Quelques sujets de débats : astre mort, parti de masse, deux gauches ou unité de la gauche, programmes incompatibles et front unique

reçu ça de la part de Colette :
M. Filoche « Le premier parti traditionnel de la gauche, c’est le PS – jusqu’à nouvel ordre.( « Mais 11,1 % seulement ont cru utile de le manifester par un vote Mélenchon. Les autres, ont apprécié la « geste mélenchonienne mais donné la priorité à un vote de classe contre Sarkozy »).
Pas que, et vous le savez, c’est uniquement, parce que, le FG est un jeune parti, et vous avez persuadé, le peuple de voter PS, en sachant que, un PS qui existe depuis 100 ans a beaucoup plus de poids qu’un FG, qui se présente pour la 1ère fois aux élections présidentielles, car c’est ainsi que la règle de ces élections sont faites, ce qui est très injuste. La démocratie voudrait que chacun puisse voter, selon son choix d’idées, ce qui n’est pas le cas . Oui, c’est par la peur, de voir repasser Sarko, et c’est par ce biais que vous pouviez accéder au 2ème tour, en toute tranquillité et que Jean Luc Mélenchon a eu un peu plus de 11 %. Oui, uniquement en cause du mode de scrutin . »
*Jean-Luc Mélenchon dit : Je ne participerais qu’à un gouvernement que je dirigerais », « Nos deux programmes sont incompatibles »
Vous le savez bien que François Hollande, candidat, a dit qu’il suivrait son programme, rien que son programme, comment voulez-vous que le FG aille dans votre gouvernement. François Hollande avait dit : je vais vous faire rêver, et mon ennemi est la finance, c’est plutôt un cauchemar.
Le PS existe depuis 100 ans, le FG de depuis 4 ans, si Jean-Luc Mélenchon a eu 11 % des voix, vous donnez la bonne raison dans votre « Post sciptum »
« Sur Hénin-Beaumont c’est à Mélenchon qu’il aurait fallu demander de ne pas se présenter et exiger qu’il appelle dés le 1er tour à voter Philippe Kemel »
Oui, toujours le vote utile, le vote utile, toujours, vous dites exiger ? Est-ce que lorsque le peuple est dans la rue à plus de 80 000 personnes voire même 100 000 pour demander un référendum contre le traité européen, vous Monsieur, les avez vous entendu, et le gouvernement qu’a t-il fait, alors que le candidat Hollande avait promis de le renégocier. Certes, c’est le PS, qui est élu, mais, comment voulez vous exiger quoi que ce soit de Jean Luc Mélenchon .
« Marc DOLEZ dit : « Ne donnons pas le sentiment que l’adversaire du Front du gauche, c’est le PS »,. M. Dolez, n’entend pas pour autant retourner à ce parti. « Le Front de gauche me paraît plus indispensable que jamais, j’entends participer à son expression à l’Assemblée nationale ».
Et aussi : Nos propositions sont rendues souvent inaudibles à cause de l’outrance du verbe », accuse-t-il. »
Si François Hollande faisait ce qu’il a promis, ce qui était déjà peu, mais là, vous voudriez l’union de la gauche, et que par solidarité à votre gouvernement, Jean Luc Mélenchon qui est parti du PS pour s’exprimer librement, se taise, ce n’est vraiment pas son rôle. Quant à M. Dolez, qui connaît M. Mélenchon depuis très longtemps, connaissait bien son caractère et sa façon de s’exprimer. Vous êtes vous posées, la question pourquoi, il interpelle le PS, comme cela. Vous, vous ne comprenez aucun message et vous n’aimez pas son style, lui, ne comprend pas pourquoi vous ne faites rien contre les licenciements boursiers, pourquoi vous êtes allez à 11 voir le MEDEF pourquoi 0,3 centimes brut du SMIC, pourquoi, pourquoi. Vous voulez un PS, fort, écoutez les syndicats, le Front de Gauche, et les autres partis de gauche, changez de cap, est tout ira bien. Et n’oubliez pas que vous avez voté avec la droite le traité de Sarko/Merkel tel quel. Et que les propositions des élus PC, sont rejetées, comment voulez vous qu’ils votent pour ce qu’ils sont contre. Pour moi, Jean Luc Mélenchon est le meilleur pour défendre le peuple – même si il passe la ligne jaune. Jean Mélenchon est très audible, pour le peuple qui souffre. On a besoin du FG dans son entier -
Colette Posted 26 décembre 2012 at 22:57 | Permalien | Éditer

