Le Parti socialiste va-t-il continuer de s’appeler « socialiste » ? C’est ni plus ni moins la question qui se pose pour notre congrès de Poitiers : Manuel Valls, Premier ministre, signataire de la motion A avec Jean-Christophe Cambadélis, a proclamé que nous sommes tous la « gauche passéiste », que nous « risquons de mourir », et a demandé à ce que nous changions de nom, Emmanuel Macron a déclaré qu’il y avait un « foyer infectieux » dans le PS qu’il a qualifié « d’étoile morte »… Auront-ils la majorité?
Je vous appelle solidairement à voter pour que nous restions un parti « socialiste » et, donc, à voter pour la motion B que j’ai aidé à initier, à construire, à unir, en tant que membre du bureau national du Parti socialiste.
Je mets au service du succès de la motion B le crédit, obtenu par de longs combats pour toutes les causes sociales au long de tant d’années et qui me vaut, avec mes amis (1), l’appui de beaucoup de salariés et de syndicalistes.
La motion B est un rassemblement large et crédible de dirigeants socialistes, elle propose une réorientation pour sauver notre Parti de cette menace – historique – de disparaître.
La motion B peut gagner, elle en a les idées et les moyens. C’est une motion où on a décidé qu’il n’y aurait pas de « chefs », mais un collectif, pas de leader mais un travail en commun, et j’en suis.
L’enjeu du congrès de Poitiers, c’est de s’inscrire dans le meilleur de la tradition socialiste ou, sinon, de laisser s’installer une évolution à la Macron.
La question principale est : pouvons-nous redresser la barre et ne pas sombrer, comme cela fut le cas dans les quatre dernières élections, municipales, européennes, sénatoriales, départementales ?
Allons-nous jouer, en tant que Parti socialiste, un rôle politique, indépendant, constructif, éviter un autre 21 avril 2002 ? Pouvons-nous dans les 600 jours qui viennent sauver le quinquennat ?
Oui ! Il le faut. Pas de fatalisme. Rien n’est joué. C’est maintenant. C’est possible. C’est à Poitiers.
Nous avions tout, depuis 10 ans : notre peuple votait à gauche, cherchait la gauche, et a donné tous les pouvoirs à la gauche. C’était sans précédent : toute la France était à gauche ! Et parce que le chômage a augmenté de 500 000, parce que les inégalités se sont creusées, parce que la misère s’est accrue, parce que le gouvernement n’a pas répondu à ces attentes, aux besoins de gauche, maintenant beaucoup de nos électeurs s’abstiennent
94 % des socialistes n’ont pas voté pour Manuel Valls, ni pour sa politique actuelle défendue par les dirigeants de la motion A : nous avions voté unanimement en 2011 pour un « projet socialiste » qui n’est pas respecté, et en 2012 pour un « discours du Bourget » qui n’est pas mis en œuvre.
Notre parti se trouve donc à la remorque de choix politiques qu’il n’a pas voulus, qu’il n’a pas votés, et ses militants sont bien incapables de les défendre devant notre électorat devenu hostile, précisément à cause de ces choix.
A Poitiers, en rejouant un rôle actif, en impulsant une meilleure politique, notre Parti socialiste, peut réorienter le groupe parlementaire et se faire entendre du président de la République ; et même aider, du même coup, celui-ci à résister et se faire entendre enfin en Europe contre les exigences antisociales que veulent chaque jour nous imposer les libéraux à Bruxelles.
Si ça va mal, ce n’est pas parce que la « crise est plus grave que prévue », ni qu’on « ne peut pas faire autrement » ni qu’une « politique sociale est impossible », ni parce qu’il n’y aurait « plus de sous » ! En fait la France n’a jamais été aussi riche de son histoire, et les richesses aussi mal partagées.
C’est notamment parce que les richesses ne sont plus partagées, plus redistribuées, que nous sommes en crise : les inégalités, ça nuit à l’économie !
Pour la relance, il faut augmenter les salaires, il faut partager le travail, il faut investir ! La hausse de la consommation, l’engagement vers une transition écologique, rempliront les carnets de commande, au contraire de la déréglementation du travail. Il faut faire le contraire, oui, de ce qu’on fait depuis deux ans sous la pression de Mme Merkel et de la commission européenne libérale intégriste – qui conduit l’Europe dans le mur.
Emmanuel Macron dit que nos « salaires sont trop élevés ». Michel Sapin « demande aux entreprises de ne pas les augmenter ». Du coup, la seule chose qui augmente, ce sont les dividendes, car le Medef n’a aucune envie d’être compétitif : il préfère essentiellement accroitre ses marges. Les 40 milliards donnés par le CICE et le Pacte de responsabilité au patronat, ne vont pas à l’emploi mais à la spéculation, c’est la finance qui les siphonne.
Ce sont pourtant les salaires qui font l’emploi, c’est l’austérité qui fait le chômage.
