Les banquiers n’aiment pas les bébés, le gouvernement non plus.

Veulent-ils casser le boom démographique ?  (une part de ce texte a été publiée dans Marianne)

Derrière l’odieuse proposition de division par trois de la prime de naissance pour le deuxième enfant que se cachait il ? Elle a été retirée mais remplacée par une  « conditionnalité » ( que le couple gagne moins de 6000 euros… ça baissera ensuite) pour les allocations… qui  cessent d’être « universelles », et basées sur l’enfant. Un symbole de 1945 tombe.

En France, toute famille avec enfants touchait une somme mensuelle, quel que soit son revenu : 129 euros pour deux enfants ; 295 pour trois ; 460 pour quatre ; et 165 euros par enfant supplémentaire, le tout majoré à 14 ans. Désormais, un couple avec deux enfants, dont les parents gagnent plus de 6 000 euros net par mois, ne touchera plus que 65 euros,  50 % de la somme actuelle. Au-delà de 8 000 euros net, ce ne seront plus que 32,5 euros mensuels, soit 1/4. Ces seuils sont majorés de 500 euros par enfant supplémentaire. 13 % des familles seront touchées. Un couple avec deux enfants touchait jusqu’ici 1 548 euros par an d’allocations, il n’aura plus que 780 euros, soit une perte de 768 euros. Effet de seuil, sans réelle progressivité, (en ces moments ou le même gouvernement veut hausser les seuils sociaux des entreprises), il suffira d’ 1 euro de trop pour une division par deux des allocations

Qui va croire les grandes déclarations de Marisol Touraine sur le fait qu’elle « aime la famille » ? Quant elle proposait de faire fondre la prime de naissance de 930 à 310 euros, que faisait-elle ? Et quand elle s’interrogeait sur la diminution des allocations à 14 ans – même si c’est reporté.

Et les députés qui s’y sont justement opposés sont tombés dans un autre travers.

Car c’est la remise en cause d’un principe fondamental, prélèvements progressifs, et redistribution égalitaire.

Quand le congé parental des femmes est diminué de 30 à 24 mois sous le prétexte que les hommes puissent en prendre la moitié, de quoi s’agit il ?  Quand le gouvernement a fait « cadeau » aux patrons de 35 milliards d’allocations familiales, quelle était déjà le sens à peine caché de cette mise à mal de notre politique familiale depuis 1945  ?

« Les allocations familiales sont un des derniers piliers de la solidarité. Si on commence à introduire des conditions de ressources, alors on n’y échappera pas non plus pour les soins et la retraite par répartition pourrait aussi être remise en cause », prévient l’UMP Christian Jacob.

D’abord cela retire encore des liquidités qui iraient à coup sur dans la consommation immédiate, ce qui est plus que souhaitable en période de récession et de quasi déflation. La mesure, effective à compter du 1er juillet 2015, retire 400 millions d’euros aux couples en 2015, puis 800 millions par an, de quoi compenser le maintien de la prime de naissance,

Mais pas seulement, car il y a un sens caché profond derrière la recherche de toutes ces mesures et leur adoption progressive en “crabe”.

Car la France, notre pays est en plein « boom démographique » depuis l’an 2000 ! Les rapports de type « Charpin » qui, à la fin des années 90, prévoyaient « qu’il n’y aurait plus assez de jeunes pour payer nos retraites », ont été totalement démentis. Alors qu’ils prévoyaient de 250 à 350 000 naissances par an, il y en a 850 000 par an depuis 14 ans

Alors que l’Allemagne connaît à peu prés 1,4 naissance par femme, nous en avons 2,01 par femme. Dans les décennies qui viennent, nous allions connaitre plus de Français que d’Allemands. Ce boom démographique était largement du à la politique familiale, or c’est ce que les mesures du gouvernement Hollande, Valls, Touraine sont en train de remettre en cause. On aurait pu croire que l’échec du « modèle » allemand sur cette question de la politique familiale conforte l’exécutif français actuel, dans la protection et la confirmation de ce qui réussissait chez nous : mais pas du tout, les financiers ne sont pas patriotes, leurs subordonnés français sont donc prêts à casser ce qui réussit, si cela devient un danger pour leurs profits et dividendes à l’avenir. Mme Merkel emporte encore une victoire.

