On a jeté un oeil sur le « projet de budget » que l’actuel PS (ce qu’il en reste) propose pour 2019 face a celui de Macron : incroyable, ils ont pas changé d’un pouce

25/10/18

Objet : document de communication [pompeusement] intitulé « budget alternatif 2019 » diffusé par les  députés et sénateurs socialistes (et apparentés) le 18 octobre 2018.


Le support de 32 pages [gros caractères, beaucoup de vide] est intitulé Un projet juste pour les Françaises et les Français. Pour mémoire, le contre-projet au budget 2018 des députés PS et apparentés présenté le 4 octobre 2017, d’une trentaine de pages [plus resserrées] était titré :  Réduire les inégalités et renforcer la reprise[1].

 

A noter que le support 2019 indique que le PS a été l’an dernier « le premier groupe à l’assemblée nationale à présenter un contrebudget » ce qui est doublement inexact : d’une part, les supports PS 2018 et 2019 ne sont en rien de véritables « contre-budgets » (cf. infra-, 4-) ; d’autre part, le groupe parlementaire  la France insoumise a réalisé en 2017 un exercice autrement plus élaboré de shadow-budget (52 pages détaillées[2]), qu’elle a logiquement reconduit cette année[3].

1- Une critique des budgets 2018 et 2019 :

- Sur la forme, le support rappelle opportunément que l’exécutif n’a pas renouvelé la publication du Livret du pouvoird’achat qui avait accompagé la présentation du projet de budget 2018 ;

- Sur le fond, il :

* détaille rapidement la balance sociale des budgets 2018 et 2019 qui conduisent à une perte de pouvoir d’achat pour les 20% les plus pauvres (-60€/an en moyenne) et un gain pour les 1% les plus riches (+ 6 500 €/an en moyenne) ;

* souligne que les choix budgétaires et fiscaux d’E. Macron ont cassé la croissance qui s’amorçait fin 2017 ;

- de manière plus sectorielle, dénonce l’impact des restrictions de crédit en matière de logement et l’augmentation des taxes écologiques sur les ménages (« de 55 Md€ sur la durée du quinquennat »)

C’est tout.

2- Des propositions « dépenses », peu chiffrées, articulées autour de trois axes

Le contre-budget affiche trois priorités :

2.1. Soutien au pouvoir d’achat des 14 millions de retraités :

Le point couvre plus de trois pages mais les propositions socialistes se limitent à trois « bouteilles à la mer » :

2.1.1. Une indexation des pensions sur l’inflation [quelle audace !]

Impact budgétaire estimé : 1,8 Md€

2.1.2. Une hausse de la CSG aussi …. mais appliquée aux seules pensions supérieures à 3 000 €

Impact budgétaire estimé : 2 Md€

2.1.3. Mettre en place un minimum (85 % du SMIC) pour les retraités agricoles

Impact budgétaire estimé : 400 Mo€

c’est tout : sachant que 7 millions sur 14 millions de retraités sont en dessous de 1000 euros, le projet de budget PS ne propose pas de rattrapage, ni de hausse, rien. Silence sur les pensions de réversion.

 

2.2. Accélération de la transformation énergétique de l’économie française et renforcement de sa croissance :

2.2.1. Renoncer aux privatisations d’Aéroports de Paris et de la Française des Jeux

Impact budgétaire estimé: « 10 Md€ de moindres recettes »

NDLR :

- On se demande pourquoi le support n’évoque pas la privatisation d’ENGIE - dont les conséquences pour les ménages et leur pouvoir d’achat risquent d’être particulièrement sévères ;

- oublie a priori de mentionner que le renoncement aux privatisations permettrait, à l’inverse, d’économiser des dizaines voire des centaines de millions d’euros de commissions versées aux banques et aux avocats conseil de l’Etat ;

- ne mentionne pas le manque à gagner dans la durée en ça de privatisation.

- ne propose de revenir sur aucune privatisation (autoroutes, chemin de fer, etc..)

 

2.2.2. Définir un vrai « business plan » pour la transition énergétique (sic)

Impact budgétaire estimé: 3 Md€

[NDLR Pas ou peu de détail –uniquement : évocation d’un effort de « rénovation  thermique » des logements]

2.2.3. Inclure une composante carburant au chèque énergie

Impact budgétaire estimé: 300 Mo€.

2.2.4. Lancer un 2ndplan « TEP-CV » (territoires à énergie positive pour la croissance verte)

Impact budgétaire estimé: 300 Mo€

[aucun détail]

2.2.5. Inclure les fenêtres dans le CITE (Crédit Impôt Transition Energétique)[sic]

Impact budgétaire estimé : 800 Mo€.

aucun plan la dedans, rien pour une transition énergétique, ni une planification écologique application de cap 21

 

2.3. Réponse à l’urgence sociale (sic).

2.3.1. Engager [préparer ?] un avenir décent pour les EHPAD avec un programme décennal prévoyant :

* la construction de 10 000 places d’EHPAD par an. Impact budgétaire estimé: 1,2 Md€ [contre 0,1 Md€ proposé a prioripar l’exécutif]

* la rénovation des EHPAD existants. Impact budgétaire estimé: 140 Mo€

* l’augmentation du nombre de structures pour soins palliatifsImpact budgétaire estimé: 100 Mo€

2.3.2. Revaloriser les allocations personnalisées au logement avec l’inflation

Impact budgétaire estimé : 350 Mo

2.3.3. Doter l’université de moyens cohérents avec l’évolution du nombre d’étudiants et les besoins

Impact budgétaire estimé: 1 Md€, affecté « à parité » (sic) au « recrutement de professeurs et de doctorants » « travaux de rénovation des universités » et « Pour la recherche fondamentale ».

