Intervention à Marennes Appel : la motion B « vive la gauche » doit agir collectivement, vite et fort

 

 

A Marennes, les 27 et 28 août, nous étions 480. Ce faut un beau succès numérique. Nous y avons entendu de nombreux orateurs de qualité dont des représentants de Podemos, de Syriza, et Pierre Joxe qui défendit brillamment le code du travail. Mais D&S le dit, il y manquait des propositions de combat : c’est sur ce thème que jeudi soir Gérard Filoche est donc intervenu depuis la salle. Nous reproduisons ici le texte pour ceux qui n’ont pas pu assister ou pu entendre :

« Chers camarades de la motion B, nous devions avoir le temps d’en débattre ici, mais l’heure ne le permet plus, je le dis cependant, ne pas profiter de notre réunion très large pour nous organiser et prendre des décisions est une grande perte de temps, d’énergie et de moyens.

 

Je le dis aux camarades de la motion B réunis ici,  chaque jour compte désormais. Dans un an si nous nous retrouvons tout sera plié pour les élections présidentielles de 2017. Jusque là, moi même je ne voulais pas en parler, espérant que des évènements politiques et sociaux changent la donne. Inflexion de la politique de François Hollande ou mouvement social profond. Mais rien n’est venu… Et le temps passe… et Valls choisit de creuser le fossé qui sépare son gouvernement de la gauche toute entière.  Alors que nous avons réussi au BN du 27 juillet à faire voter un embryon de budget alternatif pour l’an 2016, Valls nous fait un grand bras d’honneur, il méprise la majorité du PS et s’apprête à user du coup de force du 49 3, il s’entête à ce que 10 à 12 milliards soient encore donnés au patronat sans contreparties. Or c’est le dernier budget utile du quinquennat, et il signe l’absence de toute politique sociale depuis 2012. Les exigences de la finance et du Medef l’auront emporté de bout en bout s’il passe : c’est pourquoi nous le devons pas le voter ! (Applaudissements).

Il faut le dire, le vouloir, le tenir avec nos députés : mais nos députés y parviendront s’il y a un soutien, s’il y a un courant actif et mobilisé qui refuse avec eux d’accepter le budget Valls 2016

 

Cela signifie qu’il faut nous affirmer et nous construire.

 

Nous pesons 30 % des voix, et plus de 22 000 voix. C’est une force à gauche !

Mais encore faut-il que nous ayons la volonté d’user de cette force pour jouer tout notre rôle dans une gauche qui est tristement divisée. Nous sommes 30 %, nous existons parce que nous sommes socialistes, mais nous n’existerons plus dans un an si nous ne sommes que socialistes. L’heure est venue de jouer notre rôle dans la gauche. Il est central. Il dépend de notre cohésion et de notre volonté.

 

Créons comme nous l’avons dit, avant l’été, l’association « vive la gauche » ou « à gauche pour gagner », structurons là, organisons-là. Et faisons les signes nécessaires au Parti socialiste et au reste de toute la gauche : oui, nous avons les moyens de réaliser en pratique des pas géants dans l’unité de la gauche. Oui nous pouvons mener campagne, oui nous pouvons peser dans les primaires à venir. Nous avons neuf mois devant nous, à peine. Il faut commencer maintenant, sans délai. Il faut AGIR !

D’abord en refusant de voter le budget !

Car si nous avons voté les 5 budgets anti sociaux de 2012 à 2016  sans nous distinguer quelle autorité aurons nous avis à vis des salariés, de la gauche, de nos électeurs avant et après 2017. Ils nous mènent dans le mur, ce sera un candidat UMP FN au deuxième tour comme en 2002 et si nous n’avons pas tout faire pour l’empêcher qu’en sera t il de nos idées et de nos actions, qu’en sera t il des 30 % de socialistes qui sont avec nous ? Nous aurions dû faire ici, à Marennes,  de cette question un point central.

