20 000 à Toulouse le 1er mai

Toulouse, un 1er Mai sur la ligne jaune

01 MAI 2019 | PAR EMMANUEL RIONDÉ

Le 1er Mai toulousain a donné à voir un mouvement serein et déterminé, au sein duquel les convergences entre mouvement social, climatique et gilets jaunes continuent de se construire.

Toulouse (Haute-Garonne), de notre correspondant. - Il était 13 h 20 cet après-midi quand l’hélicoptère de la gendarmerie a fait son apparition dans le ciel toulousain, sous les huées goguenardes des quelques milliers de manifestants demeurant dans le secteur Saint-Cyprien / Pont Saint-Pierre. Des consignes passées au téléphone – « Ne vous embarquez surtout pas sur les quais, là-bas on va se faire déboîter… » – et des masques à gaz accrochés en tours de cou, comme autant de marques de ce que sont devenues les manifestations toulousaines depuis cinq mois. Des policiers en civil, masqués pour la plupart d’entre eux, et des CRS bloquent les accès au centre-ville. Quelques premiers tirs de lacrymos vers 13 h 30 augurent de la séquence « tension » d’un 1er Mai qui, jusque-là, s’était passé sans heurts, mais avec une belle intensité politique.

L’intersyndicale CGT-FSU-Solidaires, les gilets jaunes et les militants climat s’étaient donné rendez-vous à 10 heures sur la place Esquirol. La manifestation, dense, a rassemblé selon nos estimations plus de 10 000 personnes, 20 000 selon la CGT. Un cortège déterminé autant que pacifique, donnant à voir un mouvement qui semble très loin de « l’essoufflement » régulièrement annoncé. Et une convergence toujours plus aboutie des différents secteurs mobilisés.

 

Le 1er Mai 2019, à Toulouse. © MR

 

« C’est le 1er Mai, c’est normal qu’on soit là. Les syndicats sont à nos côtés tous les samedis, alors on est là aussi, l’union fait la force, résumait, à l’heure du départ, Christophe, l’une des figures des gilets jaunes toulousains, un brin de muguet dans une main, un mégaphone dans l’autre. Avant de poursuivre : « Ce qu’il a sorti Macron l’autre soir, on s’y attendait un peu à vrai dire. Alors, même s’ils emploient de plus en plus la force, on va continuer. On va travailler sur le terrain, s’organiser petit à petit, faire des propositions, construire… » Depuis des semaines, tous les mardi soirs, les gilets jaunes se retrouvent pour travailler en atelier.

Non loin de là, Mathilde, collégienne de 13 ans, est venue « pour défendre le climat », une question dont, selon elle, « on ne se rend pas assez compte ». Elle regrette qu’il n’y ait pas plus de jeunes comme elle. « C’est tombé pendant les vacances, résume lucide, son père. La manif précédente, ils étaient nombreux, ça leur avait fait sécher les cours. »

Au pied du camion de la CGT, Cédric Caubère, le secrétaire départemental de l’UD-CGT 31, a pris le micro : « Emmanuel Macron ne sera jamais l’antidote contre l’extrême droite ; le seul antidote contre le fascisme, c’est la conscience des travailleuses et des travailleurs de former une classe, et de la nécessité de s’organiser. » Il invite à « créer les conditions d’une grève générale massive et interprofessionnelle ».

Une intervention aux accents révolutionnaires de nature à donner des frissons d’angoisse au maire Jean-Luc Moudenc qui, dans un entretien accordé à Actu Toulouse, a fait part de ses inquiétudes. L’édile y dénonce « cette porosité et cette complicité entre le mouvement des gilets jaunes, tel qu’il est aujourd’hui, et l’extrême gauche ». Mardi 30 avril, des gilets jaunes se sont rassemblés place du Capitole, parvenant à accrocher des banderoles en façade de la mairie : « Justice sociale », « Justice climatique », « Reprenons le pouvoir ».

Sur un coin de la place, des militants de la Fédération anarchiste vendent leur dernier ouvrage, tout fraîchement édité, Les Gilets jaunes : points de vue anarchistes. Dans le cortège, les femmes en lutte, les Kurdes, les antifas, Act-up, ou le nouveau collectif Palestine vaincra, tractent, échangent, tendent leurs banderoles entre les arbres. Le collectif AutonoMIE est aussi de la partie.

 

La manifanfare à Toulouse, le 1er Mai 2019. © MR

 

Cela manquait un peu à Toulouse, c’est une première et elle est saluée comme il se doit par de nombreux manifestants qui se massent autour d’eux, sourire aux lèvres : La Manifanfare, regroupant une bonne vingtaine de musiciens, prend sa place dans le cortège. Pas aussi affûtée politiquement que la « fanfare invisible parisienne », mais assumant une tonalité « funk »: « On a un répertoire plutôt New Orleans que chants de lutte, résument Lorraine et Jimi, leurs cuivres en bandoulière. Mais on veut être dans les manifs du mouvement social, et suivre tout ça, désormais… »

 

Il est 12 heures et « Le chiffon rouge » de Fugain retentit alors que les syndicalistes invitent à la dissolution du cortège et convient les manifestants à prendre « le pot de l’amitié » à la Bourse du travail. Une partie d’entre eux s’y rend, une autre poursuit la manif vers le Bazacle, qui accueille traditionnellement des rencontres le 1er Mai. Sous la bannière Greenpeace, Justine, Caroline, Hélène, Éric et Aurore sont satisfaits de la journée et ne s’étonnent plus de la convergence observée : « Les gilets jaunes défendent aussi la cause climatique », assure Justine, militante climat dont le fils et la fille « ont un gilet jaune ». Pour elle, « aucun gouvernement, pas plus que Macron ou l’UE n’est à la hauteur des enjeux, ça c’est clair. Mais la société civile se mobilise, c’est bien, on avance, il faut le relever et le dire. »

 

One Commentaire

  1. Miachel Demars
    Posted 2 mai 2019 at 11:03 | Permalien

    Monsieur Filoche,
    .
    Supprimer le chômage et la misère … dans le monde … C’est théoriquement ultra-simple.
    .
    ceux qui nous dirigent depuis De Gaulle … en plus d’être ultra-corrompus sont ultra-con …
    .
    il est aussi possible (très facilement) d’accroître le pouvoir d’achat des moins bien lotis
    Pouvoir d’achat * 1,5 -> * 1,8

    Cet accroissement du pouvoir d’achat est un élément essentiel du redémarrage de la machine économique nationale … et Mondiale
    .
    L’écologie (sera centrale) devra … Et pourra être intégrée dans le système économique <– pour protéger l'avenir de la planète et de nos enfant à tous …
    .
    https://www.facebook.com/EconomieBienEtre/posts/1880741895525323

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