« Gros et petits » au boulot chronique Humanité-Dimanche n°527 hebdomadaire 11° année

Le propriétaire d’un petit hôtel du 1erarrondissement de Paris est désespéré. Depuis le 1erconfinement,  mars 2020, il a tout fermé, il a même barricadé tout son rez-de-chaussée avec des grands panneaux de bois. Ç’est sinistre d’autant qu’il y a une quarantaine de chambres et que beaucoup en auraient eu besoin dans cette période. Il a mis en chômage partiel les trois veilleurs, son gestionnaire et les quatre femmes de ménage.

Cela fait 11 mois sans activité et les frais fixes le rattrapent, l’amenant au bord du dépôt de bilan. Il se tourne vers les banques puisque l’État prétend qu’il garantit les prêts qui seront accordés en raison du Covid.

Oui, mais voilà, même si le prêt est garanti, le banquier ne veut pas.

Et c’est le banquier qui décide, pas l’État.

Un banquier ça fait de la politique. Et il vous prête des parapluies quand il fait beau, il vous les reprend quand il pleut.

Là, le banquier semble avoir un plan différent, il attend que l’hôtelier soit en faillite et ensuite, il favorisera le rachat par une grande chaine, genre Accor ou Western Union. Le Covid est propice à ça. Ça rappelle à tout le monde que le capitalisme est un système de recherche du profit maximum et pas seulement du profit.

L’hôtelier pense qu’il ne peut que faire faillite, il va supprimer huit emplois. Ça alimentera la longue chaine du chômage de masse.

Et ça va s’aggraver entre les mains du tribunal de commerce et sous la menace de l’ordonnance en cours du Garde des sceaux Eric Dupont-Moretti modifiant l’ordre des créanciers privilégiés en cas de liquidation judiciaire : s’il ne fait pas vite, les huit salariés subiront la rétrogradation de leurs droits aux AGS (Assurance garantie salaire). Macron est en train de décider que les créances des administrateurs judiciaires et mandataires de justice vont passer avant celles des salariés – relégués du premier au dixième rang. Comme le petit propriétaire ils seront dépecés.

Ça résume tout Macron, ça : dépecer les petits pour les gros.

Gérard Filoche

 

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