Xavier Bertrand refuse un moratoire pour les chantiers de désamiantage et met en jeu des milliers de vies humaines

C’est un nouveau scandale comme vous allez le découvrir.  La presse (que nous alertons depuis deux mois) se refuse à en parler (le « hallal » est tellement plus intéressant que la vie de milliers d’ouvriers du bâtiment et le droit du travail…)

Mais voilà, il y a un NOUVEAU scandale de l’amiante. Plus grave que par le passé. Et moins excusable car on sait tout.

Les dirigeants actuels, Xavier Bertrand et le DGT Jean-Denis Combrexelle, le savent officiellement depuis le 23 novembre 2011.

Ils ont, dans une circulaire, dés cette date, reconnu un risque « d’une ampleur inattendue ».

En fait ils le savaient depuis une étude de l’INRS en 2010.
Celle-ci a été rendue tout à fait publique en août 2011.

Bertrand/Combrexelle ont perdu de précieux mois, et la maladie, la vie, la mort de salariés pourra leur être imputée.
Car de nouvelles fibres d’amiante extrêmement dangereuses, cancérigènes ont été découvertes par l’INRS avec un nouveau procédé META (« microscopie électronique à transmission analytique »). Des fibres « fines » et des fibres « courtes » que les protections actuelles, individuelles et collectives, ne permettent pas d’écarter avant leur inspiration par les salariés désamianteurs.

Il faut donc étudier, inventer, imposer de NOUVELLES protections.

Tant que cela n’est pas fait, les ouvriers qui continuent d’intervenir quotidiennement dans les chantiers de désamiantage risquent leur santé et leur vie.
Xavier Bertrand et JD Combrexelle n’envisagent qu’un décret le 1er juillet 2012 (sic) applicable sur une période de 3 ans, c’est à dire le 1er juillet 2015 (resic). Ils se refusent de répondre aux questions des syndicats de l’inspection du travail.

Un comble, un aveu, un scandale, Bertrand et Combrexelle demandent aux agents de l’inspection du travail, tant qu’il n’y aura pas de nouvelles protections sûres, de… ne pas contrôler !  Ce qui revient à laisser les ouvriers du bâtiment désamianteurs concernés, mourir sans protection et sans droit (que dira l’OIT ?)
Le gouvernement ment quand il répond que « les inspecteurs du travail disposent de moyens de contrôles qui vont jusqu’à l’arrêt de chantier ». Car, en même temps il leur demande de ne pas y aller vu qu’ils n’ont pas les moyens de protection ad hoc.

Ce qui s’impose c’est un « moratoire » immédiat.

Arrêt immédiat de tous les chantiers de désamiantage !

Concertation immédiate de toutes les parties prenantes, entreprises, syndicats, ministère, chercheurs et équipementiers, médecine et inspection du travail, pour trouver au plus vite une solution.

La reprise des travaux ne sera autorisée qu’après avoir découvert cette solution.

Sans ce moratoire, il y va de la vie de milliers de salariés.

Et la complicité des dirigeants du ministère ne pourra être occultée, ils savent, ils refusent la décision élémentaire de sécurité, qui s’impose.

Ce n’est même pas le principe de précaution qui doit être appliqué : car ON SAIT. ILS SAVENT.
Il y a pas de doute, pas d’incertitude, il y a mise en danger d’autrui en cas de continuation des travaux.
C’est « d’homicide » que les responsables pourront être poursuivis, et ils ne pourront nier leur connaissance des risques dans lesquels ils auront laissé agir délibérément des milliers de travailleurs !


Paru dans l’Humanité dimanche, janvier 2012 :

Bombe mortelle à retardement dans le désamiantage

La question de l’amiante pouvait paraître réglée depuis l’adoption des lois de 1996 ? Erreur.

Une énorme bombe à retardement vient d’éclater avec une étude, en 2010, des mesures d’empoussièrement d’amiante en META (« microscopie électronique à transmission analytique ») publiée par l’INRS en août 2011, rendue publique en novembre 2011, suivie par une instruction de la Direction Générale du Travail le 23 novembre 2011 laquelle fait, depuis, l’objet tardif, panique et vain, de circulaires en cascade dans les services du ministère du travail.

Il a été identifié et comptabilisé des fibres fines (FFA) et des fibres courtes d’amiante (FCA), cancérogènes, non visibles précédemment, alors qu’elles prédominent très largement dans les lieux à matériaux amiantés dégradés. Ces fibres n’étaient pas à ce jour prises en compte dans les valeurs limites d’exposition aux poussières (VLEP) des salariés sur les chantiers de retrait, notamment ceux qualifiés de « non-friables » et ceux des colles amiantées. Il en ressort que les ouvriers de l’amiante sont restés exposés à ces poussières de façon conséquente, avec des équipements, des procédures, une réglementation, des contrôles qui ne les protégeaient pas !

