Mon intervention au BN du PS de mardi 30 septembre : sénatoriales, dette à 2000 milliards ? Primes de naissance 2° enfant, Gattaz, Bayrou, et le code du travail…

Bureau national du PS du mardi 30 septembre  -   Intervention de Gérard Filoche

Je comprends qu’on tienne des propos s’efforçant d’atténuer notre nouvelle défaite aux élections sénatoriales. Mais il n’en ressort pas moins que c’est la troisième de l’année après le désastre des municipales le 30 mars, et le fait inouï que nous ayons été derrière le Pen aux européennes le 25 mai.

Dire qu’il s’agit d’un mécanisme électoral prévisible ne correspond pas à la réalité, puisque le mode de scrutin a été changé et qu’il était devenu plus favorable pour nous : qu’est-ce que cela aurait été sans cela ?

Il faut noter que la partie du Sénat soumise à renouvellement n’était pas la plus favorable ; lorsque ce sera l’autre, celle où nous avions le plus progressé en 2011, la défaite sera d’autant plus forte.

Dire qu’il n’y a pas eu de dynamique à gauche est vrai : nous entrainons nos partenaires dans nos défaites. Mais il y a eu des dynamiques malheureusement, et ce, au sein de la droite : le FN qui avait 3000 grands électeurs en a obtenu 9000, ce qui signifie qu’UMP, UDI, etc.… ont aussi perdu.

Dire publiquement que ce n’est pas si grave, risque de nous endormir et de nous empêcher de comprendre l’ampleur de notre échec.

Dire que le Sénat de gauche ne votait quand même pas nos lois, à cause d’une partie de sa gauche qui s’y refusait, ne diminue pas non plus l’importance du problème.

Nous avions eu du mal à gagner le Sénat pour la première fois dans l’histoire

Nous dirigions tout, 2 villes sur 3, 61 départements sur 100, 20 régions sur 22, l’Assemblée, et pour la première fois de l’histoire le Sénat, nous avions gagné la Présidence de la République, et nous sommes en train de tout perdre. Inexorablement.

Ce n’est pas parce que le peuple de gauche « reflue » vers la droite, pas du tout : nos électeurs ne « refluent » pas, ils ne vont pas « ailleurs », ni à gauche ni à droite, ça se voit car la droite recule aussi, mais nos électeurs ne votent plus pour nous… parce que l’exécutif qu’on nous a imposé ne fait pas la politique de gauche pour lequel nous avons été élus.

Nos électeurs restent à gauche, c’est notre politique qui n’y reste pas. Nos électeurs socialistes sont fidèles au socialisme, au parti socialiste, ils ne votent pas pour d’autres partis, mais ils nous signifient leur mécontentement en s’abstenant. Et leur abstention, de ce fait, a un sens clair sur ce qu’ils attendaient et attendent encore de nous

Puisque tu nous encourages à ne pas parler seulement du scrutin sénatorial, Jean-Christophe, je vais déborder ce sujet :

1°) La dette attribuée à notre pays vient de franchir 2000 milliards. Soit 95 % de notre produit intérieur brut. Elle a progressé de 9 % depuis 28 mois. C’est d’autant plus un problème que l’objectif affiché de l’exécutif est de réduire cette dette. Ainsi tous les sacrifices imposés pour la réduire, échouent ! Le Président de la République clame dans sa conférence de presse « les déficits, pas ça, pas avec moi… » Mais la réduction des déficits aboutit à ce que la dette augmente. «  Avec moi, la dette… » devrait dire le Président. Car la réduction des déficits qui est pratiquée ruine l’économie qui fait récession avec risque de déflation, et donc ne fournit plus les recettes nécessaires à équilibrer le budget. Résultat : la dette augmente. Chaque fois qu’on bloque des salaires, qu’on supprime des postes, des emplois, qu’on réduit des dépenses, la machine recule. Tout le monde le sait. Tout le monde le voit. Ce que je dis là n’est pas minoritaire, loin de là : partout en Europe, c’est la même discussion pour arrêter la politique catastrophique d’austérité. De grands économistes l’expliquent : réduire les liquidités monétaires ne sert qu’à faire reculer l’activité et accroitre la dette. Et tout ça pour emprunter, certes à bas taux, des fonds pour rembourser les intérêts d’une « dette » qui ne sera jamais elle-même remboursée ! Quel genre de monde financier totalitaire alimentons-nous par cette orientation politique infernale ? Et la droite nous pousse en réclamant encore plus de saignées, encore plus d’austérité, encore moins de dépenses publiques, encore plus de récession ! Tout cela est absurde.

