Intervention sur le projet d’ordonnance Macron au BN du PS mardi 2 déc. 2014

Bureau national du PS mardi 2 déc. 2014

Intervention de Gérard Filoche sur le projet d’ordonnance Macron

Comment tout dire sur l’ordonnance Macron ?  Moi, je suis comme tout le monde, je n’ai qu’un brouillon du projet, aussi je parle au conditionnel avec point d’interrogation. Mais cela annonce 107 articles dont il faut bien dire que tous sont d’inspiration libérale et pas sociale. Notons la curiosité, que ce soit le ministre de l’Economie qui décide du droit du travail, comme avant 1906. Et pas seulement, il y a dans l’ordonnance, la casse de l’inspection du travail, celle de la médecine du travail, celle des prud’hommes (qui devrait relever de la justice, non ?)  Où est-ce qu’on va avec ce texte ? que vise-t-il ? A nous mettre des dizaines de professions dans la rue, contre le gouvernement, à deux mois des cantonales ? Tout cela en bloquant le Smic ? Mais qui veut cette politique suicidaire ? Quel est le but économique ? Ça ne fera nulle part aucun emploi, ni aucun gain de relance. Tout ce qu’il y a dans l’ordonnance est vieux, vieux, vieux comme les revendications du Medef depuis trente ans ! Quel est le but politique alors ? Signifier au Medef qu’on lui fait des cadeaux sur tout ce qu’il réclame ? Est-ce bien cohérent au moment où le même ministre constate que le « pacte de responsabilité » est un échec de la faute, justement, du Medef  ? Non seulement on leur donne 41 milliards pour rien, mais on casse le code du travail aussi pour rien, puisqu’ils manifestent contre nous quand même ?

Tout cela n’a rien à voir avec la crise … c’est atemporel, mais cela correspond-il aux exigences de « réformes structurelles » (casse des droits, dérégulation) exigées par l’UE et la Commission de l’UE et son chef Juncker ? (celui la même qui a « blanchi » chaque année avec la complicité de 58 grandes entreprises françaises, 100 milliards d’impayés dans nos caisses d’impôts ! Sont-ce ces mêmes entreprises qui manifestent aujourd’hui pour « décadenasser » leurs impôts ? )

 

Sur les 107 articles de l’ordonnance Macron, j’ai pu en étudier avec mes amis, 72, il y a encore des surprises hélas à découvrir avant le dépôt de l’ordonnance au conseil des ministres le 10 décembre. C’est un patchwork avec la « simplification des bulletins de paie » ( pour masquer le salaire brut ?), l’encouragement à la retraite par capitalisation (en renonçant à dix jours de congés payés !), l’autorisation d’hôpitaux à gérer des filiales privées, la distribution d’actions gratuites ou à la vente d’aéroports comme à Blagnac..