Le DGT Combrexelle (qui a la réaction plus que lente) reconnaît ces « niveaux d’empoussièrement d’une ampleur inattendue » et demande de « proscrire l’entrée en zone des agents de l’inspection du travail sur les seuls chantiers pour lesquels les masques à adduction d’air en l’état des connaissances actuelles, ne sont pas en capacité de réduire l’exposition des travailleurs en dessous de 100 F/L » (L’INRS conseille 10 Fibres/Litre).

Mais comment comprendre cette « note provisoire » du 2 janvier 2012 de la DGT qui protége ses agents mais pas les salariés, qui, eux, dans les chantiers, risquent la mort !
L’étude de l’INRS connue, s’impose un moratoire des chantiers en cours pour avoir le temps de mettre en œuvre 4 mesures :

  • Modifier les mesures des empoussiérements avec la nouvelle méthode «META»,
  • Supprimer la dualité des notions friables/non friables existantes dans les textes
  • Revoir les certifications des entreprises de désamiantage,
  • Imposer de nouveaux EPI (équipements de protection individuelle) et des moyens de protection collective adaptés à ces niveaux de fibres fines et courtes qui peuvent atteindre de 100 à 6 000 F/L (colles amiantées) voire 25 000 F/L dans les flocages ou plâtres amiantés.

Au lieu de cela, la DGT envisage un nouveau décret et plusieurs arrêtés « d’ici le 1er juillet 2012 » pour abaisser la valeur limite d’exposition permise de 100 fibres par litre à 10 fibres par litre sur une échéance… de 3 ans. Attendre 2015, cela signifie combien de victimes d’ici là ?


Paru dans Siné Mensuel mars 2012 :

Nouveau scandale dans le désamiantage

L’INRS (Institut de recherche pour la sécurité) a mis au point en 2010 un nouveau recensement des poussières d’amiante par le système META (« microscopie électronique à transmission analytique »). C’est une découverte tout à fait nouvelle et spectaculaire qui change toute pour les ouvriers des chantiers de désamiantage.  ( a suivre, achetez  Siné mensuel en kiosque….)


Depêche AFP mars 2012

Amiante :  le PS demande un moratoire sur les chantiers, refus du gouvernement

PARIS, 2 mars 2012 (AFP) – Le Parti socialiste a demandé au gouvernement, qui l’a refusé, un moratoire sur les chantiers « à risque » en attendant de renforcer la protection des travailleurs contre l’amiante, comme le préconise un rapport issu d’une nouvelle méthode de mesure des fibres d’amiante.

Cette requête, formulée par le député PS Alain Vidalies, intervient à la suite d’un rapport remis en septembre au gouvernement par l’Institut de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS).
A la demande du ministère du Travail, l’INRS a en effet mené une campagne de prélèvement de fibres d’amiante via la méthode Meta (mesure des fibres d’amiante par microscopie électronique à transmission analytique) qui permet de voir les fibres les plus fines.
Les conclusions de cette campagne « sont proprement édifiantes: l’utilisation de cette technique plus performante (…) a révélé l’existence d’un danger dont on n’avait pas connaissance jusqu’à présent »,  a expliqué le député des Landes, lors d’une question orale et sans débat posée au gouvernement mardi à l’Assemblée nationale.

A la suite du rapport de l’INRS, le gouvernement avait assuré en novembre qu’il modifierait la réglementation au 1er semestre 2012, puis prendrait des mesures « en plusieurs étapes ».

Il prévoit notamment de diviser par 10 le seuil limite d’exposition professionnelle « à une échéance de trois ans ». Le VLEP (seuil de concentration dans l’air en dessous duquel le risque pour la santé est considéré comme négligeable) passerait ainsi de 100 fibres par litre à 10 fibres par litre.

Mais, pour Alain Vidalies, « compte tenu de la gravité exceptionnelle des risques » auxquels pourraient être exposés des « dizaines de milliers de salariés », il faut immédiatement « un moratoire » sur les chantiers, puis ensuite « suivre les recommandations de l’INRS » qui conseille notamment « des équipements de protection individuelle plus performants ».

« Le gouvernement dit qu’il y aura un décret en juillet, mais en réalité, les modifications interviendront à échéance trois ans et il n’est pas possible d’envisager de laisser les travailleurs exposés ainsi jusqu’en 2015« , a expliqué à l’AFP M. Vidalies, par ailleurs responsable des questions d’emploi dans l’équipe de François Hollande.
Mais pour le ministère du Travail, interrogé par l’AFP, « il n’y a pas de nécessité d’un moratoire » puisque, en attendant la nouvelle réglementation, « les inspecteurs du travail disposent de moyens de contrôles qui vont jusqu’à l’arrêt de chantier« .

