Hommage à Fidel : Cuba ne se rend pas, ne se vend pas

Il était impossible de construire le socialisme à Cuba dans une ile de 6 millions d’habitants. Encore moins qu’en Russie, dans un grand pays de 150 millions d’habitants isolé et arriéré des années 20.

Mais dans les deux cas, il était possible et nécessaire d’y faire la révolution et d’abattre les tyrans. Que ce soit l’infâme Nicolas II ou l’odieux et médiocre Batista

Les deux révolutions ont connu une vie comparable mais jusque là très différente.

Mais c’est toujours par le début qu’il faut commencer quand on tente de faire un bilan.

Qui a eu le courage, la volonté, la détermination de se lever et de combattre la tyrannie, la barbarie ?  Qui s’est levé, qui a gagné la majorité, qui a pris les armes, qui a osé gagner le pouvoir contre le despotisme ? C’est la première et seule question, la plus décisive.

Le tsar en engageant son pays dans la boucherie inutile de 14-18 contre l’Allemagne, avait fait tuer près de 7 millions de ses sujets, coté Russe, autant que tous ses « alliés » réunis. C’est devant cette hémorragie criminelle que son peuple, les femmes d’abord, se sont soulevés en février 1917. Ensuite il fallait aller jusqu’au bout et ne pas tergiverser, tenir parole pour conclure la paix, même séparée, distribuer du pain et la terre. La majorité des sociaux-démocrates russes est allée jusqu’au bout en octobre 1917. S’ils n’étaient pas allés jusqu’au bout, ils auraient été égorgés comme les Communards Français de 71, et un quelconque Kornilov aurait joué le nouveau tyran russe.

Il n’empêche qu’ensuite, même victorieux de justesse, ils ont été isolés, affamés, envahis, encerclés, (Voir « Reds » film de Warren Beatty, 1981 et lire « 10 jours qui ébranlèrent le monde »  de John Reeds) et tellement détruits que la contre-révolution l’a emportée de l’intérieur, Staline liquidant Octobre – plus brutalement encore que Napoléon liquidant les sans-culottes de 1789. Il n’y a jamais eu de socialisme ni de communisme en URSS, la contre-révolution y a triomphé et a dévoré cruellement les révolutionnaires : il était minuit dans le 20° siècle quand Staline a liquidé 99% des bolcheviks, le goulag les a broyé, le système bureaucratique a écrasé tous les espoirs socialistes révolutionnaires de 1917.

Cuba a, en partie, échappé à cela.

 

Fulgencio Batista, ce n’était pas le tsar. Seulement un médiocre et rapace sergent conspirateur, qui a tyrannisé Cuba de 1933 à 1959, par intrigues, complots, coups d’état, en lien avec les gouvernements US et la mafia. Il a pillé et affamé le pays, par le jeu, la prostitution et la drogue, devenu plaque tournante de la mafia, avec les « parrains » Meyer Lansky et Lucky Luciano. Par la torture et les assassinats, on lui attribue 20 000 morts dans une ile de 6 millions d’habitants (selon une estimation US citée par John Kennedy lui-même).

Alors oui, bravo aux jeunes gens courageux qui se soulevèrent  avec Fidel Castro contre cette dictature barbouze le 26 juillet 1953, tentant de prendre d’assaut la caserne de Moncada.  Oui et bravo à ceux qui récidivèrent en décembre 1956, en débarquant du Granma, menèrent la guérilla puis la grève générale unitaire et prirent le pouvoir le 1er janvier 1959 (Cf. les beaux films de Sydney Pollack « Habana » et aussi « Soy Cuba »).

Il faut, même 60 ans après, les applaudir, tous, inconditionnellement pour leur héroïsme.

Leur guérilla fut magnifique, leur victoire justifiée, le soutien du peuple fut complet et que nul ne vienne pleurer sur les tortionnaires et barbouzes qui périrent en tentant de les empêcher d’arriver à La Havane.

Mais, 40 ans après les bolcheviks, le nouveau pouvoir vainqueur mais tâtonnant de Fidel Castro dés l’été 1960, a été confronté aux éternelles menaces de contre révolution, de chantage, de blocus.