Mais je commence ici, au BN, par celle-là qui est immense si elle est confirmée : il s’agit de la MODIFICATION de l’article 2064 du CODE CIVIL et l’ABROGATION de l’article 24 de la loi n° 95-125 du 8 février 1995 relative à l’organisation des juridictions et à la procédure civile, pénale et administrative. Où ça nous mène ? Est-ce la fin du code du travail, et le remplacement du contrat de travail spécifique par un contrat civil ordinaire ? En effet, l’article 1529 du code de procédure civile explique que, pour la résolution amiable des différends, les dispositions du code de procédure civile s’appliquent « sous les réserves prévues par les articles 2064 du code civil (qui exclut jusqu’ici le doit du travail des conventions amiables) et de l’article 24 de la loi du 8 février 1995 ». Or, l’ordonnance MACRON supprime le deuxième alinéa de l’article 2064 du code civil (« Toutefois, aucune convention ne peut être conclue à l’effet de résoudre les différends qui s’élèvent à l’occasion de tout contrat de travail soumis aux dispositions du code du travail entre les employeurs, ou leurs représentants, et les salariés qu’ils emploient. ») qui exclut la convention entre les parties pour le règlement des litiges en droit du travail qui depuis qu’il existe un droit du travail reconnaissant l’inégalité entre le patron et son subordonné, le salarié, a confié à la juridiction prud’homale le soin de limiter cette inégalité… Qui tranchera en dernier ressort dans ce nouveau cas les conflits du travail ? Ce ne sera plus les prud’hommes ? Il s‘agit bien de faire sauter tout le droit du travail comme le souhaite le Medef depuis que Laurence Parisot a organisé dans les locaux de Wagram pendant trois jours un colloque sur « la soumission librement consentie » pour remplacer la « subordination ». De même lorsqu’elle disait « la liberté de penser s’arrête là ou commence le code du travail ». S’agit il de tout envoyer au civil, comme aux USA oùu le code fait 36 000 pages de ce fait. Où il n’y a donc pas de protection particulière au contrat de travail. Le contrat sera comme entre bailleur et locataire, ou entre voisins égaux, pas entre un employeur et un subordonné, et les droits que donne le code du travail en contrepartie de la subordination seront non invocables. Est-ce cela qu’il faut débusquer en douce dans l’ordonnance ?

Karine parlait à l’instant, des PME, PMI, ETI. Certes, il faut leur donner des droits et des règles, et ne pas se contenter des « conseils de surveillance » façon ANI et loi du 14 juin 2013, ou « code autorégulateur du Medef »… mais il faut savoir que seulement 12,5 % des salariés des PME, PMI, ETI sont dans des entreprises qu’on peut considérer comme indépendantes, 87,5 % sont dans des groupes. Et dans ces groupes ce sont les donneurs d’ordre, les 1000 entreprises qui font 50 % du PIB qui décident et qui siphonnent, par exemple, les aides que l’Etat leur accorde : le CICE, les exonérations, etc… Ce qui rend largement vain le fait de vouloir les « aider »… davantage que le CAC 40, car c’est un système où le CAC 40 et les holdings ramassent tout in fine. Je défends toujours dans notre parti trois lois : 1°) rendre responsables pénalement, financièrement, économiquement, les donneurs d’ordre pour tout ce qui survient dans les marchés qu’ils ont passé avec leurs sous-traitants… 2°) aligner les sous-traitants sur la convention collective du donneur d’ordre le temps de la mission 3°) faciliter la reconnaissance des UES et des groupes, par delà les franchises et autres procédures qui permettent de contourner les seuils sociaux.

En effet on n’a toujours pas de comité central d’entreprise chez Mac Donald. Le contournement des seuils doit être combattu, pas facilité : la Constitution explique que « les salariés s’expriment par l’intermédiaire de leurs délégués ». or 80 % des entreprises qui doivent avoir des délégués du personnel n’en ont pas, seulement 3 % des entreprises doivent avoir des comités d’entreprises (CE) ainsi que des comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), et des délégués syndicaux, mais la moitié n’en a pas, vraiment. Sur 1,2 million d’entreprises, il n’existe que 22 000 CHSCT c’est dire si la santé, l’hygiène, la sécurité des salariés sont mal assurées… Vous savez en Allemagne les DP c’est à partir de 5 salariés. De 5… et la moitié d’un conseil d’administration est constituée de salariés… mais le patronat français est tellement rétrograde à côté de ça…

Si on régule la sous-traitance comme je le propose depuis 20 ans dans notre parti, ce qui a parfois été repris mais pas mis en application, on aura de notre côté les petits et moyens patrons contre les gros…Le Medef ne pourra plus manipuler la CGPME, et ceux ci ne manifesteront plus contre notre gouvernement mais contre le CAC 40 qui les pillent.

