Lorsque le scandale de la caisse noire d’argent sale de l’UIMM avait éclaté en septembre 2007, Laurence Parisot avait d’abord avoué : « beaucoup savaient inconsciemment ». Elle avait même dit « Je me sens salie ». Mais depuis deux ans et demi elle ne s’est pas lavée… Car depuis elle s’est rétractée. Comme un ancien dirigeant de l’UIMM Daniel Dewavrin affirmait qu’elle « savait », elle l’a attaqué en justice en diffamation. Elle a perdu son premier procès en janvier 2009 et elle vient de perdre en appel. Elle savait !
Reproduction ci-dessous d’un article en 2008 fait par Jérôme Skalski :
Le scandale du siècle au coeur du grand patronat français
«A quoi servent les 600 millions d’euros des caisses noires du patronat et où vont les 2 millions d’euros distribués chaque année en liquide par l’UIMM et le MEDEF ?» C’est à répondre à ces deux questions que s’est employé Gérard Filoche, inspecteur du travail, militant syndical et politique dans son ouvrage sur « Les caisses noires du patronat » publié en mai dernier 2008 aux éditions Jean-Claude Gawsewitch.
Dédié à «Cathy, caissière chez Carrefour à Port-de-Bouc», son ouvrage est une prise de parole sérieuse et documentée destinée à faire la lumière sur un «scandale qui soulève le coeur». Un livre de combat aussi : pour que s’engage au plus vite une véritable action des pouvoirs publics contre ceux qui en sont les protagonistes.
Un «scandale qui soulève le coeur»
Gérard Filoche rappelle tout d’abord le début et le contexte de l’«affaire». Sous la pression des fonctionnaires de Tracfin, service relevant du ministère de l’Economie, des Finances et de l’Industrie créé en 1990 «pour combattre le recyclage de l’argent sale» s’ouvre, fin septembre 2007, une «enquête préliminaire» sur des retraits de fonds suspects opéré par Denis Gautier-Sauvagnac, haut responsable de l’UIMM – Union des Indutries et des Métiers de la Métallurgie, «pivot du MEDEF». «En fait, rappelle Gérard Filoche, ces manoeuvres étaient sous surveillance depuis de nombreuses années : Tracfin avait déjà signalé en 2004 de tels retraits en liquide au ministère des Finances, tenu à l’époque par Nicolas Sarkozy, qui aurait mis le dossier «en attente»».
Un dossier mis «en attente»
Cette «attente» durera trois ans. Face à une rumeur et à une série de «bruits» se développant depuis les services ministériels, l’«affaire» finit cependant par éclater. Le 26 septembre, c’est Le Figaro qui allume la mèche. A partir de là, les informations commencent à percer dans la presse. Début octobre, une perquisition au domicile de Denis Gautier-Sauvagnac a lieu. «Trois jours plus tard, les policiers saisissent, sur les indications de l’IUMM, 2 millions d’euros dans un coffre loué par l’association patronale.» «Tous les jours, on en découvre un peu plus et ça monte doucement» dit le 11 octobre un policier à l’agence Reuters». Bientôt, les images d’une «caisse noire» de 600 000 millions d’euros, de «mallettes de 24 à 32 kg, contenant 150 000 ou 250 000 euros» qui circulent «plusieurs fois par an» et de près de «2 millions d’euros distribués chaque année en liquide par l’IUMM et le MEDEF» s’imposent.
