Farida : « Fallait réfléchir avant ! »

Au boulot n°499 chronique hebdomadaire « Au boulot » dans l’Humanité Dimanche

Ingratitudes

Veolia est une grande entreprise géante avec 11 000 sous-traitants. C’est bien commode la sous-traitance, pour renvoyer les problèmes humains aux PME d’en dessous.

Dans sa  filiale, la Coved, à Basly, Calvados, le 5 juin 2020, Stéphano Patry, 47 ans, chauffeur de bennes a ordures depuis 26 ans, s’est suicidé avec un fusil de chasse, en tenue de travail, une lettre de licenciement « pour cause réelle et sérieuse » à ses pieds. Il devait recevoir « la prime du héros du quotidien » (750 euros) versée par son entreprise aux salariés qui avaient travaillé pendant l’épidémie du Covid19.

Les soignants non plus n’ont rien reçu de leur donneur d’ordre au grade le plus élevé, Macron. Ni médaille, ni 14 juillet, ni 300 euros de hausse de salaire, ni effectifs, ni recrutement, ni moyens, ni les plans nécessaires pour l’hôpital public.

En dépit d’une douzaine de policiers surarmés qui essayaient de les dissimuler, les images de l’infirmière Farida, le 16 juin, molestée, tirée par les cheveux, quatre policiers assis sur elle, menottée, puis bâillonnée, ont fait le tour du pays. Elle a été ensuite attachée à un banc au commissariat pendant huit heures et sera jugée le 25 septembre prochain.

Comme elle dit : « - Ce n’était pas possible, ce n’était pas envisageable pour moi,  je n’étais pas là pour jeter des cailloux, mais pour manifester les droits des soignants, j’étais en face de policiers protégés, j’ai explosé, c’était symbolique, je voulais dire, on en a marre, on est fatigués, on vient manifester, arrêtez de nous museler comme ça, on vient dire « au secours », et vous nous gazez, ça a exprimé ma colère, mes petits cailloux n’avaient aucune chance de faire mal aux policiers, j’aurais pas dû, bien entendu, mais je suis fatiguée, je ne veux plus travailler comme ça, sans respect des valeurs, sans mettre du soin dans le soin, une infirmière doit avoir le temps de faire une toilette, une infirmière doit avoir le temps de parler au malade, de poser les mains sur un patient, et lui dire : « - On est là. »

Un des policiers qui molestait Farida lui a dit, et tout le monde l’entend sur la vidéo,  « Fallait réfléchir avant ». Comme si les salariés de l’essentiel, ceux qui font tourner le pays,  avec de si bas salaires, après trois mois de Covid19, ne réfléchissaientpas sur l’ingratitude au plus niveau. Comme si ce n’était pas cette réflexion, précisément qui les poussait à se soulever. Comme si ce n’était pas légitime.

Gérard Filoche

 

 

5 Commentaires

  1. cording
    Posted 20 juin 2020 at 11:56 | Permalien

    Le pouvoir macronien ne réprime que les luttes sociales comme les Gilets jaunes et les soignants pas les racialistes et indigénistes soi-disant de gauche.

