Au Québec, le gouvernement a édicté, en 2010, une loi proclamant que le 28 avril est le jour commémoratif des personnes décédées ou blessées au travail. Une loi semblable existait au Canada depuis 1990. En Europe, le Bureau international du travail a fait du 28 avril une journée mondiale de la santé et de la sécurité du travail. À cette occasion, un peu partout dans le monde, on se remémore pendant 24 heures que des travailleurs et des travailleuses sont victimes de lésions professionnelles.
Certes la prévention n’est pas une affaire d’une journée ; c’est un devoir quotidien. Il faut lutter contre l’exploitation forcenée provoquée par la recherche du profit maximum qui provoque les accidents du travail. Le travail tue davantage que les guerres ou les accidents de la route : 2,2 millions morts par an selon l’OIT.
En France, ce fut autour de 500 morts en 2009, 4500 mutilés, 700 000 accidents avec arrêts. Et des dizaines de milliers de maladies professionnelles dont le nombre reste sous-estimé.
Alors, non seulement le 28 avril, mais tous les autres jours de l’année, la prévention doit être à l’agenda de chaque employeur, de toutes les associations patronales, syndicales et professionnelles.
- Les CHSCT doivent voir leurs droits, rôles et moyens renforcés pour une vraie prévention (cf. avis « vingt ans de CHSCT » par Gérard Filoche adopté au Conseil économique et social 2001).
- Les PV de l’inspection du travail pour « fautes inexcusables » doivent déboucher sur de vraies sanctions pénales (cf. la condamnation à Turin le 15 avril 2011 entre 10 ans et 16 ans de prison pour un patron et cinq cadres supérieurs de Thyssen-Krupp pour « homicide volontaire » pour la mort de sept ouvriers en 2007).
- Il doit y avoir de vraies « réparations » civiles pour les victimes et leurs familles.(Les morts au travail d’AZF ont fait l’objet de « réparations » moindres que les accidentés de la route victimes de la même explosion à Toulouse en 2001)
Pour y parvenir, il faut sensibiliser l’opinion :
le Conseil municipal de Paris a adopté un « vœu » (présenté par deux élues, Marinette Blache et Léa Filoche) pour qu’il y ait, dans les édifices, chantiers où ont eu lieu des accidents du travail mortels, au moins des plaques commémoratives en souvenir et hommage aux victimes. Ce « vœu » peut être repris dans les municipalités, conseils généraux et régionaux (sauf à Nice ou l’ex-ministre Estrosi a refusé, on voit là les limites de l’amour que Sarkozy et ses amis portent aux usines et aux ouvriers).
Retrouvez dans D&S n°184 avril 2011 (abonnez vous 30 euros = 10 n° = un an)
CONSEIL DE PARIS
Séance des 28, 29 et 30 mars 2011
Vœu de Marinette BACHE, de Léa FILOCHE,
les élues républicaines socialistes apparentées au groupe SRGA et les élus du groupe socialiste, radical de gauche et apparentés
pour la Commémoration des accidentés du travail
Considérant que, selon l’Organisation Internationale du Travail (OIT), ce sont 2,2 millions de salariés qui meurent chaque année d’un accident du travail,
Considérant que la priorité est bien évidemment de mettre en place une prévention suffisante pour limiter et si possible faire disparaître ces accidents mortels
Considérant qu’il est tout aussi nécessaire que les familles des accidentés reçoivent une juste indemnité,
Considérant que les employeurs condamnés pour « faute inexcusable » doivent être durement sanctionnés,
Considérant l’intérêt que la Municipalité parisienne accorde à la sécurité sur ses grands chantiers,
Mais considérant également
- que les victimes d’accidents du travail ne sont jamais honorées,
- que jusqu’alors l’Etat n’a jamais rendu hommage ni même officiellement réagi face à ces accidents qui tuent plus que les guerres ou les accidents de la route, sachant bien qu’évidemment ce n’est pas une plaque commémorative qui est à la hauteur des victimes mortes au travail
Sur proposition de Marinette BACHE, de Léa FILOCHE, des élues républicaines socialistes apparentées au Groupe SRGA, le Conseil de Paris émet le vœu que :
- soit trouvé dans Paris un lieu approprié ou serait apposée une plaque commémorative rendant hommage aux victimes parisiennes des accidents de travail ;
- Le Maire de Paris de s’adresse au ministre en charge de l’emploi pour qu’une mesure symbolique permettre de contraindre par la loi à la commémoration des victimes du travail en faisant que, dans tous les chantiers, les lieux où sont morts des salariés au travail, il y ait, comme pour les victimes des guerres, des plaques, sur place, leur rendant hommage ;
- Les parlementaires parisiens s’engagent à défendre cette démarche législative.
