1er mai 2019 : finance très violente contre peuple très en colère + le mensonge de Castaner à propos de l’hôpital la Pitié

 

J’étais heureux dans le métro ligne 4 vers 13 h hier 1ermai, car la rame était archi pleine et on se rendait tous au départ de la manifestation, prévue à 14 h 30 Boulevard Montparnasse vers place d’Italie. Il allait y avoir beaucoup de monde au défilé.

En voulant sortir station Montparnasse, 5 sorties sur 7 étaient fermées. Ce sont celles qui débouchaient tout de suite sans encombre sur la place. Il faut remonter vers la gare, sorties 1 ou 2 Océane ou Bienvenue. C’est long mais à la sortie Bienvenue très loin du rassemblement, il y a contrôle de police, fouilles, corps à corps,  tous les jeunes au faciès sont visés, pas moi avec mes 73 ans. C’est juste oppressant. Je redescend à pied tout le long de la Tour, j’arrive sur la place où il y a quelques ballons  FSU, CGT, Sud engagés dans le boulevard.

Je cherche le stand de Siné mensuel. Je cherche mes amis de GDS au point de rendez vous. J’essaie de remonter en tête pour saluer des camarades, mais rien n’a commencé  quand la police balance des lacrymogènes.

Ca fait de plus en plus mal aux yeux ces saletés. Tout le monde reflue. Attention, il n’y a ni « black blocks », ni casseurs, les gens qui sont là n’ont aucune action belliqueuse. Ils sont seulement colère de se faire traiter ainsi.  En fait l’information circule (et plus tard les images le confirmeront) : la police a délibérément attaqué la tête du cortège syndical, l’empêchant de se former et d’avancer.

Je cause avec mes voisins et voisines, des gilets jaunes, des syndicalistes, on parle naturellement de Macron qui refuse toute écoute, toute attention à nos revendications, salaires, retraite, on compare nos sorts, nos infos, nos actions… ou est-ce qu’on s’est vus ? A Elancourt. A Aubervilliers. A la Bourse du travail. A Dreux. On me remercie « pour les vidéos ». On fait des selfies. On blague mais pas longtemps, deuxième vent pourri de gaz lacrymogènes, on reflue, certains me protègent, me conseillent de reculer, on y est contraint, puis on recommence à essayer d’avancer.

Je croise et salue Philippe Martinez qui reflue et qui a été pris comme cible, devant. On est revenus place Montparnasse. On ré avance, on va aller au pas, il faut 45’ pour revenir là où on étaient bloqués une heure plus tôt. On est « nassés » comme au temps de Marcellin, les flics sont au contact, ferment toutes les rues. J’ai un tract de la GDS, Gauche démocratique et sociale, à distribuer (en faveur de l’unité de la gauche) mais c’est quasi impossible. Ce système de la nasse, du blocage, proximité flic et gaz avec manifestants, est une vraie provocation ; le bon système quand un ministre de l’Intérieur ne veut pas provoquer, c’est de rendre les flics invisibles. Là, ils sont sous le nez des éventuels lanceurs de projectiles, et nous sommes coincés sous leurs ripostes, matraques…

J’apprends que d’autres stations de métros sont fermées, et que les gens ne peuvent pas nous rejoindre, que devant la Rotonde on ne passe qu’au compte-goutte. Que ça grenade à Gobelins. Les morceaux de manifestations, devant, sont disloqués. Pas à pas, nous on atteint les 7 Parnassiens. Pas à pas la Coupole (pas gardée mais quand il n’y a pas amas-provoc de flics, ca se passe mieux). Il faut une heure et demie pour arriver à Vavin puis remonter jusqu’à Port-Royal. Découragés, les militants FSU on replié leur gros ballon. Attac avait prévu un cortège amusant de masques Benalla, il ne se verra guère. Des points fixes sont bousculés. Quelques poignées de militants de FI et de Générations. Des voitures qui transportent des handicapés manifestants sont immobilisées. On rage tous là, car en pratique c’est le droit de manifester qui est interdit.

Le gouvernement ment  comme des arracheurs de dents sur ses buts véritables : tout est fait pour dissuader, faire peur, freiner, repousser. Mais il est vrai pour l’en empêcher, il manque aussi un grand cortège de gauche structuré dynamique, unitaire.

En fait, il faut bien le comprendre si Macron fait peur de façon délibérée, c’est parce qu’il a peur lui même.

Depuis six mois, si Macron n’avait pas orchestré ce terrorisme d’état, cette violence policière de plus en plus forte, il y aurait eu des millions de manifestants dans les rues, comme le 13 mai 68.

Ce régime est isolé, il ne veut pas négocier, il ferme systématiquement toutes les portes aux aspirations de la majorité des salariés, mais attention, cela exacerbe les rages.

Entre 1968 et 2006, les pouvoirs négociaient : la dictature enragée de la finance ne le permet plus.

En plus de les contrôler, de le dissuader, de les frapper, ils mentent sur les chiffres de manifestants il disent 10 000 là ou il y 100 000. Tout le monde le sait, tout le monde voit les vraies images des cortèges massifs dans toutes les villes du pays depuis six mois, mais ca ne fait rien, ils mentent. Hier encore, ils mentent, et en plus, le soir, et ils dénaturent : à chaque mobilisation, un petit génie médiatique trouve un truc, il dénigre sur un thème, soit l’Arc de triomphe napoléonien, soit Finkielkraut, soit le Fouquet’s, soit les commerces, et là c’est l’hôpital la Pitié. Castaner envoie un tweet qui tombe sur le coup de la loi : mensonge, la Pitié n’a pas été attaquée ni envahie, intox filmée, mais il s’en moque, c’est le cynisme complet, le mal est fait, ils ne s’excuse même pas, il a distillé a des millions d’exemplaires, son mensonge public, faux mais le poison est répandu : « Castaner démission » normalement, mais les médias des grands milliardaires le protègent.

Et tout ça sans répondre aux revendications légitimes, Macron a fait 150 h de télé, plus 2 h 30 de conférence de presse,  sans prononcer le mot salaire, pourtant objet de la principale revendication.

Mais est ce que toutes ces manœuvres, toutes ces violences de Macron, toute  cette répression policière inédite et féroce, ca va suffire à empêcher l’explosion ? Je ne crois pas. Il la retarde, certes. Mais c’est un mouvement d’une profondeur, d’une durée, d’une énergie, d’une créativité sans précédent soutenu par une majorité dans le pays. Il est basé sur des besoins énormes insatisfaits, ça accumule sa puissance. Il suffit de parler avec les gens, ils étouffent. La vapeur va sortir. Ce sera comme toujours de façon inattendue mais encore plus violente.

Macron certes n’a encore rien lâché, il le sait, mais il devrait pourtant entendre avant qu’il ne soit trop tard pour lui.

 

 

One Commentaire

  1. grimault
    Posted 3 mai 2019 at 9:24 | Permalien

    très bien écrit , entièrement d’accord avec les faits , bon courage à ceux qui défendent nos libertés & luttent contre ce système de menteurs !

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