2°) Or voilà que j’entends, je n’ai pas osé le croire au début, qu’on va faire reculer encore la politique familiale, que les allocations de prime de naissance, pour le deuxième enfant seraient divisées par trois, le congé parental par deux… je n’en reviens pas ! Dans notre pays en plein boom démographique depuis l’an 2000, 850 000 naissances par an, que cherche-t-on ? Quand on sait ce que ça signifie l’arrivée d’un 2° bébé pour un couple jeune… « On » (pas nous, pas le parti socialiste… l’exécutif) annonce cela pour « faire des économies » ? C’est aberrant.

Car je rappelle encore qu’il y a trois budgets en France et pas un seul ! Trois ! Le budget de la protection sociale, le budget des collectivités territoriales, le budget de l’Etat. Il ne faut pas tout mélanger. Constitutionnellement et de façon comptable, ils sont séparés.

Faire des économies sur le budget social, cotisations sociales, qu’est-ce que ça veut dire ? Ce budget qui est le plus important du pays, basé sur une partie de nos salaires mutualisés, ne génère que 10 % de la dette présumée du pays : 10 % ! 10 % des 2000 milliards. 10 %, ce n’est rien. 10 %, c’est peu comme dette. Ce n’est pas ce budget qu’il est urgent d’équilibrer.

Le 2° budget, celui des collectivités territoriales, ne génère que 11, 5 % de la dette présumée. 11,5 % seulement. Pourquoi s’en prendre à lui ?

C’est le budget de l’Etat qui génère 78,5 % de la dette totale qui nous est attribuée. 78,5% ! Et pas parce que les dépenses augmentent. Au contraire. Elles se tassent et se réduisent depuis plus de 10 ans. C’est parce que les recettes ne rentrent plus ! Le problème est un problème de recettes, pas un problème « d’économies ». On ne dépense pas assez ! Les banques n’investissent pas, elles entassent, spéculent et vivent sur leurs tas d’or. Les patrons ne produisent qu’à 70 % de ce que nos capacités productives peuvent produire. Les aides aux entreprises sont captées par les grands groupes, qui ont plus intérêt à licencier qu’à embaucher. Le chômage de masse paralyse l’activité du pays. Misère et inégalités sapent le moral des salariés qui nous délaissent donc et s’abstiennent massivement alors que, sans eux, nous n’aurions pas gagné tous les pouvoirs.

En s’attaquant au budget social, nous allons dans le mur, dans le mur, dans le mur.

Il faut faire la grande réforme fiscale qui amènera des recettes sur les dividendes, sur le CAC 40, sur les 1000 entreprises de plus de mille, sur les 500 familles, sur le 1 % qui possède 25 %, sur les 10 % qui possèdent 60 % du patrimoine. Ce n’est pas ceux d’en bas, ce n’est pas les 90 % qui doivent subir de lourds impôts directe et progressifs, mais ceux d’en haut, massivement exceptionnellement, urgemment, car tout ce qui nous manque de recettes est là.

Pas touche aux primes de naissance !

3°) J’étais absent la semaine passée quand Gattaz a osé réclamer qu’on revienne au 19° siècle, en supprimant toute durée légale du travail, le Smic et des jours fériés. Pour ce patronat obscurantiste auquel on donne en vain 41 milliards, il n’y en a jamais assez ! Pour eux il faut fouetter, accabler, faire souffrir davantage le salariat, lui arracher ses maigres droits restants ; pour eux « compétitivité égale schlague ». Le knout fait avancer, le dos courbé, le travail du dimanche, de nuit, sans mesure, sans repos, sans sécu, sans retraite. Le pire est qu’ils disent cela au nom de la compétitivité, ce qui est totalement mensonger, faux, stupide : car pour être « compétitifs », ce qu’il faut, ce n’est pas des salariés flexibles, fouettés, affamés, mais au contraire des salariés bien formés, bien traités, bien payés ! Ce n’est pas la compétitivité qui les motivent, ils s’en foutent en fait, la seule chose qui les intéresse, c’est leurs marges, leurs marges. pas pour l’emploi, mais pour les placer dans les iles Caïman : à peine leur donne-t-on le CICE, on l’a vérifié au 2° trimestre, qu’ils investissent moins et haussent leurs dividendes.