2.3.4. Faire de l’enseignement scolaire une véritable priorité

Impact budgétaire estimé de cette « véritable priorité »: 212 Mo€ («Nous maintenons les 2 500 postes [qu’E. Macron s’apprête à supprimer] » [humour ?]

2.3.5. Faire passer le congé paternité de 11 jours à un mois

Impact budgétaire estimé : 331 Mo€

NDLR Pour le PS il s’agit donc de l’une de la douzaine de mesures prioritaires pour « répondre à l’urgence sociale » dans notre pays [quelqu’un a relu avant d’envoyer à la publication ? rien sur les salaires, rien sur la santé, rien sur la sécurité sociale, rien pour les jeunes, ni allocation d'étude, ni d'autonomie ]

2.3.6. Recréer 100 000 emplois aidés

Impact budgétaire estimé: 1 Md€

2.3.7. Lancer un plan de rattrapage pour le budget du sport

Impact budgétaire estimé: 200 Mo€

[aucun détail]

2.3.8. Renforcer le soutien de l’Etat en direction des communes qui en ont le plus besoin

Impact budgétaire estimé: 360 Mo€

[peu clair ; en outre, le support évoque les « nombreux biais » associés au mécanisme de DGF (dotation globale de fonctionnement) acutel mais n’avance aucune proposition de réforme -non plus a fortiorique de modernisation de la fiscalité territoriale]

2.3.9. Maintenir le soutien à l’investissement des intercommunalités (EPCI)

Impact budgétaire estimé: 246 Mo€

2.3.10. Création d’un fonds de soutien outre-mer

Impact budgétaire estimé: 150 Mo€

[aucun détail – c'est peu en tout état de cause]

2.3.11. Expérimenter le « revenu de base »

Impact budgétaire estimé: 18 Mo€

[une page complète avec quelques envolées lyriques mais peu de détails pratiques à ce stade, si ce n’est une évocation des travaux de « 18 départements, en première ligne sur l’action sociale, (…) pendant un an avec la Fondation Jean-Jaurès »]

3- Des propositions « recettes » qui ne sont que…    cinq [ !]

- « Ne pas opérer la bascule du CICE en baisse de cotisations sociales patronales »

Recette(sic) : 20 Md€

- Rétablir l’ISF sauf pour les titres de TPE [le terme exact est en fait : « microentreprises »[4], PME et ETI

Recette: 2,8 Md€

[why not ; la « création d’un wagon pour l’actionnariat familial » proposée dans le contre-budget 2018 a opportunément disparu]

-  Supprimer la flat tax [prélèvement forfaitaire unique (PFU)]

Recette: 1,9 Md€

- Supprimer la suppression de l’exit tax

Recette: 60 Mo€

- Limiter la baisse de l’impôt sur les sociétés aux TPE et PME

Recette: 700 millions €

[why not mais très insuffisant pour lutter contre l’optimisation fiscale des grands groupes français et internationaux ] rien sur les GAFAM, rien sur les 58 multinationales qui blanchissent 100 Mds au Luxembourg, en fait rien sur la fiscalité

4- Observations :

4.1.1. Sur la forme :

Document indigentaléatoire dans son déroulé (l’articulation des billet-points n’est pas toujours cohérente), souvent lacunaire (seuls quelques items[les seuls pour lesquels les équipes en charge ont remis leur copie à temps ?] paraissent ça et là (un peu) plus détaillés : EHPAD, université, etc.) et qui ne contient que peu d’éléments chiffrés sérieux [alors qu’il s’agit d’une proposition de budget !] : il s’agit d’un pur et simple (et mauvais) document de com’.

Par ailleurs la question fiscale [c’est juste la partie « recettes » du budget…) est quasi totalement omise( cf. infra-) et « évacuée » en une ou deux pages, ce qui est quand même embêtant pour une proposition émanant d’un parti dit « de gouvernement ». Rien sur le fraude fiscale, rien sur la progressivité de l'impôt, rien sur la TVA, rien sur

4.1.2. Sur le fond :

Aucune référence et donc aucune critique dans le support PS à/dela soumission aux grands équilibres maastrichiens et aux exigences de la Commission et leur impact sur la croissance et le pouvoir d’achat de nos concitoyens-alors que les précédents/exemples de relance européens (Portugal, Italie, voire Espagne) s’y prêtent, pour le moins.

en fait le projet PS 2019 apparaît avec le temps qui a passé comme pire que les budgets Hollande, il y a quelque chose de déroutant à les lire refaire en pire ce qu'ils ont fait pendant, cinq ans, aucune leçon, aucun projet, aucune ambition de gauche,

Aucune proposition en matière fiscale afin de rendre le dispositif français « plus juste », i.e. rien sur :

* la réforme de l’IR(barèmes, etc.) ;

* une éventuelle augmentation des droits de mutation à titre gratuit (droits de succession notamment) pour abolir la « société d’héritier.e.s » ;

* sur une stratégie de lutte contre l’évasion fiscale, y compris des GAFAM ;

* sur la fiscalité locale, pourtant en plein bouleversement [contrairement à la version 2018, qui évoquait brièvement le sujet (cf. infra-, 4.2)]

Etc.