Réponse à Colette :
Oui le PS est le premier parti traditionnel dans ce pays : pour être évincé il ne faut pas seulement qu’il fasse des fautes (il en a tant fait, en 1914, 1939, 1956, 1959, 1968…) mais il faut qu’il soit remplacé.
Le moment ou il a le plus fauté au point d’être menacé dans son existence, on dira que c’était entre 1956 et 1971… guerre d’Algérie, coup d’état de De Gaulle, UGS, PSA, PSU, mai 68, il y a même eu une « fenêtre » pour créer un autre grand parti de gauche suite à mai 68… mais finalement (la LCR et d’autres en ont été largement responsables) il n’a pas été « remplacé », la politique à gauche dans le salariat, a horreur du vide, il y a eu le programme commun et la victoire de 1981 a été l’effet différé de mai 68…
Non le FdG n’est pas un « nouveau » parti qui a 4 ans d’existence, c’est aussi une organisation traditionnelle, ancrée ainsi par et grâce au PCF depuis un siècle aussi.
La mouvance électorale de cette organisation traditionnelle a varié depuis 40 ans entre 21,5 %, 1,5 % et 11,1%, secouée par les profondes et longues séquelles du stalinisme, de l’effondrement de la bureaucratie soviétique, et des difficultés à se rénover ensuite. Mais comme c’est aussi un parti dont la genèse, l’histoire, la continuité, l’enracinement social, syndical, militant est profonde, cela lui a permis de survivre et de choisir la tactique du FdG avec l’arrivée de Mélenchon. Dans cette configuration unitaire, il a retrouvé une part plus grande de son électorat traditionnel : c’est un effet différé du 29 mai 2005. (Cette audience a failli, un moment, être captée par les trotskistes qui ont obtenu malgré leur division, jusqu’à 11,5 % le 21 avril 2002). Le changement des organisations traditionnelles ne peut se faire que dans des grands moments extraordinaires de l’histoire sociale et on peut parier que cela ne se fera jamais a l’occasion d’une élection sans qu’il y ait eu auparavant ou concomitamment un soulèvement social. Car une « insurrection civique » (concept erroné) ça n’a pas, ne peut pas avoir de sens sans insurrection sociale !
Vous faites de la politique pratique alors vous savez bien que vous tordez grossièrement le trait quand vous écrivez « François Hollande, candidat, a dit qu’il suivrait son programme, rien que son programme » . Cela ne se passe pas ainsi du tout, il ne suit même pas son propre programme en fait ! Il louvoie, il godille depuis le début selon les rapports de force politiques et sociaux, bien sûr. Et il dépend et dépendra de ces rapports de force sociaux et politiques existants dans le camp du salariat, c’est notamment ça l’énorme différence avec Sarkozy et la droite qui dépendent de la force sociale ennemie, patronat et actionnariat ! Soit en gros résumé, c’est la CFDT qui l’influence, soit c’est la CGT. Quand Ayrault dit « on agit dans le cadre des 60 propositions », il faut retenir le mot « cadre ». Mais tout bouge en pratique depuis le 6 mai et le 17 juin. Mais c’est vrai c’est François Hollande qui dirige : dans la Ve République, même si on souhaite la VIe, c’est ainsi. Il arbitre, poussons la balle.
Comme on est tous dans le même camp à gauche, il faut batailler dans ce camp, saisir toutes les opportunités, y compris gouvernementales à mon avis. Y compris au sein du fameux « sommet social » en cours. Il fut un temps ou même Hollande proposa à JLM d’être au gouvernement ce fut une ouverture qu’il fallait saisir et forcer le plus possible la porte, occuper le terrain au maximum, batailler. Hollande a même, un temps déclaré, être en accord avec JLM sur le TSCG. Il a appelé à « ce que la BCE prête directement aux états », en cours de campagne.