On m’a dit que Bayrou avait osé faire une attaque à la télévision, à DPDA, en jetant avec mépris sur la table devant des millions de téléspectateurs, le Code du travail jugé par lui, « trop gros » à côté du Code du travail suisse (!). Nul ne pense pourtant que le Code du travail suisse soit un exemple. Avec les idées fausses et non renseignées de notre Premier ministre qui veut « simplifier » un Code du travail qui a déjà été passé à l’acide des exigences du Medef, ou celles du ministre le Guen qui juge ce Code « répulsif », nous ouvrons ainsi la porte à des choses infâmes. Car Bayrou ment, triche, il n’a jamais travaillé pour avoir besoin du Code et se protéger de la violence, de la souffrance, de l’exploitation, des accidents, de la mort, du stress, du management brutal, de l’arbitraire, et surtout de la fraude au travail. Le Code ne fait pas 3990 pages, il en fait 675 !

Si voulez « simplifier » attaquez donc le Code du commerce, le Code civil (aux USA il fait 36 000 pages…) le Code de la Sécu, le Code pénal, mais pas le Code du travail qui est le plus petit de tous les codes.

675 pages de lois, pour 18 millions de salariés et 700 branches professionnelles, ce n’est pas trop ! C’est l’édition Dalloz qui rajoute 3300 pages d’arrêtés, décrets, jurisprudence, commentaires, sommaires, glossaires sur 3990. Comme s’ils publiaient Françoise Sagan amendée par Marcel Proust.

C’est de l’escroquerie intellectuelle que de s’attaquer à la « grosseur » du Code du travail : car en fait dix lois seulement servent aux prud’hommes. Et ce qu’il y a de compliqué dans le Code, c’est ce que les patrons y ont introduit ! Ce qui pose problème, ce n’est pas les 40 h ou les 35 h ou le repos du dimanche, ou les congés payés : cela tient chaque fois en deux lignes. Ce qui rallonge, ce sont les dérogations, limitations, exceptions, rajoutées à foison par les patrons sur le calcul du temps de travail effectif, sur les temps de pause, sur les pauses-pipi, sur le temps de casse-croûte et d’habillage, sur les astreintes, sur les équivalences, etc.

Il n’y a qu’à regarder les « contrats » et pas les lois. Les lois, du travail sont simples et tiennent en 675 pages ; mais les « contrats », c’est à dire les 385 conventions collectives nationales, celles rédigées négociées, publiées, par les patrons avec les syndicats, il faut cinq armoires de deux mètres sur trois, pour les contenir !

Assez d’attaques contre le code du travail sous la gauche, il ne faut pas l’épurer davantage : je rappelle que cela a été fait sous la droite pendant dix ans, ils ont même ré-écrit le Code entièrement, de décembre 2004 à mai 2008. Puisque Larcher vient de se faire ré-élire, je vais rappeler une de ses phrases fétiches prononcées le 15 mars 2004, « Il y en a assez des ces ayatollah de la Cour de cassation qui donnent des interprétations salafistes du Code du travail ». Ils ont réduit sous prétexte de recodification, de simplification, le Code de 500 lois et de 10 % : ce que cet ignare de Bayrou ne sait même pas ! Parce qu’en même temps, ils ont divisé les 1150 lois qu’il y avait en 3850 lois, ils les ont renumérotées en triplant leur nombre et en en supprimant 500. Et ces incultes se plaignent maintenant de 3850 lois ! Allons, tout est bon pour faire reculer l’état de droit dans les entreprises. Tout est bon pour aiguiser la surexploitation.

En France il n’existe qu’un seul jour férié chômé dans le Code du travail. Un seul. Les autres jours sont conventionnels. Et pas dans toutes les branches pareillement. Quand ils tombent un dimanche on les perd. On a 9,3 jours fériés en moyenne, on en a moins qu’ailleurs, ça ils ne le savent même pas. Et s’attaquer à la durée légale de 35 h c’est de facto supprimer le Smic mensualisé sur cette base de 151 h 66… Mais doit on énumérer encore d’autres absurdités ou provocations de Gattaz et de sa bande assez fanatique ?

a gauche le code du travail, les lois seules, 675 pages, puis à droite, le code annoté, commenté, 3990 pages

20 Commentaires

  1. Anonyme
    Posted 1 octobre 2014 at 8:18 | Permalien

    http://www.dailymotion.com/video/x5uxgw_les-glochos-2008-rien-a-foutre-r-a-f_music

  2. Lionel mutzenberg
    Posted 1 octobre 2014 at 11:40 | Permalien

    Si François Hollande tenait un tel discourt, il ne serait pas, aujourd’hui, à 13% !
    il faut le virer quel qu’en soit le prix, sinon la gauche n’est pas prête de revenir au pouvoir. Je parle de la vraie gauche, bien évidemment.
    Le parti socialiste n’étant plus la gauche depuis… 1983 !
    Mais qui le savait ?

