Grèce : 11 millions de morts vivants

Comment accepter que l’UE conçue « pour la paix » ait fait la guerre et pillé la Grèce ? Comment Sarkozy peut-il prétendre avoir « sauvé la Grèce » alors qu’il l’a  humiliée, asservie, détruite socialement ? Ça s’est fait sans militaire et sans colonel, mais avec les agents de la Merkozye et de Goldman Sachs, les hommes en gris et en attaché-case de la BCE et du FMI : ils ont tout raflé pour le compte des grandes banques européennes. Sept plans d’austérité, une vaste destruction sociale sans précédent. Le prétexte était de lui faire « payer sa dette » : celle-ci était de 100 points par rapport à son PIB en 2009, elle est de 160 points par rapport au PIB aujourd’hui, ils prévoient qu’elle soit de « 120,5 points » par rapport au PIB en 2020…Le « remède » est celui de Diafoirus et Purgon, les médecins de Molière qui tuaient leurs malades en les saignant.


Dimitri Christoulas, pharmacien en retraite de 77 ans, s’est suicidé, mercredi 18 avril, d’une balle dans la tête, devant le Parlement grec, place Syntagma, à Athènes. Malade du cancer, il a laissé une lettre manuscrite accusant le gouvernement de l’avoir privé de ressources, via les coupes effectuées sur les pensions de retraites. « Puisque mon âge avancé ne me permet pas de réagir de façon dynamique (mais si un Grec attrapait une Kalachnikov, je serais juste derrière lui), je ne vois pas d’autre solution pour en finir dignement, avant de devoir commencer à faire les poubelles pour me nourrir » ajoutant : « Je crois que les jeunes sans avenir  prendront un jour les armes et pendront les traîtres de ce pays sur la place Syntagma, comme les Italiens l’ont fait avec Mussolini en 1945. »

 

L’émotion a été aussi grande dans le pays qu’elle l’avait été en Tunisie lors du suicide du jeune Mohammed Bouazizi que le régime empêchait de vivre décemment. Des milliers de personnes ont participé aux obsèques.

« Peuple en avant, ne baisse pas la tête, la seule réponse est la résistance », a crié la foule en saluant par des applaudissements l’arrivée du cercueil dans la cour du cimetière central de la capitale. Dans son discours d’adieu, la fille du défunt, un pharmacien à la retraite de 77 ans, a notamment qualifié son suicide « d’acte profondément politique »

Emy Christoulas, la fille du défunt, a souligné que son père s’était battu contre les mesures d’austérité, manifestant avec les « Indignés » ou le collectif « Je ne paierai pas ».

« Papa, tu ne pouvais pas supporter qu’ils prennent notre démocratie, notre liberté, notre intégrité. Tu ne pouvais pas supporter l’apartheid économique et social qui nous cerne. Tu ne pouvais comprendre qu’ils aient donné notre souveraineté et les clés du pays » aux bailleurs internationaux de la Grèce, a-t-elle déclaré dans son discours d’adieu.  Un message du compositeur et chantre de la résistance à la dictature des Colonels (1967-74), Mikis Theodorakis, devenu un pourfendeur de l’austérité infligée par l’UE et le FMI, a également été lu. Conformément aux voeux du défunt, la cérémonie a été civile, ce qui est exceptionnel en Grèce. La dépouille a été transférée en Bulgarie pour incinération, car l’influente Eglise orthodoxe grecque bloque toujours la création de crématoriums. À l’issue de la cérémonie, les manifestants se sont dirigés vers la place Syntagma, où des fleurs, bougies et messages d’adieu sont massivement déposés depuis mercredi sous l’arbre où Dimitri Christoulas s’est suicidé, devenu lieu de pèlerinage.

Annulation immédiate et complète de la dette grecque odieuse !

 

 

3 Commentaires

  1. Pierre
    Posted 9 avril 2012 at 16:51 | Permalien

    Mikis Theodorakis est loin d’etre un illuminé » mais il a l’experience car a été résistant contre les nazis puis torturé sous le regime des colonels. Il a prevenu l’Europe en disant : « Si les Etats ne s’imposent pas sur les marchés, ces derniers les engloutiront, en même temps que la démocratie et tous les acquis de la civilisation européenne.(…) Nous vous demandons de le faire dans votre propre intérêt. Si vous autorisez aujourd’hui le sacrifice des sociétés grecque, irlandaise, portugaise et espagnole sur l’autel de la dette et des banques, ce sera bientôt votre tour. Vous ne prospérerez pas au milieu des ruines des sociétés européennes.(…)Résistez au totalitarisme des marchés qui menace de démanteler l’Europe en la transformant en Tiers-monde, qui monte les peuples européens les uns contre les autres, qui détruit notre continent en suscitant le retour du fascisme ».
    Si seulement Hollande osait dire les choses clairement dans son discours Dimanche prochain. Toute la gauche et pas seulement elle n’attend que cela.

  2. Leygonie
    Posted 13 avril 2012 at 17:51 | Permalien

    D’accord sue l’analyse mais ne faut il pas poser le problème de fond, le système mis progressivement en place depuis les années 80 a comme tu le dis sa logique qui est de mettre les politiques et les peuples en situation de redouter des changements trop brutaux, de vivre dans la précarité sous la menace de nouvelles sanctions afin de mettre à bas toutes les conquêtes sociales du siècle dernier.
    Doit on se contenter de limiter les dégâts ou ne faut il pas contester le système et refuser de payer une dette dont plus de la moitié-j’ai lu quelque part 70%- est due aux intérêts alors que les états ont prêté aux banques qui se sont mises en difficulté par leur faute à des taux entre 0 et 1%? Et cela d’autant plus que celles ci, à qui ce soin a été confié par la loi scélérate de 1973 qui interdit à la banque de France de prêter à l’état, ce qu’elles font à des taux de 2 à7ou 8% entrainant la récession dans des pays à qui sont imposées des conditions de réduction des dépenses publiques,des salaires, des retraites.
    C’est dire clairement comme l’Argentine et l’Islande que l’on refuse de se soumettre à ces contraintes absurdes.

  3. Doudou
    Posted 17 avril 2012 at 14:17 | Permalien

    C’est poignant, et voilà ce qui nous attend si la gauche française ne se met pas en mouvement. Je préfèrerais que le Front de Gauche soit tout de suite en tête aux élections!!On aurait un 6 mai aussi joyeux et plein d’espoir que le 10 mai 1981.
    Quoi qu’il en soit, je serai avec Gérard Filoche and Co pour sortir Sarko au 2e tour, en espérant que Hollande devienne un peu lucide en cours de mandat, puisqu’il ne veut pas l’être actuellement.

    L’élection présidentielle n’est qu’une étape, un moment d’éducation populaire, malgré les chausses trappes posées par les nouveaux chiens de garde.
    N’attendons pas d’être plumés pour descendre dans la rue. Il n’y a pas de limite à ce système économique fou…Ça me fait penser à un bouquin que Jean Luc Mélenchon a publié il y a plus de 20 ans et qui s’appelait: Jusqu’à l’os.

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