’intérieur Christophe Castaner a trouvé son mode d’expression favori. Le ministre préfère rester muet sur les nombreuses violences policières (par exemple celles commises dans un fast-food avenue de Wagram, à Paris) dont il est pourtant le comptable en tant que « premier flic de France ». Il excelle en revanche dans la surenchère et le ton martial. « Nous avons eu affaire à une volonté de tuer », a-t-il affirmé lors de son audition devant la commission des lois de l’Assemblée nationale le 3 décembre. Sans en apporter la moindre preuve, il a, 48 heures après les violences sur les Champs-Élysées, opté pour l’incrimination et l’outrance, instillant ainsi l’idée d’un climat insurrectionnel et même, criminel.

    « Dites-vous bien et répétez-le autour de vous : toutes les fois qu’une violence illégitime est commise contre un manifestant, ce sont des dizaines de ses camarades qui souhaitent le venger. Cette escalade n’a pas de limites », avait écrit le préfet Grimaud, en charge des forces de maintien de l’ordre durant Mai-68 à Paris, aux policiers confrontés aux manifestations. L’actuel ministre de l’intérieur a, à l’inverse de son illustre aîné, défendu mordicus l’attitude des forces de l’ordre et rejeté l’entière responsabilité des violences sur les manifestants. L’absence de mémoire et de culture, en politique, peut s’avérer inflammable…

    Humiliation sociale

    Dans son sillage, les membres du gouvernement enchaînent les accusations, dont l’objet semble moins la volonté de calmer le jeu que de montrer les muscles face à certains gilets jaunes souvent meurtris par le mépris de l’exécutif. « Quand on met le feu à une préfecture, quand on saccage l’Arc de triomphe, c’est la République qu’on attaque. Quand on veut remplacer la démocratie par un pouvoir militaire, qu’on appelle à marcher sur l’Élysée, c’est la République qu’on attaque. » Marlène Schiappa s’est ainsi exprimée le 5 décembre sur BFMTV, comme si le pays était à la veille d’un coup d’État.

    « Les dégradations à l’Arc de triomphe, même les nazis n’avaient pas fait ça à l’époque », avait tout en finesse déclaré son collègue du gouvernement, Gabriel Attal, sur France 2 le 2 décembre. Drôle de manière d’apaiser les esprits que de comparer des salariés, des chômeurs et des petits entrepreneurs composant l’essentiel des gilets jaunes aux pires criminels de l’histoire contemporaine.

    Le gouvernement et en particulier son ministère de l’intérieur trouvent par ailleurs dans le mouvement des gilets jaunes un terrain fécond pour jouer les boutefeux. Son horizontalité, son absence d’encadrement par des représentants habitués à négocier avec le pouvoir, ainsi que sa maturation via les réseaux sociaux, autorisent à peu près toutes les dérives langagières. Même si, et tous ceux qui passent un peu de temps sur les ronds-points ou les péages bloqués le disent, on se « lâche » bien davantage sur un groupe Facebook qu’au milieu d’une assemblée réelle de gilets jaunes, autour d’un feu de palettes.

    « Depuis Rouen, c’est de pire en pire, la violence augmente chaque jour, je reçois entre 150 et 200 messages par jour comme administrateur de groupe, mettait en garde Victor Defer, gilet jaune, sur notre plateau, mercredi 5 décembre. Il y a deux semaines, on disait “je prends mon masque à gaz, et je monte à Paris”. Maintenant c’est “je prends une arme, je fous ça dans le coffre de la bagnole, je prends mon tracteur, j’en bute un maximum”. On voit de tout, et ça commence à devenir grave. »

    François Ruffin, devant l’Élysée et ceint de son écharpe de député, a tenté également d’avertir cette semaine sur le niveau de colère, exprimé sur les barrages de sa circonscription, dans cette vidéo. François Ruffin devant l’Élysée: «Que disent les Français que j’ai rencontrés ? « Macron démission ! »»
    Les quelques gilets jaunes vraiment connus, qui ont désormais table ouverte dans les médias télévisés, ont contribué à faire bouillir l’ambiance, en appelant, très vite, au « soutien de l’armée », ou à « prendre l’Élysée », tout en condamnant les violences, les pillages, et tout ce qui pouvait gêner « ceux qui travaillent ».

