Jean Claude Junker avait annoncé : « la souveraineté de la Grèce sera énormément restreinte ». La presse allemande avait dénoncé les Grecs paresseux et leur avait proposé de vendre des Iles ou l’Acropole. Une campagne de dénigrement digne de « 14-18 » fleurit partout en Europe contre les Grecs qui fraudent, les Grecs qui ne paient pas leurs impôts, les Grecs qui ne travaillent pas, les Grecs corrompus.
Pourtant la dette grecque vient de la « dictature des Colonels » qui de 1967 à 1974 l’ont multiplié par quatre. Elle vient de la Constitution de 1975 que les riches Grecs ont imposé comme condition pour « lâcher » les Colonels : sa « règle d’or » c’est que ni les armateurs (1e puissance économique), ni l’Eglise orthodoxe (1er propriétaire foncier) ne paient d’impôts. La dette vient aussi des Jeux olympiques, dont les bétonneurs ont multiplié les prix par dix. La dette vient aussi du surarmement de la Grèce, armes vendues par la France et l’Allemagne. Merkel a fait vendre 4 sous-marins de Thyssen Krupp à Caramanlis, 1,2 milliard et exige qu’ils soient payés. La corruption, elle est en Allemagne où il y a un procès en Bavière a propos de 400 millions d’euros de rétro commissions concernant ces sous-marins. La durée du travail en Grèce est supérieure à la durée du travail en Allemagne et en France. Et 105 milliards de TVA sont en effet impayés en Europe (in le Monde, sept 2011) en Europe, pas en Grèce !
Mais, ces calomnies servent à faire la guerre à la Grèce.
Jusque-là je parlais ici de corps expéditionnaire, d’hommes en noir, de canonnières contre les Grecs, mais c’est encore plus clair, ça y est : Le Monde du 4 octobre, titre en « une » « Bruxelles dépêche une task force à Athènes ».
Sarkozy et Merkel ont donc envoyé ouvertement leurs « colonels » occuper la Grèce : Le Monde décrit « A Athènes, les hommes de Bruxelles sont aux manettes », c’est Horst Reichenbach « un technocrate à l’élocution grise aussi soignée que ses costumes » qui dirige ce corps expéditionnaire de 50 fonctionnaires étrangers qui viennent contrôler les comptes, imposer les directives, mettre à sac le pays.
Ce sont ces occupants venus d’ailleurs, de Grande-Bretagne, de Suède, qui importent des armes de destruction massive de l’économie grecque :
- Suppression de 30 000 postes dans toutes les administrations, y compris les enseignants. Extension immédiate du chômage technique à l’ensemble du secteur public, réduction des indemnités de départ et des heures supplémentaires. 80 000 préretraites forcées à 60 % du revenu.
- Baisse exigée du salaire minimum actuellement de 750 euros. Baisse des retraites pour les marins et les employés de l’opérateur téléphonique OTE. Gel des retraites primaires et complémentaires jusqu’en 2015. Baisse des retraites agricoles.
- Égalisation de la taxe sur le fioul domestique sur celle du gas-oil. Retenue sur salaire de l’impôt de solidarité destiné à financer les caisses de chômage. Augmentation des amendes pour les constructions illégales.
- Fusion ou fermeture de 35 agences d’Etat et de 10 autres structures : agence nationale de la jeunesse, organisme de télévision publique, société de l’immobilier public, société des biens immobiliers touristique, etc. 30 privatisations de services publics.
- Recensement des biens mobiliers et immobiliers sous le contrôle de l’Etat, de tous les avantages sociaux et prestations de santé; signature de négociations collectives dans 16 hôpitaux privés, de contrats entre hôpitaux privés et publics pour la location de lits.
- Réduction des prix des médicaments par accords avec les laboratoires pharmaceutiques.
- Suppression des subventions à la Poste pour la distribution de la presse. Déréglementation des taxis.
La misère se répand avec la « task force » comme une pandémie.
Sdf, chômeurs, affamés, nouveaux pauvres mendiants, se multiplient. C’est comme un nuage de sauterelles ravageant une moisson. Il faut payer 120 euros pour une visite médicale.
Ces nouveaux « colonels » de la Troïka qui occupent la Grèce – au nom de l’UE – réussissent à la plonger dans la misère : le PIB grec recule de 5,5 %.
Ils pillent les salariés grecs, les chômeurs et retraités grecs, mais ils sauvent les riches Grecs qui ont planqué 40 milliards en Suisse depuis janvier, dont 20 milliards en une seule journée le vendredi noir, 28 mai 2011.
