Avec l’affaire JJ Urvoas-Thiérry Solére, les (ex?)socialistes hollando-macroniens atteignent des sommets

Ainsi, un « garde des sceaux » en poste dit de gauche, donne des informations à l’un de ses amis député de droite, sur l’avancement du dossier de fraude fiscale, blanchiment et trafic d’influence le concernant.

Comme le précise le Canard enchaine, c’est un exploit inédit ! « Au mépris du secret professionnel inhérent à sa fonction, le ministre de la justice, envoie à un justiciable, une note confidentielle, émanant de la direction des affaires criminelles et des grâces, détaillant les investigations en cours à son sujet ».

Urvoas l’a fait, en se croyant impuni, par le système crypté « Télégram » mais le réceptionnaire Solére a oublié de supprimer le message, et la police le retrouve le 26 juin dernier.

« Cahuzac n’a qu’à bien se tenir, il est « dépassé » !

Là, ça indique le type de rapport réel qui existe avec LR, la façon de poignarder dans le dos tout militantisme socialiste, toute unité de la gauche, tout espoir progressiste.

On est là au cœur de la liquidation de tout honneur et dignité, par les amis macroniens (ex ?) socialistes de François Hollande. Tous ces gens, Cahuzac hier, et aujourd’hui les Ferrand, Urvoas, qui ont trusté avec Le Drian, les postes en Bretagne, et au pouvoir, ont trahi les idéaux et l’histoire du PS, de la gauche, se sont vendus à la droite macronienne, sont en plus des corrompus piétinant allégrement et spectaculairement tous les principes.

Ce sont ces gens-là qui tentent de garder le contrôle de l’appareil du PS, de justifier le bilan du quinquennat Hollande, et de rester, corrompus, au pouvoir avec Macron.

Copains et coquins, il n’y a pas de barrière pour eux, entre droite et gauche, ils se préviennent, ils s’épaulent, ils s’aident à frauder, à se protéger des enquêtes les visant : le ministre de la justice trahit la justice, comme Cahuzac ministre du budget, trahissait la lutte contre la fraude fiscale. Ils le font sans scrupules.

Qu’ils soient sanctionnés, au ban de la gauche, au ban de la citoyenneté, de leur honte sans borne !

 

 

 

20 Commentaires

  1. DIDIER DEFENIN
    Posted 13 décembre 2017 at 17:16 | Permalien

    Monsieur FILOCHE,

    Je suis persuadé que le temps est venu, de créer un nouveau parti de gauche populaire entre les voyous du Ps et la gauche insoumise. Une gauche pour une réglementation social européenne. Une économie coopérative, un système bancaire mutualiste mixte usagé et état. Des valeurs non raciste mais qui ne refusent pas les valeurs cultuelles et culturelles.
    Il reste une grande place pour une gauche populaire qui attirera des volants des insoumis et du FN déçu des partis politiques politiquement incorrect.
    Bon courrage

  2. Posted 13 décembre 2017 at 18:11 | Permalien

    Biographie politique
    Président de la commission des Lois de 2012 à 2016, puis garde des Sceaux, ministre de la Justice dans les gouvernements de Manuel Valls et de Bernard Cazeneuve

    Un nouvel exemple qui alimente le slogan UMPS (je ne suis pas FN) et démontre que pour les élus il y a « leur loi » y compris l’utilisation de Telegramm comme… quand le citoyen lambda se voit appliquer la loi

  3. Gilbert Duroux
    Posted 13 décembre 2017 at 18:55 | Permalien

    Quand je disais que les socialos et la droite étaient comme cul et chemise, je me faisais insulter. Il aura donc fallu que tu te fasses virer du PS pour ouvrir les yeux.
    L’affaire Cahuzac, qui te tirait des larmes devant les caméras, c’était pas une exception.

  4. 1956
    Posted 13 décembre 2017 at 21:18 | Permalien

    Tout cela démontre à ceux qui n’ont pas voulu le reconnaître depuis 5 ans combien le quinquennat Hollande n’avait rien de gauche, même s’il s’était déclaré socialiste et est resté soutenu par le PS.
    Jusqu’à préparer la reconversion vers le produit Macron qu’il a fabriqué pour préserver les intérêts de la cause patronale.
    Il faudra s’en souvenir lors des prochaines échéances électorales.