  3. Posted 1 octobre 2014 at 11:44 | Permalien

    mais « il faut le virer » « quelqu’en soit le prix » (sic) « y’a qu’à » « comment » remplacer par qui ?

    nous avons des réponses, travailler à une majorité rouge rose verte à l’assemblée, grâce à elle mettre en minorité Valls, obliger Hollande a ne pas dissoudre et a nommer un gouvernement qui corresponde à cette majorité rose rouge verte,

    sinon, en effet, c’est la droite UMP FN a tous les coups

  4. axiome
    Posted 1 octobre 2014 at 12:03 | Permalien

    Je suis heureux de constater que Filoche a encore le droit de parler dans le cadre du BN…
    Je ne sais pas si les autres répondent qque chose ou attendent avec un sourire niaiseux que GF ait fini… AMBIANCE !!!
    Par-contre les frondeurs n’ont plus le droit de s’exprimer dans le cadre des commissions parlementaire, ce qui en dit long sur les techniques de marginalisation élaborées en dehors du BN…

  5. Posted 1 octobre 2014 at 12:19 | Permalien

    a quoi ca sert cette remarque, bien sur on s’exprime, et on est 40 % du Bn

    et hier d’autres que moi sont intervenus contre ces sanctions anti deputes qui font leur travail, et cela a été entendu, et le premier secrétaire a repondu qu’il interviendrait

    enfin merci de surtout porter attention a mes arguments sur la droite, gattaz, la prime de naissance, la dette et le code

  6. Marie Leclerc
    Posted 1 octobre 2014 at 13:06 | Permalien

    Très bonne intervention Mr Filoche !
    C’est important que vous la fassiez…après…c’est le résultat qui compte…et pour réussir à mettre en place cette nouvelle majorité rouge rose verte il va falloir que certains aient des c……. lors du débat et vote à l’AN sur le budget 2015 finance et sécu !

  7. Lyonnais
    Posted 1 octobre 2014 at 14:33 | Permalien

    Et quand D&S aura 60 pour 100 au BN qu’est-ce qu’il se passera ?
    Rien, cela continuera comme avant…
    Pas tout à fait, Hollande nommera Filoche ministre histoire de lui faire fermer sa g….. .

  8. Posted 1 octobre 2014 at 14:49 | Permalien

    Samuel Careme
    Début de la conversation
    28 août 14:46
    monsieur filoche, je suis tres fan de la gauche que vous revendiquez. mais quand je vous entend parler des entreprises j’ai les poils qui se dressent. je suis en accord avec vous a 100% sur tout se que vous dites mais moi je suis artisan boulanger, 3 salariés et 1 apprenti, et je suis pas le seul dans mon cas. vous stigmatisez trop l’entreprise. je ne fait pas parti du CAC40 et nous petit artisan le gouvernement nous saigne. merci de faire la difference entre nous petite entreprise qui pouvont pas embauchées et les autres qui peuvent licencier comme bon leur semble au profit des actionnaires et qui plus.ai touche des cheques de l’argent public . mais merci a vous d’exister et de gueuler comme vous faites. votre ideologie est bonne et saine. merci

    28 août 16:38
    il y a 2 heures
    les ravages de complémentaires:
    je viens de lire votre post. en effet moi artisan boulanger, je suis obligé de prendre une complémentaire pour mes salariés ( chose qui me dérange pas) mais on m’oblige à la prendre chez AG2R et impossible de négocier le tarif. j’ai effectué plusieurs devis dans d’autre complémentaire indépendante, le tarif est nettement moins cher.
    existe t il dans se pays un moyen de partir de chez AG2R et de me laisser choisir la mutuelle complémentaire pour mes salariés?