  2. Posted 20 juin 2020 at 19:20 | Permalien

    Bonjour les amis. Un grand cycle commence aujourd’hui à distance. Il concerne d’abord le  » viral open Space » puis le forum mondial des économies transformatrices (qui devait à l’origine se tenir physiquement à Barcelone) et enfin les Dialogues en humanite ( du 3 au 5 juillet). Au coeur de ces échanges une question qui nous intéresse tous. La perspective Archipel dans sa dimension planétaire. C’est la question de la reliance des initiatives de type Archipel à l’échelle planétaire (les archipels citoyens au pluriel) mais aussi la possibilité de considérer que cette reliance peut être globale de même que les peuples divers qui sont Tous terriens sont aussi potentiellement un seul peuple sur une seule terre avec des éléments de bien commun ( par exemple les océans, l’espace, les pôles) qui , pour appartenir à toutes et tous, ne doivent appartenir à personne. C’est ce qu’ Edouard Glissant nommait l’approche de la  » mondialite  » qui est aux antipodes de la globalisation néolibérale qui se désintéresse des enjeux écologiques, sociaux, démocratiques mondiaux .( d’où aussi l’expression d’altermondialisme adoptée dans les forums sociaux mondiaux). Cette fois c’est d’un Archipel citoyen planetaire au singulier dont nous pourrions parler. Celui qui permettrait d’aller vers un troisième âge des Nations Unies sans Guerre. Un age d’une conscience planétaire qui ne soit pas contradictoire avec la reconnaissance de la pluralité des identités racines des peuples et des cultures pour reprendre les concepts d’Edouard Glissant. Un age ou le  » nous les peuples  » qui débute la Charte des Nations Unies ne se transforme pas comme aujourd’hui en  » nous les États » ce qui conduit à ce que « le droit des peuples à disposer d’eux mêmes » devienne le droit des États à disposer de leur peuple ! Mais dans cet age la il n’est pas non plus besoin de faire appel au souverainisme ou au repli identitaire sur les cultures pour offrir une alternative à la globalisation du neo-capitalisme (comme d’ailleurs des forme neo-totalitaires comme en Chine). Il est aussi possible d’assumer le fait qu’il y a bel et bien des enjeux mondiaux tels ceux du Climat, de la biodiversité, du refus d’un hiver nucléaire, des migrations, du rapport à l’eau, à la terre, à l’espace, aux pôles etc. Tout cet ensemble constitue un bien commun pour toutes les humains et toutes les espèces vivantes qui doit être à la fois préserve et démultiplié. Donc si vous le pouvez, passez de Temps en Temps un moment lors des prochains jours sur ces événements. Voici un premier Lien qui , normalement, peut déclencher les autres
    Amities
    Patrick Viveret
    https://www.viralopenspace.net/fr/

    Ce qu’on apprend au milieu des fléaux, ( c’est) qu’il y a dans les hommes plus de choses à admirer que de choses à mépriser. »
    Albert Camus, La peste.

  3. Hervé
    Posted 21 juillet 2020 at 4:12 | Permalien

    30 juin 2020 :

     » Marseille: un policier de 19 ans se suicide dans un commissariat  » (source AFP)

    Imaginerait-on le ministre de l’Intérieur dire au regard de ce triste fait :

     » Fallait réfléchir avant !  »

    1 – Que fait monsieur Darmanin contre les suicides en masse à l’intérieur du corps de la police dite « républicaine » ?

    2- La haine des policiers envers la population française et l’hyperviolence dont ceux-ci usent et abusent envers le peuple français ne viennent-elles pas de la dégradation des conditions de travail au sein des services publics largement abandonnés par les néolibéraux depuis maintenant plus de trente ans ?

    3 – N’assistons-nous pas à la lumière de tous ces faits atroces et consternants au pourrissement accéléré de la V° république ?

    4- Qui encore se sent  » représenté  » dans ce pays ? Un pays largement vassalisé par un empire européen où la vacuité idéologique le dispute à son alignement atlantiste ? Fin de partie ?

    5 – Vive la VI° république, indépendante, démocratique, écologique et sociale !

  4. Posted 29 juillet 2020 at 10:41 | Permalien

    NOTE SUR LE PRODUCTIVISME
    —————————————– —————————————-

    Ni productivisme, ni anti-productivisme

    Le productivisme est l’orientation politique qui considère que l’action politique doit avoir pour fonction d’augmenter la production pour maintenir une croissance économique maximale. Mais, nous savons que pour comprendre une orientation, il faut connaître les rapports sociaux qu’elle privilégie et ceux qu’elle rejète. Quels sont donc les rapports productivistes, les rapports non-productivistes et les anti-productivistes ?
    Les rapports productivistes sont ceux qui subordonnent les droits démocratiques à la croissance de la production. Selon le productivisme, les individus doivent vivre pour travailler, au lieu de travailler pour vivre. Les rapports productivistes tendent ainsi à faire accepter par les salariés le surtravail que leur imposent les capitalistes qui leur ont acheté l’usufruit de leur force de travail.

    Ces rapports productivistes viennent se greffer, comme rapports annexes, sur les rapports de production capitalistes. Ils infléchissent ces rapports capitalistes et établissent une politique économique particulière (un « régime économique »).
    Par exemple, le productivisme est un aspect du compromis social keynésien qui a créé les « 30 Glorieuses » Durant ces 30 années d’après-guerre, fut réalisé le quasi plein emploi, il fut construit un système remarquable de services publics, on a vu disparaître les crises économiques de surproduction analysées par Marx et nous avons vécu la quatrième révolution technologique : machine à vapeur, électricité, moteur à explosion, électronique (nous vivons maintenant la cinquième, celle de l’informatique).

