Mon intervention au BN du PS lundi 19 sept 2016: « sexisme pas mon genre » ? ça suffira pas dans les entreprises

En saluant Laurence Rossignol venue nous présenter au Bureau national sa campagne « sexisme, pas mon genre », je vais droit au but, sur l’une des questions essentielles. Est-ce qu’il faut plus de lois, et règlements pour lutter contre les discriminations sexistes, ou est ce qu’il faut surtout des campagnes d’éducation, d’information, et d’opinion ?  Bien sur qu’il faut faire les deux, mais une chose est certaine, dans les entreprises il faut davantage de lois, de contrôles et de sanctions sinon,  l’égalité salariale femmes hommes, dans 250 ans elle ne sera toujours pas imposée.

La discrimination salariale est la plus importante de toutes, elle est matérielle, elle l’emporte sur toutes les autres : combien tu gagnes, comment tu vis, pour quoi est-ce que « à travail égal » il n’y a pas « salaire égal », pourquoi est-ce que, même surqualifiées, les femmes gagnent moins, progressent moins dans leur carrière,  pourquoi est-ce l’homme qui l’emporte ?  Cette question structure toute la hiérarchie sociale, ca surdétermine tous les relations sociales, familiales et même les rapports intimes.

A temps plein, à travail égal, les différences atteignent 27 % de salaire en moins pour les femmes. Mais avec les différents types de contrats,  c’est bien pire puisque 85 % des 16 % de temps partiels sont des femmes et que seulement 7 % des  cadres supérieurs sont des femmes contre 93 % des hommes.

L’apparent effort de l’ANI du 11 janvier 2013 et de la loi Sapin du 14 juin 2013 pour instaurer un « plancher » de « 24 h minima » pour les emplois à temps partiels a été contrecarré par un tel nombre d’exceptions, que ce n’était plus un plancher mais une passoire. Les lois Macron du 8 août 2015 et El Khomri du 9 août 2016 ont fait disparaître ce plancher de la loi, en le soumettant au bon vouloir des employeurs, tout en sachant que l’immense majorité de ceux-ci avaient pourtant faire connaitre leur hostilité audit plancher.

Comme dans le temps partiel, les questions des heures complémentaires et supplémentaires ne sont pas réglées, ni les salaires, ni les retraites, ni le retour au temps plein, les discriminations sont puissantes.

Chacun sait ici qu’elles sont aggravées, par la forte discrimination, elle s’étend,  qui suit les retours de congés maternité, occasion de toujours freiner ou stopper les progressions des carrières féminines : le code du travail prévoit que les femmes retrouvent un poste « identique » ou « similaire ». On pourrait légiférer pour enlever le mot « similaire » et pour imposer un statut temporaire de « salariée protégée » (non licenciables sans autorisation préalable de l’inspecteur du travail) aux femmes de retour de couches : cela imposerait aux entreprises d’anticiper leur retour, de prévoir leur reclassement, et de ne pas pouvoir envisager de les écarter.

Pour ce qui est du salaire femme et homme, il y a eu (loi Rebsamen du 19 août 2015) du recul dans les obligations d’études, de comparaison, d’information, de suivi des employeurs auprès des institutions représentatives du personnel.  Il est certain que dans les entreprises, les intérêts sont trop forts, et que le port d’un badge « sexisme pas mon genre » n’aura pas l’influence nécessaire. Il faudrait que dans toute entreprise de plus de 20 salariés, les comparaisons soient obligatoires poste à poste, qualification à qualification, ancienneté à ancienneté. Il faudrait que l’inspection du travail soit systématiquement informée, dispose des moyens de contrôle et puisse saisir le juge en référé dés qu’une infraction est constatée. C’est ce qui manque depuis les 35 ans de la loi Roudy : la possibilité pour le juge en référé d’imposer une forte et dissuasive astreinte financière, sous délai approprié, et de la solder en cas de non  régularisation des discriminations constatées entre les salaires des femmes et des hommes au travail.

 

4 Commentaires

  1. Manapany
    Posted 23 septembre 2016 at 0:25 | Permalien

    Bonsoir,

    Ayant beaucoup de respect pour vos actions par ailleurs, je m’étonne de vous voir écrire : « A temps plein, à travail égal, les différences atteignent 27 % de salaire en moins pour les femmes. »

    Ce chiffre de 27% est obtenu bêtement en regard des revenus globaux entre hommes et femmes. ce qui ne prouve aucunement une discrimination salariale. Celle-ci serait plutôt de l’ordre de 3 à 5%, ce qui est déjà beaucoup plus crédible.

    Il est difficile d’imaginer qu’une entreprise choisirait d’embaucher un homme plutôt qu’une femme, s’il devait payer celui-ci 27% de plus pour un travail égal…

  2. brumes matinales
    Posted 23 septembre 2016 at 9:04 | Permalien

     » seulement 7 % des femmes sont des cadres supérieurs contre 93 % des hommes.  »

    Tout le monde a compris ce que ça veut dire, mais enfin, après dissipation des brumes matinales, ne faudrait-il pas mieux écrire :

     » parmi les cadres supérieurs, seulement 7% sont des femmes et 93% sont des hommes  » ?

  3. Posted 23 septembre 2016 at 10:58 | Permalien

    merci c’est corrigé

  4. cyril
    Posted 24 septembre 2016 at 13:33 | Permalien

    C’est sûr que le salariat pour les femmes a été une grande émancipation! Se faire exploiter comme les hommes!

    Plus sérieusement, il ne faut pas inverser les choses. Il s’agit de nitre système économique, le capitalisme, qui dans ses prédéterminés, impose le sexisme, le patriarcat, le chauvinisme, le patriotisme, la concurrence généralisée, le droit bourgeois, l’ Etat , donc la guerre, etc…

    Tant que nous serons dans ce système, il n’ y aura effectivement que la loi qui pourra un peu contrecarrer cela.

    Cependant, ce système qui ne repose que sur un seul objectif, faire plus d’argent avec de l’argent par le vecteur de la marchandise, n’a que faire de la morale et de l’équité.

    Une femme enceinte n’est pas productive, une personne handicapées non plus, un chômeur non plus,etc…

    Vous avez effectivement des femmes qui « réussissent » (on peut aussi parler de ce qu ‘est la réussite dans ce système qui ne consiste qu’ à accumuler de l’argent et des biens matériels), mais elles délèguent les tâches domestiques à des femmes non qualifiées et surexploitées.

    Dans la Silicon Valley, il en est même qui ont la possibilité de congeler des ovules pour pouvoir « réussir » et penser à leur progéniture plus tard!

    Quel beau système que celui-là!

    Comme je l’ai déjà dit, il faut urgemment redistribuer les fruits pourris de la croissance qui n’existe pratiquement plus (elle se fait principalement par le biais de l’industrie financière qui si elle n’ était pas là nous aurez déjà mis dans la panade depuis pas mal de temps); cependant, ils nous faudrait aller plus loin notamment en changeant nos modes de vie, en utilisant les moyens de production immenses que nous possédons pour assurer à chaque être humain les biens et services nécessaires et indispensables.

    Mais, comme je l’ai déjà évoqué, le but de ce système est de croître exponentiellement pour valoriser l’argent et seulement cela, il nous faut produire toujours plus avec plus d’intensité.

    Tous ceux et toutes celles qui n’offrent pas les garanties pour permette cette valorisation stupide sont voués à être exclus, superflus et rejetés.

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