  9. Posted 1 octobre 2014 at 17:21 | Permalien

    La fortune des Européens bat son record en 2013-rapport
    01/10/14 à 17:07 – Reuters 0 Commentaire(s)
    LONDRES, 1er octobre (Reuters) – Le patrimoine privé des Européens a atteint la somme record de 56.000 milliards d’euros en 2013, dépassant le précédent sommet atteint avant la crise financière de 2007-2009, montre un rapport publié mercredi par la banque suisse Julius Baer.
    Le montant cumulé des fortunes privées en Europe a augmenté de 1,7% par rapport à l’année précédente et pourrait encore croître de 40% d’ici à 2019 pour atteindre 80.000 milliards d’euros, selon le rapport.
    L’Allemagne, la Grande-Bretagne, la France et l’Italie représentent près des trois quarts du patrimoine privé total du continent mais c’est au Luxembourg que le niveau moyen de fortune par adulte est le plus élevé avec 400.000 euros, contre une moyenne européenne de 167.100 euros.
    La crise financière a eu un impact fort sur les patrimoines en Espagne et en Grèce. En Espagne, estime l’étude, 1.400 milliards d’euros de richesse ont été détruits depuis 2007.
    Le rapport souligne par ailleurs une inégalité grandissante, 10% des ménages européens détenant plus de la moitié de la fortune totale.
    « Il est important de comprendre qu’une inégalité excessive ralentit la croissance économique d’un pays et affaiblit la demande globale », explique dans le rapport Burkhard Varnholt, directeur de l’investissement chez Julius Baer.
    (Clare Hutchison; Patrick Vignal pour le service français, édité par Véronique Tison)

  10. Posted 1 octobre 2014 at 17:42 | Permalien

    La Lettre du cadre territorial prend position dans cet éditorial signé Nicolas Braemer :
    http://www.lettreducadre.fr/9743/vive-les-35-heures/
    ON LES A, ON LES GARDE
    Vive les 35 heures !
    30/09/2014 | par Nicolas Braemer | ACTUALITÉS

    ©Pixel & Création
    « Les 35 heures sont une des meilleures réformes faites par un gouvernement » : tribune du rédacteur en chef de La Lettre du cadre pour le maintien des 35 heures dans le privé comme dans le public et contre le procès qu’elles subissent aujourd’hui.
    PAS DE COMMENTAIRESHARE ON FACEBOOKSHARE ON TWITTERSHARE ON GOOGLE_PLUSONE_SHARE
    Depuis plusieurs années, on a maintenant pris l’habitude d’attribuer aux 35 heures la responsabilité de presque tous les maux dont souffre notre société : le chômage, le manque de compétitivité des entreprises, la délinquance, le fondamentalisme, le mariage pour tous… c’est la faute de la réduction du temps de travail.

    Gains de compétitivité

    Qu’il me soit permis ici de dire, en quelques mots, pourquoi les 35 heures sont à mes yeuxune des meilleures réformes faites par un gouvernement depuis longtemps. Quand le chômage sévit massivement depuis plus de quarante ans (eh oui, le premier choc pétrolier, c’est 1973), ce n’est pas parce que les salariés sont trop payés en ne travaillant pas assez.
    Quand le travail manque, il faut partager.
    Sur le long comme sur le moyen terme, les gains de productivité font que nous produisons plus avec moins de force de travail qu’il y a 35 ans. Et quand le travail manque, il faut le partager.

    Les manquements du management

    Mais surtout, surtout, je considère que la plupart de ceux qui, aujourd’hui, accusent les 35 heures, s’exonèrent avec cette dénonciation facile de l’indispensable examen de conscience individuel et collectif, sur des manquements autrement plus graves que la supposée fainéantise des salariés, qu’ils soient fonctionnaires ou non.
    Dans le privé comme dans le public, les lacunes managériales, le manque de sens donné au travail, l’absence de vision, la souffrance (organisée ou non) au travail, le manque de confiance, la compétition stérile organisée entre les salariés, etc., handicapent bien plus lourdement la compétitivité. Tout cela mine l’implication des salariés dans la réussite de leur entreprise ou administration et fait perdre un argent incalculable.
    Beaucoup de ceux qui accusent les 35 heures s’exonèrent avec cette dénonciation facile de l’indispensable examen de conscience individuel et collectif.
    Et chacun a sa spécificité. Dans le privé : l’absence d’investissements, l’avidité sans limites des actionnaires, la pression de la rentabilité… et dans le public : des rémunérations en berne (eh oui, comment critiquer les 35 heures quand on gèle le point d’indice ?), la perte de substance du service public, la paupérisation des administrations…
    Alors oui, vive les 35 heures. Elles ne sont pas coupables de grand-chose et, au contraire, si elles pouvaient encore passer à 34, 32 ou 30 heures, elles pourraient résoudre bien des problèmes.

