5 décembre, contre offensive généralisée

 

Quel que soit le point du globe où notre regard se pose, le constat est clair : la contestation se généralise.

En Amérique latine, avec le Chili, l’Équateur et main- tenant au Brésil où le peuple va peut-être relever l’espoir brisé, maintenant que Lula est libre ; au Maghreb, avec l’Algérie ; au Moyen-Orient, avec le Liban et l’Irak ; en Asie, avec Hong-Kong. Mais aussi en Europe, avec la crise en Catalogne, avec le mouvement des Gilets jaunes en France, et maintenant le mouvement qui monte sur les retraites…

L’édifice se lézarde

Les raisons de ces explosions diffèrent. Ici, c’est l’augmentation du ticket de métro. Là, celle de l’essence. Ailleurs, c’est une taxe qui fait basculer la situation ou encore l’emprisonnement de dirigeants politiques… Ce cycle de mobilisations

est le reflet d’un mouvement profond. Celui d’un rejet d’un système en crise qui creuse les inégalités dans la distribution des richesses.
Des intellectuels reprennent la critique d’un capitalisme vorace et financiari-

sé, que formulent depuis des années – de façon sans doute moins « savan- te » – les mouvements sociaux et altermondialistes aux quatre coins du monde. Le mouvement est loin de se généraliser, mais il prend conscience

un peu partout de sa force et se politise.
Les mobilisations pour le climat font par exemple entrer, partout dans le monde, les jeunes générations dans un combat, si ce n’est contre le systè-

me capitaliste, au moins contre l’idéologie néo-libérale. C’est un des gains décisifs des derniers mois au niveau international.
Les processus électoraux commencent à refléter cette polarisation sociale

en cours. Après une série de scrutins aux résultats inquiétants, l’effet Trump-Bolsonaro semble avoir fait long feu. Les élections en Argentine marquent une poussée vers la gauche, les bons résultats de Bernie Sanders dans le Nevada témoignent de la même logique, tout comme la

perte de popularité de Macron dans l’Hexagone. La dynamique est inégale, bien sûr, mais ces éléments se combinent pour poser la question d’une alternative à la mondialisation libérale.
C’est ce qui explique la crise de leur fameuse « gouvernance », celle de l’Union européenne en particulier. C’est ce qui explique les politiques régressives des dirigeants des principaux pays capitalistes.

Budget de guerre sociale

En France vient d’être adopté un budget de classe avec des réductions d’emplois dans l’Éducation nationale, des coupes drastiques pour les fonds de solidarité et de vils expédients pour un hôpital déjà moribond, ainsi que l’écologie pourtant élevée au rang de cause nationale par Macron-Janus… Alors que les urgences demandent des moyens, que les dérèglements climatiques se succèdent, que les agents publics sont à bout !

Non sans difficultés, une majorité s’est par ailleurs dégagée à l’Assemblée natio- nale pour accepter la non-compensation pour les caisses de Sécurité sociale des allègements de cotisations sociales accordées aux employeurs. Un moyen sup- plémentaire pour tuer notre protection sociale.

C’est le moment !

C’est dans ce contexte que se profile la contre-réforme des retraites, conçue pour piller davantage encore la Sécu, alors que les moyens devraient être développés pour faire face au chômage, à la dépendance et à l’augmentation prévisible du nombre de retraités.

Macron hésite face à la montée des réactions. Il semble craindre l’affrontement qui vient et alterne déclarations bravaches et propos conciliants. Et, grand clas- sique, ressort de la boîte de Pandore le débat éculé sur le voile et l’immigration. Diversion certes, mais énorme danger face au risque de montée du racisme sous toutes ses formes, en particulier dans les classes populaires.

La responsabilité de la gauche n’en est que plus grande. Elle doit mettre un terme à son émiettement, dégager une alternative pour faire perdre la REM et le RN, tant aux municipales qu’au plan national.
Raison de plus pour tout faire pour que la mobilisation du 5 décembre soit exceptionnelle. Elle peut constituer un tournant de la situation française. Les appels se multiplient. Il faut amplifier le mouvement, préparer les suites sur le plan social comme sur le plan politique.

Un an après l’explosion du mouvement des Gilets jaunes – sur lequel nous reve- nons dans ce numéro –, il est temps de passer à la contre-offensive.

 

edito de D&S n°269  27 ° année

 

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