« Nuages de mots-clefs » : Salaires, salariés, travail

Le journal Le Monde (18-7-12) a utilisé l’application Wordle pour générer des « nuages de mots-clefs » avec chacune des six principales contributions générales déposées pour le Congres du Parti socialiste.

La contribution Aubry-Ayrault met en avant les mots : « France, Français, société, Europe, politique et économie ».

La contribution Gorce use des termes : « militants, PS, parti ».

La contribution Hamon utilise plus fréquemment : « Hollande, gauche, politique, Europe ».

La contribution Lienemann use de mots quelques peu différents comme : « sociale, entreprises, écologique, fiscale ».

La contribution Filoche « sans surprise fait la part belle aux mots de travail, salariés, salaires, mais moins à François Hollande, au PS, et à l’économie ».

La contribution Dray sous forme de pièce de théâtre, une fois enlevés les noms des personnages, fait la part belle à : « gauche, Europe, politique ».

 

C’est bien vu : il est plus que temps, dans le parti socialiste, qu’on parle de salaires, salariés, travail, en priorité.

Non seulement il y a une place pour cela, mais une grande place, c’est un devoir essentiel. François Hollande et le parti socialiste, nous sommes élus grâce aux salariés. Ils sont 93 % de la population active, ils produisent toutes les richesses de ce pays et n’en reçoivent pas la part qu’ils méritent. Ils votent à 70 % pour nous : c’est à leurs aspirations qu’il faut répondre en premier. Il faut répartir les richesses maintenant : ils attendent depuis trop longtemps. La finance organise la crise depuis trop longtemps. Et justement, ça tombe bien, la clef pour sortir de la crise produite par la finance, c’est de répartir les richesses.

 

Rien ne nous empêche, ni la mondialisation, ni l’Union européenne (même telle qu’elle est), ni même le funeste TSCG à venir, de répartir les richesses dans nos frontières, d’augmenter les salaires dans nos frontières, d’opérer une révolution fiscale dans nos frontières, de restaurer l’emploi et le droit du travail dans nos frontières. Rien. Les 35 h c’est à nous, et c’est bien : il faut rapprocher la durée réelle du travail de la durée légale pour faire reculer le chômage de masse dans nos frontières. Le chômage de masse à 5 millions, ce n’est pas la mondialisation qui nous l’a imposé, c’est le patronat français. La précarité ne vient pas « d’ailleurs » mais du laisser faire complaisant et d’absence de loi ici en faveur du droit du travail. Pareillement pour les inégalités salariales. Ici, chez nous, les marges de manœuvre existent. Largement !

 

Nous sommes contre le TSCG de Merkozy. La « règle d’or » est un « piège à cons » comme le dit Jacques Delors. C’est un gadget stupide, incohérent, impuissant, mais spoliateur, fabricant d’austérité et de récession, sorti du cerveau des néolibéraux intégristes, les huit ministres de Merkel officiant à Berlin. L’idée d’un équilibre budgétaire à 0,5 % de déficit est presque clownesque quand on sait que la barre du déficit fixée à 3 % pour Maastricht n’a quasiment pas été tenue depuis 1992. Salazar au Portugal a appliqué la règle d’or de 1934 à 1974 et a fait de son pays le plus pauvre d’Europe. La « règle d’or » existe en Allemagne depuis 1949 et ils l’ont violée 12 fois. De même que la « dette » est largement indigne, il suffirait d’en faire un « audit public » pour le prouver, et créer les conditions de sa renégociation, de son annulation partielle. En France, le sarkozysme a creusé la dette de façon phénoménale en baissant les recettes et en alimentant les banques sans limites. Ce n’est pas le fait qu’on dépense « trop » en fait, cela vient de ce qu’on ne fait pas rentrer assez d’impôt sur les rentiers et les sociétés !  Les dettes, cela se révise et il en a toujours été ainsi dans toute l’histoire ! ! En 1953, l’Allemagne qui n’avait pas payé ses dettes, notamment à la Grèce, a obtenu à Londres que celle-ci soit divisée par 2. Le pragmatisme budgétaire peut et doit régner, c’est politique et pas seulement comptable.

 

Nous soutenons à fond François Hollande qui réclame que « la BCE prête directement aux états ». C’est le mot d’ordre clef en Europe, pour les Grecs, comme pour les Italiens, les Espagnols, nous et… les Allemands. Des millions de citoyens européens comprennent qu’il est anormal, insupportable, intolérable que la BCE prête 1000 milliards aux banques (le double du FESF, du MES…, 10 fois la somme prévue pour la « croissance » européenne le 29 juin 2012) à 1 % et que ces banques les (re) prêtent à 3, ou 6, ou 7, ou 8 % et plus aux états. De qui se moque t on ? Comment peut-on tolérer cette usure ? QUE LA BCE PRETE DIRECTEMENT AUX ETATS !