 

Pour nous faire comprendre dans et hors du parti, il faut nous affirmer, et préparer la résistance de refus du vote du budget, en nous organisant, en nous construisant avec des campagnes déterminées :

 

1°) Par exemple, nous devrions engager avec les jeunes une lutte contre la précarité accrue par un article de la récente loi Macron. En rendant possible trois CDD de suite, ce sont les jeunes qui sont frappés, c’est une sorte de CPE ou pendant 18 mois, ils pourront être soumis aux patrons et virés deux fois sans motif. C’est le contraire cruel de ce que le gouvernement prétendait il y a deux ans lorsqu’il annonçait faire reculer les CDD en les taxant (ANI 11 janvier et loi Sapin 14 juin). Là, il les généralise sans motif, et en fait cadeau au patronat. Il est possible de lancer un « appel » avec nos jeunes, l’UNEF, le MJS, de réaliser une unité, un collectif, qui, j’en suis sur, pourrait entrainer un mouvement de masse en cet automne.

 

2°) Une initiative est en train de se structurer en Europe contre la dette indigne et l’austérité qu’elle impose artificiellement. Podemos, Syriza, des forces de gauche et peut être le Labour de Jeremy Corbyn, les fronts et blocs de gauche, mais aussi des socialistes de tous les pays européens pourraient être rassemblés dans une telle initiative, à Paris début 2016 et pourquoi n’en serions nous pas le fer de lance ? Beaucoup à gauche espèrent et nous demandent de prendre des initiatives ! Prenons les contacts unitaires, fixons un calendrier, prévoyons une grande conférence et pourquoi pas une manifestation autour ? Ce serait une bonne façon de défendre l’Europe que nous voulons concrètement pas seulement par des colloques en salle.

 

3°) Le code du travail est attaqué, c’est une provocation de Valls et de Macron. C’est pour cela que Gattaz qui en est rendu plus exigeant vient de dire que « le code du travail est l’ennemi n°1 des patrons ». Là, il faut former des dizaines de milliers de militants là dessus, nous lier pour cela aux syndicalistes. Il faut mener une campagne, organiser cent ou deux cent meetings, expliquer aux militants du parti et en dehors dans l’unité de toute la gauche, pourquoi il faut défendre le code du travail et le reconstruire. Nous ne manquons pas de savoir, d’idées, de connaissance, de propositions. Ne laissons pas démolir le Code, renforçons le !

 

4°) Nous avons tous réclamé des primaires. Mais encore faut il que ce ne soit pas un discours en l’air. Ca se prépare maintenant, pas seulement avec des candidats ou candidates, nous avons déjà trois ou quatre potentiels, alors il faut une démarche collective, raisonnée, solide, d’ensemble. Notre parti va squeezer ces primaires du mieux que la direction pourra, soit en les refusant soit en imposant François Hollande au forcing. Pour empêcher cela, il faut dès maintenant justifier un débat ouvert, des candidatures plurielles. Et il faut des primaires de toute la gauche ! Il faut pour cela un programme commun, une « base » politique commune de toute la gauche concernée. Et sur la base d’un tel programme, il faut choisir entre tous les candidats qui se présenteront. L’idée d’un candidat unique de toute la gauche, comme candidat de la victoire peut prendre une grande place déferlante. Et il restera à discuter des nôtres par rapport aux autres composantes. Cela implique un travail, une préparation collective que nous aurions du commencer ici, à Marennes et il faut prévoir une autre réunion entre nous à Paris, vite, rien que sur ce sujet.

 

Voilà un plan de travail, un embryon d’agenda que je voulais mettre sur la table ici à Marennes. Je m’adresse à tous les militants, tous les socialistes de la motion B pour qu’on travaille vite ensemble sur un plan d’action de ce type. Action, action ! Action ! Sauvons ce qu’on peut sauver du quinquennat, essayons d’éviter la pente fatale de la défaite. C’est possible, car la France est de gauche ! La défaite en 2017 n’est pas inéluctable, mais ça dépend de nous ! De nous et des luttes sociales et politiques, de l’unité de la gauche rose rouge verte »

 

Gerard Filoche

 

 