  5. jean-jacques
    Posted 13 décembre 2017 at 21:22 | Permalien

    Ce triste sire a conseillé Hollande de ne pas amnistier les syndiqués condamnés sous Sarko .
    Rigide avec les sans dents et servile avec les corrompus de la droite , les carriéristes bretons du PS dans toute leur splendeur .

  6. Posted 13 décembre 2017 at 22:18 | Permalien

    c’est fascinant, cette « double nature » de ces « dirigeants » – « hollandais » – Urvoas, Cahuzac, ils se prennent pour l’élite supra terrestre, tout leur est permis même de tricher sur les questions essentielles, Cahuzac, Urvoas, et tous ceux, de la même mouture, qui sciemment, sont passés du PS à Macron, et le défendent, alors qu’ils savent que Macron, c’est Thatcher, c’est la casse sociale, ils m’ont inventé un « procès de Moscou » sur un prétendu antisémitisme et ont VOTE, oui voté, la dessus, cyniquement, cela fait frémir, ils m’auraient mis une balle dans la nuque en d’autres temps, a moi, fils d’ouvrier et militant de toujours ! Eux sont corrompus et amis de corrompus d’un cote, exécuteurs de tout ce qui défend vraiment le socialisme de l’autre. Regardez la différence de ton de Le Foll a la télé quand il parle avec respect et gêne d’Urvoas et le mépris qu’il affiche contre moi quand je défend le code du travail pour des millions de salariés.

  7. 1956
    Posted 14 décembre 2017 at 0:35 | Permalien

    GF6:
    C’est bien pour cela que siéger au PS avec de tels « camarades » restera un mystère pour ceux qui en exprimaient ici le trouble.
    Macron n’est que la poursuite logique de l’oeuvre politique ouvertement engagée.

  8. Posted 14 décembre 2017 at 6:55 | Permalien

    A cela s’ajoute un autre sujet pour l’acquisition de la permanence parlementaire.
    La rubrique controverse de sa fiche Wikipedia est à jour
    Pour la petite histoire je l’avais saisi d’un dossier lorsqu’il présidait la commission des lois. Sans retour au moins de courtoisie.

    https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Jean-Jacques_Urvoas

  9. Posted 14 décembre 2017 at 12:42 | Permalien

    xx

  10. Posted 14 décembre 2017 at 12:43 | Permalien

    grosse fatigue, nous n’avons jamais eu d’illusions sur ces « camarades », mais sur les millions d’électeurs socialistes oui… et nous continuons a leur parler

  11. 1956
    Posted 14 décembre 2017 at 17:11 | Permalien

    Et le camarade BROTTES, ancien député PS devenu président de RTE (edf) qui s’octroie 35% d’augmentation…sans vouloir revaloriser ceux des salariés.

    Les millions d’électeurs qui ont votés à un moment socialiste n’avaient pas d’illusions, ils ont simplement faits confiance à des imposteurs sans scrupule qui n’ont même pas le respect de la République.

  12. Gilbert Duroux
    Posted 14 décembre 2017 at 17:13 | Permalien

    grosse fatigue, tu continues à être dans le déni. Si tu n’avais pas d’illusions, pourquoi nous disais-tu grand bien des Lienemann et autres ambitieux qui t’ont poignardé dans le dos ? Alors qu’on savait très bien ce qu’ils valaient.

  13. jean-jacques
    Posted 15 décembre 2017 at 8:53 | Permalien

    Le traitre Hollande déclare avoir été poignardé dans le dos par les frondeurs sur les médias .
    Et les électeurs abusés par son programme qui ont lui donné leur confiance en votant pour lui ? Un égoïste qui s’intéresse qu’à son sort . La trace qu’il laissera dans l’histoire est comme celle de sa sortie par la petite porte de l’Elysée .

  14. socrate
    Posted 18 décembre 2017 at 0:01 | Permalien

    cette triste affaire ne fera que conforter une grande majorité des gens qui pensent : tous pourris et augmentera encore l’absention…

  15. Adrien
    Posted 18 décembre 2017 at 0:26 | Permalien

    La gauche et la droite n’existent plus depuis qu’un président de droite s’est prétendu de gauche il y a 36 ans. Les inégalités sont au plus haut depuis la Grande Dépression. Conflits et prise illégales d’intérêts sont la norme. Les pouvoirs ne sont plus séparés. Il n’y a plus que de la canaille au sommet et elle décide des lois par ordonnance. Maintenant, c’est l’élite contre le peuple.