 

ET s’il y en a qui, à tout prix, nous imposent « la règle d’or », il y a une solution : en 2011, le CAC 40 a obtenu 86 milliards de bénéfices, et ils ont distribué 37 milliards de dividendes : tant qu’il n’y aura plus de 0,5 % de déficit, que ces dividendes soient rendus à la nation plutôt que d’être dilapidés dans les « subprimes » ou les îles Caïman !  Les 500 premières familles pèsent 192 milliards, soit plus de la moitié du budget national, qu’elles soient largement contributrices jusqu’à ce que la « règle d’or » triomphe : pas de revenu supérieur a 20 fois le Smic. Nul ne doit gagner plus que le président de la république, fonction la plus élevée de ce pays. Il doit y avoir 20 tranches « fines » d’impôt sur le revenu, direct et progressif. Si « règle d’or », il doit y avoir, ce ne doit pas être les salariés qui la paient : que le Figaro et l’UMP qui la défendent, y réfléchissent bien, elle se fera contre eux, pas contre nous. Des salaires en plus, des dividendes en moins, cela peut être le contenu donné à la règle d’or : ça va faire réfléchir !

 

Car « nous », nous sommes les salariés, les socialistes, la majorité démocratique et nous n’avons pas l’intention de nous laisser faire, TSCG ou pas.

 

Comment accepter de se faire berner et cautionner l’absurde, honteuse, invraisemblable idée qu’il faudrait détruire les droits du travail dans tous les pays européens pour rembourser la dette ? Pour sortir de la crise, de la récession, il ne faut pas moins de droit du travail, il en faut plus ! Ce sont les salariés, bien formés, bien payés, bien traités, qui produisent le plus ! Ce sont les pays les plus pauvres qui ont la durée du travail la plus longue ! Ce sont les pays aux salaires les plus élevés qui ont le moins de chômage !

 

Pourquoi nous sommes contre le TSCG ? Pas par dogmatisme, mais pour défendre les salariés, et si le TSCG nous est imposé, nous continuerons, car c’est ça le « nuage de mots-clefs » : salaires, salariés, travail. De l’emploi, il y en pour tous, ici, dans l’hexagone, si on répartit mieux les bénéfices, si on redonne aux salaires les 10 points qui ont été pris par les profits. C’est pourquoi notre contribution repose sur 4 parties essentielles : les salaires, le rejet de la dette usuraire, les marges de manœuvre face à la finance, la fiscalité.

 

Nous n’avons pas abusé du mot « Hollande » ou PS, parce que nous débattons entre socialistes. Ni culte de la personnalité, ni culte du parti mais souci de débat collectif, démocratique ! Ceci dit, nous soutenons à fond François Hollande et tout le gouvernement de Jean-Marc Ayrault pour qu’ils réussissent, car s’ils échouent il faut être clairs, c’est toute la gauche qui échouera !

 

Il n’y a pas d’autre alternative pour le coup : car si la gauche au gouvernement ne gagne pas, toute la gauche perdra. Jean-Luc Mélenchon ne devrait pas se mettre en embuscade pour dénoncer mais s’impliquer pour peser ! L’embuscade, genre « le vous le dis » puis « je vous l’avais dit », ça ne marche jamais. Qui croit bon d’attendre son heure, attend sa tombe.

 

Il y en a assez de certains qui, à gauche, tous les jours attendent, annoncent, dénoncent la « trahison » qui vient, qui va venir, ou qui est déjà venue ! À qui ça sert ? À créer le trouble, la démoralisation au lieu de mobiliser ? Prenons l’exemple des Roms, ce qui a été fait n’a certes pas été judicieux, ni en concordance avec les promesses du candidat Hollande qui excluait tout répression de ce type sans alternative en termes de relogement et d’insertion : avant d’agir Manuel Vals aurait pu rencontrer les associations concernées et engager le travail qui a été effectué par le gouvernement.. après. Le gouvernement Ayrault prône la concertation, le dialogue social, avec les associations et les syndicats, rien à voir avec Sarkozy !

 

Le « sommet social »  est engagé : les adhérents des syndicats ont tous leur mot à dire en direction de leurs représentants qui rencontrent le gouvernement, sur le Smic, le code du travail, le contrôle des licenciements, l’opposition aux plans financiers de fermeture d’usines viables, sur le droit et la durée du travail, la précarité, la santé au travail…

 

Il faut peser et réussir tous ensemble et pour cela convaincre, mobiliser sur les salaires et le droit du travail, sur le partage immédiat des richesses. Il faut mettre en œuvre le programme sur une ligne située au cœur de la gauche, avec un gouvernement de toute la gauche :  PS-EELV-FdG. Ça n’a pas pu se faire en juin, cela peut se faire à tout moment. D’ailleurs toute la gauche a voté le collectif budgétaire de juillet 2012 qui allait dans le bon sens, un bon début qui reprend 7,5 milliards aux riches et actionnaires.