« En divisant par dix la VLEP et en généralisant la méthode » Meta, « nous aurons le plus haut niveau de protection au plan mondial« , rappelle le ministère dans une réponse par courriel.

Pour M. Vidalies, « le gouvernement ne peut pas se défausser sur les inspecteurs du travail

19 Commentaires

  1. Posted 9 mars 2012 at 14:48 | Permalien

    webmaster@sante-travail-paca.fr

    envoie ton article pour info

  2. Posted 9 mars 2012 at 15:06 | Permalien

    et oui ça s’appelle du colbertisme aveuglé.
    « lAISSER FAIRE LAISSER PASSER » quel qu’en soit le prix

    on double les effectifs de contrôleurs,inspecteurs du travail en leur donnant l’ordre de rester dans leurs bureaux.

    on diminue le nombre de médecins du travail de 30 puis bientôt 50 %.

    Les intervenants en prévention ne sont que quelques centaines en Françe et démissionnent les uns après les autres (sic)…

  3. GAILLARD
    Posted 10 mars 2012 at 9:35 | Permalien

    Bonjour,
    Merci pour vos alertes et « vos coups de gueules » salutaires! Je ne parviens pas à me procurer l’étude de l’INRS et je me demandais si vous pouviez me la faire parvenir.
    Merci d’avance

  4. Posted 10 mars 2012 at 13:56 | Permalien

    Amiante : un siècle de déni

    Retour sur la saga de l’ »or blanc », devenu tueur en série, et qui sera responsable de 100 000 morts en France d’ici à 2025.

    Les Anglo-Saxons le surnommaient « magic mineral » tant ses nombreuses qualités techniques leur paraissaient tomber du ciel. Résistant au feu comme à la traction, l’amiante, connu depuis la nuit des temps – Pline l’Ancien et Marco Polo l’ont mentionné dans leurs récits -, va connaître à partir des années 1880 une expansion foudroyante, mais aussi s’avérer rapidement être un poison mortel.

    Extrait de mines à ciel ouvert, puis concassé en une fine poussière, l’amiante devient à cette époque « le compagnon de route du capitalisme industriel ». C’est dans le secteur du textile que les ouvriers vont être les premières victimes au bout de quelques années tant la protection contre l’inhalation des poussières est alors dérisoire. Les fibres d’amiante, invisibles, pénètrent en effet l’appareil respiratoire et provoquent l’asbestose, une fibrose qui calcifie les poumons et provoque, à terme, la mort par étouffement.
    Premiers cancers

    En 1906, un jeune inspecteur départemental du travail à Caen, Denis Auribault, dresse ainsi un rapport à la suite d’une inspection dans une petite entreprise de filature située dans la Suisse normande, à Condé-sur-Noireau, où aucune ventilation n’a été installée : « Cette inobservation totale des règles de l’hygiène occasionnait de nombreux décès dans le personnel : une cinquantaine d’ouvriers et d’ouvrières moururent. » En 1945, l’asbestose est reconnue en France comme maladie professionnelle. Mais à partir des années cinquante, les premiers cancers sont observés. D’abord, le mésothéliome, tumeur maligne de la plèvre, l’enveloppe des poumons que la fibre traverse avant d’aller s’y loger, puis celui du poumon. Mais rien n’arrête la progression de ce minéral qui s’est répandu partout et va entrer peu à peu dans la composition de 3 000 produits.

    Dans les transports, il sert à isoler les navires, mais aussi les trains : jusqu’au début des années 80, la SNCF l’utilisera dans ses wagons et ses locomotives et, encore aujourd’hui ses Corail et les premiers TGV sommeillent sur des voies isolées en attendant leur hypothétique dépollution. L’amiante a également conquis le secteur du bâtiment. Depuis 1915 et l’invention de l’ingénieur autrichien Ludwig Hatschek, on mélange amiante et ciment pour construire des toits, des tuiles, des tuyaux ou des bardages. Dans les usines, les ouvriers qui les fabriquent sont soumis à des taux d’empoussièrement très élevés, danger concernant aussi ceux qui manipulent ces produits finis. Après la guerre, avec les Trente Glorieuses, on a aussi construit à tour de bras : écoles, hôpitaux, immeubles de bureau et d’habitation qui sont souvent bâtis à partir de structures d’aluminium qu’on couvre d’amiante pour éviter leur affaissement en cas d’incendie. C’est le « flocage » qui fera des ravages parmi les isolateurs, désastre que met en évidence une enquête menée aux États-Unis sur cette population de travailleurs par le docteur Irving Selikoff.
    Manipulation