    Dans sa dernière vidéo, Éric Drouet, l’un des gilets jaunes les plus populaires, bien conscient de la pression grandissante qui s’exprime dans les différents groupes de gilets jaunes, critique cependant explicitement la stratégie gouvernementale, en termes de maintien de l’ordre : « Je vais remettre les choses au clair. La première manifestation le 17 novembre à Paris, on s’est approchés à 200 mètres de l’Élysée et les choses se sont bien passées. Puis, on nous a éloignés de plus en plus et les choses sont allées de plus en plus mal. On ne veut pas aller à l’Élysée pour tout casser mais pour se faire entendre. Les seuls interlocuteurs que nous avons jusqu’à présent ce sont les ministres, jamais le président. »

    Un manifestant, le 1er décembre, ne disait pas autre chose : « Moi je veux aller à l’Élysée, pour lui dire droit dans les yeux, à Macron, que ce n’est plus possible de continuer comme ça. »

    Quant aux « casseurs », aux « factieux » visés par Édouard Philippe, Éric Drouet fait cette analyse : « C’est inévitable, vu le temps que ce gouvernement met à nous répondre. Moi, j’ai de la pitié pour ces forces de l’ordre qui sont jetées en pâture par le ministre de l’intérieur. J’ai vu les vidéos de CRS violents, je le condamne aussi. Mais c’est comme chez nous : il n’y a pas que des casseurs chez les gilets jaunes et pas que des CRS violents dans la police. »

    Cette violence actuelle était en germe depuis des mois. À l’issue de la « bataille du rail », menée en juin 2018, nous alertions sur cette illusion de la victoire d’Emmanuel Macron, loué de toutes parts pour avoir réussi à terrasser l’un des derniers bastions syndicaux français, celui des cheminots.

    Le succès du président de la République cachait déjà une rage diffuse et polymorphe, visible dans une multitude de conflits locaux et sectoriels : chez les infirmières et infirmiers sur le toit de leurs hôpitaux ou sous des tentes au bord de ronds-points (déjà !) ; chez les gardiens de prison, en grève, pendant dix jours, du jamais vu ; chez les postiers, mobilisés en Île-de-France pendant des mois, à la faveur d’une caisse de grève alimentée par la France entière ; chez les gaziers et les électriciens, qui ont multiplié les blocages, les coupures d’électricité et les débrayages, dans un silence quasi général, etc.

    Et tandis que des femmes dans des costumes de servantes écarlates défilaient, au Blanc, pour sauver une maternité, les employés du textile (Eram), de l’automobile (GM&S, Ford) voyaient leur emploi partir en fumée.

    Des forces de l’ordre épuisées

    La misère sociale, le désarroi face au chômage et le sentiment de déclassement ne sont évidemment pas nés avec l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir, ni de son unique fait. Après l’épisode de la chemise arrachée chez Air France, Xavier Mathieu, ex-syndicaliste chez Conti, avait déjà pointé le deux poids deux mesures de l’indignation, sur le plateau de Canal + : « Je rends hommage à la classe ouvrière car depuis 2008 [le début de la crise financière – ndlr], il n’y a jamais eu un vrai drame. On serait aux États-Unis, où tout le monde a des armes, il y en aurait eu une paire qui se serait fait plomber. »

    Mais à l’humiliation sociale, s’est ajoutée l’humiliation verbale, que le président n’a cessé de pratiquer, renvoyant Nicolas Sarkozy et son « casse-toi pauvre con » au rang d’amateur. Combien d’agents hospitaliers, d’aides à domicile, gardent en mémoire cette image d’Emmanuel Macron, et de sa ministre Agnès Buzyn, sermonnant une aide-soignante, qui se plaint de ses conditions de travail, lui lançant un « il n’y a pas d’argent magique », alors que la ministre de la santé lève les yeux au ciel ?

    Puis il y eut les « Gaulois réfractaires au changement », depuis le Danemark, l’interpellation d’un collégien, appelé à « avoir son diplôme avant de faire la révolution », le conseil à un chômeur de « traverser la rue », ainsi que sa volonté, maladroite, de « réconcilier la base et le sommet », ou de répondre à « nos classes laborieuses »… Sans même parler du péché originel des illettrés de Gad, tout juste ministre, suivi du “costumegate”, qui annonçait la couleur.

    La promesse de hauteur présidentielle ainsi trahie, il ne reste désormais que l’aigreur.

    À tout cela s’ajoutent la stratégie choisie par le ministère de l’intérieur en guise de maintien de l’ordre, ainsi que l’épuisement de ceux qui l’exercent. Que les forces de l’ordre aient été débordées à Paris lors de l’acte 1 était compréhensible, que ce débordement se soit répété à deux reprises ne l’est plus du tout.

    Lors de son audition au Sénat le 4 décembre, Christophe Castaner n’a pas jugé bon de faire un mea culpa sur la stratégie appliquée ces dernières semaines. Il est allé jusqu’à défendre la mise en place d’un périmètre, pensé « sur le modèle des fan-zones », sur les Champs-Élysées, quand bien même beaucoup chez les policiers estimeraient qu’il avait nui à la capacité d’intervention des forces de l’ordre. Tout juste a-t-il admis qu’il faudrait être « beaucoup plus mobile pour intervenir partout dans Paris » samedi prochain.