L’ANI du 11 janvier 2013, devenu loi du 14 juin (mais presque sur tous les points de l’ANI, le contrat et la loi, les deux ! ont été floués, contournés, reniés depuis 23 mois…), prévoyait deux salariés dans les conseils d’administration. Deux, seulement deux… Mais, en ce qui concerne les entreprises de plus de 10 000 salariés dont au moins 5000 salariés en France, soit moins de 250 entreprises… les patrons font tout pour que dans le CAC 40 soient mises en place des « holdings » de moins de 50 salariés pour contourner ce qu’ils ont signé et que cela ne se mette pas en place… Ne parlons pas du fameux plancher de 24 heures pour les temps partiels, je suis intervenu là-dessus, ici depuis la saisine rectificative du gouvernement Ayrault le 22 janvier… Et malgré le report de la date de mise en œuvre, rien n’a été fait dans aucun secteur ou branche concerné, et maintenant le patronat rejette sa propre signature et la loi fidèle qui en a été tirée, ils ne veulent plus de plancher de 24h, il paraît que ca cadenasse les entreprises…

Alors pourquoi leur concéder 12 dimanches ? Pourquoi ? Ce qui sera vendu le dimanche ne le sera pas le lundi, les porte-monnaie ne sont pas extensibles. L’emploi précaire qui sera créé le dimanche sera supprimé le lundi. Le volontariat n’existe pas en droit du travail, c’est le patron qui décide du travail du dimanche, pas le salarié. Ce seront des femmes pauvres et précaires et des étudiants désargentés qui viendront tenir boutique le dimanche. Et tout ca sans augmentation de salaire puisque l’ordonnance Macron ne propose pas de majoration en dessous de 20 salariés, c’est-à-dire dans la majorité des cas !! Et au dessus de 20 ce serait des augmentations par la négociation pas par la loi, résultat quand le travail sera généralisé le dimanche ce sera la fin des « primes exceptionnelles », et quand les magasins seront vides le dimanche, les salariés auront perdu les majorations qui les alléchaient vu leurs trop bas salaires…

Et les enfants que feront-ils le dimanche ? Quelles conséquences dans les quartiers, pour l’éducation, en famille ? Remplacer le loisir par le caddy ? Supprimer le seul rendez-vous de repos commun à toute la société ? Vous savez la Révolution française a perdu le calendrier républicain quand elle a fait des décades, les citoyens préféraient un repos tous les 7 jours plutôt que tous les 10 jours ! Ce n’était pas seulement religieux. Seules les grandes chaînes commerciales en profiteront au détriment des petits commerces qui perdront 30 000 emplois. Ne parlez pas des touristes chinois qui restent 6 jours ½ en moyenne à Paris, leurs tours-operators prévoient les achats à Hausmann, dans le programme en une demi journée, sinon ils achètent en duty free à l’aéroport ! J’ai assisté à la mise en place de la loi Giraud en janvier 1994 (dite quinquennale) où était proposé au Sénat 12 dimanches au lieu de 3… et cela s’est joué à la loterie, 12 ou 7 ou 5, ils se sont arrêtés à 5. Va-t-on faire pareil à 7 ? Le but pour le Medef est idéologique, pas économique, il s’agit surtout de déréguler la semaine et le temps de travail.

Au lieu de généraliser le travail du dimanche et revenir sur les 35 heures, le gouvernement serait bien inspiré de s’intéresser au temps de travail qui ne cesse d’augmenter. Le temps de travail moyen des personnels d’encadrement est de 44,1 heures. Réduire effectivement le temps de travail est le meilleur moyen de lutter contre le chômage : ramener le temps de travail réel à 35 heures, sssssvers les 30 heures réelles est la seule solution lorsqu’il y a 6 millions de chômeurs.

Pareil pour le travail de nuit ! qui débute à 20h, à 21h ou à 22 h ou 24h ? A quoi ca rime ? Sinon à faire mal aux salariés, à leur repos, à leur famille ? A déréguler la journée de travail en plus de la semaine ? A nous éloigner des « trois huit » (8 h de travail, 8 h de loisir, 8 h de repos) ? A nous éloigner des 35 h et des 30 h ? Qui achètera du parfum… à minuit ? Et qui rentrera chez soi en banlieue après ? Pas le patron qui sera sorti au théâtre le soir et le dimanche jouera au golf !