    En octobre 1964, le scandale éclate aux États-Unis à la suite d’un important congrès de l’Académie des sciences de New York lors duquel les scientifiques du monde entier dénoncent les méfaits de la fibre. Car les études qui se sont multipliées prouvent que la mortalité s’étend à ceux qui habitent à proximité des sites d’extraction ou d’utilisation de l’amiante. Des femmes meurent aussi pour avoir simplement lavé le bleu de travail recouvert de fibres de leur mari. Les plaintes s’abattent sur l’industrie et, au cours des auditions publiques des différents procès, on apprend la vérité : les multinationales de l’amiante ont tout fait pour en cacher les dangers. En manipulant les études scientifiques, en empêchant les chercheurs de publier, en engageant d’énormes campagnes de communication, les industriels ont réussi à dissimuler pendant des décennies ce qu’ils avaient été les premiers à observer depuis le début de son utilisation, la mortalité très élevée des ouvriers le manipulant.

    Une fois l’amiante rapidement interdit aux États-Unis, où les entreprises extractrices sont submergées de procès, il reste au trust du « magic mineral » le reste du vaste monde, dont l’Europe. En France, la chambre syndicale de l’amiante-ciment, le premier lobby, ne peut empêcher le scandale d’éclater en 1975 quand, à la faculté de Jussieu, les enseignants découvrent que leurs locaux sont bourrés d’amiante. Ils mènent aussi une vaste enquête qui dévoile la situation tragique de certaines usines de transformation. Comme Amisol, à Clermont-Ferrand, où les taux de mortalité des ouvrières défient l’entendement. Elles avoueront que la poussière d’amiante était telle qu’on ne se voyait pas dans les ateliers. En 1977 et 1978, deux décrets interdisent le flocage des bâtiments et fixent des limites de taux d’empoussièrement dans les usines de transformation.
    « Usage contrôlé »

    Mais un deuxième lobby se met en place en 1982 pour parer au bannissement total. Ce sera le Comité permanent amiante ou CPA, sorte de table ronde financée par les deux grands du secteur, les sociétés d’amiante-ciment Eternit et Everite, filiale de Saint-Gobain. Peu à peu, scientifiques, syndicats, et même envoyés des ministères concernés, vont le rejoindre, offrant une caution formidable à l’ »usage contrôlé » de l’amiante, thèse prônée par les industriels. En gros, en prenant des précautions, les produits à base d’amiante ne sont pas dangereux. Et puis ne prend-on pas des risques tous les jours ? Un discours lénifiant qui va fonctionner durant douze ans, alors que la plupart des pays d’Europe interdisent peu à peu ou limitent drastiquement l’utilisation du « magic mineral ».

    En 1994, c’est l’étude de l’épidémiologiste anglais Julian Peto qui met le feu aux poudres : il révèle qu’en raison de leur exposition passée 3 000 Britanniques meurent chaque année d’avoir inhalé de l’amiante. Et que cette vague de décès, en raison du temps de latence entre l’exposition et l’apparition des cancers, va inexorablement se poursuivre. En France, aucune étude n’existe, mais en comparant les chiffres des importations d’amiante des deux pays, on s’aperçoit vite que la situation n’est pas très différente de celle de la Grande-Bretagne. Et même que la France, endormie par le CPA, est devenue le premier importateur d’amiante d’Europe, le cinquième au monde…
    100 000 victimes en France d’ici à 2025

    Le 25 juin 1996, l’Andeva, Association nationale des victimes de l’amiante, porte plainte en pointant les défaillances de l’État et des industriels : « De 1900 à 1950, un demi-siècle sans réaction significative face à l’asbestose, de 1950 à 1975, un quart de siècle de données acquises sur les cancers provoqués par l’amiante, de 1975 à nos jours, vingt années de dissimulation. » Quelques jours plus tard, une étude de l’Inserm confirme les travaux de Julian Peto : d’ici à 2025, 100 000 Français vont mourir de l’amiante. L’utilisation du « magic mineral » est interdite dans l’Hexagone à partir du 1er janvier 1997.
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  5. Posted 10 mars 2012 at 17:14 | Permalien

    première mise en évidence et restrictions en 1977 qui avait été signalé en 1977 par les médecins du travail interdiction définitive d’utilisation en 1997 et bien sûr au final on argumente que c’est la faute des médecins du travail qui n’ont pas fait leur travail(sic)
    Un peu lourd mais c’est comme ça !!!