Au lieu d’accrocher, JLM a répondu « : Je ne participerais qu’à un gouvernement que je dirigerais », « Nos deux programmes sont incompatibles » La première affirmation est une fanfaronnade quasi ridicule : qu’en sait on ? comment oser dire cela ? quel apport pour la misère et les urgences sociales d’aujourd’hui ? La seconde est très grave, car elle ferme encore plus la porte, et justifie totalement les sociaux libéraux du PS qui s’en sont évidemment régalés. Nous passons notre temps, à la gauche socialiste à combattre pour l’unité, pour faire évoluer notre parti vers un rapprochement et l’action commune de toute la gauche, et le PG répond : « non c’est incompatible ». Quelle erreur ! (pas très « nouvelle » ni originale, hélas, elle n’a pas « 4 ans », elle est vieille comme une certaine 3e période de l’IC stalinisée anti-socialiste !)
Sur Hénin-Beaumont : j’ai déjà écris, je croyais l’avoir fait avec tact pour ne pas « gêner » en mai juin 2012. Je le redis à ce jour avec moins de contraintes et de nuances : ce fut une grossière erreur politique, stratégique, de prôner « front contre front », ce fut digne de Krivine/Bensaid, et de « ras le front » mais pas d’une politique d’implantation sérieuse. Une élection ne se gagne pas à « l’arrache » surtout pas à gauche dans le Pas de Calais (mais même à droite pour Jean-Jacques Servan-Schreiber en 1970 à Bordeaux). Ce n’est pas une question de vote utile : mais une question d’implantation en profondeur, historique, donc un vote de classe. Le « verbe » ne peut pas soulever les masses, seulement l’expérience, la praxis. Avec de très bons discours on convainc 100 000 manifestants et plus, et même 11 % des électeurs, mais influer dans la vie sociale et le choix de 43 millions d’électeurs, c’est un tout autre défi. Je n’ai jamais, jamais, jamais utilisé cette notion de « vote utile », mais très exactement celle d’un vote de classe traditionnel (merci de respecter la pensée collective de D&S, arrêtez de lui en prêter une autre). Enfin ce qui est plus grave dans cette histoire, c’est qu’en prônant le barrage à Le Pen, il aurait pu permettre… son élection. Et si Mélenchon y était retourné, à l’occasion (fort heureusement écartée d’une décision du CC) cela aurait paradoxalement pu faciliter la possible élection de Le Pen : contre l’extrême-droite il faut un front unique de toute la gauche, et pas un duel particulier, privé, auto nourrissant des « extrêmes ». La LCR a fait cela 20 ans durant sans succès.
« Vous êtes vous posées, la question pourquoi, il interpelle le PS, comme cela. Vous, vous ne comprenez aucun message et vous n’aimez pas son style, lui, ne comprend pas pourquoi vous ne faites rien contre les licenciements boursiers » : mais VOUS ne faites rien, rien, rien, non plus contre les licenciements boursiers ! Je parle bien sur des actes, pas des paroles ! Nul ne réussit en ce moment, à faire mieux, en actes et c’est bien là tout le problème : nous pensons que noter bataille dans le PS est la meilleur bataille, mais c’est vrai à ce jour nous ne pouvons pas le prouver, pas plus que vous… ! Mais si la gauche perd, le FdG perdra en même temps : Marc Dolez vous l’a écris avec sagesse, Francis Parny est venu aussi nous le dire à nos 20 ans de D&S…
Enfin, à côté des arguments susdits, la question du « ton » de Mélenchon est tout à fait secondaire, il est même plutôt florissant et réjouissant, et j’ai parfois les mêmes défauts moi-même, mais ce qui compte, c’est l’unité : si le « ton » combatif de Mélenchon était pour réclamer la construction d’une authentique unité de la gauche, ça irait dans le bon sens, mais il est orienté vainement pour détruire « l’astre mort » du PS… dont il avoue qu’il peut encore envoyer de la lumière pendant longtemps. Un « astre mort » qui a 100 000 membres, 3 millions de sympathisants, 17 millions d’électeurs, qui dirige 2 villes sur 3, 61 départements sur 100, 20 régions sur 22, l’AN, le Sénat, la Présidence, qui a renouvelé son BN à 80 %, et ses élus à 50 %, ne se traite pas ainsi. C’est l’erreur stratégique, davantage du PG que du PCF d’ailleurs : méconnaitre la stratégie du front unique.
Gérard Filoche Posted 27 décembre 2012 at 12:58 | Permalien | Éditer

