pour information un article interéssant de laurent Joffrin sur les municipales

pour information  un article intéressant de Laurent Joffrin

 

Les vieux se rebiffent

La plus étrange soirée électorale de l’histoire, où les médecins volaient la vedette aux politiques, les statistiques sanitaires aux pourcentages de voix, a fait passer au second plan les leçons de ce premier tour des municipales. Pourtant, si l’on se détache un instant de l’angoisse ambiante – difficile exercice –, elles méritent qu’on s’y arrête un instant, avant de savoir, par Emmanuel Macron qui parle ce lundi soir, à quelle sauce nous serons confinés.

Le scrutin renverse en effet la plupart des conclusions qu’on tirait jusque-là de la vie politique française.

En un mot : ces municipales ont marqué la revanche du vieux sur le neuf.

Le neuf ? La domination électorale de La République en marche, qui a duré deux ans, de la présidentielle aux européennes. Sans implantation, sans élus locaux en dehors des barons venus de la droite, fondé sur un parti-start up aux adhérents d’un jour et d’un clic, le parti macronien ramasse une veste sans appel.

Symbole de cette déconfiture : l’effondrement de Gérard Collomb, qui croyait tenir solidement son royaume en revêtant ses habits macroniens et se retrouve sans couronne. Aucune conquête, aucun fief en propre, un score globalement faible pour LREM : le Président est suspendu au-dessus d’un pays qui lui est largement étranger.

Le vieux ? Les sortants, en premier lieu, qui ont en général gardé la confiance de leurs administrés et se retrouvent souvent en tête du scrutin. Loin de faire fuir les électeurs, l’exercice du pouvoir local les a fidélisés : tout le contraire du «dégagisme» qui semblait la règle depuis 2017. Cette prime au pouvoir en place vaut pour tous les partis, à Paris, à Lille, à Rennes ou à Nantes pour le PS, un peu partout pour LR, à Grenoble pour les Verts, et même dans les mairies RN ou apparentées, comme à Béziers, où Robert Ménard remporte une élection de maréchal, ou à Hénin-Beaumont où le RN est réélu triomphalement. Corollaire de ce théorème : LFI, parti dégagiste par excellence, a fait le choix de sauter par-dessus le scrutin dans la plupart des cas, faute de combattants. Et à Paris, sa candidate tombe au-dessous des 5%.

Le vieux encore : les partis traditionnels, qui gardent tous leur implantation. La droite classique devrait, s’il y a un second tour, maintenir ses positions de force. Contrairement à ce qu’on pensait, le conservatisme conserve… Le PS qu’on disait agonisant garde ses anciennes terres et fait même de bons scores dans certaines villes où il n’était pas au pouvoir. De même la bonne vieille union de la gauche, selon des arrangements variés (avec ou sans Verts, avec ou sans LFI), prouve encore son efficacité. Elle permet aux sortants de gauche de faire bonne figure, elle pousse les Verts quand ils sont têtes de liste, elle laisse même envisager certains gains appréciables. Symbole de sa pertinence : le bon score de la liste d’union à Marseille, où Martine Vassal, héritière d’un gaudinisme dévalué, subit une grave déconvenue dans ce premier tourPartout ou presque, l’antagonisme droite-gauche, réputé obsolète, a dominé la campagne et le scrutin.

On dira que la percée des écologistes, trait principal de cette élection, traduit un réel renouveau. Réflexion juste, à cette nuance près : le parti vert est un vieux routier des compétitions électorales et participe depuis longtemps à nombre de majorités municipales. Les réalisations qu’il pousse depuis des décennies se sont inscrites dans le paysage urbain dans de nombreuses villes et recueillent l’assentiment des électeurs. Ce qui est neuf, c’est la prise de conscience écologique de l’opinion, qui fait passer les Verts du second plan au premier dans plusieurs grandes villes. Mais là encore la tradition s’impose : pour gagner des mairies, la plupart du temps, les écologistes doivent s’allier avec les anciens partis de gauche, comme ils le font depuis longtemps. En principe, l’écologie transcende les anciens clivages. En réalité électorale, elle est une composante de la gauche, plus forte qu’auparavant, mais encore incapable de l’emporter seule. Le vert est une couleur qui s’affirme. Mais sans le rose et le rouge, elle reste minoritaire.

LAURENT JOFFRIN

 

Pour GDS :

 

De façon éclatante ce premier tour des municipales, en dépit des circonstances complexes, et des multiples manœuvres de Macron, donne une large victoire à la gauche unie.

Partout LREM est balayé : bel exemple à Lyon ou Collomb est troisième mais aussi au Havre ou Edouard Philippe est menacé.

La droite LR ne remplace pas LREM (Dati ne fait que 22 % devant Buzyn à 17%)

Le RN stagne (sauf à Perpignan où c’est la faute à la division de la gauche en deux listes).

Les seules listes qui poussent sont les listes unitaires de gauche.

En dépit de la mosaïque de la gauche malheureusement séparée en une quinzaine d’organisations.

Celles qui alignent le maximum de logos ont les meilleures dynamiques.

C’est le cas de « Printemps marseillais » en tête contre des Verts et des socialistes sectaires. Par contre la division de Montpellier produit des Verts de LFI, plonge la gauche – un temps donnée gagnante- dans le plus stupide des échecs.

Quand ce sont les Verts qui gagnent c’est parce qu’ils sont en tête de ces listes unitaires, quand ils sont seuls ils ne gagnent pas (c’est même une chute au Havre).

Quand c’est le PS, la plupart du temps il a fallu qu’il fasse l’unité pour gagner comme à Paris (PS, PCF, Générations) ou Nantes (PS PCF GDS).

La division est mortifère : à Aubervilliers, la droite est en tête avec 25 % alors qu’il y a 6 listes de gauche qui se partagent 75 %.

A Fécamp, il y a trois listes, ça donne 49,7 % pour la droite, et 44 % pour la gauche, notre camarade Patrick Jeanne, et 6,3 % pour LFI qui a refusé toute unité !

La leçon est claire, la gauche peut être majoritaire quand elle s’unit.  Retenons cette leçon pour le 2° tour quand il aura lieu.

Un « comité de liaison de toute à la gauche » s’impose.

Et retenons cette leçon pour des listes unitaires aux territoriales puis aux régionales. Il restera à s’en souvenir pour un candidat unique de la gauche à la présidentielle dont nul ne peut dire qu’elles se tiendront à la date prévue.

 

 

 

Déposer un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera jamais transmise.

*