Trois questions à Sylvie Durand, secrétaire nationale de l’UGICT-CGT

 

Sylvie Durand, secrétaire nationale de l’UGICT-CGT, est une des spécialistes confédérales de la question des retraites.

 

D&S : Le 29 octobre, vous avez communiqué des chiffres tellement alarmants sur les effets du projet de loi Delevoye que les médias n’osent pas encore les diffuser. Quels sont ces chiffres ?

Sylvie Durand : Le gouvernement prévoit de plafonner les ressources affectées aux retraites à 14 % du PIB, donc mécaniquement avec un nombre de retraités qui va croître, on ne peut avoir qu’un décrochage continu du niveau des pensions.

En outre, dans un système par points, le droit à retraite est proportionnel à la durée de cotisation, c’est-à-dire aux périodes travaillées. On abandonne la référence aux 25 meilleures années du système actuel. Les périodes d’étude ne sont pas cotisées…, sauf pour l’ENA, Polytechnique et une poignée d’autres grandes écoles ! Donc, pour compenser les années de formation initiale, les salariés devront travailler au-delà de 70 ans.

Si l’on fait des simulations en se basant sur le salarié dont le salaire évolue comme le salaire moyen par tête, la durée de cotisation nécessaire pour obtenir 75 %, voire 66 % ou ne serait-ce que 60 % de son dernier salaire est aberrante. Pour avoir 75 % de son salaire de fin de carrière, un salarié devra cotiser 54 ans…, soit avoir un début de carrière à 10 ans ! Un salarié diplômé d’un bac +5 à 23 ans devra travailler, s’il le peut, jusqu’à 77 ans. !

 

D&S : C’est « gros », en effet… Mais y aurait-il des gagnants dans le nouveau « système » ?

S. D. : Tous les salariés seraient perdants, y compris ceux qui ont déjà pris leur retraite, puisque les pensions liquidées seraient amenées à diminuer si le montant total versé aux ayant-droits représentait un pourcentage de PIB supérieur à 14 %. Ce qui ne manquerait pas d’arriver en cas de récession. Notre système de retraite a joué un rôle important, comme filet de sécurité, lors de la crise de 2008. Le gouvernement, s’il parvient à mettre en œuvre son projet, priverait le pays de cette protection.

Le rapport Delevoye a indiqué que les « solidarités » seraient maintenues, mais « financées par l’impôt », ce qui en change la nature. Les dispositifs actuels de solidarité seraient transformés en aides sociales, lesquelles seraient, comme l’allocation de solidarité aux personnes âgées, délivrées sous conditions de ressources et probablement récupérables sur succession.

Pour l’instant, seules les banques et les assurances sortent gagnantes de ce projet de réforme. Elles peinent à faire prospérer en France le business de l’épargne retraite, qui est au passage un vrai danger. Ces dispositifs ne s’engagent même pas à restituer le capital en euros courants et s’évanouissent en cas de crise financière systémique !

 

D&S : Quelles sont vos propositions ?

S. D. : La CGT propose les axes suivants : l’augmentation des cotisations vieillesse, la retraite à 60 ans (âge d’ouverture des droits) , une pension correspondant à 75 % du salaire de fin de carrière et pas de pension inférieure au Smic net. En ce qui concerne la durée de cotisation, on peut proposer de parler de « carrière complète » pour prendre en compte les années d’études qui doivent intégrer le calcul, si l’on ne veut pas voir décrocher cette partie importante du salariat que représentent ceux qui sont qualifiés.

 

Propos recueillis par Anne de Haro.

 

Pour consulter la version intégrale de cet entretien,

une seule adresse : http://www.gds-ds.org/XXXXXXXXXXXXXXXXXX

 

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