Le travail de nuit, ça nuit. Depuis 1992, et en dépit de l’OIT, il y a en plus 1 million de femmes qui travaillent de nuit en plus. Est-ce dans ce sens qu’il faut aller ?

Rajoutons que la loi va réorganiser l’inspection du travail par ordonnance, renforçant la hiérarchie du ministère au détriment des inspecteurs (disséminés en « unités de contrôle » de 8 à 12 agents, spécialisées et chapotées, avec perte d’indépendance), diminuant le droit pénal du travail, (le remplaçant par des « sanctions administratives » facultatives, avec du « plaider coupable » à la tête du client, sans juges).

Ce recul s’ajoute au fait que les visites médicales seront espacées tous les quatre ans au lieu de tous les deux ans qui succédaient à tous les ans). Elles pourront être faites par des médecins généralistes à la place des médecins spécialisés du travail, ce qui est la mort de la médecine du travail.

Ajoutons la suppression des élections prud’hommes, l’échevinage de facto, la diminution des  conseillers, et on a là une des lois les plus réactionnaires de l’après-guerre, c’est vrai la droite avait initié cela, voulait faire cela, mais l’ordonnance Macron va l’imposer si on n‘y fait pas barrage, nous socialistes. Mais alors qu’on parle du vote des étrangers aux élections locales, voilà qu’on supprime le seul scrutin ou ils pouvait voter nationalement pour les juges de la république, les prud’hommes… On attendra sans doute pour ce qui concerne les tribunaux de commerce opaques, secrets et anti démocratiques, qu’ils soient réformés au XXII° siècle, quant aux chambres de métiers, de commerce, d’agriculture, les élections continueront.

Les licenciements ? Alors qu’il y avait quatre critères pour les licenciements individuels dont des critères sociaux, d’ancienneté, de compétence, de postes… pour hiérarchiser le choix des licenciés, et ce depuis 1945. On en avait discuté avec Jean-Marc Germain lors de l’ANI et de la loi du 14 juin 2013… finalement les critères n’avaient pas été supprimés mais leur ordre modifié (entre ANI, conseil des ministres du 6 mars, loi à l’Assemblée et au Sénat en avril 2013…) puis il avait été donné aux patrons le choix de l’ordre sans hiérarchie juridique entre les critères, maintenant l’ordonnance Macron supprime les critères, carrément ! Ce seront donc dorénavant les plus faibles qui seront licencies les premiers ! On se demande ce qu’on cherche là ? Comme socialistes ? Comme gouvernants ? Comme humains ?

Licenciements encore : l’ordonnance Macron énonce que les plans sociaux seront jugés au niveau des établissements et non plus au niveau des groupes, c’est un renversement du sens de la loi et des jurisprudences depuis 25 ans… Renversement absurde, parce qu’il permet tous les trafics et arnaques par les groupes, lors de la présentation des dits plans sociaux et des licenciements.

Licenciements encore : les salariés qui se verront donner raison par un juge sur leur licenciement sans cause réelle et sérieuse, ou abusif, ne pourront désormais plus être réintégrés, c’est fini. Déjà ils ne l’étaient pas, ou rarement mais, au moins, les patrons condamnés payaient-ils cher le droit de ne pas les reprendre, ça c’est fini aussi.

Faut-il parler du sponsoring d’autocars ? De la pollution ? De la régression ? Cette forme de « troisième classe » pour les jeunes qui ne peuvent payer le train et qui encourront donc davantage les accidents de la route.

Faut-il parler des taxis ? Le groupe multinational Uber low cost, sabote en ce moment les taxis parisiens, pour y mettre la main. Ils rachètent tous les départs dans les hôtels. Ils sabotent les bornes qui marchent et laissent celles qui ne marchent pas. La centralisation des appels recule, il y a 50 taxis dans certains endroits et zéro ailleurs, c’est fait exprès, pour qu’on ait des chauffeurs philippins sur commande, à toute heure, à bas prix au début puis à prix négocié et de plus en plus cher ensuite, sans compteurs. Uber n’a pas réussi à New York, mais l’ordonnance Macron va-t-elle le leur permettre à Paris ?