Les USA refusèrent d’acheter la récolte de canne à sucre le 3 juillet 1960, Khrouchtchev, alors en Inde, le 9 juillet 1960 annonça qu’il la rachetait. Les castristes échappaient à la famine et à la déroute, mais ils devenaient sujets indirects du pouvoir des successeurs contre-révolutionnaires de Staline, en place en URSS.

Les castristes résistèrent à l’invasion de la Baie des Cochons, durent renoncer aux missiles russes, mais souffrirent de la guerre économique impitoyable qui leur fut livrée.

Le reste de l’histoire du régime de Fidel Castro se comprend ainsi : ils vont batailler 50 ans pour sortir du blocus, des actions militaires US et des attentats, sabotages permanents émanant des terroristes ex-suppôts de Batista exilés à Miami. « Che » Guevara va chercher des soutiens en Afrique, à Alger, en Bolivie et s’y fait assassiner. Ils vont partout courir après des débouchés qui se ferment les uns après les autres, au Chili, en Angola, au Mozambique, au Nicaragua, au Salvador, en Chine, et tout semble perdu quand l’URSS s’effondre. La période « especial » des années 90, où ils n’avaient plus rien et manquaient de tout, prouve avec force qu’on ne peut pas plus construire le socialisme dans une petite ile de 1000 km de long que dans une Russie étalée sur 10 000 km.

Ils ont seulement survécu tant bien que mal en donnant remarquablement la priorité à l’éducation, à la santé, à la culture, à la lutte contre la pauvreté,  tout ce qu’une dictature barbouze n’aurait jamais fait. 99,91% de la population est éduquée. Cuba de Guevara et de Castro, universel, culturel, artistique, scientifique, brille un million de fois plus fort que le Cuba de Batista et de la mafia, et à sa façon Obama a fini par le reconnaître (il n’y a que les revanchards pillards, brutaux, mafieux, installés et enrichis en Floride, qui le nient et crient de joie au décès de Fidel).

Mais clairement l’absence de possibilité d’expansion économique a causé l’absence d’expansion démocratique : sans démocratie pas de socialisme (bien sûr le socialisme exige suffrage universel et pluripartisme). Le socialisme c’est d’abord donner à chacun selon ses capacités puis le communisme est censé donner à chacun selon ses besoins. La démocratie formelle doit être poussée jusqu’au bout. On était loin de tout ça. Ce n’est pas une excuse, c’est une explication.

Le blocus illégal (condamné 25 fois par l’ONU) et infâme (un bateau qui accoste à Cuba, 60 km de Miami, est banni de tous les ports US pendant 6 mois) a fait de l’île un parc fermé.

En permanence, pour Cuba, la question était de s’ouvrir ou de mourir. S’ouvrir était plus que difficile à cause du blocus, des menaces, des attentats et sabotages. Mourir c’était subir le même sort, une contre-révolution, comme les bolcheviks exécutés, éradiqués, c’est ce que les frères Castro ont su courageusement éviter, mais à quel prix !  Et chaque fois que des champs nouveaux s’ouvraient à Grenade, au Venezuela, au Brésil, en Argentine, au Pérou, ils ont déployé tous les efforts pour les approcher et les cultiver.

Cuba est demeuré une ile de sans-culottes qui ont évité aussi bien Napoléon que Staline. La longévité de Fidel n’en fait pas seulement un « géant du 20° siècle » comme certains disent un peu platement, il est bien plus : il est la butte témoin de la résistance, celle qui s’accroche à l’espoir universel, qui défend jusqu’au bout une révolution contre vents et marées, contre ceux qui veulent l’éradiquer. Ce n’est pas un modèle, c’est une praxis enfermée, limitée, bloquée, dans le combat de tout un siècle entre la barbarie capitaliste réelle et un si difficile, si fragile, si vulnérable, si nécessaire espoir socialiste.

Gérard Filoche, samedi 26 novembre 2016

 

 

 

 

« Ce qui a été omis à la mort de Fidel Castro » par Noam Chomsky

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    Le linguiste et philosophe Noam Chomsky, figure majeure du paysage intellectuel états-unien, nous a livré ses réflexions exclusives après la mort de Fidel Castro à l’occasion d’une rencontre dans les locaux de « l’Humanité » et de « l’Humanité Dimanche ».

    « Les réactions à la mort de Fidel Castro diffèrent selon l’endroit du monde où vous vous trouvez. Par exemple, en Haïti ou en Afrique du Sud, c’était une figure très respectée, une icône, et sa disparition a suscité une grande émotion.