  6. Posted 11 mars 2012 at 5:56 | Permalien

    Biométrologie des fibres dans les tissus pulmonaires de travailleurs québécois atteints d’une maladie professionnelle reliée à l’amiante entre 1988 et 2008
    | Georges Adib | France Labrèche | Louise De Guire | Chantal Dion | André Dufresne |

    Publication déposée sur le site le 9 mars 2012

    Éditeur(s) : Institut national de santé publique du Québec, 2012, 65 pages + annexes.

    No INSPQ : 1380
    ISBN imprimé : 978-2-550-63727-1
    ISBN PDF : 978-2-550-63728-8
    Sujet(s) : Cancer, Maladies chroniques, Maladies respiratoires, Santé au travail, Amiante

    loupe
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    La présente étude décrit les caractéristiques des 123 travailleurs québécois ayant eu une analyse biométrologique du contenu pulmonaire en fibres entre 1988 et 2007 et atteints d’une maladie professionnelle reliée à l’amiante (amiantose, mésothéliome et cancer pulmonaire).

    Cette description a été réalisée à partir des données sur la maladie, l’histoire professionnelle et la biométrologie consignées dans les dossiers des travailleurs conservés à la Commission de la santé et de la sécurité du travail du Québec. L’histoire professionnelle des travailleurs a permis de déterminer dans quel milieu de travail (ou secteur/profession) avait eu lieu l’exposition à l’amiante responsable de la maladie : mines et moulins d’amiante, construction, entretien/réparation et autres. La profession exercée par le travailleur au moment de l’exposition à l’amiante a également été identifiée : métiers spécialisés, manoeuvres, opérateurs/conducteurs et autres. Les blocs de poumons qui ont servi à la biométrologie ont été analysés par microscopie électronique à transmission combinée à la spectrométrie dispersive en énergie des rayons-X dans deux laboratoires sous la supervision du même chimiste. Les données biométrologiques ont permis d’identifier le type de fibres présentes dans les poumons des travailleurs et de calculer leur concentration, leur longueur, leur diamètre et le rapport longueur/diamètre (L/d). Elles ont aussi permis de compter et de différencier les fibres courtes d’amiante (FCA), les fibres fines d’amiante (FFA) et les fibres correspondant à la définition de l’Organisation mondiale de la Santé (fibres OMS). Dans ce rapport, les FCA sont des fibres de longueur > 0,5 µm et < 5 µm, avec un diamètre < 3 µm et un rapport L/d ≥ 3:1. Les FFA ont une longueur ≥ 5 µm, un diamètre < 0,2 µm et un rapport L/d ≥ 3:1. Les fibres OMS ont une longueur ≥ 5 µm, un diamètre ≥ 0,2 µm et < 3 µm et un rapport L/d ≥ 3:1.

    L'âge moyen des travailleurs de l'étude est de 69 ans et leur durée moyenne d'exposition à l'amiante de 23 ans. La majorité d'entre eux sont des hommes (99 %) et des fumeurs ou des ex-fumeurs (92 %). Plus de la moitié des travailleurs sont atteints d'un cancer pulmonaire. Trente-quatre pour cent des travailleurs ont été exposés dans les mines d'amiante, 21 % dans l'entretien/réparation et 15 % dans la construction; 49 % des travailleurs exerçaient des métiers spécialisés comme ceux de calorifugeur ou d'électricien (surtout dans la construction et l'entretien/réparation), 19 % étaient des manœuvres (principalement dans les mines) et 14 % étaient des opérateurs/conducteurs (dans divers secteurs/professions).

    Dans les 380 blocs de poumons analysés, 8 790 fibres ont été dénombrées. Près de 54 % des travailleurs avaient trois ou quatre types de fibres dans leurs poumons. Un peu plus de 85 % des travailleurs avaient du chrysotile, 76 % de la trémolite, 64 % de l'amosite et 43 % de la crocidolite.

    En général, les concentrations moyennes de fibres de longueur < 5 µm sont supérieures aux concentrations de fibres ≥ 5 µm et les concentrations de chrysotile et de trémolite sont plus élevées que celles des fibres d'amosite et de crocidolite. Les concentrations moyennes de fibres diminuent lorsque le délai médian entre la dernière exposition à l'amiante et l'analyse biométrologique s'allonge. Par ailleurs, les concentrations moyennes de fibres augmentent avec la durée médiane d'exposition.

    Finalement, des fibres de chrysotile de toutes longueurs (< 5 µm et ≥ 5 µm) ont été observées dans les poumons de certains travailleurs plus de 30 ans après la fin de leur exposition.