Il n’y a pas de plan « d’aide » aux Grecs, c’est pur mensonge des médias, c’est propagande, ça n’existe pas, tout ce que la troïka a fait, ce sont des plans d’aide aux banques : quelques 15 milliards d’euros qui devaient être versés aux Grecs eux-mêmes pour la période 2007-2013 n‘ont toujours pas été versés, la somme est restée bloquée (in Le Monde, 4 octobre, page 16)
Ce sont pourtant les banques qui ont menti, triché, violé et volé les comptes grecs : Goldman Sachs qui a dissimulé la vérité sous la droite Caramanlis et l’a révélé sous la gauche Papandréou. Elles ne sont pas jugées, même pas menacées, elles dictent leur loi par la « task force ». Et c’est à elles que la troïka maudite donne des dizaines de milliards d’euros, pas aux Grecs
À cause de tout cela, la Grèce s’apprête à vivre sa 4e année consécutive de récession : du fait des extorsions des hommes de la Troïka UE/BCE/FMI.
Ces « hommes en gris », cet Allemand, Horst Reichenbach, nommé de facto gouverneur de la Grèce, pour la première fois depuis 1945, est responsable par toute la politique imposée depuis deux ans, de ce que le déficit budgétaire qui devait être ramené à 7,5 % du PIB sera en fait à 8,5 % du PIB. Toutes ces potions austères, étouffent le pays, aggravent la situation jour après jour, écrasent les aspirations élémentaires, légitimes, démocratiques du peuple.
Ce qui est fait aux Grecs nous sera immanquablement fait ensuite.
Car c’est inéluctable, la Grèce, matraquée par cette « task force », par ce commando d’occupants de la troïka, ne pourra JAMAIS payer cette « dette » artificiellement gonflée et qui s’accroît chaque jour par cette politique ubuesque avec des imbéciles dangereux comme ce Horst Reichenbach et ceux qui le mandatent, le commandent, le laissent faire.
Par conséquent, quand la Grèce aura définitivement, ouvertement fait « défaut », ce sera comme un jeu de domino. Les banques refuseront de faire face au contrecoup et alors, elles tenteront de nous le faire payer, à nous, si les dirigeants néolibéraux Sarkozy Merkel et Cie continuent à diriger en privilégiant leurs exigences contre l’intérêt des peuples, contre nos intérêts.
Ces banques, banksters, dans leur logique infernale, après la Grèce, se retourneront contre la dette italienne, espagnole, portugaise, française et rien ne les arrêtera : ni un « FESF » (Fonds européen de solidarité financière) qui deviendra vite ridiculement insuffisant, ni des programmes d’austérité qui seront toujours insuffisants à leurs yeux, elles feront voler l’euro en éclats.
Ne pas céder : affronter les Banques big brother ! C’est elles ou nous !
Ce sont les banksters et spéculateurs qui sont à l’origine de la crise, pas nous, ils la paieront, eux ! Ce n’est pas notre dette, c’est la leur. Ils ont joué au casino, ils ont perdu, qu’ils ne nous entraînent pas dans leur déroute. Ni les Grecs, ni les Espagnols, ni les Portugais, ni nous.
Nous appelons à un moratoire sur les dettes, audit public, levée du secret bancaire, tri des dettes légitimes, illégitimes, et annulation des dettes odieuses.
On doit tout remettre à plat, casser les logiques actuelles en vigueur du système bancaire et boursier, imposer la puissance publique avec droit de veto dans leurs conseils d’administration, récupérer ce qu’ils donnaient à leurs actionnaires.
On doit réorganiser et séparer les banques de dépôt et d’investissement, contrôler leurs règles ratios, critères de crédit, interdire toutes ventes à découvert.
C’est un chantier de reconstruction pour une autre politique ou la finance cesse de terroriser et de piller la planète !
6 Commentaires
Salut Gérard, toujours aussi pertinent !
C’est toi qui aurait dû te présenter aux primaires ! tu aurais fait un tabac !
Quant à Martine, je crains qu’elle ne fasse la même chose à la France que Georges P. fait à la grèce…
Il ne reste qu’à attendre que la Grèce soit en cessation de paiement et qu’elle récuse enfin ses créanciers. Elle pourra alors sortir la tête de l’eau…
Cordialement,
TC
merci pour cette analyse tellement pertinente
pauvre monde
cordialement
CB
Dégueulasse ! C’est vrai que si on les laisse continuer leur racket, on est morts.
Bon alors reprenons … 350 milliards d’euros de dette pour 11 millions de grecs ça fait en gros 31 000 euros par personne …
il faut peut-être arrêter avec les « pauvres grecs » … ils ont mangé l’argent des autres oui ! pas un centime pour les grecs ! ni pour les espagnols ! ni pour les italiens !
sur la situation de la Grèce et des grecs pillés par la Troika UE/BCE/FMI, nous avons écrit maintes fois sur ce blog, sur le site d&S et dans le livre « dette indigne » qui sort le 14 octobre…
mais là notre ami, si poli, et si brillant, si fin, se distingue en deux phrases par une sorte de racisme ethnique, anti grec qui fait florès dans bien des médias, c’est le ton 14-18, celui qui fait les guerres et les pillages… et les pauvres victimes abruties qui s’y laissent prendre
on va en jeter quelques unes, de ces brillantes sorties de notre intellectuel fin et élégant,… pour ne pas lasser nos lecteurs