Rembourser la dette augmente la dette !

Des millions de gens ont forcément du mal à comprendre que « rembourser la dette en priorité aboutit à augmenter la dette ».

Il faut dire que chaque matin les radios mentent : « il n’y a plus d’argent dans les caisses », « si on ne rembourse pas la dette, nos enfants devront la payer », «  chaque enfant qui nait, nait avec 25 000 euros de dette sur la tête », « un état c’est comme un ménage, il ne doit pas dépenser plus que ce qu’il gagne », « on dépense trop », « il faut faire des économies ».

Comment comprendre que tout ça est de la propagande pour faire bosser plus en vous donnant moins ? Comment admettre que notre gouvernement de gauche reprennent ces leitmotivs ? Et qu’incroyablement, il vienne de décider d’un nouveau budget d’austérité 2014 qui s’avère un record dans les annales.

Pourtant la preuve est faite année après année : la dette publique de la France s’élevait à 85,9 % fin 2011 et à 90,2 % fin 2012. Elle a atteint 91,7 % du PIB à la fin du premier trimestre 2013, selon l’INSEE. Quelle est cette politique qui aboutit au contraire de ce qui est escompté et annoncé ?

A quoi ça sert que le déficit baisse de 5,3 % en 2011 à 4,8 % en 2012 qu’il atteigne 3,9 % du PIB en 2013. Il est fixé à 3 % en 2014 et à 0,5 % en 2017 pour obéir aux libéraux de Bruxelles et au TSCG (« Traité sur la stabilité, al coordination et la gouvernance » sic)

Mais au fur et a mesure, la dette publique augmente de plusieurs dizaines de milliards d’euros. Pourquoi ? Parce que cet argent qui va à rembourser la dette, ces économies qui sont faites sur les dépenses induisent stagnation de la croissance et récession. Le blocage du Smic et le gel des points d’indice des fonctionnaires, la baisse des salaires et retraites, aboutit à la baisse des recettes fiscales et sociales. La stagnation des salaires et des prestations sociales exigées par le Medef et la Commission européenne écrase la demande solvable des salariés.

C’est comme un commerçant dont la banque exige de payer des traites à marche forcée au détriment de l’approvisionnement de ses stocks. Son chiffre d’affaire baisse et sa dette augmente au fur et à mesure qu’il la rembourse.

C’est comme un jardinier qui arrose le fleuve pendant que son jardin dépérit.

Donner priorité à la dette et a la réduction des déficits, c’est non seulement jeter des steaks aux requins, mais c’est l’enlever de la bouche des passagers du navire.

Sans desserrer l’étau usurier des banques privés, sans remettre en cause les dettes publiques de l’état, et investir tout de suite, de façon urgente, dans la relance, il n’y a pas d’issue.

En un mot, il faut dépenser « plus » (et non pas « moins ») pour nous en sortir. Au lieu de nous serrer la ceinture, de nous flexibiliser, il faut travailler mieux, moins, tous, et gagner plus… Tout de suite. Il va falloir être nombreux – comme au Portugal, en Turquie, en Egypte, au Brésil – à manifester à la rentrée en défendant nos retraites, pour que la gauche entende cela.

Gérard Filoche.

 

 

annexe du 2 août : Moscovici reconnaît que le déficit pourrait dépasser les prévisions

2 août 2013 à 16:45

Le ministre de l’Economie Pierre Moscovici, le 19 juillet à Moscou. (Photo Kirill Kudryavtsev. AFP)
Dans un entretien au «Wall Street Journal», le ministre de l’Economie estime possible que le déficit dépasse les 3,7% du PIB en 2013.

Par AFP
Le ministre de l’Économie Pierre Moscovici reconnaît, dans un entretien publié par le Wall Street Journal vendredi, que le déficit public de la France pourrait être «légèrement au-dessus» de l’objectif officiel de 3,7% en 2013.

Le gouvernement ne prendra pas de nouvelles mesures d’économies d’ici à la fin de l’année et, «si cela veut dire un déficit légèrement plus élevé, cela veut dire qu’il y aura un chiffre légèrement au-dessus de 3,7%», a déclaré le ministre, selon le quotidien américain.

A la fin juin, la Cour des comptes avait averti que «le déficit public effectif pourrait se situer entre 3,8% et 4,1%» du produit intérieur brut en fin d’année, si la croissance française était plus basse que le taux de 0,1% prévu par le gouvernement. Le ministre du Budget Bernard Cazeneuve avait alors jugé que cette estimation était conforme «à la réalité de la situation».

Dans l’interview accordée au Wall Street Journal, Pierre Moscovici se dit par ailleurs «convaincu» que la courbe du chômage s’inversera effectivement d’ici à la fin de l’année, comme l’a réaffirmé la semaine dernière le président de la République François Hollande. «Ce n’est pas un slogan, c’est une prévision. Je suis convaincu que cela se produira», affirme le ministre.

Cet objectif repose pour beaucoup sur les emplois aidés, comme les emplois d’avenir, admet-il. «Je reconnais que c’est en partie grâce à la montée en puissance de nos politiques en matière d’emploi et pas encore grâce à la création d’emplois dans le secteur privé, car, pour cela, il faut une croissance économique plus forte», déclare Pierre Moscovici.

One Commentaire

  1. gameover
    Posted 28 avril 2014 at 22:13 | Permalien

    Les transpositions et métaphores se veulent percutantes mais sont inexactes et sont de la manipulation :

    - Le commerçant là est même incapable de rembourser les intérêts de sa dette, alors ne dites pas qu’il rembourse du capital à marche forcée : la france ne rembourse aucun capital mais au contraire emprunte pour rembourser les intérêts.
    .
    - Le jardinier ne doit pas d’eau au fleuve.
    Un jardinier prévoyant stockerait l’eau de pluie en prévision des périodes de sécheresse au lieu de la dilapider.

    - Le mieux est de ne pas attirer les requins, ça évite d’avoir à les nourrir quand le bateau coule, ce qui ne fait d’ailleurs que retarder la fin.

    Vous me semblez mal placé pour parler des générations futures. Et si on les laissait s’exprimer au lieu de contracter des crédits en leur nom ?

One Trackback

  1. Par Rembourser la dette augmente la dette ! le 9 août 2013 à 4:06

    [...] des points d’indice des fonctionnaires, la baisse des salaires et retraites, aboutit à … lire l’article de Gérard Filoche rendu célèbre par son coup de gueule au moment de l’affaire Cahuzac …dont on ne parle [...]

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