    Pour l'ensemble des travailleurs et pour l'ensemble des maladies, l'amosite présente la longueur moyenne la plus élevée et la trémolite la plus courte. Cette dernière a le diamètre moyen le plus grand et le chrysotile le plus petit. Le rapport L/d moyen est le plus élevé pour le chrysotile et le plus bas pour la trémolite pour laquelle il est toujours inférieur à 20:1.

    L'ensemble des fibres se répartissent en FCA, FFA et fibres OMS dans des proportions de 50, 30 et 20 %. Les proportions de chrysotile et de trémolite qui sont des FCA sont plus élevées que pour les autres types de fibres d'amiante. Les fibres de chrysotile et de crocidolite ont les plus forts pourcentages de FFA. Enfin, les fibres de trémolite et d'amosite présentent les plus grandes proportions de fibres OMS, alors que le chrysotile en a moins de 3 %.

    L'analyse des données par secteurs/professions et par professions révèle quelques différences : 1) peu importe la maladie, dans les mines, les concentrations de trémolite et de chrysotile sont plus importantes que dans les autres secteurs/professions, dans lesquels l'amosite prédomine; 2) chez les travailleurs des métiers spécialisés atteints d'une amiantose ou d'un mésothéliome, les concentrations d'amosite et de chrysotile sont les plus importantes, alors que chez les travailleurs avec un cancer pulmonaire les concentrations de chrysotile et de trémolite dominent; 3) peu importe la maladie, ce sont les manœuvres, dont la moitié provient du secteur des mines, qui ont les concentrations les plus élevées de chrysotile et de trémolite et 4) les opérateurs/conducteurs atteints d'un mésothéliome ont des concentrations plus élevées de chrysotile et d'amosite, alors que chez ceux qui ont un cancer pulmonaire, la trémolite et la crocidolite dominent.

    L'étude repose sur une faible portion des travailleurs québécois atteints d'une maladie liée à l'amiante. Il faut donc interpréter les résultats avec précaution. Ces derniers sont cependant similaires à ce qui est décrit dans la littérature. La forte proportion de FCA et de FFA (80 %) et la faible proportion des fibres OMS observées dans le contenu pulmonaire des travailleurs reconnus atteints d'une maladie professionnelle reliée à l'amiante confirment la pertinence de prendre en compte d'autres critères dimensionnels pour caractériser les risques sanitaires liés à l'inhalation d'amiante.

  7. Posted 11 mars 2012 at 7:12 | Permalien

    a gaillard
    je vus ai envoye le dossier par mel

  8. Posted 11 mars 2012 at 16:16 | Permalien

    Sarkozy veut perdre… ou LA DÉFAITE EN CHANTANT

    Comme les choses se révèlent ! Vous vous souvenez de la fameuse interview de Sarkozy au Fig Mag (un référendum anti-chômeurs, un référendum anti-immigrés) qui nous occupa au tournant du week-end ? Dans le feu de l’action, on avait moins remarqué deux autres propositions: un recul sur le mariage gay (c’était presque oui, finalement ce sera non), et une prise de position contre l’euthanasie. Eh bien voilà: c’était pour préparer le ralliement qui bouleverse le jeu, qui renverse la table, qui va tout changer, qui va insuffler à la campagne une dynamique nouvelle, celui de Christine Boutin, annoncé hier soir sur TF1. En attendant, coup de maître supplémentaire, celui de Hervé Morin prévu à l’agenda d’aujourd’hui.

    Donc, c’est désormais clair: Sarkozy veut perdre. C’est évident. De l’incroyable feuilleton de la TVA sociale à l’exhibition télévisée en caniche de Merkel, le doute n’est plus permis. Ce que nous suggérons ici depuis le début de l’année sans oser être trop catégoriques, effarés par les abîmes que cette découverte ouvre sous nos pas, un blogueurl’affirme de manière réjouissante: « Il a sans aucun doute passé les trente ou quarante premières années de son existence à rêver de devenir chef de l’Etat mais il est évident que, le jour même où il est entré à l’Elysée, il a brusquement compris qu’il s’était trompé, qu’il avait fait fausse route, que ce n’était pas « son truc ». Depuis, il n’a plus qu’une peur : être réélu, être condamné à un second mandat et devoir faire pendant cinq ans de plus ce boulot dans lequel il s’était fourvoyé par erreur ». Dans cette optique, le ralliement de Boutin est un coup de maître: elle lui a donné le baiser qui tue, celui qui lui fera perdre des voix de gauche, sans lui apporter aucune voix de droite. Ce blogueur s’appelle Thierry Desjardins. Pour nos très jeunes @sinautes, Desjardins est une ancienne grande plume duFigaro. Pour autant que je me souvienne, du temps qu’il écrivait dans ce qui était alors le quotidien de Robert Hersant, avant rachat par Dassault, Desjardins était beaucoup plus révérencieux à l’égard des dirigeants de la droite. Comme quoi, une certaine contrainte politique ne nuit pas forcément et produit, le jour venu, de réjouissants papys flingueurs. De quoi se plaint-on ?