reçu aussi ça de OL :
Salut Gérard. Deux remarques
a) Qu’est-ce que la « réussite » pour le gouvernement Hollande? Si il « russit » à appliquer son programme, alors oui l’issue est connue ce sera le retour de la droite et encore en pire.
Ou alors de quel programme le charges-tu à son insu?
b) Sur Hénin tu affirmes que si Mélenchon avait été au second tour la fille Le Pen aurait gagné, la vérité c’est que ce n’est pas certain. Comme tu l’écris, la politique ce n’est pas des pronostics mais des faits.
Bien à toi OL Posted 27 décembre 2012 at 11:26 | Permalien | Éditer

réponse à OL :
a) la « réussite » du gouvernement Hollande ce serait qu’il réponde aux aspirations réelles de son électorat
b) à Hénin, l’étude des résultats de juin, c’est que Jean-Luc ne passait pas face à MLP si cela avait été lui au 2e tour… c’est vrai ce n’est qu’une « étude », le fait c’est qu’il a été éliminé dés le 1er tour. Mais il y avait une raison supplémentaire en cas de nouveau scrutin, c’est qu’il n’était pas le sortant, pas élu en juin, venir tenter de reprendre la place cela aurait été à la fois contre la droite battue ET contre la gauche élue. Périlleux ! Le PS, c’est cent ans d’histoire dans le Pas de Calais. Sa plus ancienne, plus grosse et plus populaire implantation en France. Un peu de raisonnement politique porte à croire que face à Le Pen remise en selle par le Conseil constitutionnel, JLM aurait sans doute eu moins de voix encore qu’en juin (abstention aidant). Une élection cela ne se joue pas « à la bravache » ni au volontarisme mais à l’implantation de terrain (et à l’unité).
bien à toi, Gérard
Gérard Filoche Posted 27 décembre 2012 at 12:26 | Permalien | Éditer

autre réponse à celui qui explique que le « contenu » de la politique du PS et la même que celle ld’UMP :
Non honnêtement tu ne peux pas dire que c’est un « contenu UMP » à moins de jouer les aveugles volontaires, la polémique gratuite et vaine. Sois sérieux, car sinon tu brouilles tout et même ton message à toi. La politique de Sarkozy, c’était Thatcher et Reagan. Aujourd’hui avec la gauche on n’a pas tout ce qu’on veut mais hier avec la droite on avait tout ce qu’on ne voulait pas. Mais ce n’est ni Reagan ni Thatcher. C’est une autre politique que celle de Sarkozy, presque en tout. Depuis la victoire de la gauche le 6 mai et le 17 juin, elle ne casse plus l’école, elle ne privatise plus les hôpitaux, elle ne vise plus à démanteler la Sécu. Elle donne des droits démocratiques nouveaux, très peu trop peu mais un peu. Mais elle ne rompt pas assez avec le libéralisme, c’est vrai, et ne va pas assez à gauche, c’est sûr. Là ou Sarkozy donnait 110 milliards de cadeaux fiscaux aux riches, aux actionnaires, au patrons, Ayrault reprend 35 milliards puis leur en promet 20 milliards s’ils sont coopératifs : il faudrait leur reprendre les 110 milliards, et plus, hausser les salaires, etc… Ils ne le font pas et cela vicie tout le discours, tout l’effort politique, mais cela n’est pas du tout du « contenu UMP ». Ils vont sur une ligne de crête entre financiers et salariés, à la godille, sur Florange, Pétroplus, ou face aux licenciements, là où il faudrait agir vite et fort devant 5 millions de chômeurs.

On me demande « mon » bilan du gouvernement en cette fin d’année : je ne cesse de le faire, d’un article à l’autre, d’un livre à l’autre, d’une réunion à l’autre… sur le site d&S, sur le blog GF…et même au congrès PS, en 7′ de temps de parole, vidéo vue par + de 40 000 personnes depuis…
Ce bilan, celui de D&S pourrait tenir en deux phrases :
1°) si ce gouvernement de gauche continue à ne pas donner de véritables satisfactions au salariat, il va dans le mur, entraine toute la gauche à sa perte et l’UMP/FN reviendront
2°) si nous ne réussissons pas tous ensemble à mobiliser assez fortement et largement pour l’influencer et le pousser à gauche, nous perdrons tous avec lui

16 Commentaires

  1. sylvie
    Posted 28 décembre 2012 at 11:25 | Permalien

    Monsieur Filoche, votre bilan de fin d’année est réaliste….

    Je ne suis pas étonnée de leur politique…mais en même temps je ne pensais pas qu’ils iraient à ce point faire une politique de droite.

    En plus d’une politique, ils ont le même vocabulaire : j’ai entendu Hollande, hier parler des salariés de Rungis qui eux se lèvent tôt (ça ne vous rappelle pas quelqu’un?)

    Alors, je me suis faite avoir une fois mais je ne me ferais pas avoir une deuxième fois.
    Alors, je sais que sur le point 2, nous n’avons pas les mêmes réponses.
    Vous les militants socialistes, vous n’êtes pas sur la même longueur d’onde que vos dirigeants. Si le parti socialiste incarne encore un parti de gauche comme vous dîtes, c’est parce que vous y êtes.
    Je le vois ici au niveau local, pour un positionnement sur un sujet précis (NDDL), les militants socialistes sont en majorité contre et les dirigeants sont pour. Et bien ce n’est pas la majorité qui l’emporte comme celà devrait mais la minorité qui dirige.
    Au niveau national c’est pareil. Alors c’est à vous militants de gauche du PS de faire votre révolution dans votre parti….