Opérations de «diversion»
Comment les dirigeants du MEDEF et de l’IUMM vont-il faire pour légitimer l’existence de cette «caisse noire» issue de cotisations pas «ordinaires», sans véritable comptabilité et dont la «gestion était discrétionnaire, en liquide et en secret» ? Par diverses opérations de «diversion». Tout d’abord, Denis Gautier-Sauvagnac nie les faits : ««Nous n’avons rien à voir, ni de près ni de loin avec des malversations qui relèvent de Tracfin» affirme à la presse M.Denis Gautier-Sauvagnac en marge d’une réunion sur la pénibilité du travail» rappelle Gérard Filoche. Contraint ensuite de les reconnaître, Denis Gautier-Sauvagnac se dédouane : «DGS admet : sur cette caisse, nous avons effectué des opérations de retrait en espèces, environ 2 millions d’euros par an, pour participer au financement de diverses organisations de notre vie sociale.» Mais il refuse catégoriquement de fournir l’identité des bénéficiaires de ces largesses secrètes. «Il n’y a jamais eu de corruption, de financement politique, d’achat de parlementaires, ou de signatures lors d’un accord syndical, jamais» affirme-t-il pour essayer de couper court aux recherches.» Bientôt, certains représentants historiques du MEDEF et de l’IUMM venant à la rescousse de Denis Gautier-Sauvagnac tentent de «banaliser» l’existence de cette caisse. D’abord en soulignant le fait qu’elle existe depuis longtemps et donc que Denis Gautier-Sauvagnac, «homme d’une parfaite honnêteté», n’est que l’héritier d’un «système».
«Pour blanchir Denis Gautier-Sauvagnac, ils expliquent que tous se sont salis depuis des décennies»
«Pour blanchir Denis Gautier-Sauvagnac résume Gérard Filoche, ils expliquent que tous se sont salis depuis des décennies. Mais l’aveu n’excuse pas le crime. Son ancienneté non plus. Persévérer dans la turpitude ne l’atténue pas. On va d’ailleurs entendre des sons de cloches et des dates différentes ; certains disent que cette caisse noire dure depuis 1901, d’autres depuis 1947, d’autres depuis 1968. Curieuses dates : elles correspondent toutes à des avancées de la gauche et des luttes sociales, comme si c’était en réaction à un développement des mouvements du salariat.» Ensuite, en niant qu’elle soit de «l’argent sale» ou qu’elle résulte de «quoi que ce soit d’illégal». Mais «c’est contradictoire souligne Gérard Filoche, : car soit c’est banal, légitime et on l’explique. Soit ce n’est pas racontable, et le silence encourage à soupçonner tous les coups fourrés, combines et corruptions les plus «glauques»».
«Le plus sale mensonge, le plus immoral, des tenants de la caisse noire »
Autres opérations de « diversion » décrites dans le détail par Gérard Filoche : la mise en scène de la querelle des «anciens» du MEDEF et des «moderne», ou encore le conte de Clochemerle de Madame Propre et des «fieffés menteurs» avec annonce retentissante par Laurence Parisot, l’actuelle patronne du MEDEF, d’un procès qui fait «pchiiitttt» et d’un coup de pied dans la fourmilière qui se fait toujours attendre… Ou encore , pourquoi pas, d’un «complot» ourdi par le gouvernement Fillon-Sarkozy contre…Denis Gautier-Sauvagnac ! Mais le «must» est atteint par un biais où il est suggéré que cette «caisse noire», servait à «fluidifier les relations sociales».
«Vieille histoire de testament, semble ironiser Gérard Filoche : à ma mort, je te lègue trois lettres. Tu ne les ouvres que si tu as des problèmes. Au premier problème, la première lettre dit : «Tu nie tout» Au second problème, la deuxième lettre dit : «Tu reconnais les faits, mais tu dis que ce n’est pas grave.» Au troisième problème, la lettre dit : «Tu mets tout sur le dos des syndicats.»