Aucune référence aux enjeux de Service public - hors rapide mention des suppressions de postes au ministère de l’éducation nationale- et de protection des biens communs.

4.2. Comparaison avec le contre-budget PS 2018 :

Des propositions intéressantes qui figuraient dans le « budget alternatif 2018 » ont disparu dans la version 2019, notamment :

4.2.1.Extension du taux réduit d’IS (15 %) à toutes les PME pour leurs premiers 38 120€ (p. 23)

4.2.2.Meilleur fléchage des fonds de l’assurance-vie vers les PME (p. 19) ;

4.2.3. « Création de 430 000 emplois aidés au lieu de 200 000 en 2018 » (p. 20) ;

4.2.4.« Rétablir les 450 Mo€ dans la base de calcul du montant de TVA à transférer aux régions » (p. 25).

 

c’est même pas le travail d’un parti d’opposition, les différences avec le budget macronien sont mineures

pas la peine d’avoir deux groupes parlementaires PS a l’AN et au sénat pour produire cela,

ils ne sont pas prêts de se redresser, ni a se ré orienter a gauche

c’est passa peine de venir manifester avec les fonctionnaires pour leurs effectifs ni pour leurs salaires, ce budget prouve que vous les trahirez encore,

pas le peine de défendre la SNCF, comment le ferez vous ?

vous est calés dans les clous austéritaires du TSCG, de Merkel, vous allez continuer le CICE, de subventionner la finance et pas le salariat qui travaille  !


 

merci a Arno Lafaye

14 Commentaires

  1. Benoit
    Posted 26 octobre 2018 at 2:13 | Permalien

    c’est comme cela que l’on reconquiert l’electorat de gauche? Ou que l’on ammorce une réunification de gauche? J’ai du rater un episode ( ou toute une saison..) quelle deception pour ceux comme moi qui y croyaient encore..

  2. Gilbert Duroux
    Posted 26 octobre 2018 at 15:04 | Permalien

    Bien évidemment qu’ils n’ont pas changé. Et c’est même pire puisque le chef des socialos, Olivier Faure, pourtant descendant d’immigrés si je ne me trompe, surfe sur le thème favori du FN :
    http://www.lefigaro.fr/politique/le-scan/citations/2018/10/25/25002-20181025ARTFIG00343-immigration-faure-ps-evoque-le-sentiment-d-une-colonisation-a-l-envers.php

  3. Posted 27 octobre 2018 at 11:42 | Permalien

    Il y a, socialement, trois sortes d’électeurs de Bolsonaro.
    Il y a bien entendu les poupées Barbie, comme on dit au Brésil, toute la bourgeoisie, tout le patronat, le Wall Street journal, et leurs sphères d’influence directe, mais il est évident que ça ne suffit pas.
    Il y a aussi les « classes moyennes », à savoir surtout des couches qui soit se sont enrichies, soit ont simplement vu leur situation s’améliorer, durant les années Lula qui sont celles d’une « redistribution » qui fut, en fait, un ruissellement permis par les prix des matières premières et de l’agro-alimentaire dans les années 2000-2008, puis qui voit un gouffre s’ouvrir sous leurs pieds avec la crise.
    Il y a enfin des couches populaires dans les favelas, passées d’un clientélisme à un autre et que le syndicalisme de masse et le PT n’ont jamais véritablement organisées, parmi lesquelles les communautés catholiques de base sont de plus en plus en plus supplantées par les églises protestantes évangélistes et pentecôtistes.
    S’ajoutent sans doute à ces trois couches électorales pas mal de fonctionnaires et, bien entendu, le milieu militaire et policier.
    Ce que les bolsonaristes préparent c’est la prise d’assaut des organisations ouvrières, paysannes et étudiantes -CUT, Conlutas, MST, MTST, PSOL …- et les agressions sexistes et homophobes généralisées.
    Ces trois ou quatre couches électorales ne forment une majorité potentielle que par la sidération et la démoralisation dans le camp social ouvrier et paysan, déjà marqué par la défaite qu’a constitué le coup d’Etat à froid contre Dilma et Lula permis par leur politique et perpétré par leurs alliés (de ce point de vue, on rappellera qu’avant Hitler le mouvement ouvrier allemand avait subi les défaites de Brüning et von Papen ainsi que celle de la confusion du plébiscite rouge-brun en Prusse et de la grève des transports berlinois fin 32).
    L’ambiance est telle que ce second tour n’a rien de démocratique : il se fait déjà, localement, sous la terreur, et nationalement, sous la menace d’un coup d’Etat et d’émeutes si Bolsonaro n’est pas élu. Cela veut dire affrontement dans tous les cas.
    Bien entendu il faut voter Haddad mais ça ne suffit pas. La question des armes dans les luttes sociales en Amérique latine a été présente, mais confisquée par les minorités éclairées. Aujourd’hui la question des armes doit être posée dans les syndicats de la métallurgie et chez les sans-terres notamment, dans les Etats du Nordeste où Bolsonaro reste minoritaire électoralement et qui formeraient une poche assiégée, de l’extérieur et, de l’intérieur, par les bandes armées des latifundiaires, s’il est élu.
    Il n’y a pas de raccourci, il y a une responsabilité. Non pas pour provoquer, mais pour éviter ou limiter, le bain de sang, résister et contre-attaquer, il faut que les ouvriers, les paysans, les étudiants, aient des armes. L’état d’esprit tourné vers ce combat sera la première arme. VP