9 Commentaires
Une journée pour le travail, une journée pour les femmes, pour les maladies… & puis on oublie tout !!!
ça permet de tout accepter…
http://0z.fr/3SDkd
bonjour Monsieur Thalasrum, je vous imagine bien professeur d’histoire-géographie sur un manège, vous.
dites, méfiez-vous car étant donné que vous n’enseignez plus l’histoire-géographie mais à la place discipline, éducation civik,littérature et patrie moine, que sais-je et encore,
vous êtes en plein dans un accident de travail là.
une journée pour es corps au mieds siouplait !
Le côté répétitifs de ces accidents invitent à penser qu’il ne s’agit plus d’accidents mais de meurtres.
Au point où on en est ,vu la liste des ces dernières années, et puisque le 1er mai ne semble ne plus vouloir être pour les syndicats l’occasion de se rassembler , peut être qu’une gerbe posée au monument aux morts aux travail …
6roco veut une journée pour les corps aux pieds, le fait qu’il y ait 2,2 millions de morts par le travail, chiffre officiel de l’OIT (plus que par les guerres et les accidents de la route) ne l’interpelle pas
y’a un vent saharien là, y perd rien pour attendre
l’aura l’retour de s’médaille…
En France, 400 morts par an pour suicide par le travail ? Probable .
Le dernier suicidé écrivait déjà en 2009:
» «Continuons tous, employeur, Etat actionnaire et décideur, syndicats, salariés à ignorer les vrais causes profondes. Dans dix ans, on sera encore à traiter de ce même sujet… Enfin, non… Une certaine catégorie de personnel aura disparu par départ en retraite ou par suicide. Et le problème sera réglé, enfin! Cette situation est endémique du fait que rien n’est fait pour y faire face: le suicide reste comme étant LA SOLUTION!»
« Cadres dépossédés de leur pouvoir: ils ne sont plus rien! [...] Ceux qui sont abandonnés et contraints de faire face à l’échec au quotidien sont très mal. Ils sont soucieux de la qualité de leur prestation, rendue impossible, sans voie d’issue! […] Je suis dans ce segment-là […] Je suis en trop.»
PS : le mobbing , technique de pervers, a consisté à touché Rémi au coeur de sa motivation profonde . Rendre quelqu’un d’inutile …très classique comme scénario.
La seule prévention possible dans ce cas est le soutien des autres .
Soutien d’ailleurs quasi impossible dans une entreprise où un des buts affichés est de réduire les effectifs.
ah je regrette, mais pour 6roco, il y a une réponse adaptée
on est en mai, mais il peut aller à Lourdes, le 11 février, c’est la journée mondiale des malades.
on déposerait les gerbes de fleurs sous l’Arc de Triomphe, en grande pompe, ça serait citoyennement encore mieux. Les noms des victimes seraient gravées au fur et à mesure dans le marbre à leur mairie de résidence ou de travail. Double dépôt de gerbe fleuries. S’youplé…
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[...] je n’ai vu aucun collègue en parler ?! Ah si… ce bon Gérard, qui semble s’être gourré de titre. Et puis aussi ce blog ci, que je pensais réalisé par un petit papy bien sympathique en retraite [...]