    Pourtant, vous tous continuez à brandir les épouvantails conçus pour diviser: FN, LCR, NPA et cie. Même Robert Hue soutient Macron ! Le FN, c’est le peuple, celui d’en bas, quoi que vous ne pensiez. SOS Racisme et les laïcards hypocrites ont fait bien plus progresser le racisme que le FN en racialisant les rapports sociaux et en donnant des démons à haïr aux médias manipulateurs. Le résultat ? Filoche antisémite ! Ça ne me plaît pas plus qu’à vous; mais il faudra bien vous carrer une pince à linge sur le nez, il faudra bien vous ouvrir à tout le monde, sinon vous servirez votre véritable ennemi par votre rigidité idéologique: vous serez, suivant la formule consacrée, des idiots utiles.

  16. ploutocrate442
    Posted 20 juin 2018 at 20:08 | Permalien

    Ancien ministre de la justice déféré devant la justice….le problème n’est pas mince !La probité des responsables gouvernementaux est un peu juste.Pourtant la France n’est plus une monarchie ???Ces guignols ploutocrates qui jouent aux grands aristocrates sont pathétiques.Le peuple ne leur fait plus confiance c’est pourquoi le pouvoir doit revenir à de sincères représentants du peuple.Ceux-là sont disqualifiés,définitivement.

  17. Posted 20 juin 2018 at 20:25 | Permalien

    Fabien Roussel Le Strauss-Kahnisme a parachevé sa mutation dans le Macronisme. Tant que le PS ne dressera pas un bilan objectif de ce virage social-libéral qui in fine conduit à un libéralisme sans frein, le PS ne pourra pas s’en sortir.

  18. Posted 20 juin 2018 at 20:27 | Permalien

    JJ Urvoas : cette histoire est aussi scandaleuse pour un socialiste, pour un militant de gauche, que l’a été l’affaire Cahuzac : ministre de la justice « de gauche », dit « socialiste » il trahit le secret, renseigne confidentiellement – sur son dossier de justice de fraude fiscale – un adversaire de droite (Thierry Solere) alors qu’il sont en train de magouiller pour se rejoindre vers Macron, cela relève de la honte, du copinage pourri, malhonnête, trompeur, sans foi ni loi, tout ce qu’on ne veut pas dans le monde meilleur pour lesquel nous militons, tout ce qu’on combat tout ce qu’on méprise dans ce genre de cliques.

  19. Posted 21 juin 2018 at 6:17 | Permalien

    Bonjour M. Filoche,

    Encore merci pour vos engagements, votre fécond compte twitter que je consulte tous les jours car c’est une mine avec tous ses liens…

    Si cela vous est possible et que vous le souhaitez (je vous en serais très reconnaissante moi Lorraine d’origine), je vous propose de mettre sur votre compte twitter les liens suivants : interpellations aujourd’hui d’un avocat et de militants qui luttent contre le projet d’enfouissement à Bure dans la Meuse des pires déchets nucléaires. Une petite semaine après le rassemblement anti CIGEO de samedi dernier à Bar Le Duc :

    Ambroselli, a été interpellé
    Reporterre-il y a 7 heures
    20 juin 2018 … Ce mercredi 20 juin depuis 7h, plusieurs lieux de vie liés à la lutte anti-Cigéo ont été perquisitionnés, dont la Maison de résistance à Bure.

    Bure : vague d’interpellations chez les opposants à Cigéo
    Exhaustif-Libération-il y a 2 heures

    Par rapport à l’union des gauches aux élections européennes, je vous invite à lire cet article plein de bon sens et de sagesse de ce spécialiste du commerce international et altermondialiste qu’est Raoul Jennar. (cf blog Marc Raoul Jennar depuis Mosset 1 juin 2018). Il va dans votre sens.
    Moi je suis plutôt sympathisante France insoumise, très admirative du travail de F. Ruffin et à 100 pour cent pour l’union des gauches.