Faut-il parler des notaires, huissiers, avoués, anomalies remontant à la Révolution française inachevée, et qu’il faudrait transformer en service public enfin ! Faut-il pronostiquer que la réforme en cours va les livrer aux grandes multinationales et ce seront celles-ci, américaines, qui s’occuperont bientôt, « librement » de nos successions ? Doit-on parler de l’ouverture et du partage gratuit des données du registre national du commerce et des sociétés et de ce que ça va donner et à qui ça profitera ?

Bon, je n’ai plus le temps, j’ai été long, mais n’ai pas pu tout énumérer, il nous reste à nous opposer à cette ordonnance et au 49-3 qui nous menace. Ce serait un recul pour le pays, pour les salariés, pour la gauche, pour les socialistes que pareille loi passe.

 

12 Commentaires

  1. Flourens
    Posted 3 décembre 2014 at 13:16 | Permalien

    Cher GF, tout ce que tu dis va être fait, je te fiche mon billet, tu nous préviens, c’est bien et c’est fait mais sans mobilisation cela ne sert à rien
    Il faut comme on dit faire le Buzz, le 20h de TF1´ comme on ne peut compter sur les fraudeurs et que tu vas peiner à faire descendre dans la rue, je te propose l’occupation du siège du PS jusqu’au retrait du texte
    La je te suivrai et ça aurait de la gueule

  2. Jean Jolly
    Posted 3 décembre 2014 at 18:12 | Permalien

    Macron et la clique de libéraux du « PS » défrichent avant l’arrivée de leurs modèles que sont Sarkozy et Le Pen pour 2017… ils auront sans doute une bonne place au sein des gouvernements fachos.

    Tout ça va très mal finir… mais les frondeurs veillent au grain… c’est réconfortant… ;-).

  3. luc
    Posted 3 décembre 2014 at 21:13 | Permalien

    En 2017, le bureau national du PS risque de devenir un vaisseau fantôme.

    Si des élections législatives avaient lieu aujourd’hui, l’opposition UMP-UDI obtiendrait entre 485 et 505 sièges à l’Assemblée, un record jamais atteint, et la gauche serait laminée, selon un sondage CSA.

    Selon cette enquête, le Parti socialiste, les Verts, les Radicaux de gauche et le Front de gauche ne sauveraient que de 56 à 66 sièges, contre 338 au total aujourd’hui.

    Voilà le résultat de la politique d’Hollande.

  4. Fredeick
    Posted 3 décembre 2014 at 22:24 | Permalien

    A propos de l’aéroport de Blagnac :

    Les internautes promettent 18 M€ pour sauver l’aéroport Toulouse-Blagnac
    En 12 jours, l’opération « Sauvons l’aéroport de Toulouse » lancée par Wiseed a récolté plus de 18 millions d’euros. Le site, qui se propose de racheter 10.01% des parts détenues par l’État, remettra son offre demain à François Hollande.

    http://www.01net.com/editorial/634674/les-internautes-promettent-18-ma-pour-sauver-laeroport-toulouse-blagnac/

  5. Posted 4 décembre 2014 at 0:32 | Permalien

    j’aime la CFDT !

    La CFDT en appelle à François Hollande sur le travail dominical
    lundi 1 décembre 2014 16h25

    La CFDT demande à François Hollande de reprendre en main le dossier du travail dominical, dont le ministre de l’Economie, Emmanuel Macron, veut assouplir les modalités dans le cadre de son projet de loi sur la croissance et l’activité. /Photo d’archives/REUTERS/Lucas Jackson
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    PARIS (Reuters) – La CFDT a demandé lundi à François Hollande de reprendre en main le dossier du travail dominical, dont le ministre de l’Economie, Emmanuel Macron, veut assouplir les modalités dans le cadre de son projet de loi sur la croissance et l’activité.