  2. OL
    Posted 28 décembre 2012 at 12:52 | Permalien

    Salut Gérard..

    Donc le gouvernement réussira si il échoue?

    Il réussira s’il échoue à ses propres objectifs, et s’il en atteint d’autres qu’il n’envisage même pas?

    Je trouve ça un peu tiré par les cheveux !

    Avec tout mon respect,

  3. Greg
    Posted 28 décembre 2012 at 15:15 | Permalien

    Bonjour Gérard,

    J’ai suivi avec attention et intérêt ce petit débat interne à ton blog, et je te remercie de prendre le temps de répondre à ces interrogations.

    Partant de là, je constate que nous sommes en désaccord non sur tout, mais sur un point essentiel. Tu estimes que votre action (celle de l’aile gauche du parti socialiste, en premier chef D&S) est la seule à conduire si l’on veux être efficace et éviter l’échec du gouvernement et donc le retour de la droite. C’est évidemment bien légitime de penser cela depuis ta position.

    Cependant, depuis mon poste d’observation de sympathisant de gauche observateur attentif de la vie politique française, je perçois une autre réalité : ce gouvernement ne peut pas être sauvé par qui que ce soit, pour une raison simple, c’est que ses membres les plus influents ne sont plus de gauche au fond. Certes, je ne les comparerai pas à Sarkozy sur la forme, et je suis tout prêt à croire qu’ils sont plus ouverts au dialogue que le gouvernement précédent, voire même qu’ils ont meilleur « cœur ».

    Mais enfin, c’est bien maigre quand l’orientation de fond qui est prise reste la politique de l’offre et le ralliement à l’Europe Merkozy. D’ailleurs, je n’ai rien lu de ta part (dans ce débat sur ton blog) à propos de ce vote commun du P.S. et de l’U.M.P sur le TSCG. Prétendras-tu que ce traité était un bon traité, que c’était agir en élu de gauche que de le ratifier sans le moindre changement quand on a été élu avec mandat pour le renégocier?

    Quelles réformes pourront racheter cela? Quelles prises de conscience pourront combler la fracture qui fut actée ce jour là?

    J’ai voté Hollande au deuxième tour. Ce fut, ainsi que tu le dis un vote de classe. Mais aujourd’hui, je ne suis plus si sûr que ce fut un bon choix. En effet, Hollande et son gouvernement ne servent pas les intérêts de la classe laborieuse, a part du bout des lèvres, dans une version charitable qui est le contraire d’une pensée de gauche selon moi. Et je pense qu’il n’y a rien de pire pour la démocratie qu’un gouvernement de gauche qui fait une politique de droite (tu peux remplacer « de droite » par « de l’offre »). Même s’il le fait avec humanité et dialogue, cela reste essentiellement une trahison, dont la première conséquence est le dégoût de la politique (abstention, « tous pourris ») dans la classe laborieuse. La droite, elle, est dans son rôle quand elle le fait, même avec mépris. Après tout, elle sert les intérêt de sa classe naturelle.

    Tu répètes à l’envie que le P.S. est un grand parti, qu’il possède tous les pouvoirs etc. Crois-tu que si le gouvernement continues comme cela le P.S. gardera sa position? Je t’ai entendu le dire toi-même à Toulouse : « aussi haut que nous sommes monté, nous redescendront … », je ne me souviens plus mots pour mots, mais fais-je erreur sur le sens de ton propos? Il existe plusieurs précédents, dont le PASOK….

    Pour en revenir au début, tu penses que depuis l’intérieur du parti, vous pourrez infléchir la politique de l’exécutif. Là exactement, nous divergeons. Je pense que cet exécutif ne navigue pas tant que ça à la godille. Je pense qu’il a un cap fort, une boussole idéologique majeure : la politique de l’offre. Et jusqu’au dernier moment, il louvoiera sur les sujets de second plan tout en maintenant envers et contre tout le fond de sa politique.

    Le pire étant que face à l’exaspération du peuple, il a déjà tout prévu. Outre les C.R.S. et l’exemple des syndicaliste non amnistiés, il avance toujours les mêmes raisons : c’est la faute de Sarkozy et de Villepin, la faute à la crise, la faute à Merkel. Soyez patient, ça s’arrangera, en 2013, en 2014, ou en 2018… (là, j’anticipe, pour l’instant il maintiennent l’objectif de fin 2013). Il faut d’abord travailler dur, se serrer la ceinture avant que d’en récolter les fruits. Etc.