    Bien à vous avec tout mon respect et ma sympathie !

    Marie-Laure AGNES
    Charleville-Mézières

  20. Posted 21 juin 2018 at 23:34 | Permalien

    Bonjour Thomas,

    Ton texte est très clair et il passe en revue la plupart des facteurs qui font la force des deux camps ennemis que constituent la gauche et la droite. Je suis globalement d’accord avec tous les arguments que tu développes. Je ne vais donc pas les répéter. Je vais m’intéresser à quelques arguments que tu n’as pas utilisés et, à l’occasion, j’apporterai des nuances à certains de tes jugements,

    Sur le rapport de forces entre la gauche et la droite
    Sans tarder, je trouve que tu crédites les capitalistes de capacités politiques supérieures à celles que je leur reconnais : tu parles de « monstre hyper-puissant » qui « remporte toutes les batailles » depuis 1988. Je ne nie pas que ceux qui représentent 1% de la population ont un bilan plus avantageux que ceux qui en représentent 90%. mais ils ont quand même perdu sur le CIP en 93, sur la loi Falloux en 94, sur le plan Juppé en 95, les législatives de 97, les 35h en 2000, le référendum sur le TCE en 2005, sur le CPE en 2006 et, en 2012, la majorité des grandes villes, des départements, presque toutes les régions, la présidentielle, les législatives et le Sénat ! Le bilan fortement négatif est surtout dû au quinquennat de Hollande qui, en conséquence, a brisé le PS, déjà abîmé par l’érosion due au tournant néolibéral de 1983.
    Il est vrai que je viens de décrire la seule situation française. Le reste de l’Europe est généralement bien plus mal loti que la France : les situations sont inégales dans l’espace. Mais elles sont aussi inégales dans le temps : dans la décennie 2000-2010 toute l’Amérique du Sud (sauf la Colombie) était gouvernée par la gauche, ce n’est plus tout à fait le cas.
    Il faut aussi inscrire au bilan négatif de la gauche que, même au pouvoir, ses élus acceptaient d’effectuer une politique néolibérale. Mais ceci n’est pas un signe d’hyper-puissance de la droite mais d’hyper-faiblesse de la gauche. En effet, devant l’échec des remèdes keynésiens qui, à partir de 1973, arrivaient de moins en moins à gommer les crises décennales du capitalisme, la grande majorité des dirigeants de la gauche, dans le monde entier, s’étaient ralliés non aux remèdes démocratiques, marxistes et anticapitalistes, mais aux remèdes néolibéraux, antidémocratiques et capitalistes.

    Un siècle de division de la gauche et de contresens sur la pensée de Marx
    Pourquoi la grande majorité des dirigeants de la gauche ne se sont pas ralliés aux solutions marxistes, donc démocratiques et anti-capitalistes ?
    Parce qu’il aurait fallu s’attaquer aux intérêts des capitalistes et, pour ce faire, être intimement convaincu que les solutions marxistes et anticapitalistes étaient démocratiques et non staliniennes. Or, le marxisme avait été transformé par les idéologues staliniens en une idéologie mécaniste masquant les réalités subjectives et considérant seulement les facteurs objectifs, confondant ainsi les sciences de la nature et les sciences sociales que tu as raison de distinguer par ailleurs.
    Michel Henry, auteur du meilleur ouvrage sur Marx, disait que le « marxisme » était la somme de tous les contresens qui ont été faits sur la pensée de Marx. Mais le poids international du stalinisme a imposé la substitution de ce « marxisme » à la pensée de Marx, y compris chez ceux qui, à gauche, ne se réclamaient pas de Marx.
    La scission de la gauche, organisée par la création de l’internationale Communiste avec ses 21 Conditions d’adhésion, opposa le mouvement communiste et le mouvement socialiste, et cette division dure encore. Elle a eu trois conséquences :
    • d’abord, la division a affaibli la gauche et l’a empêché d’obtenir des victoires durables,
    • ensuite, en dégradant le rapport de forces, elle a conduit la gauche à se replier sur des revendications immédiates et à abandonner la perspective d’une société socialiste,
    • enfin, elle a conduit le mouvement socialiste à prendre ses distances avec Marx, dont se réclamait le mouvement communiste qui en présentait une caricature.
    Les partis socialistes, majoritaires dans la gauche grâce à leur pluralisme, ont abandonné Marx aux partis communistes qui ne l’ont pas compris. La poursuite de cette évolution et de cette rupture durant un siècle, aboutit à un effondrement des uns et des autres.