    Mais ce compromis keynésien s’est imposé aux dépens des biens communs que la prédation humaine, poursuivie massivement durant un demi siècle depuis la Première Guerre mondiale a épuisé les ressources naturelles plus vite qu’elles ne se renouvellent. La pollution engendrée par cette prédation s’est développée plus vite que ce que la nature pouvait absorber.
    Depuis la crise de 1929, le productivisme a accompagné cette quatrième révolution technologique, Ce faisant, il s’est attaqué aux droits environnementaux de l’humanité, aux droits à un alimentation saine, aux droits à l’eau potable, à l’air pur, au droit à disposer des énergies, au droit à se déplacer, au droit au logement salubre, au droit à une agriculture paysanne, au droit aux paysages où l’artificialisation des sols est limitée par une politique de densification urbaine, au droit à bénéficier de la biodiversité, au droit à la vie.

    Quand une politique économique n’assure plus les fonctions que la classe dominante lui assignait et qui justifiaient de l’avoir choisie alors, en choisissant une autre politique économique, on peut déboucher sur une révolution technologique. On peut alors développer de nouveau les forces productives (connaissances, investissements, outils, machines, procédés…), c’est-à-dire tous les moyens qui économisent le travail humain et que la politique en cours ne parvenait plus à mobiliser.
    L’amélioration des forces productives est commandée par les rapports sociaux de production et par leurs modifications.

    Marx a, apparemment, écrit le contraire dans deux brefs passages : dans l’introduction à la Critique de l’économie politique de 1857 et dans Misère de la philosophie (1847) où il semble faire de l’évolution technique des moulins (actionnés par les bras, par des animaux, par le vent ou le courant) la cause de la succession des modes de production (esclavagisme, féodalisme, capitalisme).Cette conception est copiée sur le déterminisme mécaniste des sciences de la nature qui n’étudient que les phénomènes objectifs : elle oublie que les rapports sociaux sont construits par la pratique subjective des individus.
    Toutefois Marx n’a ni écrit que la technique des forces productives « détermine » le mode de production et les rapports qui le définissent, ni que la technique productive « découle » des rapports de production. Il a écrit que les rapports de production« correspondent » à la technique de production. Ceci n’indique pas la direction dans laquelle s’exerce la causalité. Marx n’a pas tranché cette ambiguité.

    Rejeter le productivisme ne signifie pas accepter l’anti-productivisme. Celui-ci est l’orientation politique qui considère que l’action politique doit avoir pour fonction de diminuer la production, c’est-à-dire d’imposer une décroissance de l’activité économique pour réduire la pollution et les émissions de GES.
    L’attribution de la fonction déterminante à la technique et de la fonction déterminée aux rapports sociaux inspire à la fois le productivisme et l’anti-productivisme. En effet, ces deux orientations politiques négligent les facteurs subjectifs. En conséquence, chacune des deux oublie de faire respecter une partie des droits universels. Le productivisme néglige les droits environnementaux, la décroissance néglige les droits sociaux.

    L’« anti-productivisme » n’est qu’une composante du « non-productivisme ».Une orientation qui n’est ni du productivisme ni de la décroissance peut prendre en compte les facteurs subjectifs :: c’est une autre composante du « non-productivisme ».. Selon cette orientation, on peut augmenter la production de certains biens et services car en bénéficier est un droit. Mais, on doit réduire et même supprimer lles produits qui satisfont des besoins artificiels.
    Les produits qui satisfont un droit constituent des priorités de production qui peuvent obtenir l’accord des partisans du productivisme et de ceux de la décroissance. Ceux qui refuseraient ce compromis révéleront que leur but n’est pas de faire avancer leur programme.

    Pierre Ruscassie

  5. Posted 19 août 2020 at 19:25 | Permalien

    Compte rendu réunion du 18 août 2020
    66 à 69 participants
    Clémentine Autain absente pour raison familiale

    Prochaine réunion : 8 septembre 2020.
    Un CR sera effectué et envoyé aux participants par mail

    Claire Lejeune présente la feuille de route :
    1. texte commun en septembre
    2. Appel et événements décentralisés en octobre
    3. Événement centralisé en janvier 2021
    Benjamin Ball souligne que les conditions de la réussite résident dans la bienveillance des participants à ‘égard de tous (pas de : « je pars si machin reste »), être OK sur la méthodologie,.