    Le pire, c’est qu’ils y croient peut-être bien eux-même et que cela risque de les aveugler jusqu’au bout, persuadés qu’ils sont d’avoir raison contre le peuple et même contre la base de leur propre parti.

    Donc je ne pense pas que vous puissiez infléchir quoi que se soit de significatif, et cela a une implication majeure : si j’ai raison, alors la seule conséquence de votre action au sein du P.S. sera que vous serez mis dans le même sac de dégoût pour le crime de complicité de casse sociale (même light par rapport à l’UMP). Ce ne sera pas juste, mais je pense que ça aura lieu néanmoins.

    Du coup, de mon point de vue, la seule action efficace est de faire scission à l’intérieur du P.S. et de construire avec toutes les forces de gauche un nouveau pôle potentiellement majoritaire avec le Front de Gauche. Et tu te trompes quand tu prétends que le Front de Gauche n’est pas prêt à accueillir une aile gauche du P.S., même élargie, ainsi que les écologistes. Ils ne sont pas si dogmatique que tu le dis.

    Je sais que c’est risqué, je sais que cela pourrait permettre la victoire de la droite en 2017, mais je pense que de toute façon l’orientation actuelle du gouvernement conduira au retour de la droite de manière tout à fait certaine. Donc je pense que la stratégie de scission du P.S. est celle qui préserve le plus important (l’espérance de la classe laborieuse envers une gauche de gouvernement) et qui offre la meilleure chance de succès pour les idées que tu défends (et qui sont les mienne également).

    En disant cela, je ne me place pas sur le plan de la morale, de l’honneur, du courage et autre. Je ne pense pas avoir de leçons à donner sur ces choses là. Par contre, je cherche à alimenter une réflexion stratégique et pragmatique au service du progrès social.

    Fraternellement.

    Grégoire F.

  4. Posted 28 décembre 2012 at 16:12 | Permalien

    désolé Grégoire mais tu ne me convaincs pas davantage :

    1°) tu écris en gros, c’est foutu parce que ce gouvernement n’est pas de gauche. Cela renvoie à la question de la nature de classe de ce parti, à ce qu’est la gauche réelle (et pas rêvée), à ses 8 partis et syndicats, j’ai répondu mille fois, longuement et personne ne conteste la méthode que j utilise pour caractériser un parti, théoriquement, on ne me réponds que par contre-affirmation à l’emporte pièce

    2°) sur l’Europe ce n’est pas nouveau, c’est la même politique suivie par le PS depuis le SME, l’acte unique, Maastricht, le TCE, et le TSCG… je la combats depuis toujours, (j’ai même du la combattre contre Mélenchon il fut un temps) et la MAJORITE de la base du PS s’est prononcée plusieurs fois nettement contre (votes en février 1996, votes les 1/12/04 et 29/05/05) même si le haut de l’appareil fait le sourd ou nie les votes… nous continuons de penser qu’étant majoritaire la dessus à la base (dans le parti comme dans le salariat) , nous l’emporterons forcément un jour contre les dénégations de l’appareil

    3°) le vote de classe n’est pas un vote sur les idées, on vote même en dépit des idées, pour faire triompher son camp social

    4°) oui le PS peut perdre absolument tous ses pouvoirs (pire qu’en 1993) et toute la force acquise en ce moment, c’est même très probable s’il continue, mais ce sera une défaite pour tous, pour toi aussi, notre classe perdra, en 14 et en 17, comme le dit fort bien Marc Dolez co fondateur du PG, mais le PCF le dit aussi, il faut en être conscient, le nier comme le font ici des ultras du PG est folie pure

    5°) non, cet exécutif n’a pas un cap fort, il dépend du PS et de son électorat, il est poreux aux mouvements sociaux, différence fondamentale avec la droite UMP/FN (même s’ils pensent avoir raison, et pensent faire le bien du peuple malgré lui : Sarkoy lui pensait faire le bien des seules élites, ce n’est pas la même base sociale !)

    6°) il se peut que nous échouions, oui en effet. Mais ce sera une catastrophe pour tous et pas la preuve de notre erreur. C’est dans le PS que ça se joue essentiellement selon nous, mais pas seulement, nul, à D&S ne nie le rôle du FdG, du NPA, etc… ça se complète et s’enrichit. Nous le reconnaissons, nous sans complexe, sans réticence. Bravo au front de gauche quand il n’est pas sectaire, quand il propose l’unité sur de bonnes basses, pas quand il dénonce négativement au risque de l’échec de tous. Car vous devriez, vous aussi, reconnaitre notre rôle et notre action, vous en féliciter au lieu de le dénigrer, car vous passez tous votre temps à le nier, en refusant une bataille pour l’unité qui contribuerait mille fois mieux au résultat convergent nécessaire, pour influencer et faire réussir ce gouvernement. Additionnons nos forces ne les soustrayons pas.