    Nicolas Braemer
    Rédacteur en chef, la Lettre du Cadre Territorial

  11. Nemo
    Posted 2 octobre 2014 at 5:23 | Permalien

    Quand le travail manque, il faut le partager…. A la condition sine qua non de partager aussi les rémunérations. Les 35 heures auraient réellement créé de l’emploi si elles avaient été payées 35 et non pas 39.
    C’est la masse salariale qui compte: a masse salariale constante on peut faire travailler plus de gens, oui… Et encore, pour des emplois peu qualifiés où les salariés sont interchangeables, là ça peut marcher.
    Mais pour les emplois qualifiés c’est impossible, on ne va pas embaucher un technicien pour 4 heures par semaine tandis que l’autre en fait 35, ça n’a pas de sens, on préfère demander que le travail qui était fait en 39 h soit fait en 35… Et comme le dit technicien est payé le même salaire, c’est finalement normal qu’il fournisse le même travail…

  12. Posted 2 octobre 2014 at 8:45 | Permalien

    « partager toutes les rémunérations » dividendes inclus bien sur
    « partager le travail » (qui n’est pas un gateau mais une comete en expansion infinie) oui vivent les 30 h

  13. Posted 2 octobre 2014 at 8:47 | Permalien

    En finir avec la rhétorique funeste des deux gauches
    Par Ludovic Lepeltier-Kutasi
    Nous reproduisons ici un article de la revue Démocratie&Socialisme n°206. Malheureusement, une erreur d’impression a fait sauter plus de la moitié de cet article. Nous présentons toutes nos excuses aux lecteurs de la revue mais aussi à l’auteur de l’article Ludovic Lepeltier-Kutasi. Celui-ci est doctorant en géographie sociale (Université François-Rabelais, UMR CITERES), ancien collaborateur de député, ancien membre des instances fédérales du Parti socialiste d’Indre-et-Loire
    Le remaniement déclenché par les déclarations d’Arnaud Montebourg et de Benoît Hamon sur la ligne économique de François Hollande a provoqué son lot attendu d’éditoriaux et de commentaires. Si l’on s’en tient à ceux publiés par Arnaud Leparmentier (Le Monde) et Eric Le Boucher (Slate.fr), l’avènement du gouvernement Valls II coïnciderait avec celui d’une gauche réaliste, débarrassée de ses scories révolutionnaires. Il consacrerait la victoire des tenants d’une gauche responsable, apte à gouverner et à affronter les défis de la globalisation ; et symétriquement la défaite des tenants d’une gauche incantatoire, condamnée à battre les pavés en ressassant son refus de l’inexorable marche du monde. Il consacrerait le triomphe de la « social-démocratie réformiste » et la capitulation tant attendue du « socialisme fin de siècle ». Cette vision binaire, si ce n’est grotesquement caricaturale, n’est pas uniquement l’apanage de celles et ceux qui cherchent à disqualifier définitivement toute parole critique. Elle structure hélas encore trop largement nos représentations de l’histoire de la gauche et réduit en un schéma pourtant obsolète l’incroyable diversité de sa pensée. Pire, elle interdit de penser les convergences qui existent au niveau de sa base et empêche ses militants de se projeter positivement vers un nouvel horizon politique.
    Un recours abusif à l’histoire qui disqualifie toute parole critique
    L’opposition entre les « deux gauches », l’une d’essence révolutionnaire et l’autre d’essence réformiste, s’appuie très largement sur une vision particulièrement stérile de l’histoire de la gauche, dans laquelle l’antagonisme entre Jules Guesde et Jean Jaurès serait la clé de lecture incontournable de toute la riche trajectoire du mouvement socialiste. Plus d’un siècle après la naissance de la SFIO, cette opposition est constamment réactivée lors des grands débats qui secouent le parti socialiste, durant lesquels se faire traiter de guesdiste constitue encore l’insulte suprême. Alors que la gauche révolutionnaire au sens strict, c’est-à-dire celle prête à faire la révolution, n’existe quasiment plus en Europe occidentale, toute posture un peu critique est renvoyée au caractère rétrograde de la référence au marxisme et se voit disqualifiée sur l’autel de l’archaïsme.
    Nous vivons une époque assez particulière dans laquelle toute analyse mesurée des excès du libéralisme, range ceux qui la tiennent du côté de l’extrême-gauche rouge-sang. C’était vrai pour les partisans du « non de gauche » au Traité constitutionnel européen (j’ai voté oui), puis des quelques militants du PS qui sont partis fonder avec d’autres le Parti de gauche, et c’est toujours vrai pour les malheureux députés socialistes « frondeurs », dont la majorité reste quand même des partisans assumés de l’économie de marché. La vision binaire des « deux gauches » ne peut pas résumer les tensions qui traversent la majorité et ne doit pas servir à enfermer le débat dans des termes aussi obsolètes. Il faut au contraire se saisir de ce moment politique pour s’affranchir de ces catégories moribondes et réconcilier la gauche parlementaire avec une radicalité nécessaire.
