Les ministres des Finances de la zone euro ont décidé, vendredi 28 mars à Copenhague, de doter le Mécanisme Européen de Stabilité (MES), qualifié de « pare-feu » européen, d’un montant théorique de 800 milliards d’euros. Comme d’habitude, les mêmes cris d’enthousiasme s’élèvent et la crise des dettes publiques européennes, pour la dixième fois depuis le printemps 2010, est vraiment derrière nous !
Un montant des plus théoriques
800 milliards d’euros ou 1 000 milliards de dollars ! Plus que le plan Paulson destiné à sauver les banques des Etats Unis en 2008 qui ne s’élevait qu’à 700 milliards de dollars ! La réalité est un peu différente.
Ces 800 milliards additionnent les 500 milliards d’euros du MES et 300 milliards déjà versés ou déjà promis à la Grèce, l’Irlande ou au Portugal. L’« argent frais » se limiterait donc à 500 milliards d’euros.
Mais ces 500 milliards d’« argent fais » sont loin d’être aussi frais que le prétendent les inconditionnels du MES. Cet organisme disposera en tout et pour tout de 80 milliards d’euros de capital, une fois que les pays de la zone euro auront versé leur quote-part, au prorata de leur participation au capital de la BCE (27,15 % pour l’Allemagne ; 20,39 % pour la France ; 17,92 % pour l’Italie ; 11,90 % pour l’Espagne). Ces 80 milliards d’euros serviront de garantie aux 420 milliards que le MES devrait théoriquement, là encore, pouvoir emprunter sur les marchés financiers. Mais ces emprunts seront loin d’être accordés aussi automatiquement que le prétendent les thuriféraires du MES. Qui peut penser que les garanties de l’Italie et de l’Espagne pourraient avoir la moindre valeur aux yeux des marchés financiers si le MES devaient emprunter pour éviter un défaut de paiement de ces deux pays ? Ce seraient alors 29,82 % des garanties du MES qui disparaîtraient d’un seul coup, de quoi inspirer une confiance illimitée aux marchés financiers. A quels taux, ensuite, les marchés financiers accepteraient-ils de financer le MES alors que, sans même parler de défaillance de l’Italie et de l’Espagne, les pays AAA se réduisent comme peau de chagrin dans la zone euro ?
Le même bluff que pour les « subprime »
La finance n’en finit pas de gonfler des bulles. Le MES est une nouvelle bulle gonflée par les ministres des Finances de la zone euro pour complaire aux marchés financiers. Ils ne les appellent pas « bulles » mais parlent d’ « effet levier », ce qui revient exactement au même.
Il s’agit avec le MES de transformer 80 milliards d’euros en 500 milliards d’euros en nous faisant croire que cela sera indolore pour les peuples et que les marchés financiers ne verront pas qu’il s’agit d’une nouvelle bulle.
Indolore pour les contribuables ? Pour la France, par exemple, il lui faudra trouver 20 milliards d’euros d’ici 2014 pour fournir sa quote-part de 20 milliards dans le capital du MES. Et si le MES arrivait à emprunter sur les marchés financiers la garantie apportée par la France serait de 126 milliards d’euros. En cas de défaut d’un pays auquel ces fonds auraient été prêtés, il faudrait les rembourser.
Invisible par les marchés financiers ? Au moindre risque de « défaut » de l’Italie ou l’Espagne, la bulle éclatera. L’Espagne a besoin, d’ici 2014, de 300 milliards d’euros pour faire face au remboursement des titres de sa dette publique arrivée à échéance. C’est déjà bien au-delà des possibilités réelles du MES. Mais c’est 600 milliards d’euros qui seront nécessaire à l’Italie. Sans parler des 150 ou 200 milliards qui seront indispensables à la Grèce, l’Irlande et le Portugal pour faire face, eux-aussi, au remboursement des titres de leurs dettes publiques arrivant à échéance. Il est impossible, en effet, que ces pays puissent emprunter sur les marchés financiers comme le prévoyaient la troïka en 2013 ou 2014.
Et tout cela pourquoi ? Pour « aider » l’Italie, l’Espagne, la Grèce, l’Irlande ou le Portugal ? Non, ils ne verront pas un seul euro des sommes versées par le MES. Ces milliards d’euros ne serviront qu’à rembourser leurs créanciers, pour l’essentiel des banques et des assurances européennes. Et non, ca ne marche même pas : l’Espagne est dans la nasse et les mesures d’austérité anti-droit du travail de Mariano Rajoy, comme celles de Mario Monti en Italie (or le fait que des millions de manifestants s’y opposent) contribuent à l’austérité qui saigne davantage ces pays malades.