    Audrey Pulvar demande quel sera la lien avec Christian paul et Guillaume Duval et leur festival des idées. Claire Lejeune dit qu’il faut travailler des liens de complémentarité avec les réseaux jeuens et citoyens.
Willy Pelletier dit la nécessité de vouloir un programme commun, une candidature unique et de créer une force, une mobilisation visible de cette volonté. Il donne l’exemple de la mobilisation contre le TCE en 2005 ( appel des 200) et indique 4 « sphères » à mobiliser : les jeunes, les intellos (universitaires et profs), les syndicalistes, les associations. Il dit que la force du nombre contraint les partis politiques.
    Charlotte Marchandise insiste sur la dimension citoyenne
    Jean-Claude Mamet : sur les conditions de la réussite, il insiste sur la nécessité d’animer des groupes locaux via des initiatives sur l’actualité sociale et politique (par exemple annonce du plan de relance par le Gvt le 20 août) Il demande si les 22 orgas représentant la gauche ont toutes été contactées.
    Claire Lejeune indique que toutes les organisations ont été invitées.

    Patrick Viveret insiste sur l’enjeu planétaire et mentionne « Les rencontres ds Justices » à Marseille

    Brice Montagne ( Collectif France DIEM 25, ?) évoque l’échec de Syriza et dit qu’il faut aussi se préparer à un plan B en cas d’échec en 2022 (???). Il explique qu’il faut donc d’ores et déjà préparer une stratégie européenne. Il évoque la préparation d’une mobilisation sur le logement avec une « grève européenne des logements » (j’ai pas compris ce qu’il entendait par là).

    Clément Pairot (soutien de Bernie Sanders) dit aussi qu’il faut penser notre défaite. Évoque Yanis Varouflakis et la position « on ne votera ni Macron, ni Le Pen au second tour ».
    Pierre Khalfa indique qu’il faut se placer dans la perspective où nous pouvons gagner , même si les choses ne sont pas bien barrées. Il indique un obstacle de taille:la volonté des principaux partis de suivre leur propre route parce qu’ils ont le meilleur candidat. Il faut donc construire un rapport de force et faire émerger une force citoyenne.
    Il veut élargir les secteur indiqués par Willy Pelletier aux organisations des quartiers populaires (luttes contre le racisme) et aux organisations féministes.
    Il indique qu’il faut dialoguer avec les partis politiques et faire des auditions.
    Élaborer un socle de propositions qui fassent consensus et mettre en place des groupes de travail pour tenir les échéances ;
    Coline : On fait quoi sur les régionales et les départementales ?
    Claire Lejeune répond que si on arrive à se mobiliser cela aura un impact sur ces élections.
    Jean-Claude Branchereau donne en exemple l’appel des 100 en 2016-2017 et dit que le temps est compté. Sur les conditions de la réussite il souligne que le contenu ne peut pas faire l’impasse sur les questions sociales et la pauvreté qui vont explosées à la rentrée. Il faut associer tous les courants politiques de la gauche et de l’écologie et préparer un programme, un pacte de législature. Il dit la nécessité de constituer des collectifs locaux pour discuter de toute. Il souligne la nécessité de mobiliser les quartiers populaires.
    Annick Coupé dit qu’il faut l’articulation la plus ouverte. Mais dit aussi qu’il faut faire autre chose et autrement, qu’il faut trouver une méthode pour une voie de passage pour réunir partis politiques et citoyens. Elle dit que els contenus sont là, sont prêts, mais il faut maintenant faire un socle commun. Il faut donner envie de faire de la politique eu niveau local.
    Damien (il se présente en qualité de géographe) dit qu’il faut articuler le national et les territoires
    Martin (CNNR) indique que le CNNR prépare un plan d’action sur un an.

    Claire Lejeune :
    Comment mettre en œuvre ?
    Septembre : une tribune
    18 octobre : événement à Marseille
    La feuille de route ( qui peut être discutée) va être envoyée par mail à tous.

    Initier différents groupes de travail :

    Groupe de coordination
    Groupe Fond et contenu
    groupe Communication
    groupe Organisation-mobilisation
    Groupe mobilisation des acteurs-élargissement.

    Ajouter une groupe pour la méthodologie ?
    La tribune est gérée par le groupe « Coordination ».

    Gérard n’est pas intervenu mais à tchater avec tout le monde et à proposer le tableau comparatif des programmes des orgas politiques.
    J’ai trouvé cette réunion intéressante et la perspective de faire émerger un expression citoyenne sur la nécessité d’avoir un programme et un candidat unique à gauche est motivante.
    Anne le 19 août 2020

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