    Dans une lettre ouverte au chef de l’Etat, la fédération services de la CFDT déplore une « dérégulation accrue » du travail du dimanche et un « recul des droits des salariés ».

    Elle rappelle à François Hollande qu’il estimait en décembre 2008, quand il était député socialiste, que l’ouverture accrue des magasins le dimanche irait à l’encontre du progrès humain et n’aurait pas d’effet sur le pouvoir d’achat et la consommation.

    « Qui pourrait être en désaccord avec vous, quand vous écrivez que ‘mettre en avant le volontariat du personnel méconnaît l’inégalité de la relation employeur-salarié, accrue en période de hausse du chômage’? », poursuit-elle.

    « Qui ne signerait pas aujourd’hui vos propos d’alors, selon lesquels (…) ‘on ne peut croire à un effet positif d’une nouvelle déréglementation ? »

    Le projet de loi Macron donne aux maires le pouvoir d’autoriser le travail 12 dimanches par an au lieu de cinq.

    Cette dérogation pourra être permanente dans les zones dites touristiques, touristiques internationales et commerciales à fort potentiel, comme certaines gares très fréquentées, où les commerces seront autorisés à ouvrir le dimanche et en soirée, « dans des conditions protectrices des salariés ».

    Le texte confirme que « seuls les salariés volontaires » pourront, dans ces différents cas, travailler le dimanche, contre repos compensateur et rémunération majorée.

    Dans les établissements de moins de 20 salariés situés dans ces zones, une « décision unilatérale de l’employeur » pourra cependant fixer « des contreparties différentes », précise un des articles du projet de loi.

    C’est précisément un des points que dénonce la CFDT, de même qu’une « multiplication des situations dérogatoires » et le pouvoir de décision, selon elle « unilatérale », donné aux maires.

    « La CFDT vous appelle, M. Le Président, à reprendre la main sur ce dossier du travail dominical qui, d’évidence, ne s’inscrit pas dans une logique (…) de progrès social qui était la vôtre comme député », conclut le syndicat.

    (Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse)

  6. Posted 4 décembre 2014 at 0:40 | Permalien

    meme michel rocard rattrapé l’histoire

    Changer le nom du PS, c’est le couper de son histoire et le fragiliser, par Michel Rocard

    LE MONDE | 03.12.2014 – Idées

    Le Parti socialiste (PS) vit l’une des crises les plus profondes de sa longue histoire. Pourtant, quel paradoxe. Né du refus de la cruauté inhérente au capitalisme, ce parti s’est formé autour de la certitude longtemps affirmée, puis oubliée sans être pour autant démentie, que le capitalisme était caractérisé par une instabilité structurelle qui finirait par l’emporter. Or le capitalisme est toujours là.

    Il a survécu à deux guerres mondiales et aux deux crises les plus gigantesques de son histoire (1929, 2006). Le capitalisme semble maintenant entré dans une période de convulsions, de drames, et de contradictions dont on ne voit guère comment il pourrait sortir.

    C’est dans cette situation, que certains, y compris dans nos rangs, et faute d’avoir vu le PS de France porteur de solutions, veulent déclarer sa désuétude et programmer sa disparition. Ce serait pire qu’une folie, une faute et sans doute un geste suicidaire pour la France.

    Les forces de progrès ont toujours besoin d’un emblème, d’un nom qui soit un signe de rassemblement. Dans cette période inquiétante où s’effondrent nos anciennes convictions et nos savoirs, la seule certitude qui demeure est que la somme des intérêts individuels qui constitue le marché est incapable de définir et de défendre l’intérêt général.

