« Tant que les lapins n’ont pas d’historiens, l’histoire est racontée par les chasseurs » (Howard Zinn) lisez Gérard Noiriel « L’histoire populaire de la France de la guerre de cent ans à nos jours »

« Tant que les lapins n’ont pas d’historiens, l’histoire est racontée par les chasseurs » (Howard Zinn)

« Tous ceux qui continuent à penser que l’exploitation de l’homme par l’homme est le principal fléau qui menace l’humanité » tous ceux« qui pensent qu’il faut introduire le caractère de classe pour comprendre la question raciale » doivent lire « Histoire de la France populaire de la guerre de cent ans à nos jours » de Gérard Noiriel qui vient de paraitre aux Editions Agone. 

« Le processus multiséculaire grâce auquel s’est construit le peuple français n’est pas arrivé à son terme car le moteur des transformations de notre société est toujours alimenté par les rapports conflictuels qu’entretiennent les dominants et les dominés »

« Aujourd’hui, l’internationalisation des classes dirigeantes a pour corollaire une mondialisation « par en bas » qui affecte en retour les discours et comportements des élites. Ce n’est donc pas un hasard si la question des migrants fait toujours la une de notre actualité.

Ceux qui plaident pour un repli sur l’échelon régional ou national ignorent totalement le mécanisme historique que Norbert Elias a appelé « l’extension des chaines d’interdépendance » liant les hommes entre eux sur des distances de plus en plus longues.

A l’inverse, affirmer que les Etats nations seraient aujourd’hui obsolètes c’est ignorer un autre enseignement de l’histoire, à savoir que la transformation en profondeur des cadres matériels et institutionnels d’une société est un processus extrêmement lent.

Le développement de luttes populaires au sein de notre état national demeure le moyen le plus réaliste pour combattre les injustices et les inégalités sociales. »

Gérard Noiriel termine son ouvrage passionnant de 1000 pages sur la conclusion du Manifeste du Parti communiste de 1848 « Prolétaires de tous les pays unissez vous ». On ne saurait mieux faire, et mieux lire ! C’est une somme qui éclaire la place et le rôle du peuple exploité depuis la fin du moyen âge : esclavage, colonialisme, migrations, salariat, question nationale et sociale au coeur.

Ca serait nécessaire que cette véritable histoire de France soit ainsi enseignée à nos enfants

 

Gérard Filoche

 

aux éditions Agone, 1000 pages mais 28 euros

 

4 Commentaires

  1. GREG
    Posted 8 novembre 2018 at 17:55 | Permalien

    Je voulais attaquer le livre de Noiriel, mais j’ai voulu d’abord commencer par la réédition de la biographie de Karl Marx par Franz Mehring commentée par Gérard Bloch que je m’étais procuré antérieurement.
    Je n’avais encore jamais lu cette biographie et assez rapidement, j’ai compris que la compréhension de la pensée de Marx & Engels devait passer nécessairement par Mehring et les commentaires de Gérard Bloch. Je n’en suis qu’à la moitié du 1er tome et on est déjà réellement impressionné par la connaissance de Bloch.

    On peut certes connaître et découvrir de soi même le mystère de la plus-value en lisant d’autres ouvrages à ce sujet et en déduire naturellement que les rapports de production déterminent la société, mais je conseille tout de meme vivement de lire cette biographie. C’est le genre de livre qui vous fait progresser.

    Il y aussi le livre d’Alain Bihr qui vient de sortir, Le premier âge du capitalisme 1415-1763 tome 1er l’expansion européenne. Ça va être une trilogie. Michel Husson a écrit une bonne critique à propos. Il parle de contribution « monumentale ».

    Enfin, il y a de quoi faire. D’ailleurs c’est assez frappant de trouver à l’heure actuelle autant de livres invitant à la réflexion politique et sociale quand dans le meme temps nous sommes autant divisé. C’est rageant surtout…

  2. Posted 8 novembre 2018 at 23:26 | Permalien

    Bonjour,

    « La question réelle, c’est de répondre au réel problème social ».

    En effet, nous ne devons pas choisir d’agir et de participer à une action en fonction de qui dirige ou dirigera peut-être cette action. Nous devons choisir en fonction du « réel problème social » qui est posé et auquel ce mouvement peut répondre ou que ce mouvement tente de résoudre.

    Il faut distinguer le mouvement et sa direction ou, plutôt, les courants qui sont candidats pour le diriger. Puis distinguer entre le mouvement et le courant qu’il s’est donné comme direction (ou le courant qui s’est imposé comme direction).

    Si le but du mouvement est formulé par une revendication que nous soutenons et qui unifie le mouvement, deux cas sont possibles. Soit la direction du mouvement revient à un courant ou à une coalition de courants qui soutient la revendication unifiante, alors le rapport de forces est optimum et peut-être suffisant pour remporter la victoire.
    Soit la direction du mouvement revient à un courant ou à une coalition qui rejette la revendication unifiante et qui entretient la confusion avec un autre but, implicite ou explicite, alors la mobilisation chute ou/et s’oriente vers un autre but : le mouvement qui était possible est battu.

    La possibilité d’un tel renversement me rappelle toujours la surprise que m’a créée le renversement de la révolution iranienne en 1979. La direction de la révolution qui fit chuter le régime policier du Shah d’Iran, fut emportée par les islamistes représentés par Khomeini.

    Ce qui est possible en faveur de la contre-révolution, est aussi possible en faveur de la révolution, mais à trois conditions :
    • que nous soyons confrontés à un « réel problème social » (facteur objectif),
    • que nous y répondions par une plateforme revendicative simple, brève, concrète et unifiante (facteur subjectif programmatique),
    • que nous réunissions la plus large unité de la gauche possible pour mener cette bataille (facteur subjectif stratégique).