 

S’il y a un retour en arrière en 2014, ce sera pour la droite et l’extrême droite hélas, pas pour une autre gauche restée en dehors. Unité, unité, action. On peut gagner. On doit gagner. Pour cela débattons à ce congres, qu’il y ait une forte gauche socialiste capable d’influer le parti en entier.

 

Est-ce que les trois contributions Hamon, Lienemann et Filoche peuvent s’entendre ? Nous le souhaitons. Mais ce n’est pas joué : car le bilan d’UMA est hélas translucide, le courant n’a pas fonctionné les deux tiers du temps, les accords passés en son sein n’ont pas été respectés, la démocratie y a été remplacé par une forme de direction que nous critiquons par ailleurs dans le parti et qui ne saurait être admise dans une gauche socialiste « qui se doit de faire de la politique autrement ». Ceci dit, ces obstacles organisationnels pourraient etre loyalement dépassés, s’il y en a la volonté.

 

Il ne reste donc à réaliser un accord politique pour rédiger dans de bonnes conditions collectives, tous ensemble une motion efficace, concrète, mobilisatrice : dans les mois et années qui viennent, de très grands événements vont survenir. Finance, dette, euro, luttes sociales. Soit on s’appuie sur les salariés pour faire face, soit  on cède aux énormes pressions dominantes. Salaires, salariés, travail, voilà encore les mots-clefs.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

15 Commentaires

  1. tamtambulles
    Posted 23 août 2012 at 13:00 | Permalien

    …les traités ont s’en fout ,on ne les applique que si on en a envie ou pour dire que ce n’est pas notre faute …. pragmatisme ou elements de langage et future ligne pour justifier le futur vote majo PS ?

  2. Posted 23 août 2012 at 14:04 | Permalien

    mais vous etes malades de sectarisme là. je – nous, D&S – milite CONTRE ce traité, demande un referendum, et vote « non ». Pour qu’UMA, Mn L et nous votions non, et au dela. C’est Maastricht, Amsterdam puissance 10 mais ça échouera pareil. échec à 3 % de déficit, échec encore plus à 0,5 %. la masse des salariés se battront pour leur salaires ! ou est votre problème ?

  3. shaher
    Posted 24 août 2012 at 13:46 | Permalien

    Milite, Gérard, milite ! On verra bien ce que décidera le « coeur » de la gauche à l’Assemblée ou en Referendum. Le « coeur » de la droite, lui, votera pour cette merde.

    Il est donc probable (relais médiatiques des pro-merde des « coeurs » des 2 camps, discipline, critiques d’une partie de la gauche socialiste contre la sortie de Mélenchon, qui divise l’opposition de gauche au traité alors quelle n’en a pas besoin, etc.), probable qu’elle passe et qu’effectivement, la masse toussa toussa doive se battre. Voilà où est le problème : j’aimerais autant, moi, pas me battre, et donc que mes députés assurent un peu.

    L’autre problème, c’est que s’il faut se battre, la cible sera bien les artisans de cette merde. Et donc possiblement (entre autre) le gouvernement, en l’occurrence du « coeur » de la gauche.

  4. GM19
    Posted 24 août 2012 at 15:07 | Permalien

    C’est rigolo de lire la prose de Gérard avec quelques mois d’écart :

    En février, le traité était « un diktakt », « un acte de dictature », « insupportable. (http://www.filoche.net/2012/02/06/merkelsarkozy-osent-menacer-les-citoyens-francais-s%E2%80%99ils-remettent-en-cause-leur-inacceptable-traite/)

    Mais à l’époque le président, c’était Sarkozy

    Aujourd’hui, le même traité (le même, hein !), Gérard est contre, bien sûr, mais s’il passait, ce ne serait pas si grave puisqu’il ne serait pas respecté.

    Le changement de ton est flagrant. Qu’est-ce qui a changé ? Le traité ? Non, puisqu’en dépit de ses promesses de campagne, Hollande ne l’a pas renégocié. Ce qui a changé, c’est que le parti de Gérard est arrivé au pouvoir. Et d’un seul coup, miracle, le traité est passé de « insupportable » à « gadget »…
    Les lames s’émoussent.