Car chacun sait l’importance pour un jeune couple qui souhaite un deuxième enfant, des aides qui lui sont apportées. Il faut se réinstaller, et les presque mille euros versés ne sont pas de trop. Envisager le signal que la prime de naissance était abattue d’un tiers, était lourd de conséquences pratiques. Quand au congé parental, sachant que les femmes gagnent en moyenne 27 % de moins que les hommes, croit on qu’on va facilement remplacer le congé de la femme par celui de l’homme (qui passe de 6 à 12 mois) ? Quant aux 35 milliards de cotisations allocations familiales patronales supprimées, qui va les payer ?

On devine d’avance le début de la mort programmée de la politique qui a permis le boom démographique

Evidemment, 850 000 bébés par an, c’est énorme de conséquences prévisibles : dés 2018, les premiers d’entre eux arriveront sur « le marché du travail ». A raison de 350 000 nouveaux jeunes demandeurs d’emplois supplémentaires par an, il sera totalement impossible de ne pas baisser massivement la durée du travail afin de le partager vers les 32 h et les 30 h par semaine. Il sera encore plus absurde qu’aujourd’hui de reculer l’âge de départ en retraite. Voila pourquoi les banquiers auxquels se soumet ce gouvernement n’aiment pas les bébés.  Il faudra partager le travail sur la semaine, l’année, la vie.. et forcément partager en même temps les richesses produites ! Il sera impossible, explosif, de maintenir le taux de pillage du travail réalisé par les dividendes

Alors ces gens-là, les Medef, les Macron, les Jouyet, et autres Boone, quand il s’agit de leurs taux de marges, ont le sens de la planification et calculent : ne vaut il pas mieux des maintenant freiner cette expansion démographique impétueuse ?

3 Commentaires

  1. luc
    Posted 15 octobre 2014 at 23:53 | Permalien

    Où Gérard Filoche a-t-il lu qu’il y a 850 000 naissances par an depuis 14 ans?

    Selon l’INSEE, durant les 14 dernières années, il a eu exactement 11,4 millions de naissances en France.

    Soit une moyenne de 814 000 naissances par an.

    En 2013, il y a eu 811 510 naissances.

    INSEE
    Nés vivants selon le lieu de naissance des parents
    http://www.insee.fr/fr/ppp/bases-de-donnees/irweb/irsocsd20131/dd/excel/irsocsd20131_t37ter.xls

  2. Bertie
    Posted 17 octobre 2014 at 17:40 | Permalien

    Aujourd’hui le seuil est de 6000€, demain ce sera 4000€ et après-demain, qui peut le dire? D’autant que la prochaine fois, à tous ceux qui étaient déjà pour la suppression des allocs aujourd’hui pour les « plus riches » (soit ceux qui ont de faibles revenus + ceux qui n’ont pas d’enfants) va s’ajouter les plus riches eux-mêmes qui, n’ayant plus d’allocations pour eux, seront favorables à leur suppression pure et simple!!
    Question : François Hollande a-t-il prévu de rembourser les allocations qu’il a touché lorsqu’il avait 4 enfants?

  3. Timiota
    Posted 21 octobre 2014 at 15:02 | Permalien

    On vous aime bien, mais évitez les grosses âneries comme  » Alors qu’ils prévoyaient de 250 à 350 000 naissances par an, il y en a 850 000 par an depuis 14 ans ». Les taux de fécondités ont peut être été mis dans une fourchette entre 1,7 et 2,1, soit +/-20% autour de 1,9, la population n’ayant pas le temps de changer tant que ça dans l’intervalle de 14 ans, seule Mme Irma peut faire des prévisions fluctuants d’un gros facteur 3. Désolé, ça vous décrédibilise, vous êtes bon sur le registre émotifs, faites vous mieux seconder sur le registre quantitatif.

Déposer un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera jamais transmise.

*