5 Commentaires

  1. Gilbert Duroux
    Posted 14 septembre 2015 at 18:00 | Permalien

    De bonnes propositions, sauf une qui, à mon sens, est en dehors de toute réalité (pour le moment). Comment peut-on envisager des primaires de toute la gauche sans rupture avec le gouvernement Valls-Macron-Gattaz ? Il faut un socle minimum commun, un programme minimum pour aller au pouvoir ensemble. C’est inenvisageable que le PG, par exemple, aille au pouvoir avec Valls et Macron faisant la politique du MEDEF.
    Cette proposition de primaire de toute la gauche est irréaliste tant que les députés dits frondeurs n’auront pas annoncé leur intention de ne pas voter le budget Valls-Macron-Gattaz.

  2. CAZALET JEAN MICHEL
    Posted 15 septembre 2015 at 19:45 | Permalien

    A Gilbert DUROUX

    Il est dommage que vous basiez votre analyse de nos propositions sur une projection a priori négative, basée sur les rapports de force du moment. Les propositions de Gérard, s’adressent aux militants socialistes de la motion B, ce sont des orientations possibles. Ces propositions ne se basent pas sur une analyse du « possible » ( à priori aléatoire), mais sur ce qui est nécessaire à la gauche pour battre le MEDEF et la Droite. C’est la nécessité de construire un débouché à la politique du gouvernement qui articule nos propositions. Mais c’est la bataille autour de ces propositions qui peut déclencher des rapports de forces favorables et positifs. Face à une gauche unie et mobilisée contre la politique du MEDEF, croyez vous que la Direction du PS et le gouvernement resteront immobiles? Non bien sur. Toute la problématique est donc dans les perspectives, et dans la capacité de toute la gauche à dépasser ses clivages pour agir ENSEMBLE contre la Droite et la politique du Patronat.

  3. Gilbert Duroux
    Posted 16 septembre 2015 at 11:48 | Permalien

    À Jean-Michel Cazalet

    Je sais faire la différence entre le possible et le souhaitable. Et je vois bien la dimension tactique quand Gérard propose des « primaires de toute la gauche », incluant le PS dans son ensemble. Comment voulez-vous que le reste de la gauche accepte une primaire de la gauche avec un PS droitisé et toujours aussi hégémonique, et qui plus est faisant une politique dénoncée aussi bien par EELV que par le Front de gauche ?
    Peut-être que Gérard espère, qu’à ce moment là, la gauche du PS se détachera pour rejoindre l’ensemble de la gauche, sur un programme unitaire de gauche ? Je n’y crois pas. Les frondouilleurs nous ont déjà montré toute leur pusillanimité au moment des votes. Le cocon du parti dit socialiste (qui n’est plus un parti de masse mais un parti de bourgeois, de notables, d’élus ou d’aspirants à l’être) est tellement confortable.

  4. Bourgier Georges
    Posted 24 septembre 2015 at 10:07 | Permalien

    A Gilbert Duroux
    100% d’accord avec vous.
    Membre du Collectif citoyen « Pilavenir » dans la Loire (qui rassemble des militants de base de EELV, PC, PG, ND, Agriculture paysanne, associatifs et non encartés) nous réclamons l’unité (sans l’obtenir malheureusement) mais à la gauche du PS qui de par la politique menée par Hollande-Vals-Macron a de fait rejoint (voire dépassé !) la politique libérale de droite. Les Citoyens en ont marre des guéguerres partisanes qui sont loin de répondre à leurs vrais problèmes. Quant à Gérard Filoche dont j’apprécie le combat, je suis sûr qu’il ne fera pas bouger le PS de l’intérieur. La question se pose aussi à la base avec nos camarades socialistes sincères, souvent compagnons de luttes localement, il leur faut rompre pour ne plus cautionner cette trahison de tout le Peuple de Gauche qui s’est fait avoir dans les grandes largeurs par le discours du Bourget !!

  5. Posted 24 septembre 2015 at 12:18 | Permalien

    Une figure de l’aile gauche du PS lance le site Macron-demission.fr

    http://www.bfmtv.com/politique/filoche-j-ouvre-le-site-macron-demission-fr-917165.html

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