Pourtant les dites banques ont reçu 500 milliards d’euros de la BCE de prêt à Noël et encore 500 milliards début mars. Soit 1000 milliards qu’elles ont … re déposé à la BCE à 0,5 %. Incroyable mais vrai ! Ce qui n’empêche pas les dites banques de redemander 150 milliards déjà… tellement leurs comptes sont menacés. La BCE jette des steaks aux requins pour « rassurer les marchés » : peine perdue, ceux ci sont insatiables. Et les banksters qui dirigent tout ça ne se privent pas, de continuer à gouverner tout cet argent; exactement comme avant, en jouant à casino, avec des ratios restés immuables contre l’emploi, contre la croissance, et avec des produits dérivés de l’enfer des caves à subprimes…C’est le système tout entier qui est en cause et qui implose.
Sarkozy, en duumvirat avec Merkel, c’est l’exécutant de tout ça, c’est SON système, SES amis banquiers, SA politique, SA dette, SA crise, il est là, à tenter de se faire ré élire, non pour protéger les citoyens des banksters, mais pour protéger les banksters des citoyens.
Un « pare-feu » inflammable
Les ministres des Finances de la zone euro se gargarisent du terme « pare-feu ». Il suffit pourtant de se poser la question pour constater la supercherie : a-t-on jamais vu un pare-feu en bois inflammable ? C’est pourtant bien de cette matière que sera fait le pare-feu. Il ne s’agit en rien de mettre un rempart de béton pour arrêter l’incendie mais de donner du bois à brûler aux marchés financiers (quelques centaines de milliards d’euros en l’occurrence) en espérant que cela arrêtera l’incendie.
L’enfance de ces ministres des Finances a du être bien triste s’ils n’ont jamais entendu parler du loup et des trois petits cochons. Ce n’est pas un pare-feu en bois qu’il faut construire mais un pare-feu en briques (réfractaires) pour arrêter l’incendie. Quand les principaux acteurs de cette tragédie changeront-ils et quand des nouveaux dirigeants comprendront-ils qu’il est vain de « rassurer » les marchés mais qu’il faut les mettre au pas ?
JJ Chavigné/ G. Filoche à lire avec autres articles dans D&S 194 avril 2012, abonnez vous…
19 Commentaires
Gérard, j’ai un respect infini pour ta capacité à te battre, pour ta capacité à ne jamais lâcher, pour ta volonté de bâtir un monde plus fraternel et plus humain. Je n’aime pas certaines attaques contre toi qui n’a jamais sollicité le moindre strapontin, la moindre médaille ou le moindre poste.
Mais parfois je peine à te comprendre. Le MES est une saloperie de plus ? Nous sommes d’accord. Mais, Gérard, les parlementaires socialistes n’ont même pas voté — hormis une poignée qu’il faut saluer — contre le MES. Que dire de plus ?
Ce qui est curieux, c’est que vous ne lisez pas.
On vous donne là, dans cet article, avec Jean-Jacques, des arguments nouveaux, surprenants, inédits qui servent à argumenter pour convaincre des millions de nos concitoyens,
qu’ils soient du FdG ou du PS ou EELV.
Vous vous croyez que c’est déjà fait, que le problème est réglé…
vous ne raisonnez plus,
sans doute quelques centaines de milliers de personnes qui savent à peu prés ce dont il s’agit. Et encore… ceux là ne savant pas tout ce qui est écrit dans cet article.
peut etre même pas vous, relisez !
Nous avons besoin de 20 millions de voix le 6 mai…
vous radotez, radotez, à plusieurs ici pour rappeler que le PS s’est abstenu au lieu de voter contre (a part 20 députes quand même plus que les 18 du FdG)
Vous êtes muselés, enfermes dans votre propre et inconscient sectarisme
1°) ne pas comprendre que l’abstention du PS est un progrès en rupture avec le PSE –
2°) qu’elle est liée à une volonté de voter CONTRE le traité budgétaire lui même.
Vous refusez de saluer le pas en avant, le rapprochement possible et de le faire fructifier en l’ancrant a gauche,
au lieu de cela vous le dénoncez !!!!
Pourquoi ? parce que vous n’êtes pas intéressés par le fond du sujet mais par la volonté de scission,
par la volonté de réglement de compte, de clivage, la volonté d’avoir raison de domination pour le FdG contre le PS…
c’est mauvais ca comme ressort, comme sentiment, c’est mauvais…
car le 22 vous n’aurez plus ce ressort et il faudra ré éduquer des millions d’électeurs vers un vote commun POUR FRANCOIS HOLLANDE
avec des arguments pour cela….
des arguments que vous ignorez ou fermez en ce moment, auxquels vous ne vous intéressez pas et qui deviendront dans 16 jours des obstacles à gagner…
que dire de plus ?