    En prévision de cet acte 4, rien n’est fait non plus pour faire baisser la tension. Le premier ministre Édouard Philippe a annoncé jeudi le déploiement de 65 000 membres des forces de l’ordre samedi en France. Alors que le nombre officiel de manifestants le 1er décembre était de 136 000, cela ferait samedi prochain un policier pour deux manifestants. Les fonctionnaires, déjà éprouvés, ne peuvent que se rendre samedi à Paris dans un état de stress prompt à tous les dérapages.

    Il en faut pour preuve le récit de la journée de samedi dernier fait par une policière de la BAC de façon anonyme sur Twitter, @Hannabahia. Elle y décrit des appels de CRS où l’on « ressent la panique et la peur dans leur voix ». Elle dit un moment avoir « le palpitant à 1000 ». Plus tard dans la journée : « Sur le bd Haussmann et le faubourg Saint-Honoré, on a la sensation d’être dans les tranchées », ou encore : « Au fond de moi, je me dis que ça va être un carnage, qu’on court droit au casse-pipe. » « Nous sommes le gibier, ce sont les chasseurs… », écrit-elle encore.

    Chauffés à blanc, les policiers n’ont, semble-t-il, reçu aucun appel au calme. On peut même s’interroger sur le fait que ce soit l’inverse. L’Express affirme ainsi que les unités de CRS au contact direct des casseurs avaient reçu samedi dernier la consigne de procéder à des tirs tendus de lanceurs lacrymogènes à hauteur d’homme. « C’est la première fois que je reçois un tel ordre, estime dans l’hebdo un CRS présent sur le terrain samedi. C’est normalement proscrit, car cela va à l’encontre des règles de sécurité. On procède plutôt à des tirs au ras du sol. Mais là, les unités étaient en péril… » Le syndicat de policiers Vigi – qui représente il est vrai très peu la profession – a lancé un appel à la grève à partir de ce samedi. « Notre hiérarchie va encore nous envoyer prendre les coups à sa place et à la place du gouvernement », écrit le syndicat. Mais le syndicat peut sembler bien seul.

    Dans un article du Monde, Me Jérôme Andrei, avocat spécialisé dans la défense des forces de l’ordre, estime que « les policiers craignent que la prochaine étape, ça soit de se faire tirer dessus et d’être obligés de riposter. Ils se retiennent de sortir leur arme, ils sont entraînés pour ça, mais il y a eu clairement des situations où leurs vies ont été menacées ». Christophe Rouget, du syndicat des cadres de la sécurité intérieure, poursuit : « Plusieurs collègues se sont retrouvés en situation de légitime défense et auraient pu tirer. »

    Depuis samedi, les lycéens se sont à leur tour mobilisés et le moins que l’on puisse dire, c’est que la police perd d’ores et déjà, en de nombreux endroits, son sang-froid. Les mobilisations précédentes avaient déjà connu leur lot de violences policières mais le niveau atteint ces trois derniers jours – avec son cortège de tirs de lanceur de balle de défense en pleine tête en dépit des règles d’utilisation (lire notre article) – fait effectivement craindre le pire pour le 8 décembre. Rendant ainsi la prophétie du gouvernement autoréalisatrice.

  10. Posted 7 décembre 2018 at 7:02 | Permalien

    « Quiconque attend une révolution sociale « pure » ne vivra jamais assez longtemps pour la voir. Il n’est qu’un révolutionnaire en paroles qui ne comprend rien à ce qu’est une véritable révolution. (…) La révolution socialiste en Europe ne peut pas être autre chose que l’explosion de la lutte de masse des opprimés et mécontents de toute espèce. Des éléments de la petite bourgeoisie et des ouvriers arriérés y participeront inévitablement : sans cette participation, la lutte de masse n’est pas possible, aucune révolution n’est possible. Et, tout aussi inévitablement, ils apporteront au mouvement leurs préjugés, leurs fantaisies réactionnaires, leurs faiblesses et leurs erreurs. Mais objectivement, ils s’attaqueront au capital, et l’avant-garde consciente de la révolution, le prolétariat avancé, qui exprimera cette vérité objective d’une lutte de masse disparate, discordante, bigarrée, à première vue sans unité, pourra l’unir et l’orienter, conquérir le pouvoir, s’emparer des banques, exproprier les trusts haïs de tous (bien que pour des raisons différentes !) et réaliser d’autres mesures dictatoriales [1] dont l’ensemble aura pour résultat le renversement de la bourgeoisie et la victoire du socialisme. » Lénine 1916

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