  4. Gilbert Duroux
    Posted 27 octobre 2018 at 22:30 | Permalien

    Manuel Valls ne nous décevra jamais. Ce grand républicain en France est le premier à défendre la monarchie en Espagne et s’oppose à la maire de Barcelone sur le sujet :
    https://www.huffingtonpost.fr/2018/10/27/manuel-valls-secharpe-avec-la-maire-de-barcelone-sur-la-monarchie-espagnole_a_23573343/

  5. Posted 1 novembre 2018 at 0:27 | Permalien

    seuls moins de 250 signataires de l’appel de Maurel-Lienemann étaient signataires de leur motion du congrès du PS. Les autres (plus de 400) n’étaient plus/ ne sont pas au PS.
    sur 16 signataires en Loire-Atlantique, seuls deux suivent Maurel-Lienemann et 3 ou 4 signataires seulement au PS (un signataire de l’appel est à Génération.s !).
    Sur le 76 il y a 6 signataires dont un qui n’a jamais été réintégré au PS après avoir fricoté avec la droite … 2 sont de Rouen 2 sont inconnus et une est déjà parti à FI …
    sans parler des doublons qu’on retrouve trois ou quatre fois dans des départements différents et des « récupérés » dont on sait qu’ils sont là mais qu’ils ne sont pas d’accord.
    L’ambiguïté de l’appel aussi c’est qu’il n’indique pas pour les signataires le soutien à la création d’un nouveau parti avec le MRC (ou les résistances semblent grandes) ni bien sûr le « ralliement » à JLM.

  6. Posted 1 novembre 2018 at 14:56 | Permalien

    dans  » L’Humanité  » de ce mercredi 31 octobre 2018 :

    Les vraies causes de la désindustrialisation française
    Contrairement à ce que l’on pourrait penser, si la France a des résultats économiques médiocres comparativement à l’Allemagne, ce n’est pas parce que ses entreprises souffriraient d’une insuffisance d’investissement. Une étude d’un organisme officiel, France Stratégie, fait un sort à cette idée. Les données de l’institut statistique européen, ont déjà montré que notre pays est en ce domaine au-dessus de la moyenne des pays de l’Union. Les entreprises non financières y consacrent en 2017 l’équivalent de 23,51 % du PIB, contre seulement 19,92 % en Allemagne, 21,25 % en Italie, 18,31 % aux Pays-Bas, 17,94 % au Royaume-Uni. C’est encore plus marqué dans le secteur manufacturier (automobile, sidérurgie, textile, chimie, agroalimentaire, …), puisque le taux d’investissement représente 25,7 % de sa valeur ajoutée en France, contre 19 % en Allemagne. Seul, en Europe, le taux suédois lui est supérieur. 
L’investissement chez nous a plusieurs caractéristiques. Il est d’abord concentré dans les grandes entreprises et celles à taille intermédiaire. En second lieu, le taux d’investissement en machines et équipements y est l’un des plus faibles des pays européens les plus développés. Depuis 2002, indique l’étude, ce taux d’investissement « n’a été structurellement plus faible qu’au Royaume-Uni (…), le seul pays européen où la désindustrialisation a été plus prononcée qu’en France ». La part relative des machines et équipements dans l’investissement de l’industrie manufacturière en 2015, n’est que de 23 % en France alors qu’elle est de 43 % en Allemagne, 64 % en Italie, 36 % en Espagne, 39 % au Royaume-Uni, 43 % aux Pays-Bas. De plus, ce sont des investissements de remplacement plus que de modernisation ou de capacité. Troisième trait : Les investissements en actifs immatériels comme la R&D, les logiciels et bases de données sont bien plus élevés en France que dans les autres pays européens.
Pour expliquer cette situation, France Stratégie fait l’hypothèse que ce contraste français entre les investissements matériels et immatériels s’expliquerait par le fait que « les entreprises industrielles françaises ont choisi de faire fabriquer dans des pays à moindre coût tout en continuant à concevoir les produits en France ». Autrement dit, les capitalistes français délocalisent afin de donner la priorité à la satisfaction des actionnaires « mesurée à l’aune de la profitabilité des entreprises et des groupes dont le siège est situé en France », au détriment de « l’emploi, de la productivité et du solde commercial national ». La rentabilité des capitaux contre l’intérêt national, CQFD.