    Pour un parti unifié de la gauche
    Cette faiblesse de la gauche est surtout une faiblesse de ses directions. Ce n’est pas le pluralisme qui est en cause, c’est la division. Ce n’est pas la publicité des débats qui la traversent qui posent problème, c’est qu’ils ne débouchent pas sur un compromis qui permette l’unité d’action.
    Le pluralisme de la gauche ne doit pas être caché. C’est une richesse qui doit être organisée. Mais comment faire quand on est dispersés dans plusieurs partis, quand on ne se rencontre pas et qu’on n’a pas de débats en commun, ni à la base ni au sommet. Le principal moyen de combat contre la droite est un parti unifiant toute la gauche, organisé démocratiquement avec des élections internes à la proportionnelle des positions en débat.
    Construire ce parti unifié de la gauche, c’est fusionner en un seul nouveau parti tous les partis de gauche (ou presque tous). Ce parti unifié est le meilleur moyen pour battre la droite. C’est, toutefois, le seul moyen qui manque à ton texte.
    Référence pour cette stratégie : Unifier la gauche pour résoudre sa crise, article publié dans Démocratie & Socialisme de mars 2018, ci-joint en pièce attachée.
    Pour réaliser cette unification, il faut avoir expérimenté un travail en commun qui concerne quelques activités seulement : c’est passer par l’étape d’un parti fédéral où les partis fédérés conserveraient une certaine autonomie, mais ne seraient plus totalement indépendants. La souveraineté populaire est partagée en deux : une partie est dévolue au parti fédéral (ce n’est pas une simple délégation de compétences), l’autre partie est encore laissée aux partis fédérés.
    La Constitution d’un parti fédéral peut être préparée par l’établissement d’une Confédération de partis par un accord qui conserve l’indépendance des partis mais instaure des délégations permanentes de compétence (qui ne sont pas des transferts de souveraineté) à un organisme confédéral qui décide à l’unanimité des partis.

    « Comment combattre idéologiquement le capitalisme ? Il s’agit de jouer sur […] la Raison et le nombre »
    L’analyse conceptuelle du capitalisme est nécessaire pour bien diriger notre action. La théorie donne des arguments conscients qui démantèlent l’idéologie inconsciente produite par le fétichisme qui légitime des rapports sociaux inégalitaires. Mais le rapport de forces qui résulte de la mobilisation sociale et politique, est bien plus « convaincant » que les meilleurs « arguments » conceptuels.
    Le combat contre le capitalisme est principalement pratique, c’est-à-dire jouant sur la mobilisation du nombre, bien davantage que conceptuel, c’est-à-dire qui jouerait sur la mobilisation de la théorie. Nos arguments doivent être compréhensibles à une échelle de masse, tout en conservant la cohérence de la théorie.
    Pour désigner la théorie, tu écris la « Raison », avec une majuscule : je crois que, à la différence de la « théorie », la « raison » se dispense d’une confrontation avec la réalité ; et davantage encore quand elle se présente avec une majuscule. Il ne faut pas confondre le « raisonnement logique » et la « Raison » du « rationalisme ». Le « rationalisme » est une idéologie selon laquelle les concepts logiques et leurs règles sont des structures innées de l’esprit humain, alors que le « raisonnement logique », ses concepts et ses règles, sont des constructions théoriques appartenant à la logique mathématique et issues de l’expérience.