    7°) il n’y aurait aucune efficacité à scissionner, les grandes dynamiques unitaires ne commencent jamais par des scissions. Ce serait constater l’échec de l’unité. Cela reviendrait à reconnaitre le triomphe des sociaux libéraux dans le PS et… ils triompheraient en effet. Nous reculerions tous. Ce n’est pas « risqué », ce serait une déroute…

    8°) exemple : la mauvaise vidéo de voeux du PCF (pas forcément sur le fond mais la charge est si maladroitement lourde que l’UMP aurait pu la faire) contre François Hollande et ses promesses réjouit la droite sociale libérale du parti. La même vidéo avec un ton unitaire genre : « vous avez dit cela, c’était bien, nous continuons à le vouloir dommage que vous ne le fassiez pas mais si vous le faites nous le ferons avec vous » aurait réjoui la gauche du parti socialiste et pas sa droite !

    9°) oui, Hollande affirme à la fois ne pas faire d’austérité et demande d’attendre 2014, 2015, etc, et on est fondé à avoir le maximum de doutes : mais il faut noter que c’est différent de Schröder qui, lui, JUSTIFIAIT les plans d’austérité et de destruction type Hartz IV, cela indique que le rapport de force n’est pas le même ici.

    10°) mais rien ne sera tranché, ni gagné sans mouvement social, une bataille dans le PS, et les actions du FdG (aussi fortes soient-elles) n’y suffiront pas, il faut une grande mobilisation du salariat, or cette mobilisation ne se fera pas avec un sentiment de division d’une partie de la gauche contre une autre partie de la gauche, elle ne se déclenchera que dans un climat unitaire (cf retraite 2010, unité des 8 syndicats). S’il y a violente polémique au sein de la gauche ce mouvement social ne verra pas le jour : c’est pour cela que, de mon point de vue, je passe tant de temps à répondre, calmer, argumenter pédagogiquement, longuement, surtout à des petits secteurs, comment dire, « illuminés », du PG qui déversent sur internet et surtout sur mon blog, facebook, tweet, un climat de rage aveugle hélas destructeur.

    bien fraternellement, gérard

  5. Posted 28 décembre 2012 at 16:45 | Permalien

    je suis totalement contre ce qui se fait contre les Roms (expulsions sans relogement), mais les associations te diront qu’elles obtiennent quand même un peu plus d’écoute
    Valls est surement l’un des pires mais il y a la justice avec Taubira
    sur l’écologie, les écologistes eux mêmes ne disent pas tout à fait cela, ils apprécient du positif et de l’insuffisant
    il a été repris 35 milliards aux riches et CAC 40, … même s’il fallait leur reprendre 110 milliards, et ne pas leur en donner 20 sous forme de « crédit d’impôts »
    sur l’école, des profs sont recrutés, il y va y avoir des avancées démocratiques, insuffisantes mais réelles,
    disons à la louche, qu’ il y a 20 % de gauche, au pif, et hélas, qu’il en manque 80 %…
    oui absolument à Sarkozy on ne pouvait que crier : « Malfaisant, arrêtes et nous voulons te battre toi et ta politique »
    et a Ayrault, il faut dire « cher camarade, écoutes nous davantage pour une politique plus à gauche sinon tu te perds et nous entraine à la défaite »

  6. Posted 28 décembre 2012 at 16:52 | Permalien

    la bataille pour l’unité n’est pas un ralliement ni une capitulation, c’est une bataille transformatrice !
    on fixe des objectifs précis choix, adaptés, par exemple « nationalisation de Florange », et on le propose de le défendre ensemble, en positif : (pas sous une forme mise au pied du mur, accusatrice ou dénonciatrice)
    on pourrait faire des « comités unitaires pour gouverner ensemble contre la finance » ouverts a toute la gauche, aussi !

