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Stopper le réchauffement et le dérèglement climatiques

 

Le réchauffement climatique est une réalité confirmée. Depuis 1880, l’augmentation de la température moyenne de la surface terrestre est supérieure à 1°C. Si cette augmentation se limite à 1,5°C, le risque d’emballement pourra être contenu. Mais l’insuffisance des moyens mis en œuvre pour stopper ce réchauffement nous conduit vers le dépassement de cette limite.

 

L’activité humaine est la cause essentielle du réchauffement

 

L’origine certaine de ce phénomène est l’effet de serre causé par la diffusion de certains gaz (les GES) dans l’atmosphère. Notamment : CO2, CH4, H2O (en vapeur). La surproduction de GES est émise par les activités humaines. L’humanité doit donc  modifier ses activités. En voulant diviser par 2 les émissions de GES (–50 %) durant la décennie 2020-2030, nous tentons de limiter le réchauffement à +1,5°C, sinon à +2°C.

L’objectif d’atteindre la « neutralité » carbone en 2050, est raisonnable. Il s’agit de réduire les émissions de GES de façon à piéger tout le carbone émis dans des puits que sont, par exemple, les réservoirs constitués dans les roches souterraines qui contenaient du gaz naturel ou du pétrole et que sont aussi, plus naturellement, les forêts.

 

Le retard pris dans la lutte contre le réchauffement provient essentiellement de l’échec de la lutte pour l’abolition du mode de production capitaliste et son remplacement par un mode de production démocratique. Les responsables sont les capitalistes puisqu’ils sont les bénéficiaires du mode de production actuel, et les dirigeants politiques qui les servent.

Par exemple, grâce à l’intervention de l’Etat pour réguler l’économie capitaliste, durant les 30 glorieuses (1944-1974) la politique keynésienne fit disparaître les crises décennales de surproduction et assura une croissance économique quasiment continue. Mais ce fut en pillant sans retenue les ressources naturelles et en abandonnant comme pollution et déchets les résidus de la production.

Le néolibéralisme qui lui succède et triomphe depuis 40 ans, se révèle incapable d’assurer la même croissance en raison de la réduction des salaires, et donc de la demande solvable, sous la pression du chômage. Mais le pillage des ressources naturelles se maintient au niveau élevé qu’il avait atteint. Durant les trois derniers quarts de siècle, la croissance des émissions de gaz à effet de serre  fut sans précédent.

 

Cinquante années ont été nécessaires pour que le rôle déterminant de l’activité humaine dans ce réchauffement, soit reconnu par la quasi unanimité des scientifiques.

La lenteur de cette prise de conscience illustre sans doute le syndrome de Planck : devant les réticences de ses collègues physiciens à accepter les innovations théoriques du jeune Albert Einstein, Max Planck constatait : « Une nouvelle théorie ne triomphe pas parce que ses arguments convainquent les partisans de l’ancienne théorie, mais elle arrive à s’imposer parce que ceux-ci finissent par mourir ».

Néanmoins, cette prudence des scientifiques du GIEC (Groupe intergouvernemental d’étude du climat), est plutôt une garantie du sérieux de la thèse ainsi affirmée.

 

Un danger mortel pour l’humanité

 

Le réchauffement climatique menace la survie de l’humanité à moyen terme. C’est donc rapidement qu’il faut agir pour le stopper.

En ayant bouclé les 42,195 km d’un marathon en moins de 2 heures, Eliud Kipchoge ne s’est pas effondré. Pourtant, dans l’Antiquité, le coureur de Marathon est mort en annonçant aux Athéniens la victoire des Grecs sur les Perses. En effet celui-ci, en ne courant plus, a arrêté l’évaporation de la sueur qui rafraichissait son crâne. En atteignant la température fatidique de 42°C, son cerveau est mort.

Les températures supérieures à 50°C à l’ombre risquent de devenir fréquentes. Elles peuvent être supportables dans une atmosphère sèche. Mais aucun être humain ne peut survivre à une telle température dans un air saturé en humidité qui interdit toute évaporation rafraichissante de la sueur. La canicule saturée en humidité est mortelle.

Si nous ne rattrapons pas le retard pris, beaucoup de régions du globe deviendront inhabitables. C’est le cas de la Chine du nord à cause de la chaleur.

C’est le cas du Bangladesh à cause de la montée des eaux : 3 mm par an. Elle provient de la fonte de la banquise, notamment de l’Antarctique et du Groenland, et de la dilatation des eaux qui suit l’élévation de leur température au dessus de 4°C.

 

Emissions de CO2en 2017, exprimées en Gt = Gigatonnes = milliards de tonnes

 

Emissions mondiales totales :   41,0 Gt

Chine :    10,2 Gt

USA :       5,3 Gt

Union Européenne :       3,5 Gt

Inde :       2,4 Gt

Russie :       1,6 Gt

Japon :       1,2 Gt

Allemagne :       0,8 Gt

France :       0,6 Gt

 

Toute production d’un bien matériel ou énergétique laisse un résidu

 

Le bien produit fait l’objet d’une anticipation, il est d’abord imaginé parce qu’il est inventé pour remplir une fonction. Un bien est consommé pour assurer une fonction vitale. À son tour, sa production fait appel à des moyens qu’il faut produire. Mais, produire ces moyens demande aussi des médiations qu’il faut imaginer avant de les produire.