C’est pourquoi il faut combattre la finance, taxer les transactions, faire une vraie réforme bancaire, faire une vraie réforme fiscale, faire une vraie lutte contre la fraude fiscale, ce que nous n’avons pas fait hélas depuis trois ans !
Une vraie lutte contre la fraude fiscale permettrait de récupérer plus de 80 milliards au lieu de les prélever sur nos collectivités territoriales, sur notre sécurité sociale, sur nos hôpitaux, nos écoles, nos transports publics, et tous nos services publics. Pourquoi s’en prendre à la pension de réversion des veuves, aux petits salaires bloqués, et aux allocations familiales plutôt qu’au richissime CAC40 qui gaspille ? Pourquoi donner 41 milliards au patronat qui n’en fait rien, au lieu de créer des emplois publics dont nous avons tous besoin – y compris pour les entreprises !
Il y a une erreur tragique d’orientation. Michel Sapin fait remarquer que les déficits ont baissé de 5,3 à 4 % depuis 2012 : oui mais, justement, en même temps la « dette » présumée du pays a augmenté de 86 à 96 %. Réduire les déficits pour payer la « dette » cela fait reculer l’économie : c’est comme un jardinier qui arrose la rivière pendant que son jardin s’assèche.
Si vous votez motion B, vous avez une alternative !
Vous avez dans la motion B, les engagements pour le redressement, pour la relance, pour l’ouverture d’une perspective socialiste.
Vous avez l’anti-loi Macron : au lieu de détruire le code du travail, nous voulons le construire. Emmanuel Macron a dit, en rendant par ailleurs hommage à Margaret Thatcher, « je ne suis pas là pour défendre les emplois existants ». Nous, oui ! C’est l’ordre public social qui crée de l’emploi, alors que la flexibilité, la déréglementation, la facilitation des licenciements, le recul de l’Etat de droit dans l’entreprise, tout cela crée du chômage.
Dans la motion B, nous disons comment réorienter.
Dans la motion B, nous avons une équipe de direction capable de conduire le parti.
Dans la motion B, nous sommes défenseurs du socialisme, pas du « macronisme ».
Dans la motion B, nous proposons les idées et les militants pour ré-animer l’espoir de mai juin 2012.
Dans la motion B, se trouvent les députés et les forces, le président de la République les ayant même reçus, pour que le Parlement reprenne les choses en main et qu’il en surgisse un gouvernement d’unité de la gauche – pour les 600 jours qui viennent.
Et n’allez pas croire que les dirigeants de la motion A, qui se mettent soudain à faire de la surenchère étonnante pour une « nouvelle alliance populaire », vont savoir unifier la gauche maintenant ! Qui imagine une alliance, un front populaire sur la politique de Valls et Macron ? Personne ne le peut, pas une seule seconde.
Avec la motion B, on peut être sauvés.
La raison socialiste peut revenir.
Nous défendons un programme de gouvernement, d’action immédiate.
Si le Président n’a pas suivi les électeurs, certains signes démontrent que la proximité du congrès du parti le met à l’écoute : la loi Macron est repoussée à fin juin, une deuxième loi Macron est écartée, le CDI n’est plus attaqué, la motion A elle-même a accepté des amendements qui – ENFIN – demandent des « contreparties » au « pacte de responsabilité » : ça bouge dans notre sens. Pour que ça continue, signez la motion B !
La motion B est utile à peine née… Donnez-lui la force, donnez-lui la majorité, que l’espoir renaisse !
Gérard Filoche
(1) nous sommes en campagne : Il y a 35 jours pour convaincre les militants. Participez tous : si vous êtes socialistes en situation de voter, signez l’appel pour la motion B. Transmettez-nous votre signature <gerard.filoche@gmail.com>.
(2) Si vous êtes socialistes, mais n’avez pas régularisé votre situation, mettez-vous en règle, c’est encore possible pour ceux qui n’ont pas payé leur cotisation depuis deux ans.
Si vous êtes sympathisants, soutenez-nous, comme aux primaires, parlez, argumentez, avec nous : c’est clairement de l’intérêt de toute la gauche unie, bien au-delà des socialistes, que la motion B l’emporte et que « ça reparte autrement », dans le bon sens ! Aidez-nous en répercutant nos messages, nos argumentaires, nos articles, nos vidéos, nos réunions, nos expressions médiatiques : faites campagne avec nous jusqu’au 21 mai inclus !
(3) nous avons besoin de financement, : la motion B est une confédération, rassemblée à partir de différentes sensibilités socialistes . La revue mensuelle de la gauche socialiste (qui existe depuis 23 ans) Démocratie & Socialisme y participe de toutes ses forces, elle a besoin de soutien financier (voyages, frais de communication, de diffusion…). Envoyez des fonds, vite, même modestes, à « D&S » c/o G. Filoche, 85 rue Rambuteau, 75 001 Paris.
Pareil pour les abonnements. Allez sur nos sites et rediffusez-les : http://www.democratie-socialisme.org http://www.filoche.net