Suite de la « casse » de l’inspection du travail

 

Ca fait rager, mais ça va être dur d’expliquer pourquoi c’est la gauche qui détruit l’inspection du travail. C’est pourtant le cas. Michel Sapin a propose de casser lors de la CTPM prévue le 19 septembre tout ce qui faisait ses caractéristiques : une inspection indépendante, généraliste, territoriale. Il met fin à un fier corps d’inspection républicain existant depuis la Libération, des hussards du droit capables de tenir la dragée haute au patronat pour imposer l’ordre public social dans les entreprises.

 

La casse de Michel Sapin combine habilement une réforme statutaire divisant les agents et une réforme des pratiques de contrôle. La « concertation » a été un simulacre puisque le « plan Sapin » a obtenu zéro voix, aucun syndicat ne l’ayant voté à ce jour.

 

Il propose que tous les contrôleurs deviennent inspecteurs. Les agents de catégorie B vont devenir de catégorie A ! Présenté comme ça, qui pourrait être contre ? Cela apparaît comme une promotion pour les 1250 contrôleurs, qui peuvent espérer voir leur statut évoluer. Même si ce processus est étalé sur 10 ans. Même s’il met à bas le recrutement initial intègre par concours. Même si la « promotion » des uns s’accompagne d’une déqualification des autres : car les tout nouveaux inspecteurs… seront encadrés par une armée mexicaine de « DUC » (directeurs d’unités de contrôles) qui remplaceront les anciens « chefs de service » qui étaient… les inspecteurs.

 

Derrière ce coup de bonneteau, les sections territoriales sont redécoupées massivement. Là, par exemple, sur Paris, où il y en avait 40 il y en aura 150. Chaque inspecteur de nouveau type aura un secteur plus petit, mais des « unités de contrôle » les regrouperont avec des DUC « notateurs » et dispensateurs de « primes ». Les secrétariats seront regroupés en « pool » et c’en sera fini des « permanences » des ex-sections. Il est prévu – sauf si les syndicats ont gain de cause – que les nouveaux DUC s’arrogeront des « portefeuilles d’entreprise » au sein de chaque zone : imaginez qu’une inspectrice ne veuille pas accorder une dérogation à un grand magasin du 4° arrondissement de Paris pour ouvrir en soirée, celui-ci tombera dans le « portefeuille » du hiérarque qui se fera un plaisir d’appliquer, en contournant le droit, la volonté politique du Directeur général du travail.

 

C’est le moyen de mettre fin à l’indépendance des contrôles. In fine ce seront les « Direccte » qui s’empareront des entreprises « sensibles » sous les ordres du Préfet et du Ministère du travail. Les « Direccte » ce sont ces monstres bureaucratico-politiques qui ont remplacé les ex-directions départementales et régionales du travail : ils chapotent tous les services de contrôle (concurrence, consommation, travail, emploi, etc.).

 

Ce sont ces instances qui « homologueront » les plans de licenciements, désormais concoctés (depuis la loi scélérate du 14 juin issue de l’ANI du 11 janvier) en procédure accélérée par les patrons, par-dessus les Comités d’entreprise et qui échapperont aux contrôles du juge en même temps que de l’inspection.

 

(lire chronique « au boulot » chaque semaine dans l’Humanité dimanche » celle la date du 6 sept, a suivre) )

8 Commentaires

  1. Gilbert Duroux
    Posted 21 septembre 2013 at 15:00 | Permalien

    Excuse-moi, Gérard mais je crois que tes explications, toujours pertinentes, sont entachées d’une petite (grosse) erreur d’analyse. Il est impensable de pouvoir imaginer que la gauche puisse casser un instrument plutôt au service des travailleurs comme l’inspection du travail. Aussi ton introduction mériterait une rectification. C’est la droite qui détruit l’inspection du travail. La droite représentée par le gouvernement que tu soutiens. Ton ami Pierre Ruscassie a expliqué dans un commentaire que la majorité du PS est plutôt de gauche mais que dans le PS, ce sont les plus droitiers, les carriéristes, qui s’arrangent pour cumuler les postes de responsabilité et de pouvoir. Ce sont eux qui se retrouvent au gouvernement. Ce sont les pires (on y retrouve des gens de la même engeance que Cahuzac, qui n’est pas une exception contrairement à ce que tu essaies de faire croire). C’est donc bien la droite qui casse l’inspection du travail, entre autres saloperies. Et non la gauche.

  2. Posted 21 septembre 2013 at 16:43 | Permalien

    mais arrêtes, la gauche fait des conneries, ce n’est pas la premiere fois dans l’histoire et il faut militer en son sein pour que ça cesse, pareil pour les syndicats, tes gémissemetns individuels répétés usants sur ce site ne servent a rien, rien, rien

  3. Gilbert Duroux
    Posted 21 septembre 2013 at 20:41 | Permalien

    Gérard Filoche : « tes gémissemetns individuels répétés usants sur ce site ne servent a rien, rien, rien »

    Tu sais que tu es très drôle, Gérard. De plus en plus drôle. Je ne crois pas être le seul à penser que ce sont tes critiques de la politique gouvernementale, adressées aux valets du MEDEF qui nous gouvernent, qui sont vaines. Depuis combien de décennies déjà déplores-tu ce que tu appelles « les conneries de la gauche ». « Conneries » qui traduisent en fait la nature et la réalité profonde de ton parti.
    Si mes « gémissements », comme tu oses dire quand on exprime le dégoût face à la trahison, ne servent à rien, tes conseils à tes amis du pouvoir servent à moins que rien, vu le résultat que tu obtiens.
    Bien entendu, tu ne réponds pas sur le fond quand on met le nez dans le caca de tes amis du gouvernement. Combien de Cahuzac dans le gouvernement que tu soutiens ? Combien de DSK bis ?

  4. Gilbert Duroux
    Posted 21 septembre 2013 at 20:45 | Permalien

    Cette façon de se défausser (ou de se dédouaner) en accusant la gauche dans son ensemble est malhonnête. Que je sache, ce sont les faux socialistes qui sont au pouvoir. Pas le reste de la gauche. Vouloir mouiller son entourage, qui n’y peut mais, est indigne.

  5. Posted 22 septembre 2013 at 7:18 | Permalien

    bof
    unité de toute la gauche, c’est la seule bataille a mener. Defense de nos retraites !

  6. Gilbert Duroux
    Posted 22 septembre 2013 at 20:38 | Permalien

    Il ne suffit pas de sauter sur sa chaise comme un cabri en beuglant : « unité », « unité ». Pour faire l’unité de la gauche, il faut un programme commun. C’est évident qu’un programme de gauche n’intéresse pas tes amis du PS, qui suivent la même politique que Sarkozy (ANI, traité Merkel-Sarkozy, et tutti quanti). Ça fait 25 ans que tu essaies en vain de les convaincre. Or, c’est de pire en pire, tes amis sont de plus en plus à droite. Il serait temps que tu fasses le constat de ton échec si tu veux avancer dans la vie.
    La vraie vie est ailleurs…

  7. AL Cazar
    Posted 23 septembre 2013 at 12:09 | Permalien

    en gros ce que tu veux c’est que tous les partis de gauche fassent une politique de droite comme le ps c’est ça ?

  8. Posted 23 septembre 2013 at 15:41 | Permalien

    ca c’est fin, quelle lucidité politique ru as + une capacité dialectique d’anticiper = un savoir faire = une perspective clairvoyante

Déposer un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera jamais transmise.

*