    Pierre ivorra

  7. Posted 1 novembre 2018 at 16:27 | Permalien

    Il y a 2 problèmes avec ce post.

    a. La désindustrialisation est un processus de long-terme qui ne peut pas s’expliquer en regardant des statistiques pour une seule année (2015 – l’étude est ici). Tous les pays avancés ont subi la « désindustrialisation » – Allemagne comprise (voir ici pour une comparaison avec la France). Il n’y a pas de particularité française en termes de tendance de fond à cet égard. Donc, contrairement à ce que dit ce monsieur, la désindustrialisation n’est pas due à un comportement particulier des capitalistes français qui privilégieraient les actionnaires au détriment de l’emploi « français » plus que les autres capitalistes. C’est la croissance de la « composition organique du capital » – la progression de la productivité autrement dit – qui en est la cause première. Voir mon article dans le D&S de septembre ou octobre (je ne sais plus lequel).

    b. La conclusion « les capitalistes français délocalisent plus que les autres capitalistes européens » ne tient pas (et ne s’appuie dans ce post sur aucune donnée). Les données sur l’ouverture commerciale (le ratio entre commerce extérieur et PIB) montrent clairement qu’avec l’ouverture économique des pays est-européens (et, plus précisément, depuis 1998), l’Allemagne s’est clairement démarquée des autres grands pays européens en augmentant son ouverture. C’est-à-dire que les grandes entreprises allemandes ont externalisé une très importante partie de leurs réseaux productifs (elles ont « allongé et internationalisé leurs chaînes de valeur ») dans ces pays – bien plus que les autres grandes entreprises européennes. Elles y ont mis les activités à faible valeur ajoutée et préservé les activités à forte valeur ajoutée en Allemagne même.

    C’est un comportement assez typique – toutes les grandes boîtes font ça: les activités à faible valeur ajoutée emploient une force de travail relativement peu qualifiée où la concurrence salariale joue beaucoup plus. Et toutes les grandes entreprises européennes ont européanisé leurs chaînes de valeur pour profiter des avantages dits « de localisation ». Seulement voilà, depuis 20 ans, les allemandes plus que les autres.

    Bref, dire « nos capitalistes n’en ont cure de l’intérêt national, au contraire des capitalistes des autres pays européens » – outre que politiquement c’est nul (l’emploi se confondrait avec l »intérêt national »? quid des emplois créés par exportation de capital? on s’en fiche des salariés polonais, roumains, maghrébins, etc. qui bossent pour Renault, PSA, etc.?) – n’a pas grand chose à voir avec la réalité. ça alimente même un discours « populiste » qui peut très facilement être repris par l’extrême droite: la « trahison des élites » contre le « peuple ».
    cg

  8. Posted 1 novembre 2018 at 20:40 | Permalien

    Je suis d’accord.
    Le pris des carburants la pompe dépend à 50% des taxes.
    Il y a la Taxe Intérieure de Consommation sur les Produits Energétiques (TICPE ex TIPP). Son montant est fixe (en euros) et voté chaque année dans la loi de finances. Elle peut être majorée par les régions<.
    Le prix du carburant raffiné plus la TICPE sont additionnés puis assujetti à un taux de TVA de 20%.

    Outre la hausse des salaires et des pensions, je suis pour une revendication forte en terme de baisse de la TVA (l'impôt le plus injuste).
    On pourrait par exemple proposer une TVA à 5,5%.

    Pour la planète ce sont les profits des raffineurs qu'il faut taxer ! Et il faut développer les transports publics partout avec des coûts pour les usagers avantageux pour décourager de l'usage de son véhicule personnel.

    J'ai déjà fait un mail sur la question de la TVA (resté sans réponse) avec une note de Pascal et une info sur la proposition de LFI de baisse de la TVA sur les réparations qu'on pourrait étendre à tous les produits de première nécessité.

    jc

  9. Posted 1 novembre 2018 at 20:40 | Permalien

    Bonjour

    Sur l’appel à bloquer le pays le 17 novembre, initié par deux individus (https://www.lejdd.fr/Societe/essence-ceux-qui-appellent-a-bloquer-la-france-le-17-novembre-ceux-qui-sont-contre-3789524?fbclid=IwAR29kmdE3bhta0qRarQ0p02OCy1g8fLLuRgoIgJ986R59nMeGiKwa-6uykg).

    Appel ensuite relayé largement par l’extrême-droite.

    Nous avons essayé de traiter de cette question dans l’editorial de la letttre de DS (voir sur le site de GDS : le ventre est fécond).

    Nous sommes face à un phénomène du type de celui des Bonnets rouges.

    nous pouvons peut-être tenter d’orienter la colère (justifiée) dans deux direction s: contre le gouvernement qui veut remplir les ciasses de l’Etat après tant de cadeaux aux plus fortunés (et la transition écologique a bon dos !).

    Mais aussi contre Total et ses gros bénéfices qui vont dans les poches de ses actionnaires. Total qui est l’entreprise la plus pollueuse de notre pays.

    Il faudrait travailler quelques mots d’ordre que l’on traduirait ensuite en « vignette » pour les réseaux sociaux. Il ne s’agit pas pour nous d’appeler au 17, mais d’aider à fournir un débouché progressiste à la colère populaire face à la hausse des carburants qui pénalisent de nombreux salariés obligés d’utiliser leur voiture (sans parles des notes de chauffage qui s’envolent).