    Certes, la liberté fut si menacée au XXe siècle qu’il ne faut transiger en rien sur sa priorité. Mais l’histoire a fait que le nom de la social-démocratie porte toujours la trace et l’honneur de ces combats. Et ce qui est menacé aujourd’hui est l’intérêt général. Il faut assurer leur compatibilité. Le nom du socialisme, s’il n’a plus guère de contenu concret, dit au moins cela, et ne dit même que cela.

    La France n’est pas seule dans cette affaire, et il ne s’agit pas que de nous. Si le PS français est plus affaibli que d’autres, cela ne nous donne en rien le droit de les y entraîner. La disparition du sens de l’international est une des causes majeures de l’affaissement du PS français. Or à peu près tous les objectifs qu’il faut poursuivre maintenant sont internationaux, sinon mondiaux : réguler la finance, endiguer l’effet de serre, réconcilier chrétiens et musulmans, assurer la transition énergétique, recommencer la construction européenne, établir avec le milliard de Chinois ces rapports d’amitié dans la société civile qui dépassent le commerce comme la diplomatie. Préservons une affiliation qui peut nous y aider, notre nom compris.

    Jaurès n’a pas quitté les mémoires

    C’est le militantisme qu’il faut réinventer, le recréer moins électoral, plus social, territorial, environnemental et international. Nous ne le ferons pas seuls. La terre des ONG est en friche pour nous. Il n’y a aucune raison de les y laisser seules. L’affiliation internationale est ici la clé.

    Dans un monde où tous les repères se diluent, les traditions prennent un poids croissant. En crise intellectuelle, la tradition socialiste au moins ne s’est pas déshonorée. Elle demeure, Jaurès n’a pas quitté les mémoires. Et puis, regardez les conservateurs de France : ils changent de nom tous les cinq ou dix ans, et ne savent même plus raconter leur histoire. Quant à l’espoir de recréer de l’émotion et du rassemblement autour d’une tradition, il est hors de portée pour eux.

    L’un des drames les plus profonds de la période est la disparition du temps long. Depuis que l’écran a remplacé l’écrit, tout ce qui est complexe comme tout ce qui se situe et se comprend dans la longue durée a disparu de nos façons de réfléchir. C’est un suicide de civilisation. Les médias le leur demandant, les politiques d’aujourd’hui jouent à l’instantané (effet d’annonce…), ce qui est stupide et inefficace, et contribue à tuer leur beau métier qui consiste à planter des cèdres – des institutions, des procédures, des règles – en évitant de tirer dessus pour qu’ils poussent plus vite.

    Si le consensus se fait sur la vision, il vaudra aussi pour la méthode : c’est progressivement que se mettront en place les éléments de la nouvelle société, dans l’énergie, le temps, la culture puis l’art de vivre. La machine devra continuer à marcher tout au long, ses cruautés et ses injustices ne s’effaçant que progressivement.

    Cela appelle une dernière réflexion nécessaire, concernant le gauchisme. Qu’est-ce que le gauchisme sinon l’attitude consistant à refuser le discours politiquement correct auquel se sont ralliés les institutions et les chefs en place ? Il est des moments où une cure de gauchisme est nécessaire.

    LA DISPARITION DU PS SERAIT PIRE QU’UNE FOLIE, CE SERAIT UNE FAUTE ET SANS DOUTE UN GESTE SUICIDAIRE POUR LA FRANCE
    Le gauchisme, je connais, j’en sors, j’en suis, c’est ma famille. J’avais 16 ans, mon pays baignait dans la joie de la liberté retrouvée. Il tomba d’accord, tout entier, socialistes compris, pour entreprendre en Indochine la reconquête de son empire colonial. Je dénonçai cette honte, et me découvris gauchiste. Moins de dix ans après, rebelote, à propos de l’Algérie. L’accord était général. De nouveau, je fus gauchiste, et moins seul dès le début. Nous sauvâmes au moins l’honneur de la gauche.

    Et puis un bref moment – Mai 68 – je fus un chef gauchiste, estampillé extrémiste par le ministère de l’intérieur, pour avoir osé réclamer le droit à la parole dans la société hiérarchisée.