  7. GM19
    Posted 28 décembre 2012 at 17:45 | Permalien

    « A Ayrault, il faut dire « cher camarade, écoutes nous davantage pour une politique plus à gauche sinon tu te perds et nous entraine à la défaite » »

    Et Ayrault te réponds : « Ma politique est la bonne, je n’ai pas l’intention d’en changer, et je t’emmerde »
    C’est ce qu’il fait depuis 6 mois…

    Au fait, le « grand mouvement » social que tu appelle de tes voeux (moi aussi), tu crois vraiment qu’il jouerait les bisounours comme ça ? Les salariés de Florange dénoncent le gouvernement, ils ne le soutiennent pas…

  8. Posted 28 décembre 2012 at 18:50 | Permalien

    non, erreur compléte ! Jean-Marc Ayrault ne dit pas cela du tout : il dit, » je ne fais pas d’austérité, je cherche une issue pour vous… »
    en quelque sorte : « vous allez avoir des bonbons mais pas tout de suite car je suis en train de les fabriquer »
    aucun mouvement social puissant ne se fera sans unité, cela ne peut PAS se faire CONTRE le gouvernement, ce serait dés le départ un trouble diviseur, affaiblissant
    pour que se développe un FORT mouvement social, il doit se construire en positif, POUR quelque chose que ne veut pas le Medef, pas CONTRE quelque chose que veut le gouvernement
    pour la nationalisation de Florange, par exemple
    ou bien contre des licenciements abusifs ailleurs, demain,
    pour arrêter le chômage de masse, pour les 32 h, … contre la flexibilité…
    ou des « comités pour gouverner ensemble face aux mauvais coups de la finance »
    l’ennemi doit être le Medef, pas le PS…
    pour que le mouvement soit assez fort pour créer une dynamique entrainante qui emporte le gouvernement dans la bonne voie..
    si des sectaires appelaient à manifester CONTRE le gouvernement, ils casseraient tous les mouvements sociaux dans l’oeuf

  9. GM19
    Posted 28 décembre 2012 at 20:09 | Permalien

    http://tempsreel.nouvelobs.com/social/20121228.OBS3939/florange-ayrault-oppose-une-fin-de-non-recevoir-a-edouard-martin.html

    Il ne manque que le « …et je t’emmerde », mais on sent qu’il n’est pas loin.

    Et dirais-tu d’Edouard Martin qu’il contribue à « casser tous les mouvements sociaux dans l’oeuf » ?

  10. Posted 29 décembre 2012 at 7:42 | Permalien

    mais Edouard Martin, lui justement, il a le « bon ton », il s’adresse spécifiquement à ce gouvernement qu’il considère comme le sien
    c’est justement l’un des exemples d’initiation d’un mouvement qui puisse être unitaire, il part des promesses, du terrain, d’un exemple précis, interpelle le gouvernement en positif…

  11. Posted 29 décembre 2012 at 9:43 | Permalien

    Monsieur Filoche,
    Pardonnez moi de braver votre interdiction de réapparaitre sur votre blog mais dans le cadre de la réconciliation de toutes les gauches, je me permets de transgresser votre interdit. En effet, j’ai trouvé une citation d’ A. Einstein qui vous convient à merveille:
    « La folie, c’est de se comporter de la même manière et s’attendre à un résultat different »

  12. Posted 29 décembre 2012 at 9:44 | Permalien

    pas très éclairant, votre « ré apparition » ne fait pas la lumière
    d’autant qu’une connaissance minimum de la dialectique balaye cette citation, oui, il peut y avoir des résultats différents à la suite d’actions semblables !

  13. GM19
    Posted 29 décembre 2012 at 16:27 | Permalien

    Evidemment, que c’est à ce gouvernement qu’il s’adresse. A quel autre gouvernement pourrait-il s’adresser ?
    Evidemment, que c’est son gouvernement, c’est celui de tous les Français. Mais à ce compte-là, c’est aussi celui de Copé, de Le Pen… Je ne vois pas bien ce que ça prouve..

    Mais ce gouvernement, Edouard Martin l’a qualifié de « traitre ». Et ça, c’est signifiant !

  14. Posted 30 décembre 2012 at 3:29 | Permalien

    non pas qualifié de « traitre », il faut respecter les mots utilisés,

  15. GM19
    Posted 30 décembre 2012 at 12:10 | Permalien

    Je maintiens qu’Edouard Martin a traité Ayrault de « traitre ». C’était le 30 novembre, quand il a appris que Ayrault avait capitulé devant Mittal.

    cf le lien ci dessous (2e paragraphe)
    http://www.lemonde.fr/politique/article/2012/12/14/la-mauvaise-conscience-de-la-gauche_1805671_823448.html

  16. GM19
    Posted 30 décembre 2012 at 12:14 | Permalien

    Et je maintiens que si le grand mouvement social que nous appelons tous de nos voeux survenait, ce ne serait pas pour soutenir ce gouvernement, mais pour le combattre.

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