    Amicalement

  10. GREG
    Posted 2 novembre 2018 at 22:00 | Permalien

    A la fin du post 7, je vois les initiales CG ; c’est Christakis Georgiou qui est cité ? Si c’est lui, tu peux lui dire Gérard que son analyse sur « le salariat aujourd’hui » depuis février dans D&S est tout simplement excellente.
    Il devrait en faire un livre. Les analyses tendant à éclairer le salariat sur sa force numérique malgré la division internationale du travail sont bien trop rares de nos jours.

  11. Posted 5 novembre 2018 at 12:49 | Permalien

    Bonsoir,

    Sommes-nous anti-libéraux ? Sommes-nous républicains ?

    Je pense que nous avons tort de critiquer le libéralisme sans discernement. Nous ne devons pas nous dire « anti-libéraux » pas davantage que « anti-républicains ». En ce qui concerne le respect des droits et l’égalité des droits, je pense que libéralisme et républicanisme sont contingents : parfois leurs décisions respectent la démocratie, parfois non.

    L’étymologie donne un bonne définition de la démocratie : « souveraineté du peuple d’un territoire » car, de préférence à « pouvoir », « kratos » signifie « souveraineté » et « dêmos » se traduit par « peuple d’un territoire ». Or, pour les individus, la « souveraineté » exprime le « respect des droits » et le « peuple » est formé par « les citoyennes et les citoyens implantés dans son territoire ».
    C’est pourquoi « souveraineté du peuple d’un territoire » se traduit par « respect des droits des citoyennes et citoyens d’un territoire » ou « respect des droits universels ». L’univers qui bénéficie de ces droits « universels » est l’ensemble des citoyennes et des citoyens de ce territoire.

    Pour comprendre une orientation politique, il faut connaître les rapports sociaux qu’elle privilégie et ceux qu’elle combat. Le libéralisme privilégie les rapports contractuels (y compris marchands) et donc les décisions à l’unanimité. Le républicanisme privilégie les rapports de délibération, c’est-à-dire les décisions à la majorité (qualifiée, simple ou relative). Le caractère démocratique (= respectueux des droits universels) des décisions dépend de la qualité des arguments échangés, du temps consacré au débat, des garanties sur sa forme et de l’équilibre du rapport de forces entre les parties.

    En fonction de ces facteurs de démocratisation ces deux formes de rapports sociaux (libéralisme et républicanisme) conduisent à des décisions parfois respectueuses des droits universels, parfois non, c’est variable. Mais, il existe un type de contrat qui est toujours léonin, c’est le contrat de travail : le salarié a vendu l’usufruit de sa force de travail, donc il ne maîtrise plus son usage et il ne dispose pas du revenu qu’elle rapporte, car le capitaliste en prélève une partie et ne verse au salarié que son salaire (le salarié ne garde que la nue-propriété de sa force de travail, l’abusus).
    C’est pourquoi nous combattons le libéralisme dans l’économie capitaliste, notamment en renforçant le code du travail qui permet de limiter son caractère inégalitaire. En raison de la place dominante du contrat de travail dans l’activité sociale, ce combat est omniprésent et peut donner l’impression que la lutte pour la démocratie est par nature une lutte contre le libéralisme : tomber dans ce piège conduit à délaisser les combats pour les libertés ou à tolérer les orientations liberticides.

    Mais, en dehors de ce rapport salarial, nous ne combattons pas le libéralisme. Nous combattons pour renforcer les facteurs de démocratisation des rapports contractuels (y compris des rapports marchands). De même que nous combattons pour renforcer les mêmes facteurs de démocratisation des rapports de délibération, privilégiés par le républicanisme.

    Les néolibéraux ou ordolibéraux privilégient le contrat de travail et combattent le code du travail. Mais ils ne sont pas libéraux : ils ne combattent pas les différentes formes d’oppression, ni le bonapartisme ni la bureaucratie, ni le nationalisme, ni le sexisme. Ils ne privilégient ni la défense des libertés ni celle des rapports contractuels, sauf celle du contrat de travail qui leur suffit pour se déclarer « libéraux ». Au contraire, nous défendons les libertés et, en dehors des contrats de travail, nous justifions le recours aux rapports contractuels en veillant au respect des conditions qui favorisent leur démocratisation… Nous sommes donc libéraux, mais sous conditions. Nous ne sommes pas anti-libéraux, ce sont le néolibéralisme et l’ordolibéralisme que nous combattons.

    Je pense que ceux qui accusent le libéralisme d »être responsable des maux du néolibéralisme, ouvrent la voie au nationalisme et au bonapartisme. Les nationalistes soumettent l’accès aux droits au critère subjectif de la préférence nationale, notamment pour l’accès aux droits civiques, à la citoyenneté. A la souveraineté du peuple, les nationalistes substituent la souveraineté de la nation. Dans un territoire multinational, le nationalisme est un communautarisme car il accorde des droits selon des critères subjectifs, il n’est pas un républicanisme. Avoir recours à la loi de la majorité leur suffit pour se déclarer « républicains » : l’affirmation de convictions républicaines sert souvent de couverture au nationalisme. Cette confusion entre peuple et nation est alimentée par l’idéologie de l’Etat-nation (à chaque nation son Etat), alors que les citoyens qui composent un peuple, disposent d’un statut objectif et ne peuvent pas être confondus avec les nationaux qui composent une nation et disposent d’une identité nationale subjective.