Ainsi la production est un enchaînement de moyens et de produits. Chaque chaînon donne un produit dont la valeur d’usage est celle d’être un moyen pour le chaînon suivant. Mais, à côté du produit surgit un résidu qui, s’il n’a pas été anticipé, s’il n’a pas de valeur d’usage, devient un déchet.

S’il a été anticipé,  s’il a une valeur d’usage, le résidu devient un moyen qui donnera un produit avec lequel il formera le premier chaînon d’une nouvelle chaîne. Celle-ci sera peut-être celle d’une nouvelle production. Ou bien elle s’accrochera à une autre chaîne, devenant un moyen dans une autre production, une production circulaire.

Un résidu peut ainsi être déchet et pollution encombrante ou bien être un produit et un nouveau moyen.

 

Toute activité, notamment humaine, est une transformation d’énergie : énergie mécanique, cinétique ou potentielle, énergie électrique, magnétique ou chimique… Un barrage hydro-électrique transforme de l’énergie potentielle en énergie électrique. Une diode électro-luminescente transforme de l’énergie électrique en énergie lumineuse, etc.

Or, toute transformation énergétique s’accompagne de l’émission d’un résidu d’énergie sous forme de chaleur. Une LED a un rendement très supérieur à celui d’une ampoule à incandescence, mais elle laisse, elle aussi, un résidu énergétique thermique qui se dissipe dans l’atmosphère et participe un peu au réchauffement climatique.

Toute activité humaine s’accompagne d’une émission de chaleur qui se perd dans l’atmosphère, mais dont l’importance peut être fortement réduite. Stopper le réchauffement climatique, c’est réduire la production de chaleur par les humains, c’est aussi réduire la perte de chaleur que provoquent les activités humaines, et c’est réduire l’émission de gaz à effet de serre.

Le réchauffement climatique est aussi un dérèglement du climat dont il faut se protéger : ouragans, inondations, incendies, canicules…

 

Une transition économique et écologique pour être sociale

 

La prise de conscience n’est pas encore suffisante :

• Introduire la défense de l’environnement et la lutte contre le réchauffement dans les programmes scolaires.

 

La réglementation pour les bâtiments et les véhicules doit être améliorée :

• Améliorer les normes pour l’isolation (hiver et été) des bâtiments anciens et neufs,

• Améliorer les normes pour les véhicules neufs et fixer des normes transitoires pour les véhicules anciens (vitesse et consommation),

• Développer l’utilisation de matériaux d’origine végétale ou renouvelable.

 

Pour limiter le transport de marchandises par camion :

• Créer des plateformes multimodales pour généraliser le ferroutage,

• Limiter progressivement le transport de marchandises par camions à 200 km par jour.

 

Le dérèglement climatique crée de nouveaux risques :

• Créer une sécurité environnementale qui couvrira les dégâts dus aux intempéries et les frais de mise aux normes des bâtiments (isolation) et des véhicules (vitesse et consommation), qui soit un service public de droit privé (comme l’assurance maladie), dont le financement sera assuré par :

– des cotisations proportionnelles à la valeur foncière diminuée de 100 000 € par propriétaire,

– le rétablissement de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF),

– l’instauration d’une taxe Tobin sur les transactions financières,

– taxation du kérosène.

 

Une étude du CIRAD chiffre les besoins d’investissements, à l’échelle mondiale, pour rester en dessous des 2°C d’augmentation de la température moyenne, à plus de 6 000 milliards d’euros par an de 2018 à 2035, soit plus de 5 % du produit mondial global projeté, soit près de 1 000 € par an et par habitant de notre planète. Cette estimation est corroborée par d’autres études portant sur l’Europe ou sur la France.

 

Pierre Ruscassie

 

La « Convention citoyenne pour le climat »

 

La CCC est composée de 150 citoyennes et citoyens tiré.e.s au sort. Ces personnes sont issues des 30% de détenteurs de téléphone portable qui n’ont pas refusé de participer à cette procédure. La CCC doit répondre à la question  « comment réduire les émissions de GES d’au moins 40% d’ici 2030 (par rapport à 1990) dans un esprit de justice sociale ? ». Ses propositions seront soumises au referendum ou au parlement ou reprises par voie réglementaire.

 

Six sessions de deux jours et demi sont organisées jusqu’à la fin janvier.

 

La CCC est dirigée par un comité de gouvernance de 15 membres (6 femmes et 9 hommes) dont une coprésidence assurée par Thierry Pech (DG de Terra Nova) et Laurence Tubiana (présidente et directrice générale exécutive de la Fondation européenne pour le Climat).

 

La commande d’organiser cette convention a été passée au CESE par le gouvernement avec pour objectif la légitimation de la taxe carbone (petit rappel, elle avait due être retirée devant la mobilisation des gilets jaunes).

 

Cet objectif est devenu patent en début de la seconde session du 25 octobre lorsque pas moins de quatre experts ont été mandatés pour la défendre en l’absence de présentation opposée (la réaction des 150 membres a été véhémente).

PR

 

 

 

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