    La gauche parlementaire ne peut pas se passer du mouvement social
    L’opposition obsolète entre réformisme et révolution recouvre une mise en antagonisme stérile et périlleuse entre la gauche parlementaire et le mouvement social. Stérile, parce qu’il est illusoire de penser – à l’instar d’un Jean-Vincent Placé notamment – que les forces « à vocation gouvernementale » peuvent se passer de la force d’entraînement de la gauche militante. Même si elle est numériquement faible, c’est elle qui fait campagne, qui convainc sur les marchés, et qui au-delà de ça constitue tout simplement ce qu’on appelle un ancrage local. Périlleuse, parce que la rupture théorique entre les élites politiques et la base sociale des partis, associations et syndicats, alimente le discours ambiant contre les corps intermédiaires. Dans une démocratie accomplie, ce sont les corps intermédiaires qui permettent de structurer politiquement la société et d’offrir aux citoyens une capacité de contrôle accrue sur leurs représentants.
    De ce point de vue, ce qu’on appelle encore de façon unificatrice « la gauche », est effectivement à la croisée des chemins. Soit elle se pense de façon symétrique à la droite, en lui empruntant le présidentialisme, une certaine pratique caporaliste du pouvoir et une vision élitiste du parti politique, soit elle prend à bras le corps la crise des corps intermédiaires, en acceptant de redonner du pouvoir aux militants et d’accepter de se soumettre aux nécessaires aléas d’une démocratie revitalisée. Ce débat était latent lors de la primaire socialiste, mais Martine Aubry, véritable figure de la rénovation du PS, n’a pas réussi à l’imposer ou en tout cas à le rendre intelligible. La crise ouverte entre les « frondeurs » et l’exécutif tient en partie de ces conceptions opposées de la pratique du pouvoir. Il appartient aux députés concernés de prendre conscience de la portée de cette dérive institutionnelle, et de rejoindre au-delà des opposants à la ligne économique du gouvernement, les rangs de ceux qui – chez EELV, le PG et Nouvelle donne notamment – réclament à corps et à cri une remise en cause plus profonde du fonctionnement mortifère de la Ve République.
    Ce qui rassemble la gauche est plus fort que ce qui la divise
    Bien qu’ultra-minoritaires idéologiquement à gauche, Manuel Valls et François Hollande règnent d’autant plus facilement que celle-ci est divisée. Si les divisions trouvent toujours leur justification dans une lecture instrumentalisée de l’Histoire, cette dernière devrait plutôt nous rappeler qu’aucune victoire du camp du progrès n’a été possible sans le rassemblement de toute la gauche. Cet appel ne concerne pas uniquement les partis politiques dans leur configuration actuelle. Il s’adresse à la gauche militante, prise dans ces schémas mentaux qui interdisent de se projeter dans une perspective convergente. Ces schémas sont liés au poids des trajectoires des organisations comme des hommes, comme l’illustre la crise ouverte entre le parti de gauche et le parti communiste, alors que leur proximité idéologique est réelle, ou encore entre de nombreux militants socialistes et écologistes, qui feignent d’ignorer l’évolution des premiers sur la question environnementale et la prise de conscience des seconds sur les impératifs de justice sociale.
    Pourtant, lorsque l’on discute avec les militants pris séparément, les convergences sont mûres sur des sujets aussi différents que la critique des institutions, la nécessité d’un nouveau modèle de développement, la réactivation de la question sociale ou encore la progression des droits individuels et collectifs. Au-delà de la base, des convergences de vue apparaissent de plus en plus nettement entre des personnalités de premier plan, qui discutent et se respectent. Ainsi, qu’attendent des Cécile Duflot, Martine Aubry, Eva Joly, Christiane Taubira, Gérard Filoche et Jean-Luc Mélenchon pour se réapproprier le débat et marquer la reconquête des esprits ?
    Les gens de gauche doivent se réveiller et prendre conscience que collectivement, ils constituent encore une force puissante. Nous ne devons pas nous laisser enfermer dans la matrice dépolitisante du hollandisme au pouvoir. Nous ne devons pas nous laisser embarquer dans une galère qui prend l’eau. C’est maintenant que ceux qui veulent et peuvent faire de belles choses ensemble doivent se réveiller et préparer l’avenir sans attendre.

