Dans la marine, ça ruisselle pas

Humanite-Dimanche chronique hebdomadaire n°518 (11° année)


On sait combien les riches ne « ruissellent » pas. Plus ils sont riches plus ils en veulent.

Plus ils se croient tout permis.

« Le yacht M/Y IDOL de 59 mètres de l’héritier de Décathlon a été saisi dans le port d’Ajaccio » selon Corse-matin du 21 novembre qui explique : « L’équipage ne bénéficiait pas de protection sociale et de cadre légal concernant le temps de travail.Le propriétaire, par le biais de montages, ne déclarait pas le personnel ». Le droit du travail français a été contourné : navire battant pavillon maltais, appartenant à une société domiciliée sur l’île de Guernesey, laquelle embauche six membres d’équipage recrutés aux Philippines. Marins et hôtesses sont payés entre 1 500 et 2500 euros en fonction du poste à bord pour 70 à 85 heures par semaine sans jour de repos.

Lorsque le patron a demandé que l’équipage soit à disposition dans le cadre d’une soirée organisée à Ramatuelle, ils ont refusé. Suite à cet ultime abus, le capitaine, son second, les deux mécaniciens et les six employés philippins ont fait procéder à la saisie conservatoire du yacht dont la valeur s’élève à 2,2 millions d’euros, correspondant au montant des arriérés qu’ils réclament devant les prud’hommes le 20 décembre prochain.

Au delà des yachts privés, il y a les patrons de la marine marchande  : « en
 octobre 2020, plus de 800 000 travailleurs de la mer, sur le 1,7 million que compte la marine marchande, étaient bloqués, les uns à bord, avec l’interdiction de descendre, et les autres à terre, avec l’interdiction de monter » rapporte Pierre Rimbert dans le Monde diplomatique : « Pour ces derniers, l’absence de contrat, et donc de salaire, les condamne à la misère. Pour les autres, toujours en mer, l’enfer s’éternise depuis  mars, quand la mise à l’arrêt de l’économie asiatique, puis mondiale, a empêché la relève des équipages et comprimé l’horizon des matelots aux quartiers spartiates des porte-conteneurs et vraquiers ou aux ponts inférieurs des navires de croisière. »

Gérard Filoche

 

 

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