    Nous combattons les nationalismes sans confondre le nationalisme des opprimés qui peut être une étape dans la lutte pour l’auto-détermination de tout le peuple et le nationalisme dominateur qui, comme l’Etat sioniste refuse d’intégrer les territoires occupés pour ne pas donner la citoyenneté à la majorité palestinienne. Nous sommes républicains mais nous savons que la république et le suffrage universel doivent être accompagnée par des moyens qui garantissent son caractère démocratique.

    Amitiés
    Pierre Ruscassie

  12. Gilbert Duroux
    Posted 5 novembre 2018 at 21:14 | Permalien

    Une tribune de cadres insoumis déçus par Mélenchon. Ce qu’ils réclament me semble aller dans le bon sens. Je ne vois pas en quoi ça pourrait s’opposer à ce que tu fais de ton côté ?https://www.lejdd.fr/Politique/des-insoumis-decus-appellent-a-preserver-le-programme-de-melenchon-3792452

  13. Posted 6 novembre 2018 at 10:37 | Permalien

    Bonsoir,
    La lettre de l’Union européenne de Médiapart est décidément très intéressante, même si l’on n’est pas forcé de partager tout ce qui est écrit. Voilà celle du 5 novembre 2018 et l’article de François Bonnet.

    Dans UEFA, il y a UE… L’Europe du football est aussi malade que l’Europe politique. Les maux sont les mêmes : une financiarisation sans limites ; des circuits de fraudes (évasion fiscale, économie offshore) toujours plus sophistiqués. Les premières victimes sont les citoyens européens et les fans de football condamnés à applaudir des compétitions vérolées par l’argent.

    La fuite de 70 millions de documents (Football Leaks) traités par quinze médias européens, ne parle pas que de clubs et de matchs. Elle est aussi comme une loupe qui nous révèle la puissance des forces de l’argent désormais maître de l’Europe.

    La géographie de l’UEFA n’est pas celle de l’Europe des 28. Son siège est en Suisse, des pays comme Israël, la Turquie et la Russie en sont membres… Mais ses acteurs principaux sont bien les clubs et fédérations de cette poignée de pays au cœur de la vieille Europe. Et avec l’argent illimité du foot a pu être expérimentée une dérégulation massive, encore amplifiée par le recours à la fraude.

    Des règles sont là, officiellement. Dans les faits, les compromis obscurs, les accords politiques secrets et les conflits d’intérêts font écho à ce qui se passe à la commission ou au conseil européen (lire par exemple notre enquête sur les trilogues, cette boîte noire de l’Europe). L’Europe produit du droit, en masse, et les moyens pour le contourner : c’est ce que nous rappelle Football Leaks.

    Un homme est d’ailleurs passé sans difficulté de l’UE à l’UEFA, Jean-Luc Dehaene. Ce poids lourd de la politique belge a été vice-président de la convention européenne en 2002. Et il fut l’enquêteur en chef de l’instance de contrôle financier des clubs de l’UEFA de 2012 à 2014. Fan de foot, fan de l’Europe : Dehaene n’a pu empêcher l’argent de tuer deux belles idées.

    Cordialement,
    JJC

  14. Posted 7 novembre 2018 at 14:50 | Permalien

    Bonjour,

    La mobilisation qui s’engage (même si nous en ignorons l’ampleur) contre l’augmentation du prix de l’essence ne peut que nous poser la question de quelle réponse pratique nous lui apportons.

    Cette mobilisation n’arrive pas dans n’importe quel contexte. Macron apparaît clairement comme le Président des riches. Il recueille 21 % de bonnes opinions au dernier sondage d’octobre. Sa base sociale diminue rapidement. Le groupe parlementaire de LREM est apparu pour ce qu’il était lors de « l’été Benalla » : un canard sans tête. Les groupes locaux de LERM sont évanescents. La politique que mène Macron, l’image qu’il a de lui-même, sont de plus en plus en contradiction avec la réalité sociale. Seules les institutions de la Vème République lui permettent de tenir. Dans une telle situation « une étincelle peut mettre le feu à toute la plaine » et la manifestation du 17 novembre pourrait être cette étincelle. Cela pourrait aussi être la mobilisation contre ce que prépare Macron contre nos retraites ou toute autre mesure de la politique gouvernementale. Mais il faut essayer de ne rien laisser passer. D’autant que, même s’il le fait maladroitement en reprenant le « chèque carburant » de Xavier Bertrand, Macron recule car il a compris le danger.

    L’extrême-droite n’a pas réussi depuis les années 1950 et le mouvement Poujade à organiser massivement des pans entiers de la population. A l’époque s’était la petit-bourgeoisie atteinte de plein fouet par l’extension des grands magasins et la concentration du capital commercial. Il serait vraiment dommage de lui laisser, aujourd’hui, le terrain libre.