On peine à te critiquer car ton action parle pour toi mais en même temps on ne peut s’empêcher de se dire en lisant ton texte : bon ! on a compris qu’il n’y a rien à attendre de la Droite sinon le pire.
Donc ce qui est intéressant maintenant c’est de savoir que va faire le PS. Alors là il y a de gros doutes
exemple 1: aujourd’hui à la bas si j’y suis, rencontre des salariés d’Arkéma avec le représentant de F. Hollande au QG de campagne ( voir 7/12 de l’émission )
http://www.la-bas.org/article.php3?id_article=2424
exemple 2 : liste conseillers de F. Hollande
http://www.jolimai.org/?p=193
Non Gerard, je ne suis pas d’accord avec vous.
J’essaie d’être le plus possible au courant de tout et je m’apprête à voter Hollande. Et pour moi le FdG et le PS sont tout à fait compatibles car visent le même objectif. J’ai juste un doute sur le PS et ses personnalités et ne veut pas me tromper car 5 ans c’est assez long pour nous mettre tous sur la paille.Ce que je pense et ne suis certainement pas le seul, c’est que la France ne doit plus deleguer sa souveraineté. Parce que nous n’avons plus le choix. Il va falloir se battre pour changer beaucoup, beaucoup de choses et montrer les dents, quitte à être montré du doigt ou ridiculisé par d’autres pays. Ma crainte est qu’Hollande n’inspire pas ce sentiment. Il y a besoin d’une violence positive, constructive. Toulemonde dit que c’est irrealiste, mais on ne ferait jamais rien dans la vie si on n’etait pas irrealiste.On a le devoir de tenter des choses, de sortir des sentiers battus, de se tromper, c’est le prix à payer pour s’en sortir. Mais quand vous voyez que des gens comme Moscovici, Valls ou Fabius nous représentent, qui a racheté avec d’autres la maison PIASA, on se sent trompé avant même le debut.On ne peut pas se permettre d’être floués 5 ans supplémentaires. En votant massivement FdG, même si Hollande est élu, c’est une garantie pour obliger ce dernier à agir fortement.Sinon il y a un doute.
he bien non, tout commence
heureusement car il y a aussi une gauche socialiste, réjouissez vous
Dimanche 15 avril, à partir de 14h, François Hollande tiendra un grand meeting en plein air sur l’esplanade du Château de Vincennes.
Pour moi c’est Mélenchon !
il y a des excitations inquiétantes et rapetissantes. Le Samir là, est, en quatre messages, genre troll UMP, un exemple typique. Si ce n’est pas un troll, c’est un cas déséspéré. Nous le laissons sans le jeter à la corbeille pour montrer ce qui arrive comme nullités sur nos sites.
On doit, nous à D&S, en gêner beaucoup pour être ainsi la cible de ces gens là. Il est vrai que nous sommes fiers d’être socialistes, fiers de soutenir Hollande pour donner toutes les chances de chasser Sarkozy (ce qui est une préoccupation très secondaire ou pas une préoccupation du tout pour ce genre de thuriféraires). Il faudra compter avec nous, des millions d’electeurs vont voter Hollande en pensant comme nous et Mélenchon qu’il faut 35, 60 1700, 20.
Ce pays est à gauche et va peut être réussir à le prouver, dépassant les divisions, ce sera alors un événement historique le 6 mai au soir. Nous D&S aurons fait notre travail unitaire contre vents et marées, avec abnégation. Entre nos sites, nos blogs, nos mels, face book, tweeter, les livres, les réunions, nous touchons des dizaines de milliers de personnes directement en permanence et des centaines de milliers par ricochet. Ceux qui vont à contre courant arrivent parfois avant les autres.
Ensuite nous bataillerons pour un gouvernement Joly, Hollande, Mélenchon. Unité de toute la gauche non seulement pour gagner mais pour gouverner !
Il faut arrêter de vivre à crédit.
Quand, en France, on a 275 milliards d’euros de recettes, l’Etat doit dépenser 275 milliards d’euros et pas 365 milliards d’euros comme cela a été le cas en 2011.
En 1945, 80% du déficit budgétaire était lié aux dépenses militaires. Pas à des dépenses structurelles.