Alors ils essaient de tout mettre sur le dos des syndicats. Ils vont faire croire dans toute la presse que, s’ils ne peuvent pas parler, c’est par gentillesse pour les syndicats de salariés, car c’est à eux qu’ils ont donné de l’argent ! En fait, notre patronat serait trop bon : ils seraient tous la main dans la main, copains et coquins, faux adversaires, ils s’entendraient et les patrons paieraient pour les salariés syndiqués. » Mais sous l’ironie, l’auteur des « Caisses noires du patronat » est ferme et démontre, preuves à l’appui, la construction du «plus sale mensonge», «des tenants de la caisse noire ». Loin d’alimenter les syndicats et donc la lutte sociale des salariés « cette caisse noire de 600 millions d’euros a pour fonction essentielle de mener le combat secrètement, puissamment, par la corruption, par tous les moyens, pour faire passer le programme du MEDEF. Les vraies victimes de cette caisse noire, ce sont les salariés, les smicards, les plus concernés : ce sont eux, c’est vous, c’est nous qui sommes visés. L’argent de la corruption a pour fonction, d’une part d’empêcher les travailleurs de faire grève, de résister, et, d’autre part, de faire passer des lois et des décisions qui affaiblissent leurs droits.»
«C’est le moment de dire «stop»
«Dans un pays où il y aurait une même justice pour tous, conclue Gérard Filoche, DGS, Laurence Parisot, de Calan et quelques-uns de leurs compères seraient en prison préventive et fortement contraint de révéler l’étendue de l’immense corruption qu’ils ont alimentée pendant si longtemps. Pour l’instant, ils jouent encore, ils échappent, ils trompent, mentent, dissimulent, mais l’opinion va s’informer de plus en plus, des rebondissements sont inévitables et c’est le rôle des syndicats, de la gauche que de mener une véritable campagne en ce sens. Depuis dix ans que le MEDEF mène une vraie «guerre» contre tous les droits sociaux, les droits du travail, les salaires, la Sécurité sociale, c’est le moment de dire «stop», de démasquer ces intégristes néo-libéraux, de les contraindre à rendre des comptes. Ils ne sont pas au dessus des lois des citoyens. Ils n’imposeront pas leur agenda. Les enquêtes doivent aller jusqu’au bout et les sanctions d’autant plus fortes qu’ils sont plus responsables.»
Jérôme Skalski
Gérard Filoche, « Les caisses noires du patronat », collection «Coup de gueule», Jean-Claude Gawsewitch Editeur, avril 2008. 14,90 euros .
2 Commentaires
LA CAISSE EPIM DE L’UIMM: L’ARBRE QUI CACHERAIT LA FORET !
http://www.lesechos.fr [archive du 03/04/2008 13:21].
Le fait le plus important de l’affaire UIMM, c’est que l’origine des fonds ne se limite pas à la caisse de secours « EPIM » évoquée jusqu’alors. Cette structure dotée potentiellement de 617 millions d’euros, n’a aucune existence juridique. Elle ne peut donc détenir de compte à son nom et c’est bien depuis des comptes de l’UIMM que les retraits ont été effectués. Ce qui laisse planer un doute sur l’étanchéité de l’EPIM avec les cotisations des adhérents de la métallurgie. Les enquêteurs sont donc maintenant sur la piste d’autres sources de financement. Ils s’intéressent de près à ce qu’il est convenu d’appeler « les organismes rattachés à l’UIMM » .
En clair : 8 associations hébergées au siège de l’organisation, avenue de Wagram, et financées pour l’essentiel par les fonds de la formation professionnelle et par des subventions publiques. « Afpi Etudes et Prévention », « Association d’assistance et d’entraide (AAE) » , « Association pour la documentation et l’assistance des entreprises (Adase) » , « Association pour le développement de l’information audiovisuelle (Adia) », « Euro Industries Programmes (EIP) »… Ces structures n’ont pas d’objet clairement identifié. A leur tête, on retrouve systématiquement Bernard Adam, ou Dominique de Calan et son adjoint Henri de Navacelle, ou Denis Gautier-Sauvagnac, ou Dominique Renaud, ou plusieurs d’entre eux à la fois.
Lire dans « Histoire secrète du Patronat » aux Editions La Découverte : le pillage organisé de la formation professionnell- UImm – Annick Lepage
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[...] nous pourrions leur proposer : « Quelle attitude avoir face à la découverte d’une caisse noire ? » ou « Comment faire payer ses frais d’avocat par le Medef ? » avec comme animateur : un [...]