Au boulot forcé dans le bâtiment Garde corps et gestes barrières.

 

« Je suis architecte paysagiste et j’assure comme maître d’oeuvre le suivi de chantier du BTP avec des travaux de terrassements, voirie, plantations…

Le gouvernement a choisi de laisser reposer uniquement sur les patrons la décision ou non de l’arrêt des travaux. Pour forcer leur choix, il a refusé de payer le chômage partiel.

Le CGT de la construction et du bois a écrit dans une lettre publique que les accords en ce sens, Pénicaud-patronat, étaient un « crime de masse ».

Ca envoie au casse-pipe des millions de travailleurs ! En refusant de dresser une liste, d’activités essentielles et non essentielles, le gouvernement a adopté la pire position : c’est chaque patron qui juge, non pas en fonction de son activité, mais en fonction de son rapport à la banque, s’il bosse et fait bosser, ou s’il ne le fait pas.

En fait, ce sont donc la banque, les donneurs d’ordre et les sous-traitants qui décident, arbitrairement, en cascade, selon les règles faussées dites de la « concurrence ».

Je suis effarée de l’attitude des donneurs d’ordre et maîtres d’ouvrage. La construction d’une bibliothèque ou d’un parc n’est pas vitale immédiatement pour les citoyens, alors pourquoi pousser ceux qui ne peuvent pas faire du télétravail, à se coltiner les chantiers ? 1,7 million d’ouvriers du bâtiment sont ainsi sacrifiés.

Il est demandé un addendum aux fiches de sécurité où les employeurs déclarent que «leurs salariés vont respecter tous les gestes barrières». Qui feint de les croire ? Que les outils des salariés vont se passer de main en main sans solution hydro-alcoolique ? Que les toilettes de chantier «confinées» sont utilisées par 30 personnes !

J’en ai vu qui proposent d’étaler la pause de midi pour que les gens ne soient pas trop nombreux au réfectoire. Mais le réfectoire est confiné. Il vaudrait mieux qu’ils mangent dans leur voiture, à tout prendre !

Dans les chantiers, la bataille a toujours été quotidienne pour assurer des garde-corps, alors vous pensez si les « gestes barrières » sont respectés !

C’est un boulot qui exige la proximité, des efforts communs. Et là, soit les travailleurs obtiennent un des rarissimes masques et cela en prive les personnels soignants ou prioritaires (éboueurs, flics, caissières..); soit les ouvriers n’ont pas de masques et prennent tous les risques.

C’est alors que les patrons essaient d’intimider les ouvriers et de leur faire signer des « décharges ». Certains juristes le leur ont conseillé : tenter de faire retomber sur le salarié les risques qu’il encoure en obéissant aux ordres. Ces « décharges » sont illégales, mais elles servent à intimider ceux qui ne savent pas se défendre, n’ont pas de délégués ou de syndicats pour le faire. Et puis ils ont fermé l’inspection du travail, après le décès d’un agent de contrôle dans l’Eure. C’est la jungle. »

 

Gérard Filoche

 

 

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