    Franchement, n’y avait-il pas aussi quelque gauchisme à proclamer, dix ans plus tard, que l’accord solennel de toute la gauche autour du programme commun de gouvernement puis des 110 propositions du candidat ne préparaient pas la vraie transformation sociale dont la France et le monde avaient besoin ?

    Une cure de gauchisme n’est donc ni pour me surprendre ni pour me déplaire. Mais, mais… le fondateur du gauchisme, au fond, est un camarade à nous qui s’appelait Karl Marx. J’ai grand crainte que nos gauchistes d’aujourd’hui ne soient en train d’oublier sa plus forte leçon. Il ne l’a pas écrite comme telle, c’est sa vie qui la donne. Elle est évidente à résumer : « Camarades, c’est bien de vouloir changer le monde. Mais vous n’y arriverez que si vous commencez à travailler comme des forcenés pour comprendre comment il marche… »

    En l’absence d’une soudaine explosion générale, aussi peu probable que souhaitable, ce sera lent. Le peuple que nous défendons aura toujours besoin de ses emplois, c’est-à-dire que la machine marche. Or elle ne peut fonctionner que dans ses règles, qui certes ne sont pas les nôtres, mais sont celles dont elle a besoin. Si nous avons ensemble une vraie confiance et une vraie unité autour de notre vision de l’avenir long, nous n’avons pas le droit de dérégler la machine par des brutalisations de court terme qui peuvent l’affaiblir. Il n’y a de gauchisme utile que pertinent et cohérent.

    Voilà la raison qui nous fait obligation de renouveler, renforcer, réunir notre Parti socialiste, dans la France d’aujourd’hui, le seul outil de demain. Ce faisant, nous pourrions même contribuer au réveil de quelques partis frères, renforçant par là la chance de voir éclore la société des hommes à la place de celle de l’argent.

    Michel Rocard est ancien premier ministre (1988-1991).

  7. Posted 4 décembre 2014 at 0:46 | Permalien

    tu lis rien ? on a publie cela ci dessous avant que tu ne te reveilles, c’est evident, l’échec est fatal et total, chaque jour de plus de valls y conduit

  8. Posted 4 décembre 2014 at 1:24 | Permalien

    etats généraux sur paris : 1584 votants sur 9545 inscrits pour la pseudo charte = 15 % de votants 1204 pour, soit 12 % c’est plié

  9. Gilbert Duroux
    Posted 4 décembre 2014 at 2:47 | Permalien

    Bah, tu sais très bien qu’un fort taux d’abstention n’empêche pas les politicards de se sentir légitimes. Tu vas voir que tes petits camarades Moscovici and co vont déclarer la charte adoptée à 75 %. Les socialos en peau de lapin n’ont honte de rien.

  10. Axnon
    Posted 4 décembre 2014 at 4:55 | Permalien

    Moi aussi j’aime la CFDT quand elle s’exprime ainsi

  11. archerducher
    Posted 4 décembre 2014 at 9:01 | Permalien

    Maintenant que la CFDT a tout signé des 2 mains avec le gouvernement-MEDEF et qu’elle sent que le vent va vite tourné à la débacle….y peuvent demander à Chérèque,Notat.

  12. Dominique Babouot
    Posted 5 décembre 2014 at 0:15 | Permalien

    Mais evidemment que la direction du parti considèrera la charte adoptée à 75 pour cent!

    Il ne faut pas se fiche du monde, on se désintérèsse totalement de ce qui se passe dans son parti, on ne paie meme pas sa cotisation et il faudrait encore qu’on tienne compte de son avis bah voyons!

    Ca promet pour le congrès!

    Comment peut-on quand on est un militant qui se dit responsable que des militants ne viennent pas voter!

    Ah oui vraiment, on s’abstient, on ne paie pas sa cotisation et on s’offusque que le sympathisant aille à la peche et favorise ainsi la percée du fn!

    Quellle pitié!

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