    Ludovic Lepeltier-Kutasi

  14. Lionel mutzenberg
    Posted 2 octobre 2014 at 9:00 | Permalien

    Il est là ton problème Gérard; de grands discours, de grandes démonstrations, et puis, au pied du mur, plus personne !
    Tu n’as même plus conscience des réalités; écoute les propositions de l’UMP, de Sarkozy, de Fillon ; a ton avis, comment peuvent ils proposer de telles politiques, après le bilan qui est le leur ?
    Grâce à tes camarades, à ton Président, qui est d’ailleurs prêt à dissoudre l’assemblée nationale, si cela devient son intérêt pour 2017.
    La gauche, toute la gauche, malheureusement, et toi avec, a été entrainé vers le discrédit politique pour des années.
    Tiens, tu devrais écouter, sur France Inter ce matin, ce que dit François Fillon, notre ancien, et brillant, premier ministre sous le quinquennat de la dette et des déficits, au sujet de la pénibilité au travail, entre autres.
    Ce discours, c’est le produit de votre travail ! Merci pour nos travailleurs.
    Mais je te remercie, tu viens d’avouer, enfin, que tu veux bien changer, mais sans… rien changer !
    Ce qui ressemble étrangement à ce que vous avez fait, depuis plus de trente ans.
    Mais bon, allez, quand vous retournerez dans l’opposition, vous critiquerez ce qui a été fait hier, manifestants à nos côtés jusqu’à la prochaine alternance.
    Sauf, bien évidemment, si vous réussissez à faire élire Marine Le Pen au détriment de la droite extrême.

  15. Posted 2 octobre 2014 at 9:05 | Permalien

    regardes toi le nombril plutôt que de passer ton temps a accuser les autres, nul n’a fait mieux que la gauche socialiste depuis trente ans, et la gauche socialiste n’a pas fait mieux, nul n’est en mesure ni en autorité pour donner des leçons

    oui il faut en finir avec la réthorique des deux gauches, il n’y en a qu’une seule comme il n’y a qu’un salariat malgré toutes ses diversités

    nous existons et nous luttons cf D&S 217

  16. Lionel mutzenberg
    Posted 2 octobre 2014 at 15:00 | Permalien

    Et bien, si tu es content de toi et de tes petits camarades, nous n’avons plus rien à nous dire.
    Salut.

  17. Posted 2 octobre 2014 at 15:07 | Permalien

    la réponse typique du sectaire, il ne parle que pour polémiquer et faire valoir sa boutique, sa chapelle, donner des leçons, sinon, en dehors de ça, sur le fond, le débat d’idées ne l’intéresse pas…

  18. Moh
    Posted 2 octobre 2014 at 22:08 | Permalien

    Autant l’on peut être d’accord sur tes articles, autant tes réponses aux messages des lecteurs laissent pantois.

    Depuis 2012, le PS est au pouvoir. Dès les premiers jours, Hollande est allé capituler au pied de Merkel en acceptant les directives Two-Pack et Six-Pack comme Jospin avant lui avait capitulé avec le sinistre traité de Lisbonne. Ensuite, il a satisfait les banques systémiques françaises en refusant de les scinder comme il l’avait promis dans son programme.

    Ces deux trahisons, les députés PS les ont acceptées. Même les prétendus Frondeurs. Ces trahisons n’ont pas faire réagir le PS en tant que parti. Le PS a choisi son camp.

    Tout le reste n’est que comédie ( tragique ).

  19. Anonyme
    Posted 3 octobre 2014 at 12:31 | Permalien

    le mot du jour :
    bon courage aux étudiants qui passent le concours d’inspecteur du travail.

  20. Anonyme
    Posted 21 octobre 2014 at 18:00 | Permalien

    Monsieur,
    vos interventions sont déplacées par respect pour les enfants et la famille de C. de Margerie, qui doivent ressentir en plus de la douleur et de la grande tristesse, une stupeur blessée par vos propos publics. Sans doute, vous êtes vous laissé emporter par une fougue militante, qui est, en ce jour de deuil, de mauvais goût, il serait juste alors de présenter vos condoléances avec vos excuses. Souhaitant qu’au moment de votre mort personne ne soit aussi indécent pour vous qualifier ainsi que vous venez de le faire,

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