Luc Béal-Raynaldi

C’était un vieil et bon ami, depuis des décennies, un frère autant qu’un collègue, il était venu me saluer à mon pot de retraite le 10 décembre dernier. C’était un excellent syndicaliste de l’inspection du travail, convaincu, sérieux, calme et très tenace à la fois. Un homme doux et respecté. Que dire alors qu’une émotion terrible m’étreint depuis l’annonce de son suicide ?  D’abord, toute mon affection à sa femme, une de nos chères collègues, elle aussi, et à ses deux enfants. Puis une incompréhension totale, une stupeur interrogative : comment peut-on en arriver là, se jeter dans les escaliers depuis le 5° étage dans les locaux de l’administration générale et de la modernisation des services (DAGEMO) du ministère du travail, à quelque pas de la Direction générale du travail  ? Je sais qu’il y a une statistique élevée de suicides parmi les fonctionnaires, je ne connais que trop bien toutes les dérives « managériales » détestables que la DGT veut mettre à l’œuvre contre les missions républicaines de l’inspection du travail, je sais que cela a des effets en profondeur dans les services, mais Luc n’était pas une statistique, Luc avait 52 ans, Luc était un militant expérimenté, courageux. On le pleure d’abord. Mais que les manitous du ministère et de la DDTE de Paris le sachent, on continuera son combat.

Gérard Filoche

 

 

LUC BEAL-RAINALDY a brutalement  mis fin à ses jours dans les locaux du ministère du travail ce mercredi 4 Mai 2011, nous laissant désemparés, abasourdis et profondément tristes ; sa disparition est une grande perte pour le syndicalisme, une grande perte tout court. Il était le genre d’homme que l’on souhaiterait pouvoir côtoyer sans fin parce que tout simplement humainement précieux.

Pourfendeurs de toutes les formes d’injustice, militants syndicaux opiniâtres, Luc et Tassadit ont
longtemps milité dans les rangs de la CFDT, participant activement à la construction de l’opposition à la
ligne confédérale ; puis ils ont rejoint le SNUTEFI et la FSU au début des années 2000 et ont pris une
part prépondérante à la construction du SNU TEFE, secteur du ministère du travail. Fidèle compagnon
de route, Luc, conjointement avec Tassadit, aura mené jusqu’au bout le combat tant au sein du ministère
du travail (où il avait été promu récemment Inspecteur) qu’à l’extérieur en s’investissant – entre autres -
dans nombre de luttes aux côtés des « sans » ; il représenta le SNU TEFI et la fédération dans la longue
bataille des travailleurs sans papiers dans les rassemblements, manifestations et dans les négociations
avec les ministères de tutelle. Luc était également présent dans les actions menées par les chômeurs en
lutte. Il avait faite sienne la devise « tout ce qui est humain est nôtre » et insufflait cet esprit dans le SNU
TEFE dont il était secrétaire national. Luc était un homme de convictions, dévoué et sincère dans ses
engagements ; c’était aussi un camarade et un inspecteur du travail avec une sensibilité à fleur de peau,
chaleureux et accueillant, avec toujours cet œil malicieux qui vous guettait derrière ses lunettes…
Il est difficile d’imaginer la permanence du SNU TEFE et ses réunions sans cette tignasse blanche cachée derrière
son écran d’ordi ou menant les débats d’un Conseil  National ! Et pourtant…

Au-delà de l’immense peine et de l’incompréhension ressenties, ce geste intervient dans un contexte où le rouleau compresseur de la RGPP déstabilise les individus et les missions du Ministère du Travail.
La dureté des relations sociales au sein de ce Ministère (suprême paradoxe !), ainsi que celle des relations intersyndicales l’affectaient profondément. Le rythme effréné des réformes, qui broient les services de l’Etat et leurs agents et détruisent les valeurs du service public, et l’incessant simulacre de dialogue social auront conduit Luc à l’épuisement et à une impasse, lui qui cherchait constamment l’unité syndicale et était en colère devant l’injustice.

En ce jour pénible, toutes nos pensées vont à Tassadit, sa compagne, et à ses enfants, Naïma et Samuel et à leurs proches.
Elles vont aussi à tous les camarades qui viennent de perdre un militant exemplaire et pour certaines ou
certains un véritable ami, ainsi qu’à nombre de militants du SNUTEFI (et particulièrement du SNU Pôle
Emploi) qui ont bien connu Luc pour avoir mené avec lui nombre de combats communs.

2 Commentaires

  1. Jean-Luc Mercier
    Posted 5 mai 2011 at 20:32 | Permalien

    M. Beal-Raynaldi s’occupait il y a quelques semaines encore d’un dossier de recours auprès du ministère du travail visant à me faire transférer dans une autre entreprise…

    Je suis particulièrement touché, choqué et triste d’apprendre cette nouvelle.

    Je m’associe pleinement à la douleur de sa famille, de ses amis et de ses collègues.

  2. Posted 6 mai 2011 at 14:24 | Permalien

    je viens de me farcir pas mal de commentaires sur l’article de Libération.

    j’ai pas vu :
    j’ai beaucoup travaillé, mais je n’aimerais plus travailler maintenant.

    c’est pas normal.

One Trackback

  1. [...] mur, Luc Béal-Rainaldy, ancien secrétaire national de ce syndicat, en a franchi un le 4 mai dernier en se jetant dans la [...]

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