    « Aux États-Unis, l’ambiance générale a été résumée par le premier titre du « New York Times », lequel indiquait en substance : « Le dictateur cubain est mort ». Par curiosité, j’ai jeté un oeil aux archives de ce journal pour voir combien de fois ils avaient qualifié le roi d’Arabie saoudite de « dictateur ». Sans surprise, il n’y avait aucune occurrence…

    « Il y a également un silence absolu sur le rôle joué par les États-Unis à Cuba, la manière dont Washington a oeuvré pour nuire aux velléités d’indépendance de l’île et à son développement, dès la révolution survenue en janvier 1959. L’administration Eisenhower a tenté de renverser Castro, puis, sous celle de Kennedy, il y a eu l’invasion manquée de la baie des Cochons, suivie d’une campagne terroriste majeure.

    « Des centaines, voire des milliers de personnes ont été assassinées avec la complicité de l’administration américaine et une guerre économique d’une sauvagerie extrême a été déclarée contre le régime de Fidel Castro. Cette opération, baptisée opération « Mangouste », a culminé en octobre 1962 et devait aboutir à un soulèvement à Cuba auquel Washington aurait apporté son appui.

    « Mais en octobre 1962, Khrouchtchev a installé des missiles à Cuba, sans doute en partie pour contrecarrer l’opération « Mangouste » mais aussi pour compenser l’avantage militaire dont disposait l’armée américaine dans la guerre froide, conséquence du refus par Washington de l’offre de désarmement mutuel émise par Moscou. Ce fut sans doute le moment le plus dangereux de l’histoire de l’humanité.

    « Personne ne se demande pourquoi Mandela, à peine libéré de prison, a rendu hommage à Fidel Castro.

    « Dès la fin de la crise des missiles, Kennedy a relancé les opérations terroristes contre Cuba ainsi que la guerre économique, ce qui a eu des implications majeures sur les capacités de développement de Cuba.

    « Imaginez ce que serait la situation aux États-Unis si, dans la foulée de son indépendance, une superpuissance avait infligé pareil traitement : jamais des institutions démocratiques n’auraient pu y prospérer.

    « Tout cela a été omis lors de l’annonce de la mort de Fidel Castro. Autres omissions : pourquoi une personnalité aussi respectée que Nelson Mandela, à peine libérée de prison, a-t-elle rendu hommage à Fidel Castro en le remerciant de son aide pour la libération de son pays du joug de l’apartheid ?

    « Pourquoi La Havane a-t-elle envoyé tant de médecins au chevet d’Haïti après le séisme de 2010 ?

    « Le rayonnement et l’activisme international de cette petite île ont été stupéfiants, notamment lorsque l’Afrique du Sud a envahi l’Angola avec le soutien des États-Unis. Les soldats cubains y ont combattu les troupes de Pretoria quand les États-Unis faisaient partie des derniers pays au monde à soutenir l’apartheid.

    « Sur le plan interne, à Cuba, il y avait certes une combinaison de répression, de violations des droits de l’homme, mais à quels niveaux ces abus étaient-ils liés aux attaques répétées venues de l’extérieur ? Il est difficile d’avoir un jugement clair sur cette question. Il faut également noter que le système de santé à Cuba s’est imposé comme l’un des plus efficaces de la planète, bien supérieur, par exemple, à celui que nous avons aux États-Unis.

    « Et concernant les violations des droits de l’homme, ce qui s’y est produit de pire ces quinze dernières années a eu lieu à Guantanamo, dans la partie de l’île occupée par l’armée américaine, qui y a torturé des centaines de personnes dans le cadre de la « guerre contre le terrorisme ». »

    Cette entrevue fait partie d’un dossier de 28 pages paru dans « l’Humanité Dimanche » ( édition du 1er au 14 décembre 2016 ) à l’occasion du décès de Fidel Castro.

    www.humanite.fr

    - See more at: http://www.investigaction.net/ce-qui-a-ete-omis-a-la-mort-de-fidel-castro-par-noam-chomsky/#sthash.pHe1JDYx.dpuf

     

     

    19 Commentaires

    1. Médusa
      Posted 26 novembre 2016 at 19:33 | Permalien

      Beau texte, bravo.