    Si Sarkozy va désormais déployer toute sa considérable énergie à se faire écrabouiller, ça ne doit tout de même pas trop se voir. L’irremplaçable Arnaud Leparmentier, du Monde, nous apprend ainsi que son ancienne et nouvelle conseillère, Emmanuelle Mignon (celle qui, après son départ de l’Elysée, s’était recasée sous l’aile du producteur Luc Besson dans d’étranges conditions, comme raconté dans notre dernier D@ns le texte), Mignon, donc, réécrit le futur livre du futur candidat, qui apparemment poussait trop loin la confession intime. C’est bien dommage. Mais si vous voulez lire la version initiale, avant réécriture, je me permets de vous rappeler que nous l’avons publiée en première mondiale l’an dernier. Ne le répétez pas à Emmanuelle Mignon: elle est ici.

  9. Madelaine
    Posted 21 mars 2012 at 18:25 | Permalien

    j’ai effectué pendant des années les contrôles sur des chantiers d’amiante (UNI de Lausanne). j’ai participé à des publications avec le Prof Guillemin sur la question et ce n’est qu’en 1989 que le fibrociment à l’amiante n’a plus été fabriqué en Suisse. les autorités de l’époque nous traitaient par le mépris et nous disaient « amianpsychosés »! les contrôles indépendants sont insuffisante et les inspecteurs du travail ou des chantiers ne sont pas suffisamment formés.la directive CFST Suisse 6503 a mis plus de 10 ans avant d’être réellement en action pour la protection des travailleurs….. à suivre

  10. BRAUT
    Posted 23 mars 2012 at 20:22 | Permalien

    Quel recours auront les victimes du désamiantage ?

    A quelles indemnités pourront-ils prétendre par rapport au FIVA ?

    Vers qui se retourner pour la faute inexcusable(employeur ou Etat)?

  11. Posted 24 mars 2012 at 8:19 | Permalien

    de 1996 à septembre 2011, les fibres courtes et fines étaient non connues, les désamianteurs sont victimes neanmoins
    depuis septembre 2011, le 23 novembre 2011, Xavier Bertrand, Jean Denis Combrexelle, Norra Berra savent, le danger des FCA et FFA est connu d’eux, ils se sont exprimés, et ont refusé un moratoire, les ouvriers sont exposés à la mort sans protection, les responsables politiques et le DGT nommément ayant refusé de prendre des mesures d’urgence, toutes les victimes à venir pourront se retourner contre eux pour mise en danger délibérée d’autrui…

  12. Jacques
    Posted 24 mars 2012 at 9:04 | Permalien

    Merci pour cette information capitale pour les travailleurs de l’amiante.
    J’ai bien trouvé le rapport et sa synthèse sur le site du CNRS, mais je n’ai pas trouvé l’article de l’HD. Serait-il possible d’en disposer ?
    Merci

  13. Jacques
    Posted 24 mars 2012 at 9:05 | Permalien

    Sur le site de l’INRS bien sûr !!!

  14. anonymus
    Posted 31 mars 2012 at 12:15 | Permalien

    En réalité les inspecteurs n’ont pas de moyen de contrôle desexpositions aux FFA et FCA,car la méthode de contrôle d’air sur les chantiers par META n’est pas réglementaire, ni encore complètement au point. Les seules mesures officielles sur les lieux de travail doivent encore être réalisées au microscope optique (MOCP), selon la norme AFNOR NF X 43-269). Tant que cette norme n’est pas modifiée, les mesures par META ne seront pas réglementaires, et les fibres fines et courtes non détectées.
    Les seules mesures par META réglementaires sont réalisées, dans le cadre du code de la santé, pour prévenir l’exposition des occupants des bâtiments, pas des travailleurs. La méthode utilisée dans ce cas (norme AFNOR NF X 43-050) n’est pas adaptée aux contrôles au postes de travail.
    Par ailleurs, même si on les mesurait, on ne connait pas les niveaux d’efficacité offerts par les masques de protection respiratoires contre l’inhalation des FFA et encore moins des FCA, comme le montre un récent rapport de l’ANSES qui fait une revue des connaissances dans ce domaine.