    Cette dernière condition est évidemment la plus difficile à remplir alors que nous ne sommes qu’à 8 jours de l’échéance. Mais il faut s’y lancer et obtenir une réunion de toutes les organisations politiques de gauche (y compris Attac, Copernic et GDS) pour distribuer un tract unitaire, avant et pendant les blocages.
    Cela va sans dire, mais je précise : aucune signature commune avec la droite (du centre droit à l’extrême droite). Dans ce combat pour la direction du mouvement, nous sommes adversaires, comme nous le sommes lors des élections républicaines.

    Amicalement,
    Pierre Ruscassie

  3. Posted 9 novembre 2018 at 14:12 | Permalien

    Emmanuel Macron a déclaré : « J’assume parfaitement que la fiscalité due au diesel soit au niveau de celle de l’essence et je préfère la taxation du carburant à la taxation du travail ».

    Officiellement, le chef de l’État s’inspire de l’idée qu’il faut baisser la taxation des revenus du travail afin de favoriser le pouvoir d’achat et la création d’emplois pour, en contrepartie, taxer les sources de pollution afin de les diminuer. L’idée est de percevoir le double dividende : créer des emplois et réduire la pollution. Cette approche pose deux problèmes majeurs que le chef de l’État et le gouvernement ont totalement occultés.

    Si l’objectif écologique est atteint, baisser la taxation sur les revenus (ou les bénéfices des sociétés dans le cadre de la baisse du taux de l’IS à 25 % d’ici 2022) reviendrait à priver les budgets publics de ressources pérennes : la taxation du diesel doit en effet procurer un rendement qui diminuera au fur et à mesure que la consommation de diesel diminue. Et, par conséquent, de priver les budgets publics de ressources indispensables en termes de fonctionnement et d’investissement puisqu’on aura substitué des recettes biodégradables à des recettes durables.

    Mais si l’objectif écologique n’est pas atteint, on aura modifié la structure du système fiscal en remplaçant des impôts par d’autres, en l’occurrence par des impôts sur la consommation. Or, en réalité, taxer le diesel revient à taxer les revenus du travail sur un mode dégressif donc injuste. Qu’on le veuille ou non, nombreux sont les particuliers qui n’ont pas le choix et doivent se chauffer au fioul ou encore emprunter leur véhicule pour aller au travail ou rejoindre une gare afin de se rendre à leur travail. Ils n’ont pas non plus le « choix » et la « liberté » de s’installer près de leur travail afin de s’y rendre à pied en raison du coût de la vie, des contraintes personnelles, etc. De fait, ces ménages tirent la totalité ou la quasi-totalité de leurs revenus du travail : ils subiront donc une hausse de prélèvements sur l’utilisation des revenus du travail. Le gouvernement leur avait vendu une baisse des prélèvements via la taxe d’habitation, mais au final, leur pouvoir d’achat s’en trouvera affecté. Car à l’instar de la TVA (dont le taux d’effort est de 12,5 % pour les 10 % les plus pauvres contre 4,7 % pour les 10 % les plus aisés), ces impôts sur la consommation sont régressifs : ils pèsent plus sur le budget des classes modestes et moyennes (exonérés d’impôt sur le revenu en raison de la faiblesse de leurs revenus).
    Il ne faut pas être devin pour voir que cette mesure, qui s’inscrit dans le cadre d’une politique fiscale qui, dés le début du quinquennat, a largement privilégié les plus riches (avec la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune et la mise en place du prélèvement forfaitaire unique notamment), est très impopulaire. Elle affaiblira un peu plus le consentement à l’impôt et accroîtra un peu plus la crise démocratique et des institutions…

    Une imposition juste aurait consisté à remodeler l’imposition directe des revenus et des bénéfices pour organiser une progressivité régulière et renforcer la justice fiscale. De même, une politique écologique ne peut se contenter d’un outil fiscal de ce type… Emmanuel Macron et son gouvernement ont choisi de faire l’inverse. Ils ont beau « l’assumer », il leur faudra donc aussi « assumer » les conséquences. Et tout comme l’addition fiscale (à laquelle on ajoutera les conséquences de la rigueur budgétaire et salariale…) pesant sur les ménages, celles-ci risquent d’être « salées ».

  4. Posted 10 novembre 2018 at 12:52 | Permalien

    mardi matin dans son interview à la radio Macron a appelé à la création d’une « vraie armée européenne ». A ma connaissance, c’est la première fois qu’un président de la République française s’avance aussi loin sur le plan rhétorique sur la question. La chose a très peu retenu l’attention des médias français, mais dans les médias anglophones ç’a fait l’objet d’articles à part entière etc.

    La chose est en lien direct avec l’évolution des liens entre Etats-Unis et UE. Le moment qui marque symboliquement cette évolution arrive en mai 2017 lorsque Merkel dit dans un meeting électoral que l’Europe « ne peut plus s’appuyer sur les Etats-Unis pour sa sécurité ». Dans la bouche d’un.e chancelier.e allemand.e, la phrase est extremêment importante: le grand enjeu en termes de défense européenne, c’est la dépendance allemande à l’égard de la présence militaire américaine – conventionnelle mais surtout nucléaire – en Europe. En effet, depuis l’élection de Trump, l’Allemagne discute très sérieusement (au Bundestag) de la possibilité d’un programme nucléaire militaire européen qui s’appuierait sur un financement européen du programme nucléaire français. Que l’Allemagne donne des signes aussi sérieux de vouloir s’affranchir de sa dépendance américaine indique le début d’une nouvelle période dans l’histoire militaire européenne.

    Ca ne va peut-être pas poser des questions de positionnement politique dans l’immédiat mais il est possible que dans le cadre de la campagne des européennes la question soit soulevée.

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