    2. socrate
      Posted 26 novembre 2016 at 20:38 | Permalien

      une pensée pour les milliers de morts cubains en bateaux en essayant de quitter le pays ou dans les geôles pour avoir revendiqué la démocratie.
      Certes l’ambition de Castro était juste au départ mais il s’est fourvoyé dans un jusqu’au boutisme radical comme bien d’autres avant lui .
      Les bonnes intentions ne suffisent pas pour justifier l’intégralité de ce qui c’est fait a Cuba .

    3. FDS
      Posted 26 novembre 2016 at 20:46 | Permalien

      No se RINDE, CON UNA I !!!!!

      COMPADRE !

    4. Dominique Babouot
      Posted 26 novembre 2016 at 22:32 | Permalien

      Bravo Gérard pour ce texte!

      Il n’est pas dans tes coutumes de défendre les régimes de partis uniques, un parti communiste au pouvoir qui hélas n’avait d’autre choix que de s’appuyer sur l’union soviétique pour échapper à la restauration pilotée par les états unis!

      Oui Bravo à toi, malgré la dictature du régime castriste, je suis sur la meme longueur d’onde que toi, aucun des régimes soit disant démocratiques voisins n’ont apporté sur le plan matériel et social à leurs peuples que celui-là!

      Et quoi qu’en disent les larmoyeurs libéraux et de leurs alliés socio-libéraux pour qui la démocratie n’est que le cache-sexe de la domination du capital!

      Reposes en paix fidèle, on peut d’abord dire d’abord que tu n’as jamais cherché le bien etre personnel, si on peut te reprocher de ne pas avoir assez laissé le peuple s’exprimer, d’ou tu es tu pourras effectivement nous renvoyer l’image de Allende assasiné par les fascistes alliés à la CIA dans son palais et nous dire que toi tu as empeché la restauration du capitalisme pendant cinquante ans!

      Ce qu’on peut souhaiter à Cuba, c’est qu’il ne subisse jamais le sort de la Russie soviétique!

      Vive le socialisme!

      Il est l’avenir de l’humanité!

    5. phil
      Posted 26 novembre 2016 at 22:40 | Permalien

      paix et soutien aux camarades cubain.

    6. Posted 27 novembre 2016 at 7:05 | Permalien

      traitre, allié aux miamistes

    7. Roubachoff
      Posted 27 novembre 2016 at 7:41 | Permalien

      Une facette du débat toujours actuel entre Marx et Bakounine… Le socialisme, puis le communisme, sont l’évolution ultime des sociétés capitalistes – par le dépassement du capitalisme, justement. La Russie de 17, la Chine et Cuba ne correspondaient en rien à ces critères, puisque le capitalisme y était inexistant ou à peine balbutiant. Pour être bref, il ne s’est jamais agi de « révolutions prolétariennes », faute d’un prolétariat constitué (Russie, Chine) ou suffisamment « éduqué » (involontairement) par le capitalisme (Cuba, en partie). Etait-ce une raison pour ne rien faire ? C’est ce que répondent aujourd’hui les éditorialistes et les philosophes qui se contrefoutent des souffrances et des injustices que des hommes come Lénine ou Castro ont essayé de combattre. Ce n’est pas ce que nous répondons, et c’est pour ça que nous restons de gauche, à la différence de la droite du PS.
      En tout cas, je préfère un Castro à un Fillon ou un Juppé, qui osent venir dire aux gens : « J’ai compris vos malheurs et je prendrai toutes les mesures susceptibles de les aggraver. »

    8. socrate
      Posted 28 novembre 2016 at 10:55 | Permalien

      extrait de la morale de l’info ce matin
      Raphael Enthoven sur Europe1

      N’en déplaise à Jean-Luc Mélenchon, les crimes de Fidel Castro ne sont pas un point de détail de l’histoire

      extrait

      comment le partisan du pluralisme qu’est Jean Luc Melenchon peut il vanter un système de parti unique comment le militant d’une presse enfin libérée de toute influence peut il glorifier un pays dont les habitants n »ont eu accès qu’a un seul journal pendant 60 ans comment l homme qui tient l’emploi du 49-3 pour un coup de force peut il pleurer l’homme qui a privé son peuple d’élection libre et faisait assassiner ses opposants en un mot comment peut on revendiquer l’insoumission comme combat politique tout en s’inclinant devant celui qui a réduit son propre en esclavage?

      http://www.europe1.fr/emissions/la-morale-de-linfo/nen-deplaise-a-jean-luc-melenchon-les-crimes-de-fidel-castro-ne-sont-pas-un-point-de-detail-de-lhistoire-2913119

    9. Posted 28 novembre 2016 at 20:29 | Permalien

      mais la dictature, le culte de la personnalité, les bureaucrates,les camps, tout ça n’est pas du a la révolution mais a la contre révolution !