    « Des individus indépendants uniquement guidés par la recherche de leur intérêt personnel »
    Cette formulation pose deux problèmes de fond : l’autonomie des individus et l’intérêt personnel.
    • Sur l’autonomie des individus :
    Si le capitalisme maintenait l’autonomie des individus et permettait de choisir davantage d’autonomie vers l’indépendance aussi bien que moins d’autonomie vers davantage de coopération, de mise en commun et de solidarité, alors il serait une société idéale. En effet, c’est la volonté de bien vivre ensemble qui a conduit les humains à inventer la solidarité et c’est la volonté de ne pas être subordonnés à d’autres qui les a conduit à inventer la démocratie, la souveraineté individuelle.
    En réalité, le capitalisme ne nous permet de choisir ni le degré d’autonomie, ni celui de souveraineté, ni celui de coopération : il impose la subordination du salarié au capitaliste.
    La possibilité de faire respecter les libertés, les droits individuels et la solidarité inter-individuelle, nous impose de partir d’une conception individualiste et non collectiviste ou holiste. Les individus sont « indivisibles », ce sont les « particules élémentaires » d’une société. C’est pourquoi l’acteur de l’émancipation humaine n’est pas « le » salarié abstrait, ni même le salariat, mais les salariés conscients de leurs intérêts et des indépendants solidaires ; au total, tout le peuple de gauche, qui est une communauté politique identitaire et que Marx appelait la classe (prolétarienne) « pour soi ».
    • Sur l’intérêt personnel :
    Ce n’est pas le capitalisme qui crée la recherche de l’intérêt personnel, il conforte sans doute cette recherche, mais elle est à l’origine de toutes les sociétés de classes.
    Dès qu’un surplus put être produit et stocké, grâce à l’invention de l’agriculture, une classe dominante s’est formée pour faire produire ce surplus par le reste de la tribu et en prendre possession. Le modèle de cette domination est celle des hommes sur les femmes qui existait (sans exploitation du travail) dans les sociétés antérieures, celles des chasseurs-cueilleurs.
    Références :
    Alain Testart, Le communisme primitif, éd. Maison des Sciences de l’Homme, 1986.
    Christophe Darmangeat, Le communisme primitif n’est plus ce qu’il était ; Aux origines de l’oppression des femmes, éd. Smolny, 2012.

    Quelques compléments
    J’ai annoncé au début de ce commentaire que je ne reviendrai pas sur ce que le texte traite déjà très bien. Je n’aborde que ce qui me semble discutable ou manquant. Je conclus sur quelques remarques complémentaires.
    « L’incapacité du capitalisme […] à agir avec Raison […] » est évidemment une figure de style. Mais son usage personnalise une réalité objective comme le capitalisme et la dote de la capacité d’agir. En abusant de cette figure de style, selon ce modèle, ce sont les pratiques subjectives des individus qui sont masquées et remplacées par l’action magique d’une entité abstraite. Or ce n’est pas le capitalisme qui agit, ce sont les capitalistes. Mais, ils agissent dans des conditions que leurs prédécesseurs ont créées.
    Les intérêts personnels ne sont pas les seuls facteurs qui déterminent l’action des individus concernés. Mais comme tout facteur, ces intérêts sont eux-mêmes déterminés par les rapports sociaux que ces individus (capitalistes et salariés) ont tissés. C’est pourquoi la conception individualiste conduit à appréhender toutes les constructions sociales comme des réseaux de rapports sociaux.
    • Un capital n’est pas une simple somme d’argent, c’est une somme dévolue à acheter l’usage de forces de travail et les moyens de production qui permettront d’en retirer un revenu. En effet, les rapports de production capitalistes sont des rapports contractuels marchands où les salariés vendent l’usufruit de leur force de travail que les capitalistes achètent avec leur capital.
    Les rapports de production socialistes sont des rapports démocratiques qui sont établis par l’autogestion des entreprises et l’administration démocratique de l’économie. Les rapports démocratiques sont des rapports qui, étymologiquement, respectent la souveraineté populaire, c’est-à-dire respectent les droits universels.
    Mais, pour comprendre une orientation, il faut connaître les rapports sociaux qu’elle privilégie. Le libéralisme privilégie les rapports contractuels selon lesquels la prise de décision repose sur le consentement de toutes les parties. Le républicanisme privilégie les rapports de délibération selon lesquels la prise de décision repose sur la majorité des voix.
    La démocratie ne possède pas de modalité propre de décision démocratique, nous devons donc recourir aux modalités de décision propres au libéralisme ou au républicanisme. Que la décision soit prise à l’unanimité ou à la majorité, il est possible que l’orientation adoptée soit démocratique, mais ce n’est pas garanti. En tout cas, la démocratie est l’alternative au capitalisme.

    Amicalement,
    Pierre Ruscassie

Déposer un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera jamais transmise.

*