  5. Solanden
    Posted 24 août 2012 at 22:46 | Permalien

    Salaires, salariés, travail… Très bien ! Mais j’aimerais aussi entendre : pénibilité, aménagement de fin de carrière, retraite anticipée. Et ça, j’ai l’impression que ça coince dur.

    Dans l’entreprise où je travaille depuis plus de 38 ans, la médecine du travail, assistée d’une espèce de responsable des conditions de travail, verrait bien, pour les gens à problèmes, des horaires permanents de 14h à 22h (il parait que c’est vachement bien de travailler 8h, alors qu’aujourd’hui on en fait 7). Et bien sûr, toujours sur ces postes qui massacrent la santé. Sympathique, non ? Déjà quelques mandatés syndicaux, toutes étiquettes confondues, jugent cela « pas mal », car on aurait 18 jours de congés « en + ». Sauf qu’il s’agit de jours de modulation, choisis par la Direction.
    Et l’avis du CHSCT dans cette affaire ? INCONNU ! Les membres ont été désignés en avril 2012 et à ce jour, celui-ci n’a pas encore affiché la liste dans son panneau d’affichage, pas plus qu’il n’a informé les salariés du risque potentiel de ces changement d’horaires.

  6. Dominique Babouot
    Posted 25 août 2012 at 19:46 | Permalien

    Une motion commune Linemann, Hamon , Filoche comme en 2008?

    Tout cela pour renoncer à présenter quelqu’un à la primaire!

    Il faut assumer la reconversion jusqu’au bout et négocier avec Ayraut-Aubry pour obtenir des amendements, cela sera bien plus efficace et évitera d’avoir à se dédire à la prochaine élection!

    C’est d’autant plus possible que la crontribution Ayraut-aubry va dans le bon sens!

  7. GM19
    Posted 26 août 2012 at 13:23 | Permalien

    Quand Benoit Hamon « défend les acquis » du TSCG :
    http://www.leparisien.fr/bordeaux-33000/hamon-et-le-traite-europeen-aller-plus-loin-mais-etape-par-etape-26-08-2012-2137605.php

  8. Posted 26 août 2012 at 21:27 | Permalien

    non, pas de ça Lisette, pas de ce jeu là, l’analyse que nous faisons de ce traite est inchangée, a la fois coup de force, Maastricht puissance 100, et gadget, agression contre l’intelligence humaine de gestion démocratique d’une société, républicaine, ca n’a pas marché depuis 1992 avec une barre a 3 % de déficit, ca marchera encore moins avec une barre à 0,5 %, a moins de faire comme Roosevelt une tranche à 90 % d’import au dessus de 20 fois le revenu les plus bas…
    quant au changement de ton, il est réel de notre part, on ne parle évidemment pas a NOTRE gouvernement de la même façon qu’au gouvernement ultra libéral ennemi de Sarkozy, êtes vous à ce point obtus pour ne pas le comprendre ?
    Nous cherchons même le point qui peut unifier la gauche et le voyons, c’est la ‘une » de D&S n° 196 : et c’est la revendication de François Hollande : « que la BCE prête directement aux états ». Nous soutenons François Hollande pourqu’il réussisse à imposer cela !

  9. Posted 26 août 2012 at 21:28 | Permalien

    je connais, hélas, des milliers d’exemples de ce type rencontrés dans ma carrière de 30 ans à l’inspection du travail

  10. Posted 26 août 2012 at 21:29 | Permalien

    non la contribution aubry ayrault ne repond malheureusement pas sur les questions sociales comme le fait la notre

  11. Posted 26 août 2012 at 21:30 | Permalien

    pour une motion commune BR, MNL, GF il faut mettre les questions sociales au coeur, salaires, salariés, travail

  12. luc
    Posted 28 août 2012 at 23:08 | Permalien

    Malheureusement, ma prédiction, faite en 2010 est en train de se réaliser.

    Le 24 mars 2010, j’avais écrit :

    « Le vainqueur de la présidentielle de 2012 devrait faire face immédiatement à un nouveau choc pétrolier »

    http://www.filoche.net/2010/03/22/victoire-sans-appel-de-la-gauche/

    Et c’est la cas aujourd’hui avec la hausse des prix des carburants.

  13. Posted 1 septembre 2012 at 8:01 | Permalien

    Hollande se battant réellement pour que la BCE prête directement aux Etats… On aimerait tellement… Mais comment y croire?

  14. Posted 1 septembre 2012 at 10:00 | Permalien

    pourtant c’est le cas

  15. Posted 1 septembre 2012 at 10:06 | Permalien

    prédire ne sert a rien, il faut une politique en face pour l’empêcher http:// www;redistribuerlesrichesses.eu

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  1. [...] « Nuages de mots-clefs » : Salaires, salariés, travail – Le blog de Gérard Filoche. [...]

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