    10. Posted 28 novembre 2016 at 20:37 | Permalien

      bien sur, mais j’ai répondu,
      entre batista et fidel je suis pour fidel
      entre cuba et les USA, en matiere de droits de l’homme, les USA n’ont aucune leçon a donner a cuba

    11. socrate
      Posted 28 novembre 2016 at 20:57 | Permalien

      un peu simple comme réponse
      alors si dans un pays socialiste des gens sont internés parce qu ils réclament la liberté d’expression , de déplacement ; de se réunir ce serait eux les responsables…
      drole de conception de la démocratie
      sur ce plan tu es bien en phase avec Melenchon

    12. Posted 28 novembre 2016 at 21:04 | Permalien

      mais pas du tout, il ne peut y avoir de socialisme sans démocratie, sans élections, sans pluripartisme
      t’as qu’a lire ce que j’ai écris dans l’un des articles précédents sur la démocratie poussée jusqu’au bout

      je dis que le blocus a empêché Cuba de fonctionner librement il était fait pour
      il ne faut pas mettre sur le dos de la révolution ce qui relève de la contre révolution, c’est simple, non ?

    13. Posted 28 novembre 2016 at 21:14 | Permalien

      Gérard,
      Cuba ne subissait pas un blocus mais un embargo. Il n’y avait pas de navires de guerre états-uniens pour bloquer l’entrée du port de La Havane et l’interdire aux navires commerciaux. Mais les contrevenants s’exposaient à des mesures de rétorsion de la part des USA.
      Amitiés
      Pierre
      ———————

      Cuba : une république sociale bonapartiste mais non totalitaire

      Le régime castriste n’est pas le sommet de la démocratie, c’est entendu : un régime de parti unique ne respecte pas ou peu les droits civiques et les libertés, du moins la liberté d’organisation et la liberté d’information.

      Mais, malgré leur pluralisme politique, les vieilles républiques d’Europe et d’Amérique du Nord ne respectent pas, elles non plus, les droits civiques.
      Aux USA le président est élu au scrutin indirect et peut gouverner par décret. Trump vient d’voir 3 millions de voix de moins que Clinton. En France, une loi minoritaire peut être adoptée par 49.3, le gouvernement peut légiférer par ordonnances (chèque en blanc donné par le parlement). La peine de mort est encore en vigueur aux USA comme à Cuba.
      Cependant, il est vrai que, en ce qui concerne les libertés et les droits civiques, il n’y a pas match nul, les libertés et le pluralisme politique sont nécessaires à Cuba comme ailleurs et le compte n’y est pas.
      Par contre, quand les échanges Cuba USA ont mis a jour la défense des droits de l’homme, ce sont les USA qui ont plié bagage devant les dossiers évoqués par Cuba

      Or, il faut aussi comparer les pays sur le plan du respect des droits sociaux (travail, salaire, retraites, santé, éducation et accès aux communications, à l’énergie, à l’eau, etc). L’espérance de vie est un bon indice synthétique : Cuba dépasse les États-Unis et le Canada.
      Pourtant, compte tenu de la pauvreté de Cuba, soumise jusqu’à récemment à l’embargo états-unien, il faut comparer Cuba non aux USA mais à un pays pauvre de l’ex tiers monde. Alors l’avantage de Cuba est écrasant.

      Les détracteurs refusent de prendre en compte les droits sociaux pour apprécier le degré de démocratie politique et sociale. Il faut en effet distinguer, d’une part, les droits sociaux, notamment le statut des travailleurs dont la souveraineté ou la subordination définit la nature économique de l’Etat, et d’autre part, les droits politiques (libertés et droits civiques) qui définissent le régime politique, c’est-à-dire les fonctions socio-économiques réelles qui sont assurées. Si les droits politiques régressent, alors les droits sociaux ne tardent pas à régresser. Si les droits politiques progressent, alors les droits sociaux suivront.