    J’ai donc quelques problèmes avec les messages envoyés par Christian, Gérard, Jean-Yves et Jean-Claude.

    Christian a le grand mérite de souligner l’importance que pourrait avoir la mobilisation du 17 novembre et ses suites. Mais je ne crois pas qu’il soit possible de saluer « la gauche enfin rassemblée ». Ce n’est pas la gauche qui se rassemble (si ce n’est pour ne rien faire) mais une partie de sa base sociale.

    Gérard écrit que « depuis le début GDS appelle à hausser les salaires face à l’inflation à rendre les transports en commun gratuits… » C’est tout à fait juste. Mais qui le sait en dehors d’un cercle de quelques milliers de personnes (dans le meilleur des cas) ? La mobilisation du 17 ne rassemblera sans doute pas des millions de personnes mais elle en intéresse des millions qui ne prendront pas connaissance de nos revendications si nous ne nous impliquons pas (la façon de le faire est bien sûr à discuter) dans la manifestation du 17. GDS ne devrait pas, en la matière, se contenter d’avoir bonne conscience mais d’essayer d’être pratiquement utile au salariat.

    Jean-Yves, pour sa part, propose à GDS de jouer le rôle de commentatrice du mouvement social. : « on ne fonce pas tête baissée derrière n’importe quel appel surtout s’il n’avance pas de vraies revendications sociales… ou s’il rassemble des petits patrons des transports, des leaders de droite et d’extrême-droite » Il n’y a pourtant qu’une fatalité à ce que la mobilisation du 17 novembre ne reprenne pas (en partie du moins) de « vraies » revendications sociales, qu’elles ne rassemblent que des « petits patrons » et que l’extrême-droite en prenne la tête. Tout dépendra de ce que fera la gauche même si elle s’y prend un peu tard : le mouvement n’a pas été lancé par l’extrême droite, elle a simplement compris rapidement l’intérêt de reprendre l’initiative lancée par des usagers sur les réseaux sociaux. Il faut en disputer la direction à l’extrême-droite et lui donner un contenu de classe, celui du salariat. On n’a pas forcément le choix du terrain, c’est la vie. Il faut aussi se poser la question : si cette mobilisation réussit et mobilise des centaines de milliers de personnes que ferons-nous ? Resterons-nous sur le bas côté de la route ou appellerons-nous la gauche à rejoindre le mouvement sur ses propres revendications. C’est alors que la gauche risquerait d’apparaître comme rejoignant un mouvement réussi que l’extrême-droite présenterait comme le sien.

    La position de Jean-Claude m’apparaît plus constructive que les deux précédentes car elle implique une action pratique, une « campagne unitaire de la gauche avec au besoin un collectif spécifique « reprendre la main ». Toute la question est de savoir si ces collectifs s’impliqueront ou non dans la mobilisation du 18 novembre où si GDS passera la main.

    La gauche, aujourd’hui est tétanisée par les prochaines élections européennes, considérées (alors que cela n’a jamais été le cas) comme la « mère des batailles ». Jadot se donne bien garde de soutenir une mobilisation qui pourrait paraître comme anti-écologiste, Hamon fait de même. Quant à la FI elle a une position aussi courageuse qu’au second tour de la présidentielles lorsque JLM déclare, à propos du 17 : « Si nos amis sont dedans, on sera fier d’eux. Ceux qui veulent pas y aller également ».

    Avec une telle gauche, il ne faudra pas s’étonner de la progression du FN (devenu RN). Comme à chaque fois, il disparaît du paysage politique après son échec à la Présidentielle puis réapparaît brusquement au grand étonnement de presque tout le monde. Là, il réapparaît à la fois en tête des sondages pour les élections européennes et sur le terrain de la mobilisation sociale. La gauche devrait-elle vraiment lui laisser le terrain libre pour récupérer une mobilisation pour la défense du pouvoir d’achat ?

    Il reste peu de temps mais pourquoi GDS ne s’adresserait-elle pas à tous les partis de gauche pour leur demander de discuter de participer à la manifestation du 17 sur 3 axes principaux :

    1- – Le refus que soient taxées des personnes qui peinent à boucler les fins de mois (particulièrement dans les zones rurales ou périurbaines) et qui n’ont pas d’autres moyens que la voiture pour aller au travail, conduire leurs enfants à l’école, aller à la Poste, chez le médecin et parfois même chez l’épicier. En l’absence d’équipements collectifs dignes de ce nom. Contrairement à ce que prétend Macron, ils n’ont pas le choix de faire autrement : de se loger en ville ou de se payer une voiture électrique.

    2- – Le refus que la politique environnementale soit une politique répressive et punitive. C’est le meilleur moyen d’amener une grande partie de la population à rejeter la lutte contre le basculement climatique.

    - – Des revendications sur le pouvoir d’achat, l’investissement public pour financer la transition écologique.

    Sur Médiapart, Romaric Godin a écrit un excellent article « Prix du carburant : le gouvernement paie cher une vision économique simpliste ». Il serait très utile pour étayer un argumentaire de GDS. Je le joins à ce message.

    Cordialement,

Déposer un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera jamais transmise.

*