Chronique au boulot n°497 Humanité dimanche : Contrôle préalable sur les licenciements

 

Il y a une vingtaine d’années une vendeuse de la Samaritaine s’était suicidée  après avoir  été victime d’un « plan social » de 140 salariées

Au bout de deux ans et demi, ne retrouvant pas de boulot, rejetée de partout, elle s’était défenestrée, depuis son petit appartement du 6° étage.

Cette femme croyait que sa vie était finie car son emploi était fini.

Elle n’avait rien d’autre, aucun avenir, elle était en fin de droits, aucune issue.

Comme des millions d’autres.

Ce fut une double tragédie, car à l’époque les syndicats avait contesté le « plan social » en justice, et ils avaient gagné ! La Cour de cassation avait imposé que soient  ré intégrées les 140 licenciées :  80 d’entre eux ont pu retrouver leur poste.

Mais la  procédure avait duré quatre ans.

Trop tard car cette femme s’était suicidée. Elle n’a pas su qu’elle aurait été réintégrée.

C’est pourquoi le contrôle sur les licenciements doit s’effectuer au  préalable.

Dès qu’il y a un doute manifeste, les salariés, leurs élus, leurs syndicats devraient pouvoir saisir l’inspection du travail et celle-ci devrait avoir le droit de suspendre les licenciements.

Que ce soit l’employeur qui dépose recours devant les juges, et qu’en attendant les salariés restent en poste.

Le tribunal des prud’hommes d’Amiens  le 28 mai 2020 vient de donner raison aux 832 salariés du site Goodyear fermé en 2014 :  il condamne la direction de Goodyear pour « licenciement sans motif économique valable ».

Tout le monde se souvient d’années de lutte acharnée pendant 6 ans des salariés de Goodyear pour éviter cela.

A l’époque ni Hollande ni Valls ne les avaient aidé.

Aujourd’hui Macron et Pénicaud disent qu’il faut « faire confiance aux patrons ».

Les salariés, leurs syndicats, leurs délégués, de 2008 à 2014 ont été décriés mais ils avaient donc raison ! Le juge leur redonne leur dignité : Goodyear n’a supprimé les emplois que « pour  accroitre les bénéfices et verser des dividendes aux actionnaires alors que cette année-là, ils réalisaient 1,5 milliard d’euros de résultat » !

Trop tard.

Et c’est intolérable.

Goodyear va devoir leur payer des indemnités, mais, les salariés ont perdu leur boulot.

Rien n’effacera les drames sociaux et familiaux qui s’en sont suivis

Beaucoup d’entreprises sont en train de prendre prétexte de la pandémie du Covid19 pour licencier abusivement,.

C’est maintenant qu’il faut refuser de laisser faire et exiger un contrôle préalable des licenciements.

Gérard Filoche

 

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