      Les Etats capitalistes peuvent être des républiques politiques, c’est-à-dire des régimes politiques relativement respectueux des libertés et des droits civiques. La démocratie politique y est cependant contaminée par plus ou moins de bureaucratie et de bonapartisme pour préserver les rapports de production capitalistes qui instaurent la subordination des salariés. Mais ce régime politique républicain, où les lois émanent généralement de délibérations majoritaires, peut céder la place à un régime totalitaire où l’Etat capitaliste est dirigé par une bureaucratie fasciste ou une dictature militaire.
      En revanche, un Etat capitaliste ne peut pas être une république sociale car il respecterait à la fois les droits politiques et les droits sociaux : d’ailleurs si les droits politiques ne sont pas respectés, les droits sociaux ne le seront plus (les travailleurs garderont notamment un statut de subordination). Inversement, une république sociale ne peut pas être un Etat totalitaire car la suppression des droits politiques détruit les droits sociaux.
      Dans une république sociale, les droits sociaux sont relativement respectés parce que les services publics (qui permettent de les garantir) y sont suffisamment développés.
      Toutefois, si le régime de démocratie politique d’une république sociale est contaminé par des rapports bureaucratiques et bonapartistes ou si le pays reste isolé ou dépendant du reste du monde, c’est le développement économique qui en est affaibli : les services publics n’ont pas alors les moyens de garantir totalement les droits sociaux et la république sociale n’est pas encore une république socialiste.
      Elle est seulement en transition vers le socialisme, en progression vers lui ou en régression. C’est le cas de l’Etat cubain soumis au régime castriste : une république sociale bonapartiste mais non totalitaire.

      Pierre Ruscassie

    14. socrate
      Posted 28 novembre 2016 at 21:54 | Permalien

      je dis que le blocus a empêché Cuba de fonctionner librement il était fait pour

      le blocus économique de Cuba par les Usa n’a pas empeché d’avoir des échanges économiques avec l’Urss puis d’autres pays non alignés comme le Venezuela etc
      Je ne vois pas le rapport entre le blocus et la privation de liberté qu on subit les cubains ; les tortures etc etc
      que les cunains aient vécu pauvrement et dans un retard économique certain est une chose mais la liberté n’est pas négociable.
      et meme la le frere Raoul au pouvoir c’est quoi ce népotisme ?
      Que les états unis ne soient pas blanc en matière de démocratie et d’appui fait a des dictatures ne m’empêche pas d’avoir un regard critique sur ce qui s’est passé d’intolérable a Cuba.
      l’histoire jugera cela prendra du temps mais tout comme on sait maintenant ce qui s’est passé en Urss un jour on saura pour Cuba

    15. Posted 29 novembre 2016 at 0:07 | Permalien

      la liberté n’est ps négociable, d’accord, demande la aux premiers geôliers, les US

    16. davidice
      Posted 1 décembre 2016 at 15:43 | Permalien

      Il faudrait peut-être apprendre à utiliser les bons mots, si blocus il y a eu à Cuba, ce fut du 16/10/62 au 20/11/62, pendant la crise des missiles, et ne concernait QUE les armes…

      1 mois de blocus aurait mis le pays à genoux?

      Ensuite, ce fut un embargo (largement contourné d’ailleurs). Mais fidel, en bon socialo-communiste, était totalement incapable de mener une économie, de trouver d’autres marchés, et n’a vécu (et son peuple survécu) QUE des subsides soviétiques.
      En effet, avant de se transformer en prison de plein air, Cuba occupait la troisième place parmi les nations latino-américaines en termes de richesse par habitant ; aujourd’hui, le pays évolue en queue de peloton, et n’a survécu, depuis l’arrivée de Castro au pouvoir, que par l’aide soviétique d’abord, ensuite par les pétrodollars d’Hugo Chávez.

      Et ce, sans parler des droits de l’homme, des la chasse aux homosexuels, de l’emprisonnement de tous contestataires.