En 1945 « les dépenses de l’armée, très fortes, pouvaient être facilement réduites une fois la guerre terminée et le taux d’imposition était très bas alors qu’aujourd’hui, il est quasi-impossible d’augmenter fortement la pression fiscale sous peine d’asphyxier l’économie. Et les dépenses militaires ne représentent plus que 36 milliard sur un total de dépenses de 433 milliards (soit 8 %, contre 45 % en 1945). »
Déficit et budget de la France (1789-1945-2009)
http://lingane.canalblog.com/archives/2010/01/03/16367200.html
Ca ne change rien au fait que la dette était de 290 % et qu’on a fait sécu, retraite, comités d’entreprise…
Mais si tu prends comme argument le contenu de la dette…
Alors il faut en faire un audit
Et décortiquer, trier ce qui est légitime, illégitime, odieux dans cette dette…et agir en, conséquence pour annuler, renégocier ou honorer ce qui doit l’être
Il est parfaitement possible d’augmenter les impôts, puisque Sarkozy les a baissé de 110 milliards… surtout sur les sociétés, comme le CAC 40
Roosevelt fit une tranche d’impôt à 90 % au dessus de 20 fois le Smic, bonne idée
ne pas avoir de déficit = règle stupide appliquée pendant 40 ans entre 1934 et 1974 par le Doutor Salazar puis Marcelo Caetano au Portugal : cette règle a fait du Portugal le pays le plus pauvre d ‘Europe
la règle d’or existe dans la constitution allemande depuis 1949 : elle a violée 12 fois par ses promoteurs
un état DOIT avoir des dettes, c’est BON les dettes pour les hôpitaux, les écoles, les équipements collectifs…
un état n’est pas un ménage
règle stupide de Maastricht 1992 instaurée au doigt mouillé et limitant le déficit à 3 % : cette règle a été violée en permanence depuis…
voila que les gourous imbéciles néolibéraux intégristes de la Merkozye Goldman Sachs veulent imposer par coup de force sans vote une nouvelle règle d’or encore pire avec un déficit à 0 % (en fait à 0,5 % on se demande pourquoi ?) :
en cas de viol de cette nouvelle règle stupide, sanction automatique (sic) ! c’est une économie destructrice, un putsch contre les droits des Parlements et de la démocratie
tout cela c’est, selon Jacques Delors, « un piège à cons », il a raison sur ce point
Le budget de la Sécurité Sociale est passé de 7,7% du PIB en 1949 à 23,6% du PIB en 2009.
http://www.objectifeco.com/economie/economie-politique/article/fabien-pot-la-securite-sociale-coute-23-du-pib-contre-7-en-1949-indignez-vous
Eva Joly propose deux nouvelles tranches d’impôt sur le revenu : 60% à partir de 100 000 euros annuels et 70% au-delà de 500 000 euros.
Gain : 2 milliards d’euros.
C’est pas avec cela que l’on va réduire le déficit de la France.
Il faut voter Hollande. Mais il va lui falloir trouver une équipe capable d’aller au front. Je propose Gerard Filoche Ministre du Travail et Eva Joly à la Justice ! C’est un bon debut!
Ca c’est beau hein ?
Il y a DEUX budgets en France
Le budget des caisses de protection sociale est de 450 milliards (la dette la dessus ne serait – car elle est discutable – que de 10 % : 45 milliards, c’est rien du tout)
Celui de l’état de 300 milliards
(la dette est décomposable : 11,5 % pour les collectivités territoriales (c’est rien encore)
(et à 78, 5 % elle relève des autres choix budgétaires catastrophiques faits depuis 10 ans par Chirac-Villepin-Sarkozy-Fillon – ces gens qui nous mis en faillite délibérément – qui l’ont porté de 63 pts/PIB à 89 Pts/PIB…
Du temps de Jospin tout était au vert, la droite dénonçait la “cagnotte publique”
Francois Hollande propose 13 tranches d’impot (comme avant que Balladur commence à les réduire de 13 en 1993… à 4 en 2011 sous Sarkozy…)
Que l’impôt IR sur le capital soit progressif comme celui sur le travail
Jusqu’à 45 % ( c’est peu, avant ce fut 65 %)
Avec 75 % au dessus de 1 million d’euros
Que les grosses entreprises IS paient plus 35 %
Les moyennes 30
Les plus petites 25
Actuellement c’est 8 % pour le CAC 40 et 33 pour les petites
(rattrapant les 11 milliards perdus de la TP)
Retour de l’impôt sur les moyennes et grosses successions (le plancher a toujours été là pour épargner les petites)
a la louche, ce n’est pas si mal…
même si on préférerait la méthode Roosevelt 1942
Entre 45 % et 75 %, elle est où la progressivité ? Une vraie progressivité a deux avantages : ça rapporte plus de sous à l’État et il y a moins de sentiment d’injustice (donc de tentation de fraude).
oui, bien sur. Si on veut un maxima à 20 smic, en fait il faudrait 20 fines tranches progressives.
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