  15. Posted 31 mars 2012 at 12:19 | Permalien

    15 % de fibres dites OMS étaient connues. 85 % des fibres, FCA et FFA, viennent d’être decouvertes par META.
    bah oui, c’est que je crie, j’écris depuis des mois, depuis le 23 novembre 2011 ou le ministère, Bertrand, Combrexelle, s’est effrayé de ce phénomène « d’ampleur inattendue »…mais laisse mourir les ouvriers délibérément
    donc il faut un moratoire et pousser ainsi les industriels à trouver la solution, vite, coute que coute, pour sauver des vies

  16. fleur
    Posted 31 mars 2012 at 12:23 | Permalien

    En Suisse, la valeur moyenne d’exposition est égale à 10 fibres par litre, mesurée au microscope électronique à balayage (MEBA), pour toutes les interventions sur des matériaux contenant de l’amiante, depuis 2003.
    Pour les travailleurs qui n’interviennent pas sur les MCA (exposition passive), la valeur à ne pas dépasser est de 1 fibre par litre.

  17. fleur
    Posted 31 mars 2012 at 19:23 | Permalien

    La prévention devrait passer par les contrôles sur chantiers, et comme le demande l’OIT, l’information des principaux intéressés quant aux résultats. Ce n’est pas la solution choisie, on va réduire les mesures, puisqu’elles vont coûter trop cher, et on va re-former tout le monde selon les modalités d’un récent arrêté du 23 février 2012. Cet arrêté met en place un système de mise sous tutelle des organismes de formation, et de contrôle du contenu des informations transmises aux travailleurs des chantiers d’amiante par des individus mandatés par des organismes privés.
    Cet arrêté exige, pour la première fois, que seuls pourront exercer les formateurs disposant, outre des pré-requis techniques, d’une expérience pédagogique d’au moins deux ans en matière de conception et d’animation de sessions de formation des travailleurs en désamiantage. Cela représente quelques dizaines de personnes en France, les nouveaux, qui pourraient par exemple critiquer ce qui a été fait par le passé, n’auront plus le droit de dispenser la formation obligatoire des désamianteurs. On reste entre nous !
    En outre, les formateurs doivent tous disposer d’une attestation de compétence délivrée conjointement par l’INRS et l’OPPBTP, après avoir suivi le seul stage reconnu, organisé par ces organismes, suite à une sélection faîte selon leurs propres critères, non officiels. C’est ainsi que des formateurs déjà en fonction se sont vu refuser l’accès à cette formation sans trop savoir pourquoi, et que d’autres ont été promus, alors qu’ils ne se destinaient pas aux fonctions de formateur. Un recyclage a lieu tous les 3 ans.
    Ensuite ces formateurs triés sur le volet pourront animer les formations dans des organismes de formation (OF) certifiés par des organismes privés. A ce jour, un seul organisme, est accrédité pour pouvoir certifier les OF, ce qui crée une situation de monopole. Cet organisme définit lui même les critères de certification, suite à des audits des OF. Les audits concernent les aspects documentaires et les formateurs eux-mêmes, qui sont audités en situation de formation, par des personnes qui ne disposent pas des compétences validées par l’INRS et l’OPPBTP, c’est à dire des personnes dont les compétences ne sont pas forcément équivalentes, et qui ne sont pas soumises à une obligation de recyclage. Je pense que c’est du jamais vu en France : l’accès à une activité réglementée suite à un examen par une personne non qualifiée pour pouvoir exercer elle-même cette activité! Evidemment en cas d’écart à la doctrine, c’est l’interdiction de continuer de former des travailleurs, donc de faire son métier.
    Ces personnes sont validées en interne par l’organisme de certification, avec l’aval du Comité Français d’Accréditation, lui-même respectant les instructions du ministère du travail. (Chaque étage tient donc l’autre par les oreilles, et le ministère tient l’ensemble).
    Ces audits ont lieu dans le cadre d’une norme de « certification de produits », alors qu’il s’agit là d’auditer des personnes, et qu’une autre norme exige dans ce cas que la personne soit examinée par un auditeur ayant la compétence requise dans le domaine concernée.
    Voilà, c’est le nouveau système, qui devient la clef de voute de la diffusion des informations et de l’ensemble de la gestion du risque amiante sur les chantiers fraçais.
    Pour l’instant les fibres courtes ne sont pas au programme.

  18. Posted 1 avril 2012 at 0:38 | Permalien

    effectivement, donc la mort encourue par les ouvriers, chaque jour, en ce moment, et depuis six mois que le ministère est officiellement informé et pour les années à venir est à imputable à ceux qui refusent un moratoire immédiat.

  19. rosado
    Posted 14 octobre 2013 at 16:48 | Permalien

    mon petit fils envisage de devenir désamianteur à mon grand regret, que lui diriez vous pour le convaincre de renoncer………je n’ai plus d’argument pour le faire renoncer!!!!!!!!!merci

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