      Mais on a les héros qu’on peut…

    17. Posted 1 décembre 2016 at 16:27 | Permalien

      oui bien sur, et 3 millions de cubains se mobilisent pour les obsèques de leur tortionnaire, tyran geôlier ?

      l’histoire de la révolution cubaine, de Fangio à Ochoa, de Cienfuegos à Raoul, je la connais par coeur, et je connais aussi toutes les critiques, y compris celles que j’ai écrites très tôt, de la micro fraction à l’OSPAAL, de la tchécoslovaquie à la chute du mur, des homosexuels a Chavez, et je confirme mon article

    18. Dominique Babouot
      Posted 4 décembre 2016 at 17:05 | Permalien

      Bravo à Ségolène Royal pour avoir eu le courage de dire la vérité.
      Certes le régime cubain n’est pas irréprochable vis à cis de la liberté d’expression, mais dire que c’était un régime stalinien c’est tout simplement faux , pas plus d’ailleurs que de mettre Lénine, Trotsky et Staline dans le meme sac!
      Castro était proche de Lénine, il avait sans doute le meme raisonnement, à savoir que pour les révolutionnaires du début du 20 eme siècle, la liberté telle qu’elle était revendiquée par les révolutions démocratiques du 18e était moins importante que l’émancipation sociale des peuples!
      Ce qui intéressait Castro, c’était que le peuple cubain accède à l’éducation, puisse se soigner, se nourrir, il avait été marqué par non seulement la confiscation des droits politiques, mais par l’extrème indigence et la misère de la population cubaine et le but de sa révolution c’était cela.
      Segolène Royal a comparé les révolutions cubaines et francaises et elle a extrêmement raison, n’oublions pas que le peuple Français s’est levé pour obtenir l’abolition des privilèges, c’est ce qui s’est passé la nuit du 4 Aout 1789 ou la noblesse francaise renonce à ses privilèges plutôt que le suffrage universel qui n’existait pas (il faudra attendre 1946 pour que les femmes aient le droite de vote!)

      Sègolène a bien fait!

      Y en marre de cette droite et de cette extrème-droite hypocrite qui verse des larmes de crocodiles sur les dictatures de gauche!

      Ce qui leur reproche ce n’est ni le manque de liberté, ni les exactions pour les régimes réellement stalinien mais leur organisation économique qui continue à laisser penser qu’une autre organisation est possible que leur système libéral qui opprime indirectement autant les peuples que les pires de dictature!
      C’est plus important d’avoir quelque chose dans son assiette que de pouvoir voter pour des menteurs de surcroit.
      Leurs saloperies de constitution qui sont aussi totalitaires que les régimes dictatoriaux qui empêchent la libre expression ne leur donne aucun droit de donner des lecons aux autres (49-3, parrainages pour l’élection présidentielle, scrution unoniminal à deux tours etc.. etc..)

      Ils feraient mieux de la fermer, quant à la mère Lepen qu’elle la ferme, elle aussi, quand on a soutenu les pires des dictatures d’extrème-droite en amérique latine, par obcession anti-communiste primaire, on ne devrait pas avoir le droit de porter des jugements sur Castro et Cuba!
      Cela en dit long d’ailleurs sur la sincérité de son engagement anti-libéral!
      Quand on dit la meme chose que les USA, quelque part on est dans le meme camp que le libéralisme mondialisé, hypocrite de Lepen!

      Pauvre Cambadelis qui a trouvé encore une occasion de ramener sa fraise de trotskyste repenti!

      Qu’il s’occupe donc de la déconfiture totale de son organisation en morceau qui est incapable de trouver un homme ou une femme pour aller devant le peuple Français oser défendre ce qui a été fait ici pendant cinq ans, meme Valls hésite, finalement, on ne sait pas s’il va avoir le courage d’y aller!

      Bravo Ségolène!!

    19. Dominique Babouot
      Posted 4 décembre 2016 at 17:13 | Permalien

      @Davidce

      Jusqu’à preuve du contraire comme l’a dit Ségolène Royal, il n’y a pas de prisonnier politique à Cuba!

      Quant aux espions au service de l’amérique, ils sont à l’ombre et qu’ils y restent!

      Dans tous les pays du monde les espions sont en prison!

      Laissons au Figaro le journal spécialiste de la calomnie et à l’extrème-droite, le soin d’inventer des histoires sordides à propos du régime castriste et ne les imitons pas et interrogeons nous sur le pourquoi 20 ans apres la chute du mur de Berlin, certains éprouvent le besoin de parler du communisme comme si il représentait un danger pour le monde soit disant libre!

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